Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°943 (2024-43)

mardi 22 octobre 2024

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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A VIVALDI - Sento in seno

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Chamois

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs), Fort Mahler
jeudi 19 septembre 2024



Coucher de la lune
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024


Coucher de la lune et Château de Joux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024


Eterlou (Chamois âgé d'un an)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Dans l'ombre
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024

Rayon de soleil sur le Château de Joux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



La Harde
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024

Femelle et son cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024




Femelle et son cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024




Eterle (eterlou femelle)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024

Au dessus de la brume
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Portrait d'Eterlou
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024

Portrait d'Eterlou
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



ça gratte !!
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Femelle...

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



... et son cabri...

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Portrait du cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Chamois mâle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Chamois mâle sur la crête
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024











Gentiane ciliée
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Galéopsis à feuilles étroites
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024







Scabieuse
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024













Feuille de Géranium des bois
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024













Géranium des bois
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024










Hélianthème nummulaire
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024



Cirse acaule
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024






Azuré
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024


Gentiane ciliée
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024







Génisse
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2024




Suggestion de lecture :

"1

ELLE avait près de trente ans quand elle avait été tuée.

Cette grande fille aimait bien faire la bringue avec les garçons dans les abreuvoirs du coin, ce qui bien entendu avait donné naissance à beaucoup d'enfants illégitimes ; cependant aux dires de tous, elle était une mère célibataire fort acceptable, tout à fait capable de s'occuper de sa progéniture, et d'elle-même. Mais une nuit, une bande avait dû l'attaquer ; venus en nombre, ils étaient tous plus jeunes, et peut-être du même sang qu'elle. Un fois qu'ils lui eurent brisé une jambe et l'eurent mise à terre, ce fut la fin.

Il n’y eut pas de funérailles. ils la tuèrent et abandonnèrent son corps là, à côté de l’eau, où les sédiments de la rivière disparue s’entassèrent sur elle, couche après couche, l’écrasèrent, la compactèrent jusqu’à ce que ses os s’érodent et soient remplacés par des minéraux.

C’était comme si elle s’était transformée en pierre juste pour échapper à l’oubli.

La découverte de ses restes fut un événement intéressant : celle qui lui donna son nom, Jennifer Watt, voyageait avec Dave Baumann, directeur du High Plains Dinosaur Museum, lorsqu'ils furent victimes d'une crevaison – ce qui n'avait rien d'étonnant sur les routes de terre rouge que les ranchers empruntaient pour atteindre les zones les plus reculées de leurs propriétés et où d'importants morceaux de schiste entaillaient les flancs des pneus comme des tomahawks. Les cailloux les plus gros coûtent le moins cher, mais présentent l'inconvénient d'avoir la taille de briques et de nombreuses arêtes tranchantes, des arêtes qui mettent en charpie tous les pneus sauf les modèles à carcasse renforcée.

Dave avait tenté de faire durer encore une saison ceux du vieux Land Rover de 67, mais les deux voyageurs se retrouvaient plantés au milieu de la Lone Elk Ranch, à contempler une roue arrière droite visiblement déformée. Tandis qu'il allait chercher le cric et la roue de secours sous le capot et s'attaquait à l'inévitable et laborieuse tâche, Jennifer fit descendre Brody, son dogue du Tibet, et partit se promener. Espérant croiser quelqu'un, elle suivit une crête en contournant une corniche, mais le chien, qui pesait soixante-dix kilos et avait une épaisse fourrure, se mit à haleter. Rapidement Jen décida qu'ils feraient mieux de se trouver un coin d'ombre, ce qui s'avérait assez difficile dans le pays de Powder River. Heureusement, il y avait le long de la crête un surplomb rocheux qui offrait suffisamment de place pour que le chien et elle puissent s'abriter confortablement du soleil de cette fin d'après-midi.

Ses cheveux étaient attachés en une queue de cheval qu'elle avait passée par-dessus la bride de sa casquette de baseball à l'effigie du Hole-in-the-Wall Bar. Elle prit dans son sac à dos la gamelle de voyage du chien, une gourde pleine d'eau, avala une gorgée puis versa à boire au dogue.

Jennifer se mit à contempler l'herbe qui ondulait comme un vaste océan houleux. Il était aisé d'imaginer l'étendue maritime du crétacé ou mer de Niobraran qui autrefois recouvrait cette zone, séparant le continent nord-américain en deux masses, Laramidia à l'ouest et Appalachia à l'est. L'immense mer d'une profondeur de plus de six cents mètres se déployait du Mexique à l'Arctique. Jen s'installa à son aise sous le rocher et caressa le chien, tout en parcourant le paysage de ses beaux yeux verts.

Elle sortit de son sac sa caméra vidéo et filma un panoramique, voyant des choses sur les hautes plaines, des choses qui n'existaient pas, du moins qui n'existaient plus – des reptiles marins prédateurs comme les plésiosaures au long cou et les mosasaures, plus proches des alligators, mesurant presque vingt-cinq mètres de long. Des requins tels que le Squalicorax peuplaient son imaginaire en compagnie du géant Ptychodus mortoni, amateur de coquillages.

Quand elle avait six ans, son père avait quitté Tucson, dans l'Arizona, pour l'amener dans ce pays et l'avait entraînée avec lui dans les expéditions de fouilles qu'il entreprenait pour enrichir le fonds de son magasin de pierres sur la vieille route près de Lake DeSmet, entre Durant et Sheridan. Elle se souvenait encore de ce qu'elle avait dit un jour alors qu'ils sortaient de son pick-up déglingué, ses petits doigts montant le long de sa jambe de pantalon pour trouver la main rassurante dans son gant aussi usé qu'un cuir de selle et dont la patte de serrage était ornée de perles rouges translucides.

  • Il n'y a rien ici, Papa.

Il avait contemplé les collines ondoyantes qui s'étendaient des Bighorn Mountains à l'infini pays de Powder River, souri en repoussant son chapeau de paille sur sa nuque et lui avait répondu d'une voix douce :

  • Il y a tout ici. Il suffit de savoir où regarder.

Jennifer avait appris à regarder et elle n'avait jamais cessé de le faire. Les mains de Dave Baumann et les siennes avaient fourragé dans les excavations qui avaient mis au jour les objets exposés au High Plains Dinosaur Museum à Durant, et à vingt-six ans, elle continuait à fouiller.

Pour dire la vérité, Jen préférait les choses mortes aux vivantes – elles étaient moins agaçantes, vu que les conversations étaient à sens unique. Beaucoup de chercheurs et de paléontologues se sentent mieux dans ce genre d'environnement, où ils parviennent à accepter le consensus de la vérité et rejeter l'absolu, toujours susceptible d'être contredit par une nouvelle preuve extraordinaire.

Elle abaissa sa caméra, but une autre gorgée d'eau et en versa davantage au chien. Brody soupira et secoua sa grosse tête, et Jen s'allongea sous le surplomb rocheux pour essayer de décider ce qu'elle allait faire du magasin de pierres de son père, une affaire bien peu rentable à côté du lac, qui avait commencé dans un mobile home mais qui, au fil des années s'était étendue dans un labyrinthe de palissades en bois le long desquelles étaient exposés géodes, gemmes, quartz et échantillons de roches, pour la plupart sans le moindre intérêt.

Il était décédé l'année précédentes, et elle savait que le terrain avait plus de valeur que le bâtiment, mais elle avait grandi là et elle aimait cet endroit, si encombré et kitsch qu'il puisse être. Elle descendit sa casquette sur son front et se mit à somnoler, jusqu'au moment où elle fut réveillée par un grondement prolongé émis par son chien. Elle lui donna une tape, mais il continua à grogner. Elle finit par lever la visière de sa casquette pour le regarder. Il avait les yeux rivés sur le plafond. Le regard de Jen suivit la même direction et tomba sur une serre à deux doigts qui sortait de la roche et pointait vers elle, dans un geste presque suppliant. Elle attrapa la caméra et se mit à filmer ce qui deviendrait une des plus grande découvertes paléontologiques des temps modernes..."


Craig JOHNSON - Dry bones


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