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Il est souvent question de l’âge de la pierre, mais rarement
de l’âge de l’arbre, celui où de faibles communautés
demeuraient soumises aux rythmes des saisons, où les êtres
remuants et les êtres immobiles, vivant côte à côte,
buvant aux mêmes sources, plongeant leurs racines dans le même
humus, ne paraissaient pas d’essence différente. Les légendes
ont transmis la tradition. Elles sont pleines de bras chargés
de feuilles, de ramées qui marchent, de branches saignant sous
la hache du bûcheron. C’est cette forêt-là
dans laquelle je pénètre quand je pénètre
dans n’importe quelle forêt.
Elle est magique. Elles sont toutes magiques. La réalité
y demeure élusive, ambiguë, et leurs perspectives varient
avec l’heure, la lumière, le vent, les mois. Beaucoup d’événements
s’y sont déroulés, de la grande ou de la petite
chronique. Elles ont aussi vu passer les cortèges d’Obéron
et de Merlin, les cavaleries de la Table Ronde, les chasses sauvages,
la cour du Duc, les amoureuses du Songe. Elles recélaient alors
des fontaines-fées, des châteaux, des lacs, à peine
entrevus sitôt embrumés, annulés. Et de toutes ces
aventures, les vécues et les rêvées, il semble qu’elles
aient gardé quelque trace, comme si le cycle ininterrompu des
sèves avait entraîné dans sa course des échos
et des reflets...
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