Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°913 (2024-13)

mardi 26 mars 2024

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Igor Stravinski - Le sacre du printemps

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Pie, Moineau, Pinson,
Chardonneret et Verdier

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
février 2024



Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
samedi 3 février 2024



Chardonneret élégant,
sur une Cardère

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
samedi 3 février 2024


Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
samedi 3 février 2024



<image recadrée>



Moineau domestique femelle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 4 février 2024



Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 4 février 2024

Pinson des arbres mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 4 février 2024

Moineau domestique femelle
sous la pluie

Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 11 février 2024

Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
samedi 24 février 2024




Verdier d'Europe
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
samedi 24 février 2024


Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 25 février 2024

Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 25 février 2024

Pie
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 25 février 2024



<image recadrée>



Pie
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
dimanche 25 février 2024


Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 28 février 2024



Verdier d'Europe
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 28 février 2024



<image recadrée>



Verdier d'Europe
Courvières (Haut-Doubs), Champ-Margot
mercredi 28 février 2024





Suggestion de lecture :

"Ma vieille voiture avait fini par me lâcher.

Maudissant l'inspiration qui m'avait conduit à prendre la route qui suit le Grand-Rhône, je la poussai, avec beaucoup de peine, sur le bas-côté, et résolus de retourner vers la ville que je venais de traverser, pour chercher une dépanneuse et un mécanicien. J'avais dix kilomètres à parcourir, la journée tirait à sa fin et tous les moustiques de la Camargue avaient résolu de me vider de mon sang.

Par chance, mon pouce levé fit arrêter la deuxième voiture qui me dépasse.

Au volant, un homme souriant dans un nuage de fumée de cigarette, chemise blanche et cravate, au début de la maturité, me questionna dès que je fus installé sur les circonstances qui m'amenaient à l'endroit où je me trouvais.

Habitué par mon jeune âge à m'ouvrir facilement, je ne lui fis aucun mystère de ce qui me préoccupait et, l'émotion me gagnant à mesure que je formulais l'enchaînement funeste des conséquences de la panne, j'avais les yeux brillants de larmes contenues lorsque nous atteignîmes l'entrée de la ville.

Mes vacances, pourtant méritées après la réussite de mes examens, puis presque deux mois de travail sur des chantiers, étaient fichues, et j'allais devoir retourner sur les bancs de l'université sans que me soit accordée l'oasis d'un voyage et d'un séjour tant espérés.

Sans que j'en aie vraiment pris conscience, nos avions atteint le centre de la ville et, l'homme ayant fait abaisser, par une carte glissée, des bornes automatisées, il avait garé son automobile devant l'hôtel de ville, joli bâtiment classique, sur une grande place vide.

Il m'invita à le suivre à l'intérieur, ce que je fis jusqu'à pénétrer dans une pièce impressionnante, où des plaques de cuivre fixées aux hautes portes annonçaient qu'il s'agissait du « bureau de M. le Maire ». L'encombrement de dossiers posés sur des tables, des chaises, au sol, des cendriers débordants ne parvenaient pas à amoindrir la solennité que lui conféraient ses dimensions et sa décoration.

Il empoigna le téléphone et de sa voix basse et voilée par le tabac, envoya pendant un temps assez long des messages brefs, raccrochant d'un doigt pour demander un autre numéro. Je ne comprenais pas tout, mais saisis toutefois que certains de ces messages concernaient mon problème.

Se levant, il annonça que je n'aurais pas à me préoccuper de mon véhicule jusqu'au lendemain, et qu'il me proposait de me retenir au dîner et de m'héberger pour la nuit.

Un peu inquiet sur les motifs d'une telle générosité, je calculai néanmoins que je n'avais guère les moyens de faire le difficile, ne pouvant ajouter au prix du dépannage et de la réparation celui d'une nuit d'hôtel et d'un repas, même frugal.

Je fus rassuré par la position de l'homme, qui donnait, en vrai politique, un poignée de main tous les cinq pas, et semblait connaître tout de chacun. La plupart de ceux que nous croisions le tutoyaient, et l'appelaient par son prénom.

Reprenant la voiture, nous sortîmes à peine de la ville, pour nous arrêter devant une maison simple et basse, au milieu d'un grand jardin, presque un parc, en grand désordre.

Ma voiture était garée dans un élargissement de l'allée, ce qui me rassura, car j'avais, sans oser m'en ouvrir à mon hôte, l'inquiétude de la retrouver sans roues ou déshabillée le lendemain matin. J'étais, d'autre part, intrigué car j'avais conservé sur moi les clés de contact.

Il me présenta sa compagne, qui me fit bon accueil.

Ils me parlèrent longuement de leur fille, lycéenne partie en vacances, regrettant que nous n'ayons pu nous rencontrer. A leur table, m'expliquèrent-ils, étaient souvent conviés des inconnus amenés là par les fonctions qu'ils occupaient, avec qui l'adolescente n'avait rien en commun.

Le repas, simple et frais, provenait, me dit-on, du potager, que devaient dissimuler arbres et taillis, au fond du grand jardin.

Nous desservîmes ensemble la table puis sa femme, lasse, s'étant retirée, il me proposa un cognac que j'acceptai de grand cœur, à titre de compensation des émotions du jour.


Nous passâmes alors dans une petite pièce contiguë au salon à forte odeur de tabac froid, aux murs tapissés de plans et de cartes, où les dossiers et chemises s'empilaient plus haut encore que dans son bureau de la mairie.

Il m'interrogea sur ma famille, mes amis, mes études, mes projets. Je lui répondis d'autant plus aisément que l'alcool troublait rapidement mon esprit, la fatigue de la journée y aidant.

Il s'était absenté un moment, et j'avais consacré ce temps à observer les cartes punaisées aux murs. A son retour, je l'interrogeai sur la signification des croquis manuels qui avaient été tracés sur les fonds de plan imprimés de la ville.

Plantant ses yeux dans les miens, il me considéra alors pendant un long moment de manière peu amicale, presque hostile.

J'étais prêt à m'excuser – sans bien savoir de quoi – lorsque son sourire revint brusquement à ses lèvres, et son regard retrouva sa bienveillance.

Glacé par ce changement d'attitude que je ne m'expliquais pas, je me lançai alors dans une justification embrouillée de ce qui ne m'avait pas semblé être une indiscrétion. Ma formation en biologie, arguai-je, m'avait permis de reconnaître sur les plans des repérages d'essences qui semblaient plus appartenir à une carte de la flore locale qu'à un plan d'urbanisme. Je lui proposai de travailler avec lui sur ce que je croyais être une proposition du service des espaces verts de la ville.

Il me répondit très aimablement cette fois, que c'était là son affaire et qu'il s'en sortirais à priori tout seul.

Sur ce, il proposa de me montrer la chambre qu'il me destinait, ajoutant qu'il nous faudrait nous lever tôt le lendemain, indiquant clairement qu'il était temps que je me retire.

Un mur de la chambre était couvert de rayonnages chargés de livres, j'en choisis trois pour les parcourir mais, à peine allongé, la force me manqua pour en ouvrir un seul, si grand était mon épuisement.

Au moment de fermer les yeux, je compris que la seule lumière qui trouait l'obscurité provenait de la pièce que je venais de quitter, dans laquelle s'attardait mon hôte. J'eus la vision, qui était déjà faite de l'étoffe d'un rêve, que, comme un stratège la veille d'une bataille, c'était sur ses cartes qu'il était penché..."

Jean CHALENDAS - Le Maire qui aimait les arbres


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