Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°934 (2024-34)

mardi 20 août 2024

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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WA MOZART - Vespres solennelles d'un confesseur

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Petites bêtes de l'été

Escargot, Hirondelle et Lézard agile
Papillons et floraison de Cardères

Courvières et Frasne (Haut-Doubs)
juillet 2024



Escargot
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 7 juillet 2024


Escargot
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 7 juillet 2024


Jeune Rougequeue noir
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 7 juillet 2024

Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 7 juillet 2024

Accouplement...
Dans une fleur de Lis martagon

Boujailles (Haut-Doubs)
dimanche 7 juillet 2024
<image recadrée>



Escargot
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 10 juillet 2024



Géranium colombin (en fruit)
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 10 juillet 2024

Escargot
passage à l'envers !!

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 10 juillet 2024



Cardère
(avant la floraison)

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 10 juillet 2024

Tige de cardère
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 10 juillet 2024



Bourrache
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 10 juillet 2024



Jeune Hirondelle rustique

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 21 juillet 2024




Jeune Hirondelle rustique
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 23 juillet 2024


Jeune Hirondelle rustique
s'étirant

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 23 juillet 2024



Jeune Hirondelle rustique
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 23 juillet 2024



Jeune Hirondelle rustique
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 24 juillet 2024



Jeune Hirondelle rustique
au fond... un tracteur passe !

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 24 juillet 2024



Jeune Hirondelle rustique,
à sa toilette

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 24 juillet 2024



Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 24 juillet 2024



Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 24 juillet 2024



Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 24 juillet 2024



Cardère, floraison
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 28 juillet 2024



Cardère, floraison
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 28 juillet 2024



Abeille domestique sur une fleur de Bourrache
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 28 juillet 2024



Oeillet superbe
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024



Berce
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024



Epilobe hirsute
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024



Abeille domestique sur une fleur de Knautie
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024



Cirse laineux
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024



Angélique
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024



Moiré
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024



Petit sylvain
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024




Tabac d'Espagne

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 28 juillet 2024





Scabieuse
Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024



Hespérie

Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024




Accouplement de Zygène
Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024









Lézard agile femelle
Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024









Lézard agile femelle
Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024







Lézard agile femelle
Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024











Fleurs d'Ortie
Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024



Lotier
Frasne (Haut-Doubs)
lundi 29 juillet 2024




Suggestion de lecture :

"1

L'HIVER, NOTRE MERE


Mon père mourut parce que c'était un voleur. Il vola trois fois dans le champs de Zô, et la quatrième, l'homme le prit. Lui tira dans le ventre, lui arracha la poule de la gueule puis l'attacha à un piquet de la clôture en guise d'avertissement. Il laissait sa compagne avec six petits à charge, en plein hiver, sous la neige.

Au milieu de la nuit venteuse, tous réunis dans le grand lit, nous regardions notre mère se lamenter dans la cuisine, sous la faible lumière du lampadaire et le plafond bas de notre tanière.

Maudit Davis, sale animal ! pleurait-elle. Qu’est-ce que je vais faire, maintenant ? Stupide fouine !”

Nous la regardions sans faire de bruit, serrés les uns contre les autres à cause du froid. À ma droite, mon frère Leroy, de l’autre côté Giosuè, que je n’avais pas eu le temps de connaître. Il avait dû mourir peu de temps après la mise bas, écrasé par le poids de notre mère quand elle s’était étendue pour reprendre des forces.

Malheureux, malheureux ! pleurait-elle encore. Et qui va les élever, maintenant, ces enfants de personne ?”

Pendant nos premiers jours, la vie était une belle sensation. En respirant doucement sous les couvertures, nous glissions dans le plus vigoureux sommeil. Nous étions fragiles et forts à la fois, encore cachés du monde.

Qui va les élever, hein ? Qui va les élever ?” disait notre mère. Puis elle venait jusqu’au lit et s’allongeait, nous offrant son ventre. Dès que je la sentais s’approcher, je m’agrippais à elle de toutes mes forces. Mes frères et sœurs commençaient aussitôt à se battre. Leroy était le plus grand et il se jetait sur notre mère avec autorité ; les femelles, Cara et Louise, faisaient équipe. Otis, le plus petit, était laissé pour compte.

Qui va les élever ? Qui va les élever ?” disait notre mère. Parfois, je la sentais sursauter de douleur si l’un de nous la mordait trop fort. Giosuè dépassait de sous son pelage, inerte.


La nuit, elle partait au ravitaillement, la journée, elle dormait quelques heures. De temps en temps, quand elle avait trouvé quelque chose de précieux, elle sortait à la lumière du jour et allait le troquer contre de la nourriture auprès de Solomon le prêteur sur gages. Elle était maigre, et son ventre touchait par terre. Elle devait avoir froid à le traîner de la sorte dans la neige.

« Silence, les enfants », nous disait-elle si nous la réveillions. Elle le disait même quand elle était réveillée.

« Silence, silence. »

Nous commencions à parler. Et à nous déplacer. Un matin, Leroy tomba du lit et tourna tout autour, incapable de remonter. Il serait mort de froid si notre mère n'était pas rentrée. Avant de le remettre sur le lit, je me souviens qu'elle hésita quelques instants. Je ne compris pas, sur le moment. Peut-être que si elle avait trouvé à la place un autre de ses enfants, elle l'aurait laissé là où il était. Leroy était le plus grand et le plus fort d'entre nous.

Il neigeait beaucoup, des jours entiers. Une fois, l'entrée de la tanière resta bloquée et notre mère essaya de creuser une voie de sortie pendant des heures.

« Silence, silence ! » hurlait-elle à quiconque se plaignait de la faim. Il m'arrivait de la surprendre assise dans la cuisine, les yeux dans le vide. Elle se lissait les moustaches en soupirant, comme si elle était en conversation avec quelqu'un. Je restais à l'observer. Je sentais qu'elle n'allait pas bien, quelque chose était en train de s'effondrer, et cela me faisait peur. Mes yeux se fermaient sans que je m'en rende compte, et quand je les rouvrais, elle n'était plus là.


« Ne tombez pas malades, je n'ai pas de quoi payer le docteur », nous dit-elle un jour, quand nous commencions à nous déplacer dans la tanière. L'avertissement n'échappa à personne, et de fait, aucun de nous ne s'aventura dehors, ni n'osa même s'approcher de la fenêtre. Otis était le seul à n'être jamais sorti du lit, les femelles se moquait de lui. « Tu es trop petit, Otis. Tu te casserais le cou », lui disaient-elles.

Leroy touchait tout ce qui se trouvait sur son passage, et moi, je le suivais. Nous ne nous parlions pas beaucoup ; il attrapait une chose, la regardait, puis la remettait à sa place, et je l'imitais. J'étudiais ce que j'avais entre les pattes à toute vitesse, parce que mon frère était déjà passé à un autre objet, et je ne voulais pas être à la traîne.

Sans cesse, notre mère nous repoussait. Elle se comportait comme si nous n'étions pas dans la pièce. Quand elle se décidait à nous allaiter, nous accourions tous en sautant sur le lit. Otis, par chance, avait déjà eu quelques secondes pour téter un peu.

« Tu me fais mal », soufflait-elle, irritée, quand l'un de nous se montrait trop fougueux. Et si cela ne suffisait pas à nous calmer, elle nous donnait un coup de patte, sans griffes, avant de lancer un juron.

A la faim s'ajoutait le froid. Certains jours, nous ne descendions pas du lit et restions sous les couvertures, serrés les uns contre les autres, à combattre nos crampes d'estomac. Une fois, Leroy me réveilla :

  • Tu as froid ?

  • J'ai faim, répondis-je.

  • Moi aussi. On pourrait manger Otis. Il est petit, et faibre.

Je passai ma langue sur les petites dents qui étaient en train de me pousser dans la bouche. Je ne dis rien.

  • Alors ?

  • J'ai peut-être plus froid que faim.

Notre mère entra dans la tanière avant que mon frère ait eu le temps de me répondre. D'une certaine façon, je me demandais si ma lâcheté ne l'avait pas offensé, et pendant un temps, même après avoir mangé, je ne parvins pas à trouver le sommeil. C'est à partir de ce moment-là que je compris qu'il existait, entre Leroy et moi, une légère et horrible différence : il était plus animal que moi. Je redoutais qu'il s'en soit rendu compte lui aussi. Mais aucun de nous deux ne mangea Otis. Et Leroy ne me mangea pas..."

Bernardo ZANNONI - Mes désirs futiles


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