Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°939 (2024-39)

mardi 24 septembre 2024

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS BACH - Concerto brandebourgeois n°5 BWV 1050

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Jura sauvage

Canton de Vaud (Suisse)
août, septembre 2024



Loup
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024


Loup
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024



Ours brun
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024



"La peur de la bête

Pour la plupart des gens, la Bête est un mythe. Qu'ils la connaissent ou ne la connaissent pas, ils la voient à travers cette figure sortie du tréfonds de leur imagination. Comme tous les êtres vivants, nous portons innées, certaines préfigurations, souvent très adéquates, des réalités qui nous seront offertes, préfigurations sans lesquelles nous n'arriverons jamais, en notre courte vie, à comprendre quelque chose du monde qui nous entoure et surtout à le comprendre à temps.

Mais je ne sais pourquoi, rien de plus faux et de plus malveillant que l'idée que se font la plupart d'entre nous, des compagnons de notre espèce dans l'aventure terrestre. Passent encore les animaux domestiques, mais les bêtes sauvages ! Méchantes brutes, dont la stupidité n'exclut pas une ruse infernale, elles ne sont pas loin du Diable et se confondent maintes fois avec lui.

L'homme oblige la bête à se conformer à l'idée qu'il se fait d'elle. Il la provoque, il la traque, il l'accule. A bien y penser, on ne peut être que surpris du peu d'empressement que l'animal met à entrer dans ce rôle. Il ne répond pas, il se retire, comme peiné, et nous évite.

L'image de l'homme primitif défendant sa vie précaire contre les bêtes féroces, pourrait bien n'être qu'une projection dans le passé de notre hantise. Si cette mansuétude des animaux n'était pas originelle, comment l'humanité eût-elle survécu avant toute cette technique ?..."

Texte et Dessins - Robert HAINARD - Choeur de Loups et autres histoires d'Ours


Jeux
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024





Grand Corbeau
(en liberté !)

Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024

Repos
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024

Grand Corbeau à sa toilette
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024



Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024
<image recadrée>



Bison d'Europe (et son veau)
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024




Bison mâle
Juraparc - Mont d'Orzière (Suisse)
dimanche 4 août 2024



Alchémille et rosée
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024



Fleurs d'Alchémille et rosée
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024



Hélianthème nummulaire

Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024




Carline
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024




Cirse acaule
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024



Raiponce orbiculaire
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024





Azuré
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024



Yak (!)
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024









Gentiane ciliée
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024





Lichens (Cladonies)
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024









Empreinte d'un Loup
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024











Gentiane sp. (germanique ?)
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024



Fourmilière
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024







Vue sur le Léman et les Alpes
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024


Epilobe (en fruit)
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024




Le Mont Tendre
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024







Alpage
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024




Charpente d'un chalet d'alpage
Parc du Jura vaudois (Suisse)
samedi 7 septembre 2024

 


Suggestion de lecture :

"C'est deux heures de l'après-midi. Le jour va rester encore cinq heures sur la Terre. Mais la nuit éternelle n'est pas loin d'ici dans le ciel. Si les hommes qui partent à leur travail dans la banlieue de la ville à quelques kilomètres s'élevaient verticalement seulement de la même distance, ils toucheraient, juste au-dessus d'eux, et tout de suite, la nuit, à deux heures de l'après-midi, à n'importe quelle heure du jour.

A quatre kilomètres d'altitude, le ciel est bleu marine. A huit kilomètres, il est violet sombre. A dix kilomètres, le ciel est noir et poussiéreux comme un écroulement de suie. A vingt kilomètres de hauteur, le ciel est de la plus noire nuit malgré l'éclatant soleil, et malgré le soleil de grosses étoiles vertes le déchirent. D'ici, les bonheurs commencent à se voir en bas sur la Terre : un grand morceau de continent, assez étendu pour qu'on puisse en comprendre la composition et l'économie. Des grappes de montagne, l'eau qui ruisselle, le discours logiquement déroulé des vallées à travers toutes les raisons géologiques des roches, les conclusions des plaines où déjà la plupart des mystères sont mis à la portée de l'homme. La mer ; les contours des caps, des promontoires, la flexion des golfes, l'élan général des terres qui bordent la mer, se prolongeant à ses côtes, avec toutes les tentatives d'amour réciproque des deux matières. Des troncs de fleuves. A cinquante kilomètres de hauteur, le ciel n'est plus un plafond ; il est à l'intérieur d'un océan de ténèbres. L'énorme soleil ne cache rien. Il est un globe de flammes exactement cerné par la nuit éternelle. Au-delà de lui et tout autour, les étoiles sans reflets. Et en bas sur la Terre les bonheurs éclatent en lignes de feu. Les fleuves sont maintenant des arbres entiers, écartant leurs branches dans les continents et portant les montagnes au bout de leurs rameaux. La mer que le vent enflamme et souffle ; l'incendie des vagues qui galope de chaque côté dans des immensités d'eau et vient embraser d'écume toute la flexible bordure des terres, pendant que le large s'éteint dans une couleur verte d'instant plus sombre, pour soudain rejaillir de flammes quand le vent le frappe de nouveau : la respiration des mers. Cinquante kilomètres : l'étape du matin d'un commis voyageur ; et les bonheurs sont expliqués par des lignes que personne au monde ne pourrait plus oublier. Mille kilomètres de hauteur : le dessin des terres que nous avons appelées : Afrique, Asie, Amérique ; l'Europe ne se voit plus que comme un petit promontoire : une Bretagne de l'Asie. On voit encore le Nil vert, puis le roulement du globe apporte le lourd Amazone bleu, puis le Gange, rouge. Dix mille kilomètres : le globe enfoncé à mi-flanc dans la nuit, flottant, roulant, faisant d'un côté pétiller les aurores et de l'autre bouillonner la nuit éternelle. Le passage des ombres des nuages, le vert à peine sensible des immensités d'eau, l'ocre léger des étendues de Terre. Nous n'avons pas quitté notre monde. Nous ne le quitterons jamais, mais ce qui pourrait être appelé l'habitation de nos douleurs occupe encore au fond de ces dix mille kilomètres tout l'espace des quatre points cardinaux. Il y a encore des points cardinaux. L'étendue de la Terre enferme encore complètement le point qui est situé à dix mille kilomètres. Des corps humains ont parcouru cent mille kilomètres en rond, perpétuellement noués et renoués sur eux-mêmes, avec les inévitables retours à quoi les obligent les bornes terrestres. Même s'ils avaient parcouru cette distance en ligne parfaitement droite (droite suivant les lois de leur habitat), ils seraient retournés deux fois à leur point de départ et seraient sur le chemin d'un troisième retour. Ceux qui ne veulent pas retourner en arrière ne cessent pas de retourner en arrière à chaque seconde de leur vie. Evidence des formes courbes de toutes les entreprises humaines dans tous les domaines, même celui du rêve. Il est difficile d'imaginer un parcours de cent mille kilomètres en ligne droite absolue, débarrassé de la sujétion des plans terrestres ; si on l'imagine, ce trajet porte dans l'élémentaire (qui est également un retour sur soi-même). Ici la lumière ne se pose plus sur rien : elle est. Elément du monde, elle existe en soi, elle compose la nuit éternelle. La nuit, maintenant égale comme un son profond et soutenu d'où la polyphonie va s'élancer.

La vie est un phénomène harmonique, une constante rupture d'équilibre, qui engendre un constant appétit d'équilibre. C'est le moyen d'expression de la matière. La raison d'expression de la matière, c'est d'exprimer l'univers. L'univers n'est que vivant. Nous appelons mort le moment où la matière qui nous compose entre dans une série de transformations, et que ces transformations, chimiques ou biologiques, ne peuvent plus émouvoir notre esprit. Notre conception de la mort est la plus puissante preuve de notre absolue sujétion. Cette conception est exactement adaptée à notre égocentrisme. Elle ne peut s'accorder à rien en dehors de ce que nous considérons comme notre entité imperméable. Le mot mort est purement subjectif. Il n'a de sens que dans cette sujétion. Il ne peut jamais être employé dans un sens objectif : ce qu'il désignerait n'existe pas dans l'univers. Une cellule, un atome ne meurent pas : ils se transforment. Leur transformation est harmonique, puisqu'elle fait exister des différences sensibles. L'enchaînement de ces transformations, l'espace et le temps qu'il crée sont l'univers. Le « tempo » universel ne peut pas être connu par une partie de l'univers, car il faudrait qu'elle pût se le représenter, donc le contenir, et elle ne le peut, n'étant qu'une partie de l'univers. Mais toutes les parties de l'univers ont la connaissance d'un « tempo » sujet d'elles-mêmes. Pour nous c'est l'ensemble de nos connaissances physiques, chimiques, astronomiques, biologiques, poétiques. Ce « tempo » subjectif n'est pas séparé du « tempo » universel par des frontières fermées. Il y est confondu, mais dès que nous touchons l'endosmose qui l'y confond, il cesse d'être sujet de nous-même ; notre logique ne peut plus, à cet endroit, faire varier la logique de la matière, nous ne pouvons plus contenir l'enchaînement, l'espace et le temps des transformations objectives qui nous apparaîtraient, la construction est pour nous le néant, l'harmonie est pour nous le silence. Quand Bach fait varier les sept notes élémentaires et construit par exemple le Concerto brandebourgeois n°5, il conçoit humainement l'univers. Il fait se transformer suivant un plan entièrement subjectif la matière de chacune de ces notes. La logique-Bach transforme la logique-son, il construit un édifice qui, participant des deux logiques, fait immédiatement partie de l'univers objectif. Il est cependant contenu dans des limites des sept notes élémentaires. Bach n'a que ces sept notes à sa disposition. Bach-matière ne peut rien faire varier, rien faire vivre, par conséquent, hors des limites de ces sept notes élémentaires. Bach lui-même vit ; il est de la matière qui se transforme seconde par seconde, et occupe sa place dans l'univers objectif. Le cœur, l'esprit, l'âme de Bach, ce que j'appelais tout à l'heure sa logique sont une résultante de sa vie, par conséquent des transformations de sa matière. A ce moment précis où ces transformations de matière, cette vie de la matière, cet homme vivant appelé Bach atteignent la matière des sept notes élémentaires et la font varier, elles font s'élancer une construction harmonique qui s'appelle Concerto brandebourgeois n°5 et non pas n°4 ou 6..."


Jean GIONO - Traversée sensuelle de l'astronomie


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