Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°832 (2022-32)

mardi 16 août 2022

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JB Lully - Bellérophon
Final

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Oiseaux adultes et leurs petits

Loge n° 5,
Courvières (Haut-Doubs)
juillet et août 2022



Pigeon ramier adulte, dans l'ombre
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2022


Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2022



Pigeon ramier adulte, au soleil
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2022



Mésange bleue juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2022

Chardonneret élégant mâle adulte,
sur la "pierre à sel"

Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2022



Chardonneret élégant juvénile, au soleil
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2022

Chardonnerets élégants juvéniles (8 individus !)
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 16 juillet 2022

Pigeons ramiers adultes (2), dans l'ombre
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022



Chardonneret élégant mâle adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022

Corneille noire adulte...
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022

Corneille noire adulte... suivie par deux jeunes !
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022



Corneille noire adulte... et ses deux petits
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022



Etourneau sansonnet juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 juillet 2022


Chardonneret élégant juvénile (dans l'ombre)
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
lundi 18 juillet 2022



Pigeon ramier adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
mardi 19 juillet 2022

Pigeon ramier adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
mardi 19 juillet 2022
<image recadrée>



Pinson des arbres femelle (adulte)
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
mardi 19 juillet 2022



Pigeon ramier adulte (flou !)
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 21 juillet 2022



Pigeon ramier adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 21 juillet 2022



Pigeon ramier adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 21 juillet 2022

Mésange bleue juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 22 juillet 2022



Mésange bleue juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 22 juillet 2022



Corneille noire adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 juillet 2022



Chardonneret élégant juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
lundi 25 juillet 2022

Serin cini adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 27 juillet 2022



Chardonneret élégant juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 27 juillet 2022

Chardonneret élégant juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 27 juillet 2022



Famille de Corneilles noires
(chacun à sa toilette !)

Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 28 juillet 2022



Etourneau sansonnet juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 28 juillet 2022



Corneille noire adulte, à sa toilette
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 28 juillet 2022



Pinson des arbres mâle adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022



Pigeon ramier juvénile (dans l'ombre)
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022



Pigeon ramier juvénile (au soleil)
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022



Pigeon ramier adulte
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022



Adulte et juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022

Pigeon ramier juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022

Famille d'étourneaux sansonnets
(que des juvéniles ?)

Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 31 juillet 2022



Mésange bleue juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 3 août 2022



Sur la pierre à sel : Chardonneret élégant juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 4 août 2022

Mésange bleue juvénile
Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 5 août 2022

Corneille noire adulte,
veillant sur sa famille...

Loge n°5, Courvières (Haut-Doubs)
samedi 13 août 2022




Suggestion de lecture :

" 1


L'enfant aurait pu être une fée, presque invisible tant son visage était pâle, dans un sweat à capuche et un pantalon qui se fondaient au cœur des bois crépusculaires. Pieds nus. Debout, un bras enlacé autour du tronc d'un pacanier, elle ne bougea pas quand la voiture écrasa le gravier de la route pour s'immobiliser quelques mètres plus loin.

Jo coupa le moteur et s’arracha à la contemplation de la fillette, le temps de récupérer ses jumelles, son sac, et ses fiches de recensement sur le siège passager. Peut-être que la gamine aurait regagné le royaume des fées pendant qu’elle avait le dos tourné. Mais elle était toujours là au moment où Jo s’extirpa de l’habitacle.

  • Je te vois, lança Jo en direction de la silhouette sombre sous le pacanier.

  • Je sais.

Les chaussures de randonnée de Jo semaient des miettes de boue séchée sur le béton du sentier.

  • Tu cherches quelque chose ?

L’enfant ne répondit pas.

  • Qu’est-ce que tu fais ici ?

  • Je voulais caresser ton chien, mais il a peur.

  • Ce n’est pas mon chien.

  • Il est à qui, alors ?

  • À personne.

Jo poussa le battant de la moustiquaire qui protégeait la véranda.

  • Tu devrais rentrer chez toi tant qu’il fait encore jour.

Elle appuya sur l’interrupteur de l’ampoule anti-insectes et déverrouilla la porte de la maison. Une fois à l’intérieur, elle alluma une lampe et ferma aussitôt le loquet derrière elle. La gamine ne devait pas avoir plus de neuf ans, mais ça ne faisait pas d’elle un ange.

Quinze minutes plus tard, douchée, habillée d’un T-shirt, pantalon de sport, et claquettes, Jo alluma les lumières de la cuisine, attirant une nuée d’insectes silencieuse contre la vitre noire. Alors qu’elle sortait les ustensiles pour le gril, son esprit divagua vers la fillette sous le pacanier. La gamine aurait probablement trop peur de la forêt, la nuit, pour s’attarder dans les parages. Elle devait être rentrée chez elle, maintenant.

Jo apporta un blanc de poulet mariné et trois brochettes de légumes dehors, près du brasero creusé dans un lopin de mauvaises herbes entre la maison et le pâturage qui s’étirait sous le clair de lune. Kinney Cottage, qu’elle louait temporairement, était une construction au bardage en bois jaune datant des années 1940, perchée sur une colline. À l’arrière, son terrain s’ouvrait sur une petite prairie que le propriétaire brûlait régulièrement pour empêcher la forêt environnante de la grignoter. Jo alluma un feu au centre du cercle de pierres, et posa la grille par-dessus. Alors qu’elle déposait le poulet et les brochettes sur les flammes, elle se raidit, percevant une silhouette sombre à l’angle de la maison. La fillette. Celle-ci s’arrêta à quelques mètres du brasier pour observer Jo qui disposait la dernière brochette sur le gril.

  • T’as pas de cuisine chez toi ? demanda l’enfant.

  • Si.

  • Alors pourquoi tu fais à manger dehors ?

Jo choisit un des quatre fauteuils de jardin en bois délabrés et s’y installa.

  • Parce que j’en ai envie.

  • Ça sent bon.

Si elle était là pour chaparder à manger, elle allait vite déchanter devant les placards vides d’une biologiste qui n’avait que très peu de temps à consacrer aux courses, songea Jo. La fillette parlait avec l’accent traînant des campagnes du coin, et vu ses pieds nus, elle ne devait pas venir de bien loin. Elle pouvait donc parfaitement dîner chez elle. La petite approcha encore. Le feu colorait ses pommettes et ses cheveux blond cendré, mais pas ses yeux, deux trous noirs hypnotiques comme ceux des enfants substitués par les fées.

  • Tu ne crois pas qu’il est l’heure de rentrer chez toi ? demanda Jo.

La fillette fit un autre pas en avant.

  • Je n’ai nulle part où aller sur cette planète. Je viens de là-haut, expliqua-t-elle en pointant du doigt le ciel.

  • Où ça ?

  • Ursa Major.

  • La constellation ? L’enfant confirma.

  • Je viens de la galaxie du Moulinet. C’est au bout du manche de la casserole.

Jo ne connaissait pas grand-chose aux étoiles, mais le nom avait tout l’air d’une élucubration puérile.

  • Jamais entendu parler, décréta Jo.

  • C’est comme ça que vous l’appelez ici, mais nous, on dit autrement.

Elle était maintenant assez proche pour que Jo puisse voir ses yeux, dans lesquels brillait un éclat d’intelligence dont la ruse contrastait avec l’extrême jeunesse de son visage. Jo y lut un signe que l’enfant se jouait d’elle.

  • Tu ressembles drôlement à une Terrienne pour une alien, lui fit-elle remarquer.

  • C’est parce que j’ai pris le corps d’une petite fille.

  • Dis-lui de rentrer chez elle tant que tu y es, d’accord ?

  • Impossible. Elle était déjà morte quand je suis arrivée.

Si elle rentre chez elle, ses parents vont avoir peur. Une histoire de zombie. Rien de très original. Mais la gamine s’était trompée de maison si elle comptait l’entraîner dans ses délires paranormaux. Jo n’avait jamais été douée avec les enfants, ni pour jouer à faire semblant, même quand elle en avait l’âge. Les parents de Jo, tous deux chercheurs, disaient souvent qu’elle devait son sérieux à sa double dose de gènes analytiques. Ils racontaient avec humour qu’elle était venue au monde la mine concentrée, comme formulant déjà des hypothèses sur où elle se trouvait et qui étaient toutes ces personnes en salle d’accouchement. L’extraterrestre dans un corps d’humaine la regarda retourner le blanc de poulet.

  • Tu ferais mieux de rentrer à la maison pour le dîner, la prévint Jo. Tes parents vont s’inquiéter.

  • Je te l’ai déjà dit, je n’ai pas…

  • Tu veux appeler quelqu’un pour venir te chercher ? proposa Jo en sortant son portable de la poche de son pantalon.

  • Je ne connais personne.

  • Et si c’était moi qui téléphonais ? Donne-moi ton numéro.

  • Comment je pourrais avoir un numéro alors que je viens des étoiles ?

  • Et cette petite fille dont tu as pris le corps  ? Tu connais le sien ?

  • Nan. Je ne sais même pas comment elle s’appelle.

Jo était trop fatiguée pour ce genre de manigances. Levée à quatre heures du matin, elle arpentait champs et forêt sous la chaleur étouffante et humide depuis plus de treize heures. Cette routine occupait presque toutes ses journées depuis des semaines, et les quelques heures qu’elle avait pour se détendre le soir au cottage étaient cruciales.

  • Si tu ne t’en vas pas, j’appelle la police, la prévint_elle en tentant de prendre un ton sévère.

  • Pour quoi faire ? demanda-t-elle innocemment.

  • Pour qu’ils te ramènent chez toi par la peau des fesses.

La fillette croisa les bras sur son buste frêle.

  • Et qu’est-ce qu’elle va faire, ta police, quand je vais dire que je n’ai pas de maison ? rétorqua l’enfant comme si elle entendait ce mot pour la première fois.

  • Les agents vont t’emmener au bureau du shérif, et ils vont chercher tes parents, ou la personne chez qui tu habites.

  • Et qu’est-ce qu’ils vont faire quand ils appelleront et que ces gens leur diront que leur fille est morte ? Cette fois, Jo n’eut pas à feindre la colère.

  • Tu sais, être seule au monde n’est pas un sujet de plaisanterie. Tu devrais rentrer à la maison auprès de ceux qui t’aiment.

La fillette resserra ses bras sur son buste, mais ne dit rien. Jo estima qu’elle avait besoin d’une piqûre de rappel pour la ramener à la réalité.

  • Si vraiment tu n’as pas de famille, la police va te placer en famille d’accueil, menaça-t-elle.

  • C’est quoi ?

  • On te force à vivre chez des inconnus, et parfois ils sont méchants. Alors tu ferais mieux de rentrer chez toi avant que j’appelle le shérif. L’enfant ne bougea pas.

  • Je suis sérieuse.

Le jeune chien qui réclamait à manger près du brasero de Jo depuis quelques jours apparut à la lisière de la lumière projetée par les flammes. La petite fille s’accroupit et tendit la main, l’attirant d’une voix chantante pour le convaincre de se laisser cajoler.

  • Il n’approchera pas, dit Jo. C’est un chien sauvage. Il est probablement né dans les bois.

  • Elle est où sa maman ?

  • Qu’est-ce que j’en sais ? Jo posa son téléphone et fit tourner les brochettes.

  • Il y a une raison pour laquelle tu as peur de rentrer à la maison ?

  • Pourquoi tu ne me crois pas quand je dis que je viens des étoiles ? Cette tête de mule insistait, en plus.

  • Tu sais très bien que personne ne gobera ton histoire d’alien.

La fillette s’aventura à l’orée de la prairie, leva le nez et les bras vers le ciel étoilé, et entonna un charabia censé passer pour un langage extraterrestre. Les mots coulaient comme une langue étrangère maîtrisée, et quand elle eut terminé, elle se tourna vers Jo avec une moue suffisante, les mains sur les hanches.

  • J’espère que tu demandais à ton peuple de venir te chercher, décréta Jo.

  • C’était une salutation.

  • Salutation… c’est un terme compliqué pour ton âge. La fillette retourna près du feu.

  • Je ne peux pas rentrer tout de suite. Je dois rester sur Terre tant que je n’aurais pas vu cinq miracles. Ça fait partie de notre apprentissage pour devenir grand – un peu comme à l’école.

  • Tu vas en avoir pour un bout de temps. Personne n’a changé d’eau en vin depuis quelques millénaires.

  • Je ne parle pas de miracles comme dans la Bible.

  • Alors quel genre de miracles ?

  • Ça peut être n’importe quoi, dit la fillette. Par exemple toi, tu es un miracle, et le chien aussi. C’est un tout nouveau monde pour moi.

  • Très bien, ça fait déjà deux.

  • Non, je les garde pour les trucs vraiment cool.

  • Je te remercie.

La petite s’assit sur le fauteuil de jardin en bois à côté de Jo. Le blanc de poulet mariné crépitait sur les flammes, parfumant l’air de son délicieux fumet. La gamine le regardait, et sa faim n’avait rien d’imaginaire. Peut-être que sa famille n’avait pas de quoi la nourrir. Jo s’étonna de ne pas l’avoir envisagé plus tôt.

  • Et si je te donnais à manger avant de rentrer à la maison ? Tu aimes les burgers à la dinde ?

  • Comment je pourrais savoir sans avoir goûté ?

  • Tu en veux un ou pas ?

  • Oui  ! Je dois découvrir des choses nouvelles sur cette planète.

Jo poussa le blanc de poulet sur le côté le moins ardent du feu, avant d’aller chercher un steak surgelé, des condiments, et un pain brioché. Elle se souvint qu’une dernière tranche de cheddar traînait au frigo, et l’ajouta à l’assiette de la gamine. Elle en avait probablement davantage besoin qu’elle. Jo retourna dans le jardin, posa le steak de dinde sur le gril, et le reste sur la chaise vide à côté d’elle.

  • J’espère que tu aimes le fromage.

  • J’en ai entendu parler, dit la petite fille. Il paraît que c’est bon.

  • Qui t’a dit ça ?

  • Ceux qui sont déjà venus. On nous apprend des choses sur la Terre avant de partir.

  • Comment s’appelle ta planète ?

  • C’est difficile à prononcer dans votre langue. Ça donnerait quelque chose comme Hereth. Tu as des marshmallows ?

  • Il y a des bonbons sur Hereth ?

  • On dit qu’ici les enfants les enfoncent sur des bâtons pour les faire fondre sur le feu, et que c’est très bon.

Jo avait enfin une excuse pour ouvrir le paquet qu’elle avait acheté sur un coup de tête en emménageant au cottage. Autant les consommer avant qu’ils ne se dessèchent. Elle récupéra le sachet dans le placard de la cuisine et le laissa tomber sur les genoux de l’alien.

  • À condition de finir ton assiette.

L’extraterrestre trouva une branche fine et se rassit sur sa chaise longue pour couver les précieux bonbons sur ses cuisses, ses yeux noirs rivés sur le steak qui cuisait. Jo fit griller le pain brioché et composa une assiette de brochettes de pommes de terre rissolées, de brocolis, et de champignons à côté du cheeseburger. Elle alla chercher deux verres..."

Glendy VANDERAH - Là où les arbres rencontrent les étoiles



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