"Son
couvert léger laissant largement pénétrer la lumière,
le microclimat plus tamponné qu'il induit, la fertilisation naturelle
qu'il assure par la chute de ses aiguilles au printemps et en automne
apportant au sol une quantité de matière organique rapidement
dégradée, tout cela est favorable à la prairie.
Ainsi, peut se développer sous les mélèzes un gazon
frais, moelleux, reposant et d'un intérêt pastoral non
négligeable, du moins sous certaines conditions de densité
et de chargement animal, car il faut que le bétail y empêche
le développement d'autres espèces végétales
qu'herbacées. Les animaux en écorchant de leurs sabots
ce tapis végétal qu'ils entretiennent aident le mélezin
à se régénérer. C'est, à dire vrai,
le seul système forestier capable de supporter un usage mixte
sylvo-pastoral à grande échelle.
Il a représenté, pour des populations alpines, une ressource
importante.
Transition entre fond de vallée et alpage, il fournissait du
bois de haute qualité, offrait un bon parcours aux troupeaux
en été et en intersaison et, de plus, produisait une résine
ambrée, à forte odeur, désignée sous le
nom de térébenthine de Venise ou de Briançon, que
l'on extrayait de mai à septembre par des trous pratiqués
dans les troncs et soigneusement bouchés en hiver. [...] Aussi
le mélèze a-t-il été manifestement favorisé
par les montagnards au dépens d'autres résineux, et sa
localisation résulte en grande partie de stratégies volontaires."
Bernard Fischesser - La Vie de la montagne.
(article sur la "Sauvegarde du Mélezin").