Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°932 (2024-32)

mardi 6 août 2024

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Georg Friedrich HAENDEL - Galatée (extraits)
L'harmonie des saisons

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Dans mon jardin...
Dans les tourbières...

Fleurs et petites bêtes
du début d'été

Courvières et Frasne (Haut-Doubs)
juin 2024



Gabo, sous la pluie
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
dimanche 2 juin 2024


Gabo, sous la pluie
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
dimanche 2 juin 2024


Géranium des Pyrénées
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 5 juin 2024



Alchémille
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 5 juin 2024

Ciboulette
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 5 juin 2024



Laitue serriole
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
mercredi 5 juin 2024

Hélianthème nummulaire
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 9 juin 2024

Lézard agile (jeune)
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 9 juin 2024



Airelle rouge - Vaccinium vitis-idaea
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 9 juin 2024

Lézard agile (mâle)
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 9 juin 2024

<image recadrée>

<image recadrée>

Renouée bistorte
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024




Grenouille verte
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024


Sphaignes
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024

Lézard vivipare (craintif...)
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024

Canneberge - Vaccinium oxycoccos
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Véronique germandrée - Veronica teucrium
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Hélianthème nummulaire

Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



<image recadrée>



Lézard agile mâle

Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



<image recadrée>



Tout près !!
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Serpolet
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Néotie nid-d'oiseau
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Géranium Herbe-à-Robert (à fleur blanche !)
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Géranium Herbe-à-Robert (à fleur normale)
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Maïanthème à deux feuilles - Maianthemum bifolium
Frasne, Tourbières (Haut-Doubs)
dimanche 16 juin 2024



Escargot de Bourgogne
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
vendredi 21 juin 2024

<image recadrée>



Vipérine
Entre Frasne et Courvières (Haut-Doubs)
samedi 29 juin 2024



<image recadrée>



Abeille domestique en vol
Entre Frasne et Courvières (Haut-Doubs)
samedi 29 juin 2024
<image recadrée>



Vipérine (à fleurs blanches)
Entre Frasne et Courvières (Haut-Doubs)
samedi 29 juin 2024



Vipérine (à fleurs roses)
Entre Frasne et Courvières (Haut-Doubs)
samedi 29 juin 2024
<image recadrée>



Moineau domestique (mâle et femelle), sous la pluie !
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
dimanche 30 juin 2024



Linotte mélodieuse mâle, sous la pluie !
Courvières, Champ-Margot (Haut-Doubs)
dimanche 30 juin 2024

<image recadrée>




Suggestion de lecture :

"1.


L’HISTOIRE DES ORIGINE

L’histoire des Six-Duchés se confond nécessairement avec celle de leur famille régnante, les Loinvoyant. Un récit complet nous ramènerait à une époque bien antérieure à la fondation du premier duché et, si leurs noms étaient restés dans les mémoires,nous décrirait les Outrîliens venus de la mer assaillant une côte plus clémente et plus tempérée que les grèves glacées des îles d’Outre-mer. Mais nous ignorons les noms de ces lointains ancêtres. Quant au premier véritable roi, il ne nous en est parvenu guère plus que son nom et quelques légendes extravagantes. Il se nommait Preneur, tout simplement, et c’est peut-être avec ce patronyme qu’est née la tradition d’octroyer aux filles et aux fils de sa lignée des noms qui devaient modeler leur vie et leur être. La croyance populaire prétend qu’on usait de magie pour en imprégner indéfectiblement le nouveau-né et que les rejetons royaux étaient incapables de trahir les vertus dont ils portaient le nom. Trempés dans la flamme, plongés dans l’eau salée et offerts aux vents de l’air, c’est ainsi que les enfants élus se voyaient imposer ces qualités. Du moins le raconte-t-on. Une belle légende, et peut-être un tel rituel a-t-il existé autrefois, mais l’histoire nous montre qu’il n’a pas toujours suffi à lier un enfant à la vertu dont il était baptisé...

*

Ma plume hésite, puis échappe à ma main noueuse, laissant une bavure d’encre sur le papier de Geairepu. Encore une feuille de ce fin matériau gâchée, dans une entreprise que je soupçonne fort d’être vaine. Je me demande si je puis écrire cette histoire ou si, à chaque page, transparaîtra un peu de cette amertume que je croyais éteinte depuis longtemps. Je m’imagine guéri de tout dépit mais, quand je pose ma plume sur le papier, les blessures d’enfance saignent au rythme de l’écoulement de l’encre née de la mer, et je finis par voir une plaie rouge vif sous chaque caractère soigneusement moulé.

Geairepu et Patience manifestaient l’un comme l’autre un tel enthousiasme chaque fois que l’on parlait d’écrire l’histoire des Six-Duchés que j’ai fini par me persuader que l’effort en valait la peine.

Je me suis convaincu que cet exercice détournerait mes pensées de mes souffrances et m’aiderait à passer le temps. Mais chaque événement historique que j’étudie ne fait que réveiller en moi les ombres de la solitude et du regret. Je crains de devoir abandonner cette tâche si je ne puis accepter de revenir sur tout ce qui m’a fait tel que je suis. Aussi remets-je et remets-je encore sur le métier mon ouvrage, pour m’apercevoir sans cesse que je décris mes origines plutôt que celles de notre pays. Je ne sais même pas à qui je m’efforce d’expliquer qui je suis. Toute mon existence est une toile tissée de secrets, des secrets qu’aujourd’hui encore il n’est pas sans risque de divulguer. Dois-je les coucher sur le papier, pour n’en tirer, au bout du compte, que flamme et cendre ? Peut-être.

Mes souvenirs remontent à l’époque de mes six ans. Avant cela,il n’y a rien, rien que le vide d’un gouffre qu’aucun effort de mémoire n’a pu combler. Avant ce jour à Œil de Lune, il n’y a rien.

Mais à cette date, les images apparaissent soudain, avec une richesse de couleur et de détail qui me laisse pantois. Parfois, les souvenirs semblent trop complets et je me demande si ce sont réellement les miens. Proviennent-ils de mon expérience personnelle ? Ou bien de répétitions inlassables de la même histoire par des légions de filles de cuisine, des armées de marmitons et des hordes de garçons d’écurie s’expliquant mutuellement ma présence ? Peut-être ai-je entendu ce récit si souvent, de sources si nombreuses, qu’il est devenu pour moi comme un vrai souvenir ? La finesse des détails est-elle due à l’osmose sans réserve d’un enfant de six ans avec tout ce qui l’entoure ? Ou bien se peut-il que cette perfection soit le vernis brillant de l’Art, qui permet de passer sous silence les drogues que l’on prend ensuite pour maîtriser sa dépendance ? Des drogues qui induisent leurs propres souffrances et leurs effets de manque. Cette dernière hypothèse est la plus plausible, voire la plus probable. J’espère pourtant que ce n’est pas le cas.

Mes souvenirs sont presque physiques : je ressens encore la tristesse froide du jour finissant, la pluie implacable qui me trempait, les pavés glacés des rues de la ville inconnue, même la rudesse calleuse de l’énorme main qui enserrait la mienne, toute petite. Parfois je m’interroge sur cette poigne. La main était dure et rêche et elle tenait la mienne comme dans un étau. Et pourtant elle était chaude et sans méchanceté ; ferme, tout simplement. Elle m’empêchait de déraper dans les rues verglacées, mais elle m’empêchait aussi d’échapper à mon destin. Elle était aussi inflexible que la pluie grise et froide qui vitrifiait la neige et la glace piétinées de l’allée de gravier, devant les immenses portes en bois du bâtiment fortifié, citadelle dressée à l’intérieur de la ville.

Les battants de bois étaient hauts, pas seulement aux yeux d’un gamin de six ans : des géants auraient pu les franchir sans courber la tête et même le vieil homme, pourtant bien découplé, qui me dominait en paraissait rapetissé. Et elles me semblaient étranges, bien que j’aie du mal à imaginer quel type de porte ou d’édifice aurait pu me paraître familier à l’époque. Simplement, ces vantaux sculptés, maintenus par des gonds de fer noir, décorés d’une tête de cerf et d’un heurtoir en airain luisant, ces vantaux se situaient en dehors de mon expérience. Je me rappelle la neige fondue qui transperçait mes vêtements, mes pieds et mes jambes trempés, glacés ; et pourtant, encore une fois, je n’ai le souvenir d’aucun long trajet à pied au milieu des derniers assauts de l’hiver, ni qu’on m’ait porté. Non, tout commence là, juste devant les portes du fort, avec ma petite main emprisonnée dans celle du grand vieillard.

On dirait presque le début d’un spectacle de marionnettes. Oui, c’est bien cela : les rideaux s’étaient écartés et nous nous tenions devant la grande porte. Le vieil homme souleva le heurtoir d’airain et l’abattit une, deux, trois fois sur la plaque qui résonna sous les coups. Soudain, une voix s’éleva en coulisse ; non pas derrière les battants, mais derrière nous, de là d’où nous venions. « Père, je vous en prie ! » fit la voix de femme d’un ton suppliant. Je me tournai pour la regarder, mais la neige tombait à nouveau, voile de dentelle qui s’accrochait aux cils et aux manches des manteaux. Je ne me rappelle pas avoir vu personne. En tout cas, je ne fis rien pour échapper à la poigne du vieillard et je ne criai pas : « Mère ! Mère ! »

Non, je ne bougeai pas plus qu’un simple spectateur, et j’entendis des bruits de bottes à l’intérieur du fort et le loquet de la porte qu’on déverrouillait. La femme lança une dernière supplication. Les paroles en sont encore parfaitement claires à mon oreille, le désespoir d’une voix qui aujourd’hui me paraîtrait jeune. « Père, je vous en prie, par pitié ! » La main qui me tenait trembla, mais était-ce de colère ou d’une autre émotion ? Je ne le saurai jamais. Avec la vivacité d’un corbeau s’emparant d’un morceau de pain tombé par terre, le vieillard se baissa et ramassa un bloc de glace salie. Sans un mot, il le jeta avec une force et une fureur impressionnantes, et je me fis tout petit. Je ne me rappelle ni cri ni bruit de la glace contre un corps. En revanche, je revois les portes en train de pivoter vers l’extérieur, si bien que l’homme dut reculer précipitamment en me tirant à sa suite.

Et nous y fûmes..."

Robin HOBB - L'Assassin royal (tome 1)


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