Le Trochiscanthe nodiflore [TN]
n°814 (2022-14)
mardi
5 avril 2022
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Canards
et Cygnes Canard colvert mâle au repos La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 13 février 2022 Cygne en vol La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 13 février 2022 Canard colvert mâle à sa toilette La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 13 février 2022 Foulque macroule (défi) La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 13 février 2022 Canard colvert mâle La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 13 février 2022 Canards colverts mâles Besançon, au bord du Doubs (Doubs) samedi 26 février 2022 Foulque macroule La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 27 février 2022 La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 27 février 2022 Goéland La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 27 février 2022
Canard colvert La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 27 février 2022
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 20 mars 2022
<image recadrée>
Champ-Pittet (Suisse) samedi 26 mars 2022
Canard colvert femelle Champ-Pittet (Suisse) samedi 26 mars 2022
Cygnes sur leur nid
Le Sentier, Lac de Joux (Suisse) samedi 26 mars 2022
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"Sommes-nous vieux ? Sommes-nous jeunes ? Quel âge avons-nous vraiment ?Parfois vieillards, Parfois jeunesse élancée, Nous sommes les héritiers de tant d'années accumulées. Longue
fossilisation
de langues, de cultures, Dépôts successifs de
C'est dans le XIXè siècle qu'il faut aller fouiller. Entrailles de modernité,Boulons, marteaux et fièvre, Nous sommes faits de la même chair, de la même nervosité. Siècle de conquêtes et de sueur, De progrès et d'exploitation. C'est dans le XIXè siècle qu'il faut fouiller parce qu'il est comme nous : Il a inventé trop vite, A pensé trop fort. Il faut plonger dans son ventre sale, Sentir dessous ses bras d'usine, Ecouter sa voix voix cassée d'avoir trop hurlé sur les barricades. Le XIXè siècle, parce que c'est le siècle du vertige et de l'appétit, Bascule entre deux mondes, Chancellement face à tant de nouveautés et de grondements. Quel est le jour de notre naissance ? Il faut le décider, alors je dis : Palerme, le 12 janvier 1848. Quelque chose veut naître en ce jour lointain, Quelque chose qui pousse, Jusqu'à faire voler en éclats les vieilles couronnes. Quelque chose va naître Et ce sera d'abord rouge et grimaçant. Ça sentira les viscères et la sueur mais c'est neuf. Palerme se soulève Et c'est la première ville à appeler le Printemps des nations.
Nous somme nés de l'utopie et du mécontentement. Ecoutez les philosophes, les agitateurs, les révolutionnaires qui vont d'une capitale à l'autre.L'insurrection gronde. Elle éclate en Sicile, Sera reprise à Paris, De là, rebondira dans toutes les capitales. Des mots nouveaux sont sur les lèvres, Pour en finir avec les empires, Des mots que l'on se transmet sous le manteau, Dans le secret des réunions clandestines, « Nationalisme », « Indépendance, union et liberté ». Et d'un coup, la foule les reprend, ces mots, A Milan, A Berlin, A Paris, On veut renverser le vieux monde, Celui du congrès de Vienne qui restaurait les couronnes. On veut mettre à bas la mécanique de Metternich Qui préférait l'ordre à la liberté. Des pays veulent porter un nouveau nom : « Italie », « Allemagne », Rien ne peut arrêter les peuples lorsqu'ils s'emparent de l'esprit des philosophes. On n'en peut plus de l'Europe restaurée, assise, arrogante, Celles des Bourbons, des Habsbourg, des Hohenzollern. Depuis quelques temps, il y a des banquets en Europe, Et nous sommes nés de leur murmure, De la passion glissée dans ces mots dits tout bas mais qui aspirent à être clamés tout haut. 1848 est notre date de naissance, Et cela fait de nous des enfants barricades, Nés dans un fouillis d'armoires, de charrettes, de tonneaux, de palissades et de fusils... Poussez encore, Il faut que ça sorte Et tant pis si ça gémit. L'Europe surgit en ces jours de 1848, Celle de Mazzini, De Friedrich Hecker et Gustav van Struve, Celle de Garibaldi, De Lajos Kossuth, De Ludwik Mieroslawski et Ledru-Rollin, Une Europe de la nation parce qu'alors, la nation, c'est l'affranchissement, C'est la chute des vieux rois coiffés comme des poupées de calèche. La nation, c'est l'unité d'un peuple autour d'une langue, D'une culture, Et les poètes mettent des mots sur cette colère qui gronde, Sandor Petöfi, Lamartine, Victor Hugo. Verdi, même, devient le nom d'un pays. Le romantisme a conquis l'Europe, Et il porte en lui l'énergie de la rébellion : Jeunesse ! Jeunesse ! Sommes-nous vieux ? Plus maintenant. Regardez : l'Europe se réveille et se secoue le dos. Elle a un beau visage échevelé, Et un appétit de nouveau-né..."
Laurent GAUDE - Nous,
l'Europe
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