Le Trochiscanthe nodiflore [TN]
n°830 (2022-30)
mardi
2 août 2022
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Fleur de Grande Gentiane jaune Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022
Gesse de Bauhin Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022 Renoncule à feuilles
d'aconit
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022 Bleuet ou Centaurée
des montagnes
Compagnon rouge ou
Silene dioïqueCourvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) lundi 6 juin 2022
et son repas... (les mouches !) Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) samedi 11 juin 2022
à sa toilette... Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) samedi 11 juin 2022 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) samedi 11 juin 2022
Une orchidée que je
n'avais pas encore rencontrée :
l'Orchis sphérique - Traunsteinera globosa Courvières,
loge n° 5 (Haut-Doubs)
dimanche 12 juin 2022
Bergeronnette grise
adulte
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 19 juin 2022 |
cliquez [ici] Suggestion de lecture : " Les jours succèdent aux jours,jamais monotones. Même lorsqu'ils peuvent paraître exactement semblables, ils ne le sont jamais tout à fait. Et c'est cela qui donne à la vie en mer cette dimension particulière, faite de contemplation et de reliefs très simples. Mer, vents, calmes, soleil, nuages, oiseaux, dauphins. Paix et joie de vivre en harmonie avec l'univers.
Albatros, malamocks, pigeons du Cap, et deux autres races dont je ne connais pas le nom et que je baptise « alouettes du Cap » et « corneille du Cap », accompagnent Joshua depuis les environs du 35è parallèle de l'Atlantique. Ils semblent se nourrir exclusivement d'embruns ou d'air pur, volant au ras des lames sans y plonger le bec. Albatros et malamocks restent isolés. Les autres se groupent en communautés d'autant plus denses qu'ils sont plus petits, comme les alouettes du Cap. Joshua traverse des bandes de plus d'une centaine de ces oiseaux très vifs, de la taille d'une grosse alouette au plumage argenté dont le vol, tout en crochets rapides et glissades sur l'aile, rappelle un peu celui de l'hirondelle avant la pluie. Le dessous de leur corps est blanc, leur queue gris foncé, et leurs ailes portent un grand W' sur le dessus. Ils zigzaguent très près de l'eau et y trempent souvent une patte, comme pour aider un virage. Rien à voir avec la minuscule hirondelle de mer noir et blanc qui ressemble à un papillon tant son vol est léger. Elle aussi prend souvent ses virages en poussant d'une patte sur l'eau. Vito Dumas parle de son pigeon du Cap apprivoisé comme d'un oiseau noir orné de belles taches blanches. Sans cette description, je me sentirais parfois inquiet, car le vol des alouettes du Cap rappelle tout à fait celui du pigeon lorsqu'elles sont vues de face. Or, j'ai lu quelque "part que les pigeons du Cap lorsqu'ils apparaissent par grandes bandes, sont un signe certain de la proximité des glaces. Et le texte en question, destiné aux navigateurs, ne donnait aucune description de cet oiseau. Deux ou trois pigeons du Cap nous accompagnent depuis Bonne-Espérance. Ils correspondent bien à la description de Vito Dumas, avec leurs larges taches blanches dont les bords s'estompent sur le noir des ailes. Les corneilles du Cap, de la taille d'une grosse mouette, ressemblent beaucoup à des corbeaux lorsqu'elles sont posées sur la mer. Leur plumage uni, marron très foncé, a des reflets presque rouges dans le soleil, mais paraît noir par temps couvert. Elles planent sans battre des ailes, un peu voûtées, en groupe de huit à quinze, souvent de front. On dirait qu'elles ratissent la mer en équipe, prenant leurs virages harmonieux et souples presque ensemble. Le même groupe nous accompagne depuis longtemps. J'en reconnais une à qui il manque une plume au milieu de l'aile gauche. Les plus beaux, ce sont les malamocks, genre d'albatros en moins grand, plus élancé, infiniment plus racé, d'environ deux mètres d'envergure. Tous ceux que je vois ont la même robe, ou presque : ventre blanc, cou blanc, queue blanche, dessus des ailes gris foncé, dessous des ailes gris perle le long du bord d'attaque et gris très clair ou presque blanc parfois sur le bord de fuite. Tous présentent un joli dessin autour de l'oeil en forme d'amandé très allongée, comme un maquillage de vamp. Le malamock a des plumes qui sont des plumes, alors que l'albatros (plus de trois mètres d'envergure parfois) semble couvert d'un duvet laineux. Mais aucun albatros ne ressemble exactement à un autre, chacun possède sa robe personnelle et on ne peut pas confondre un albatros avec un autre albatros. Il y en a un que je cherche toujours des yeux quand je monte sur le pont, très grand, tout cendré par-dessous et presque noir dessus, avec une tache marron sous l'oeil gauche. Par contre, il faudrait être excellent observateur pour différencier un malamock parmi vingt autres, même après un mois de fréquentation journalière. Ces oiseaux des hautes latitudes ont un comportement diamétralement opposé à ceux des tropiques. Là-bas, c'est la gaieté, les cris et les plongeons. Je connais peu de spectacles comparables à celui d'une quarantaine de fous de Bassan dégringolant du ciel comme des roquettes sur un banc de sardines. Je trépignais et criais avec eux, sur le pont de Marie-Thérèse II, en les voyant travailler avec une telle joie de vivre, entre Capetown et Sainte-Hélène. Souvent l'un d'eux se détachait du groupe et venait planer un moment tout près de l'artimon avant de repartir à la pêche. Les wideawake et les paille-en-queue étaient amicaux, eux aussi. Et même les frégates, assez distantes en général, s'intéressaient à Marie-Thérèse II. Ici, albatros, malamocks, corneilles, pigeons du Cap, et aussi les minuscules hirondelles, planent, indifférents. Pour eux Joshua n'existe pas. Pourtant, il doit exister, puisque mon grand albatros cendré est souvent là, ainsi que ma corneille à qui il manque une plume. Mais ils semblent avant tout chercher quelque chose de très important, je ne sais quoi, dans le vent et les embruns. Cependant, les alouettes du Cap sont parfois amicales et curieuses le temps d'une rencontre. Il leur arrive de venir, pour rien, faire l'inventaire du gréement par petits groupes de deux ou trois, et jouer avec les remous d'air sous le vent des voiles. Leurs glissades sont si vives qu'il m'est impossible de les tenir dans le viseur de ma Beaulieu. Je donnerais beaucoup pour
apprivoiser une alouette du Cap. Elles ne restent pas assez
longtemps, et chaque bande rencontrée se cantonne à son
secteur..."
Bernard MOITESSIER - La
longue route
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