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Je doute même si je me perds dans une foule ou dans une solitude.
Chaque arbre n’est-il pas marqué d’une hérédité
rigoureuse ? fils de… fils de… En un rien on arrive à
Charlemagne. Est-ce pour cette raison que les seigneurs de feuilles
et d’écorces semblent tous porteurs d’un message
et font si solennellement figure de pensifs témoins ? Le bon
sens dit que j’ai tort, que tout ce qui précède
est fantasme, pure imagination. Il ignore Ronsard et Shakespeare,
et pour lui les bois ne sont que du bois. Pourtant le bon sens erre
une fois de plus. Je m’abandonnerai sans remords à une
conviction antique, intuitive, car les savants, avec un grand retard
sur les poètes, sont en train de découvrir que les plantes
manifestent une présence, presque une conscience, connaissent
de quelque façon la douleur, et donc en contre partie la joie.
»
SAMIVEL
– L’œil émerveillé ou la Nature
comme spectacle (Brocéliande).