Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°958 (2025-06)

mardi 4 février 2025

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Jean SIBELIUS - Symphonie n°1 (1er mouvement)

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Pie, Corneille et Etourneau
(deuxième partie)

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
décembre 2024



Etourneau dans l'ombre
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 1er décembre 2024


Cardère
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 1er décembre 2024


Etourneau au soleil
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 13 décembre 2024

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 13 décembre 2024

Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 13 décembre 2024

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 13 décembre 2024

Pie
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 13 décembre 2024




Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 13 décembre 2024

Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 25 décembre 2024

Etourneau sansonnet dans la neige
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 25 décembre 2024

Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 25 décembre 2024



Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 25 décembre 2024



Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 27 décembre 2024



Etourneau sansonnet et son ombre
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 27 décembre 2024



Corneille noire
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 27 décembre 2024



Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 27 décembre 2024



Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
vendredi 27 décembre 2024



Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
samedi 28 décembre 2024



Etourneau sansonnet, membrane nictitante
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
samedi 28 décembre 2024



Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 29 décembre 2024



Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
lundi 30 décembre 2024

Etourneau sansonnet
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
lundi 30 décembre 2024

[à suivre...]

 


Suggestion de lecture :

"« Je reçois un coup de fil, comme ça, sans prévenir. Une femme. D’abord, elle me rappelle que je lui ai sauvé la vie. Après, elle me dit qu’elle veut que je lui rende un service… » Le lieutenant de la Police Navajo Joe Leaphorn, à la retraite, observa une pause pour souligner ses effets tout en écartant l’assiette, parsemée de croûtes de pain et de sachets de gelée de raisin vides, afin de pouvoir poser ses avant-bras sur la table. « Vous ne pensez pas que c’est elle qui aurait dû me proposer de m’en rendre un ? »

Deux des policiers qui étaient assis à la table eurent un petit rire. « Ça devait être une de ces femmes blanches riches à qui vous venez en aide pour résoudre leurs problèmes d’assurances, dit l’agent Harold Bigman. Vous feriez mieux de ne pas en parler à votre chère Louisa.

  • C’était quoi, ce service ? » demanda Bernadette Manuelito.

Leaphorn sourit : « Je ne sais pas, Bernie. Elle a proposé que nous nous retrouvions à déjeuner pour en parler et elle m’a fait faux bond. »

Nouveaux rires. « Peut-être voulait-elle découvrir si vous êtes vraiment un bon détective privé, lança quelqu’un.

  • Tout est bien qui finit bien. En l’attendant, j’ai mangé un excellent sandwich bacon, tomate et salade, et j’ai profité du calme et de la tranquillité. Et elle m’a fourni une raison de ne pas aller jusqu’à Gallup, ce jour-là, pour une autre affaire. Je commence à me faire trop vieux pour tout ça. »

La serveuse vint remplir leurs tasses de café. L’Auberge Navajo était déjà un des lieux de rendezvous préférés des policiers bien avant que Bernie devienne une des leurs, à l’époque où Leaphorn était enquêteur à temps plein, où il avait acquis la réputation d’être un des esprits les plus brillants de la communauté très soudée des membres de la police de la Nation Navajo.
Le capitaine Howard Largo déclara : « O.K., les gars, au travail. Comme toujours, Leaphorn, vous pouvez rester si vous le désirez. »

Le lieutenant jouissait d’une invitation permanente à se joindre à ces réunions du lundi matin, autour du petit déjeuner, destinées surtout à confronter des idées sur les affaires non résolues, avant de se réorienter vers des sujets prosaïques en rapport avec le budget et l’encadrement. Parfois, ils se contentaient d’échanger des plaisanteries en buvant du café. Leaphorn et Largo se connaissaient depuis très longtemps.

Chaque semaine, en sus de cette équipe qu’il dirigeait, Largo faisait intervenir au sein du groupe un agent plus jeune. Alors que ça aurait dû être son jour de congé, Bernie, honorée d’être invitée, avait enfilé son uniforme et roulé une heure pour venir de chez elle, près de Shiprock. L’échange d’idées n’avait généré aucun progrès sur les affaires en souffrance, mais ça lui avait paru amusant. Elle avait regardé Leaphorn sortir le petit calepin marron qu’il rangeait dans la poche de sa veste, prendre quelques notes. Dans un jour ou deux, s’il se conformait à son schéma habituel, il appellerait pour leur communiquer une bonne piste, un indice à suivre.

Elle sentit la vibration de son téléphone portable. Jim Chee, son collègue et époux, qui avait eu une saute d’humeur ce matin-là et qui l’appelait de son bureau de Shiprock.

« Il faut que je réponde. Je reviens tout de suite. »

Elle se dressa de toute la hauteur de son mètre cinquante-huit et se dirigea vers l’entrée.

Leaphorn recula sa chaise : « Vous avez des problèmes de bureaucratie ennuyeux à régler, les gars. Je vais arrêter de vous embêter. Merci pour le petit déjeuner. »

Il sortit nonchalamment dans le hall, adressa un signe de tête à Bernie qui avait le portable à l’oreille. « Dites bonjour à Chee de ma part. » Elle le vit s’éloigner vers le parking et remarqua qu’il boitait légèrement. Elle savait qu’il avait un peu d’arthrite au genou. Elle aurait dû lui demander si ça allait mieux. Et comment se portait Louisa.

« Alors, ma belle, dit Chee. Finie, cette réunion ?

  • Pas tout à fait. Le lieutenant avait de bonnes histoires à raconter. Maintenant, ce sont les sujets plus terre à terre qui se profilent à l’horizon. Tu as bien choisi ton moment. »

À travers la vitre de l’entrée, elle vit quelqu’un descendre de la voiture bleue garée en sens inverse à côté du petit camion blanc de Leaphorn. Elle regarda le lieutenant marcher vers son véhicule, sortir les clés de sa poche de pantalon.

« Tu m’en veux toujours ? lui demanda Chee. Je me suis levé du mauvais pied, ce matin. »

La silhouette tendit le bras vers Leaphorn. Bernie vit un pistolet. Entendit le bruit caractéristique de la détonation. Vit Leaphorn reculer en titubant, s’écrouler contre son pick-up. Glisser sur l’asphalte.

Chee continuait de parler. Elle lâcha le portable comme s’il était brûlant et se mit à courir, poussa les lourdes portes de verre du restaurant pour foncer vers le lieutenant en tentant de sortir son pistolet. Elle vit la personne qui avait tiré remonter précipitamment dans la voiture et entendit les pneus sur l’asphalte lorsqu’elle démarra en trombe. Bernie conserva  la voiture bleue à la limite de son champ de vision jusqu’au moment où elle atteignit le lieutenant. Elle s’agenouilla, mit les doigts juste sous sa mâchoire, sentit une faible pulsation. Les beaux yeux foncés de Leaphorn la fixaient sans la voir. Le sang coulait du trou qu’il avait au front, tombait sur les mains de la jeune policière.

« Ne partez pas, murmura-t-elle en navajo, la langue de son cœur. Ne mourez pas. Ne mourez pas, je vous en conjure. »

Elle entendit d’autres gens accourir derrière elle, perçut le mouvement flou des uniformes marron aux confins de son regard pendant qu’elle concentrait toute son attention sur le lieutenant. Elle reconnut la voix de Largo qui prenait la direction des choses, aboyait des ordres.

« Il est vivant, dit-elle. Conduite intérieure bleue, deux portes. Plaques de l’Arizona. Elle est partie vers l’ouest sur la 264. C’est le conducteur qui a tiré. Sweat à capuche noir. »

Elle remarqua que la peau du lieutenant pâlissait, que le sang dessinait une flaque sous sa tête. Elle n’avait jamais été impressionnable ; dès qu’elle avait été en âge de marcher, elle avait regardé sa grandmère tuer le poulet pour le dîner et, parfois, trancher la gorge d’un vieux mouton. Mais si Leaphorn mourait, elle savait que son chindi* ne trouverait pas le repos, qu’il essaierait de nuire aux vivants comme ils le faisaient tous car telle était leur nature. Cela n’y changerait rien qu’elle l’ait beaucoup aimé et que, à sa façon bourrue, officielle, il l’ait beaucoup aimée aussi. Elle lui parla à nouveau en navajo.

« Les secours arrivent. N’abandonnez pas, mon oncle*. » Elle s’approcha plus encore sur l’asphalte : du flanc, elle touchait maintenant le corps qui gisait sur le sol, lui tenait la main. Elle voulait poser la tête du lieutenant sur ses cuisses, mais la formation qu’elle avait reçue le lui interdisait. Elle savait que cela peut entraîner des complications supplémentaires, si on déplace quelqu’un qui est blessé à la tête. Elle perçut le rugissement sourd des véhicules de la police qui sortaient du sommeil. Une sirène fit entendre son hurlement, suivie d’une autre.

Quelqu’un demanda : « Ça va, Bernie ?

  • Oui. »

Le corps de Leaphorn fut secoué d’un frisson. « Restez avec moi, lui dit-elle. Je vous promets de découvrir qui vous a fait ça et pourquoi. » Qui pouvait désirer tuer un homme d’une aussi grande valeur ? Un vieil homme désormais. Où était la voiture bleue ? Elle entendit une sirène différente, dont le gémissement s’amplifia en approchant. Lorsque l’ambulance se gara et que les urgentistes se précipitèrent, elle détourna les yeux de ceux de Leaphorn, qui étaient clos.

« Il a été touché par balle, dit-elle avant qu’ils ne lui posent la question. À la tête. Je l’ai vu s’effondrer. Je ne l’ai pas déplacé. »

Un urgentiste s’accroupit. Elle sentit l’odeur de transpiration qui émanait de son uniforme.

« Vous êtes blessée ?

  • Non. Je n’ai rien.

  • Qui est-ce ?

  • Leaphorn. Le lieutenant Joe Leaphorn.

  • C’est vrai ? J’ai entendu parler de lui. Il faut vous écarter, vous savez, pour que nous puissions intervenir. »

Elle serra la main du lieutenant et se releva. L’urgentiste parlait au blessé tout en cherchant son pouls, il l’observait en quête de réactions à ses questions. Son collègue poussait un brancard avec une bonbonne d’oxygène, une minerve, d’autres choses encore. « Ça va ? » demanda le second urgentiste à Bernie. Elle hocha la tête.

« Occupez-vous juste de lui. »

Elle remarqua un éclair métallique sur le sol. Les clés du lieutenant. Elle essuya sur son pantalon ses mains couvertes de sang, glissa les clés dans sa poche. Ils chargèrent le brancard dans l’ambulance. Elle repensa à la conduite intérieure bleue. Tout avait basculé. Largo était debout à côté de sa voiture de patrouille, le micro à la main. Il vit Bernie, posa le micro et s’approcha, la prit par l’épaule. Ils suivirent du regard l’ambulance dont toutes les lumières clignotaient.

« Je n’ai pas bien vu le tireur. Petit. Vêtu de sombre. Un seul coup de feu. Je n’ai pas vu le numéro d’immatriculation, mais c’était une plaque de l’Arizona.

  • Le FBI arrive. Ils vont recueillir votre déposition. Vous connaissez la procédure. »

Elle la connaissait. Chaque fois qu’un crime grave se produit en Pays Indien, y compris une tentative de meurtre contre un représentant de la loi, l’enquête revient au FBI. Même à la retraite, Leaphorn conservait une fonction d’adjoint assermenté. La Police Navajo œuvre en partenariat avec les agents fédéraux, ce qui signifie généralement qu’elle tient le rôle du parent pauvre. Mais tous les représentants de l’ordre haïssent quiconque essaie de tuer un flic. Et si l’attaque se produit contre un policier bien particulier, il devient possible d’interpréter les règles, et la Police Navajo joue un rôle plus important. Bernie n’ignorait pas que Largo en serait le garant.

« Ne bougez pas d’ici, aidez Bigman à sécuriser la scène de crime jusqu’à ce que les agents fédéraux soient sur place. À ce moment-là, venez me voir.

  • Oui, capitaine. C’est affreux. »

Elle porta la main à sa poche et lui tendit le porte-clés de Leaphorn dont l’extrémité se composait d’un étui en cuir surpiqué.

« Je l’ai ramassé là-bas. J’aurais dû les y laisser. Je vais leur indiquer où elles étaient.

  • Je suis heureux qu’il ne vous soit rien arrivé », dit Largo.

Il tourna son large dos pour regagner sa voiture mais lui fit à nouveau face.

« Chee a téléphoné. Je lui ai raconté ce qui s’est passé. Il veut que vous le rappeliez..."


Anne HILLERMAN - La fille de femme-araignée


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