Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°968 (2025-15)

mardi 15 avril 2025

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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GF Händel - Messiah

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Chroniques photographiques
autour de la loge n° 5

Fin de l'hiver et début du printemps

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
mars 2025



Au lever du soleil...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 1er mars 2025


La loge sous la neige
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 1er mars 2025



Au lever du soleil...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 2 mars 2025







8h00
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 2 mars 2025




Renard rentrant de la chasse...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 2 mars 2025



Grive draine
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 2 mars 2025




Mousse
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 2 mars 2025



La loge n° 5
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 2 mars 2025



Au lever du soleil...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 8 mars 2025



Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 8 mars 2025

<image floue !>

Brocard courant
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 8 mars 2025

Accouplement de Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 8 mars 2025



Fleurs femelles de Noisetier
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 8 mars 2025

Premières fleurs de Tussilage
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 8 mars 2025





La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 8 mars 2025



Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025


Pinson des arbres mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025

Milan royal à la construction de son nid
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025

Chat forestier (loin !)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025
<image recadrée>



Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Merle noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Bergeronnette grise
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Véronique sp.
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Primevère élevée
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Pâquerette

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Hellebore fétide
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



La loge et le village de Courvières
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025

Potentille sp.
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Drave printanière
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 9 mars 2025



Au lever du jour... le retour de l'hiver !!
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 16 mars 2025



Grive draine
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 16 mars 2025



Bergeronnette grise dans la neige
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 16 mars 2025



Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 23 mars 2025



Première fleur de Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 23 mars 2025



Alchémille
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 23 mars 2025



Anémone sylvie
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 23 mars 2025



Primevère élevée
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 23 mars 2025



Crocus (blanc)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 23 mars 2025



Drave printanière
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 23 mars 2025








Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
samedi 29 mars 2025







Au lever du jour...
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025





8h00

Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025








Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025









Pinson des arbres mâle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025









Pinson des arbres femelle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025






Buse variable, dans la brume
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025




Pinson des arbres femelle
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025



Pigeon ramier
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025




Mésange charbonnière
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025











Bergeronnette grise à sa toilette
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025




Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025










Violette sp.
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025












Crocus (veiné violet et blanc : un intermédiaire ?)
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025


Drave printanière
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025



La loge
Courvières (Haut-Doubs), loge n° 5
dimanche 30 mars 2025


[à suivre...]




Suggestion de lecture :

"COMMENCER une histoire c’est comme plonger dans une rivière, c’est ce que dit tout le temps Nell, c’est comme sortir une main en coupe toute dégoulinante de l’eau fraîche puisée dans ses flots. Voici un nouveau présent, dit une nouvelle histoire. Bois à longs traits et laisse-le te remplir.

Eva dit qu’une histoire qu’on raconte est une histoire morte. Elle dit que chaque nouvelle seconde est une étincelle qui absorbe la chose qu’elle éclaire, elle dit qu’une histoire est juste ce qui reste après que cet éclat lumineux a été réduit en cendres. Comme un pot modelé en argile crue et cuit au feu, Eva dit qu’une histoire peut être une chose utile, et peut être belle, mais qu’elle n’est vraiment précieuse que parce qu’elle repose sur autre chose.

Nell dit que les histoires n’ont pas une fonction unique car le contenu d’une histoire n’est jamais toujours le même. Comme des pétales sur l’eau ou la fumée dans le vent, elle dit que la signification d’une histoire suit toujours le fil de la narration. C’est pourquoi, si nous souhaitons attraper le sens général qu’une histoire élabore, il nous faut écouter le plus possible à pleines oreilles et avec attention.

Quel pourrait être le contenu de cette histoire, je ne le sais pas encore, car je la raconte en même temps que je la vis, je l’envoie au-delà de notre Forêt et de ce présent connu, dans l’espoir qu’elle trouve à se loger dans quelque esprit lointain. Comment ça fonctionne au juste, je n’attrape pas le sens en toute clarté, même si cette histoire n’est peu t’être pas beaucoup plus chargée en mystère que la magie avec laquelle mes mères et moi partageons sans cesse des histoires, les sons qui sortent de nos bouches éclosant en images dans nos esprits, et ces images faisant ensuite jaillir des étincelles de sentiments et germer des pensées et façonner des sens qui grimpent comme la vigne vers d’autres histoires.

Mes mères m’ont parlé des autres moyens que les gens utilisaient pour se passer des histoires quand leurs esprits étaient trop distancés pour entendre les mots voisés – les téléphones et les films et les radios et la lecture. Je n’ai jamais vu de film ni de téléphone, et bien que Nell m’ait appris à lire l’automne où j’ai eu six ans, une fois qu’on a perdu nos trois livres et nos six magazines, je n’ai plus eu la bonne chance de pratiquer ce savoir. La radio qu’on avait trouvée dans la grange après la première fois qu’Eva était partie vaguebonder était aussi morte, comme disent mes mères, qu’un ordinateur le serait aujourd’hui – une moisissure blanche duvetait ses piles et ses boutons étaient tout collants de pisse de rat. Mal gré tout, je suis resté émerveillé par cette radio pendant de nombreuses respirations, forçant mon esprit à imager des voix et des musiques montant de cette étrange boîte.

Mes mères m’ont raconté les ordinateurs, aussi, comment autrefois ils propageaient des histoires plus vite que la pensée. Nell dit que dans le monde d’Avant, les gens étaient persuadés que les ordinateurs pouvaient relier la Terre entière grâce à une toile d’araignée qui s’étendait sur toute la planète. Mais Eva dit que les ordinateurs ne reliaient que certaines choses, qu’ils faisaient si bien mépris du Grand Tout que les gens qui étaient ordinateurés croyaient vraiment qu’il n’y avait rien que leur machines ne pouvaient pas savoir ou faire pour eux. C’était une mystification, dit Eva – ce qui veut dire une ruse cruelle pour tromper les gens – et ceux qui y croyaient ne se rendaient pas compte qu’en y croyant ils précipitaient la fin du monde dans lequel ils étaient nés.

Mes mères disent que j’ai reçu la plus étrange éducation qu’on pourrait jamais imager – un enfant dont les deux mères sont sœurs, et les seuls êtres humains vivants qu’il a jamais connus. Elles disent aussi que l’époque actuelle est des plus étranges – nous trois vivant dans et de et avec notre Forêt comme si aucune civilisation n’avait jamais existé – ni la civilisation babylonienne ou romaine, ni la civilisation maya ou chinoise, ni la civilisation précolombienne ou la civilisation occidentale – ou aucune des autres dont mes mères m’ont raconté l’histoire. Mais ma vie ne me paraît pas étrange. Au contraire, je trouve que c’est le monde d’Avant qui était étrange, quand les gens mangeaient des choses qu’ils n’avaient jamais vues vivantes, qu’ils voyageaient en restant assis et pouvaient passer toute leur vie entassés dans des villes où il leur était impossible de toucher la Terre ou de voir les étoiles. Ou quand ils chiaient dans de l’eau et se servaient de papier-arbre pour essuyer leur trou. J’ai été élevé dans une Forêt vivante avec des arbres et des étoiles et des histoires, qu’est-ce qu’il y a d’étrange à cela ?

Je suis également né dans cette Forêt, à l’intérieur de la souche creuse d’un immense séquoia que des bûcherons avaient abattu une centaine d’années avant que mes mères ne le toiturent et ne lui mettent une porte pour en faire notre première maison-Forêt. Cette souche est toujours au milieu de notre clairière, à moins de vingt pas de la capane où on se trouve ce soir, mes mères et moi, occupés à nos compositions artistiques et à nos tâches manuelles en attendant que le ragoût de lapin ait fini de cuire dans la marmite.

Je suis né à l’intérieur de cette souche sous un ciel pépiant d’étoiles, avec mes deux mères accueillant mon arrivée dans des transes de joie. Alors que la Forêt et tous ses exhalants et autres inhalants d’oxygène se penchaient pour écouter, mes mères m’ont dit que j’étais le dernier venu dans un monde si différent de celui où elles avaient vu le jour qu’elles n’avaient que des ignorances sur ce que ma vie serait. Mais elles m’ont promis que la Forêt dans laquelle je venais de naître était un bon endroit, qu’il y aurait toujours plus de bonheur ici pour moi que de peur. Au cours des quinze années qui ont suivi, ces dires à l’avance se sont tous vérifiés. On a eu nos moments difficiles et nos moments de tristesse et nos moments de panique, mais on a mal gré tout vécu dans un monde de verdure et de merveilles.

Mes mères disent qu’à partir de cette nuit-là, elles m’ont raconté des histoires. Dès que je me suis empoumonné d’air pour la première fois, elles ont commencé à mettre en mots le monde avant moi, le monde autour de moi et le monde à venir avec des chansons et des récits et des mythes et des souvenances. En même temps qu’elles souriaient et pleuraient et me berçaient, en même temps qu’elles essuyaient le suc de naissance de mon corps soudain et m’enveloppaient chaud et aidaient ma bouche tâtonneuse à s’enrouler autour d’un mamelon, elles disent qu’elles m’ont raconté des histoires de gratitude et d’appartenance et d’hospitalité. Elles disent que j’écoutais aussi.

J’ai appris à écouter avant d’apprendre à parler. Avant même de savoir marcher à quatre pattes, j’écoutais quand j’étais couché. Dans mes plus anciennes souvenances, j’entends encore ces premiers sons – le crachat et le cailloutage de la pluie, la brise changeuse, le vent pilonneur. Comme une tortue le dessus dessous, je restais là où mes mères me posaient, à écouter le bourdon marmonné des abeilles, le craquement d’un arbre qui tombe, le sifflement du serpent à clochette qu’Eva avait trouvé lové à un bras de mon panier-couffin lors de mon premier été.

Quand j’étais à peine plus âgé, mes mères m’ont appris à être un faon. Avant même de saisir dans ma tête que la plupart des sons qu’elles produisaient étaient des mots qui abritaient des notions plus vastes, mes mères disent que je connaissais le sens de chut et que je savais chutchuter. J’ai appris le regard qui dit ne fais pas de bruit, le poing refermé pour obtenir le silence complet. C’était un autre jeu auquel on jouait, moi bordé serré à l’abri dans l’ombre valsillante, attendant sans attendre pendant que mes mères travaillaient. Aussi immobile qu’un tapis de mousse, je suivais des yeux un faucon qui volait dans les airs, j’avisais un renard qui se faux filait tranquille devant nous, j’observais comment les ombres formaient des flaques et s’allongeaient. J’écoutais le soleil arriver le matin, et j’entendais les traînées lumineuses des météores les nuits de pluie d’étoiles filantes. J’écoutais les baies mûrir – d’abord les fraises des bois, puis les framboises des ronces odorantes, puis les minuscules pommes rouges des manzanitas, plus tard les groseilles noires et les baies de sureau, et enfin les baies rouges de l’arbousier. Les nuits où il pleuvait, je me croquevillais entre mes mères dans le creux de notre souche, et j’écoutais les mugissements du vent et les rugissements de la rivière qui était toute réveillée. J’entendais les respirations de mes mères et les battements de leurs cœurs. J’entendais battre la Terre, aussi, le bruit sourd et lent de la planète sur laquelle on plancheflottait, le martèlement patient qui berçait mes rêves.

J’écoutais le Grand Tout, et le Grand Tout m’écoutait à son tour.

J’écoutais mes mères, aussi, leurs voix comme une autre sorte de rivière, leurs mots qui m’enveloppaient tout entier dans leurs sortilèges sonores et me nourrissaient de leurs fascinantes significations. Mes mères m’ont appris tellement de mots – des verbes pour saisir l’action, des noms pour la figer en actes distincts. Sans compter les mots qu’on a créés après, quand ceux que mes mères avaient apportés avec elles du monde d’Avant n’étaient pas assez complets ou justes pour dire tout ce qui était nouveau dans le monde de ce nouveau présent..."


Jean HEGLAND - Le temps d'après


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