Mardi 9 octobre 2007
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Isards et Cie...


Estive du Pic du Montaigu
(Hautes-Pyrénées)

Isard femelle et son petit.
Samedi 1er septembre 2007

Arrêt au soleil.
Samedi 1er septembre 2007

Course en "flou-filé" dans la bruyère.
Samedi 1er septembre 2007

Truite dans le reflet de la montagne au Lac d'Ousse.
Samedi 1er septembre 2007

Rougequeue noir femelle.
Vendredi 31 août 2007

Accenteur mouchet
(sur le tas de bois monté par héliportage).
Mardi 4 septembre 2007


Vautour fauve posé sur une crête.
Dimanche 2 septembre 2007

Ces 3 compères se sont posés à quelques mètres de mon affût !
Dimanche 2 septembre 2007

 



Un petit texte :

" A cinquante mètres de moi, se découpe plein ciel une chèvre isard et son « pitou ». Deux, puis trois, quatre, cinq… grands, petits, je ne compte plus. Ils avancent en ignorant totalement ma présence.
Les adultes commencent à brouter, s’éparpillent dans ma direction, tout près, certains à quelques mètres à peine. Les petits en profitent pour faire une tétée. Quel spectacle ! Je regarde, j’écoute. Etre si près ! Je n’ose rien faire, surtout pas déclencher ma caméra : le moindre geste, le moindre bruit ferait tout fuir. Au total, douze chèvres, onze petits et cinq jeunes de l’année.
Des isards passent derrière moi, je les entends marcher et brouter. Il me semble impossible qu’ils ne me sentent pas. Quelques chèvres regardent vers l’aval, scrutent le ciel, se retournent très souvent pour brouter face aux petits qui eux n’arrêtent pas de bouger, d’aller des uns aux autres, se couchent, se relèvent, certains commencent à brouter aussi, près de leurs mères. Tout à coup un chuintement d’alerte : la chevrée esquisse un départ de fuite et s’arrête net sur l’arête regardant dans ma direction. J’entends derrière moi comme un crissement, un bruit de cailloux. Sous mon affût, je ne peux pas voir ce qui se passe. Je relève de quelques centimètres la couverture : à moins de 3 mètres, sur le côté, un renard est couché et regarde les isards, gueule ouverte en tirant la langue. Il est vrai qu’il commence à faire chaud…
La harde est de plus en plus inquiète, les petits blottis tout près des mères. Une d’elle part à l’attaque, chuinte et tape du sabot. Quelques instants ils s’observent et le renard abandonne les lieux au petit trot, comme vexé et disparaît.
Le calme revient. L’attention se relâche. Certaines chèvres se couchent en bordure de la rupture de pente où il y a un souffle d’air et les petits font de même. Environ pendant une heure, toute la harde reste couchée, se lève uniquement pour que les chevreaux têtent. Certains en profitent même pour têter une autre mère, mais sont vite chassés par un coup de tête, de patte ou une ruade. Moment de quiètude, de repos. On rumine mais on veille ; lors de la tétée, il est fréquent de voir une chèvre sentir son chevreau au niveau du cordon ombilical et des orifices arrière pour l'identifier comme sien.
Je ne vois pas le temps passer. Plus de soleil. Les adultes pacagent avec voracité, se répartissant autour de moi. Une chèvre vient très près. Elle arrache l'herbe, relève la tête, mâchonne et regarde dans ma direction, les oreilles en avant, balance la tête de haut en bas, regarde intensément de ses grands yeux profonds, recule de quelques pas, se retourne et broute à nouveau. Ouf !
La température se rafraichît. Les petits isards s'amusent, poursuites, sauts, galopades, montent à califourchon les uns sur les autres, sautent d'un côté à l'autre, font le tour de la chevrée, mais n'oublient pas au passage de s'alimenter à genoux par de grands coups de tête sous le pis de la chèvre. Et les voilà repartis dans le jeu, suivis du regard de la mère vers son "pitou" : douceur, expression de tendresse et de protection.
Voilà que se place devant moi, à moins de trois mètre, un tout petit isard encore à la recherche de son équilibre. Regard très doux et émerveillé, essouflé, naseaux frémissant, tête ronde, petit museau, bout de cordon ombilical desséché encore visible... Petit isard pitou, pur, plein de vie, beau et émouvant à la fois. Le voilà face à moi qui pouffe, il m'a senti, lui ! Je lui souris, comblé d'un tel moment privilégié.
Le vent s'est inversé, des pshh... pshhh... partent de tous les côtés. Mon admirateur me quitte tranquillement pour rejoindre sa mère et la harde qui disparaît en file indienne, mères, petits. Quelques cailloux qui roulent, une fuite lointaine... Le silence.
"


Jean Cédet, vallée d’Aspe – Mémoire de terrain
(récits des gardes-moniteurs du Parc National des Pyrénées
recueillis par Louis Espinassous)



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