Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°803 (2022-03)

mardi 18 janvier 2022

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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GB PERGOLESI - Lieto Cosi Talvolta

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  Article sur la "Margotte"

extrait de la Presse Pontissalienne n° 264 - janvier 2022



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Chamois
au début de l'hiver

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
novembre, décembre 2021 et janvier 2022



Chamois sur la falaise
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 19 novembre 2021
<image en 16/9ème : Samsung A50>


<image en 16/9ème : Samsung A50>


Chamois femelle et son cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 19 novembre 2021

Deux Eterlous
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 19 novembre 2021

Chamois femelle et son cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 19 novembre 2021

<image recadrée>



Cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 19 novembre 2021

<image en 16/9ème : Samsung A50>



Au soleil couchant
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 19 novembre 2021

<image en 16/9ème : Samsung A50>



Glace
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021



Château sous la neige
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021
<image en 16/9ème : Samsung A50>



Tilleul
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021

<image en 16/9ème : Samsung A50>





Eterlou
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021


Chamois femelle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021

Dans l'ombre
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021



Cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021



Cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021









Femelle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021



La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
vendredi 17 décembre 2021



Château de joux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022
<image en 16/9ème : Samsung A50>

Cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022



Echauguette du Fort Mahler
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022










Château de joux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022

<image en 16/9ème : Samsung A50>



En contre-jour
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022



La harde
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022



Grand Corbeau
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022



Ronce
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 1er janvier 2022



Lever du soleil

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022



<image en 16/9ème : Samsung A50>



La harde... et la photographe (!)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022



Flou-filé
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022



Portrait de cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022






Chamois femelle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022









Cabri
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022











Chamois mâle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022














<image en 16/9ème : Samsung A50>



Nuageux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022



Sapin
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
dimanche 2 janvier 2022

<image en 16/9ème : Samsung A50>





















Suggestion de lecture :

"Une idée de bonheur

Durant tout le long parcours de mes expériences comme écrivain, comme journaliste, comme dramaturge, et aussi bien sûr comme citoyen, j'ai toujours eu à l'esprit une idée fondamentale : tout ce qu'on fait pour un monde meilleur a un point de départ : conquérir le droit à une existence pleine. Une existence heureuse, dans le sens le plus complet du mot. Parce que le terme « bonheur » implique tant de choses. Savoir, par exemple que celui qui est près de nous vit une situation d'injustice sociale est une blessure pour notre idée de bonheur. Et c'est au nom de cette idée que nous travaillons quand nous contribuons à éliminer l'injustice et à aider les autres à surmonter leurs problèmes.

Pour jouir d'un sentiment apparemment si simple, nous devons cependant affronter une épreuve qui se révèle souvent difficile : établir notre propre rythme de vie. Ce qui signifie se battre pour ne pas succomber au mythe de la vitesse vertigineuse qui, aujourd'hui, nous est proposée comme synonyme de satisfaction rapide. L'idée est qui si nous nous dépêchons, nous arriverons plus vite : y compris à la satisfaction, y compris au plaisir. Tout cela parce que nous pensons que la vitesse est au service de l'homme. Mais ce n'est pas vrai. Par exemple, fin 2013, aux Philippines, une terrible catastrophe climatique a provoqué plus de dix mille morts. Un million de personnes ont tout perdu. Dans un monde où, apparemment, les communications vont à une vitesse incroyable, à travers toutes les institutions, tous les niveaux sociaux, en cette circonstance la vitesse n'a servi à rien, ou plutôt : elle n'a pas existé. Le monde a mis deux semaines à avoir une première réaction solidaire d'aide pour ceux qui n'avaient plus rien, et souvent plus personne. Et ce n'est certes pas la première fois que ça arrive.

On dit qu'Internet a rendu l'information plus rapide et l'a enrichie d'une manière qu'on n'envisageait pas il y a seulement dix ans. Mais c'est vraiment de l'information, ça ? Ou s'agit-il simplement d'une somme de nouvelles ? Ou carrément d'une déformation de l'information ? Nous pensons vivre au paradis de la communication instantanée parce que tout le monde, du moins c'est ce qu'il nous semble, a un portable. Bien sûr, c'est un objet qui facilite vraiment la vie, et pas qu'un peu, sous certains aspects. Mais il ne la rend ni rapide ni bonne. Avant tout parce que ce n'est qu'un objet. Et puis, parmi les nombreuses raisons possibles, parce que pour fonctionner il a besoin d'une batterie, fait de deux composants fondamentaux : du lithium, et un alliage de colombite et de tantalite connu sous le nom de coltan. Or, bizarrement, les pays qui ont des gisements de ces minéraux, par exemple certains Etats africains, ont été rapidement confrontés à des tentatives d'obtenir du coltan et du lithium à bas prix, à très bas prix, puis à la déstabilisation de leurs ennemis politiques. Nous ne somme pas au courant. Notre information, si immédiate, tait presque tout de ce qui se passe dans les pays producteurs de ces minéraux, c'est-à-dire précisément dans les matières premières qui rendent possible la fabrication des piles de portable. Et qui, donc, sont à la d'un système d'information qui, théoriquement, nous permet d'avoir une vie plus rapide et plus heureuse. N'est-ce pas un contresens ?

Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres des contradictions qui me préoccupent et me conduisent à dire avec force qu'il est nécessaire aujourd'hui de revendiquer le droit à notre rythme personnel, singulier, et en particulier le droit à la lenteur. Le monde a perdu la capacité de voir les choses fondamentales, ou très graves, simplement parce qu'il ne s'arrête pas pour les regarder. Un poète russe que j'admire, Vladimir Maïakovski, a écrit une poésie intitulée Prière pour la sagesse dans laquelle il dit : « Arrête-toi, comme le cheval qui pressent l'abîme. » Parce que, quand vous êtes à l'arrêt, vous pouvez au moins réfléchir, vous demander si la course à l'abîme est vraiment le meilleur choix, ou si au contraire il vaudrait mieux prendre une autre route...

Ou bien revenir en arrière. Je crois qu'aujourd'hui nous aurions besoin d'une capacité qui semble simple et ne l'est pas du tout, celle d'interrompre la course et de réfléchir : arrête-toi, commence à penser si ce rythme de vie vertigineux conduit vraiment quelque part ; s'il peut vraiment conduire à un destin humain heureux.

Une idée de littérature

Je crois que l'idée de la recherche du bonheur à travers la lenteur parcourt toute mon œuvre, et en particulier ma fable Histoire d'un escargot qui découvrit l'importance de la lenteur. L'escargot incarne l'idée qu'on n'arrive pas d'un coup, mais pas à pas, à la conscience et à la solution des problèmes : comprendre pourquoi les choses sont ce qu'elles sont et ce que chacun de nous peut faire est un processus long et souvent douloureux. La fable parle des thèmes sur lesquels j'essaie de réfléchir dans mon œuvre littéraire : la responsabilité, la tolérance, le courage et la mémoire comme point de référence pour comprendre le présent et imaginer l'avenir. C'est pourquoi elle est écrite aussi pour les lecteurs adultes mais pensée pour les petites personnes, cette humanité qui n'a que quelques années et qui devra affronter la réalité que nous lui avons préparée.

J'ai commencé à écrire pour ce public particulier après mes premières approches de ce qu'on appelle la « littérature pour enfants ». J'ai six enfants, et dans la période où j'ai commencé à m'occuper de leurs lectures, nous habitions en Allemagne. Je me souviens que c'était un jour de pluie, j'étais allé à la bibliothèque publique pour prendre les livres que mes enfants devaient lire ce trimestre, et en attendant que la pluie cesse je suis entré dans un café pour boire une bière. J'ai commencé à feuilleter distraitement ce que j'avais entre les mains, les lectures de mes enfants. Et j'ai découvert que ce n'étaient pas des livres écrits pour des petites personnes, pour des gens de peu d'expérience ou avec peu d'années derrière eux : c'étaient des livres pour des petits idiots, sans aucun respect pour les lecteurs auxquels ils s'adressaient et profondément négatifs dans leur idéologie. Ils ne contenaient aucune valeur. De l'inquiétude devant ce type de lecture est née une pensée : « Non, là, ça ne va pas. Je veux écrire quelque chose pour partager avec les petits lecteurs, avec cette humanité de quelques années, les valeurs qui sont importantes pour moi. »

Ainsi est née ma première fable, Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, qui est devenu une sorte de livre générationnel, parce qu'une génération entière a grandi avec. Une histoire écrite pour raconter des valeurs, parmi lesquelles le devoir, que nous avons tous, de protéger qui est plus faible que nous, qui n'a pas la même possibilité que nous de se confronter au monde. Et une autre valeur fondamentale, à savoir le respect envers celui qui est différent, la capacité de vivre joyeusement la diversité de la vie et du monde, sans en avoir peur. Tout cela m'a semblé plus facile à réaliser sous la forme d'un livre dont les personnages sont des animaux qui affrontent ces thèmes et parlent de ces problèmes. La réaction des lecteurs, qui m'a beaucoup ému, m'a confirmé dans la conviction que mon effort a un sens. Ça a été le premier et le plus difficile des livres pour enfants que j'aie écrits. Bien des années plus tard, avec une nouvelle fable, Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, j'ai essayé de raconter la grande valeur de l'amitié, et de me concentrer de nouveau sur la différence, et en particulier sur la possibilité pour quelqu'un qui a un handicap de vivre une vie pleinement normale.

Les chats, personnages de deux de mes fables, sont liés à un personnage de ma période allemande et à une étrange anecdote au parfum presque ésotérique.

Il y a longtemps maintenant, à Hambourg, dans la rédaction de la revue où je gagnais mon pain, arriva un astrologue chinois, ou pour mieux dire un monsieur chinois extraordinairement sympathique. Il accorda un entretien dans un allemand impeccable à la collègue responsable des pages culturelles internationales, laquelle fut conquise et l'invita à essayer notre cantine d'entreprise où déjà, à l'époque, on servait de savoureux plats bio. L'astrologue chinois nous étonna par l'amabilité de sa conversation polyglotte, passant de l'allemand à l'anglais, du français à l'espagnol et à l 'italien avec le même naturel dont il usait pour louer les harengs à la Bismarck du menu du jour. Au bout de quelques minutes une vingtaine de journalistes, dont moi, étaient assis à sa table, tandis que lui, avec l'aide seulement d'une feuille de papier, d'un stylo, d'une boussole, d'une petite mappemonde imprimée sur un carnet et des cure-dents, commençait à parler de nous, sans s'inquiéter de savoir si nous croyions ou non en lui. Il nous demandait le lieu et l'heure plus ou moins exacte de notre naissance. Avec ces données, il traçait des coordonnées sur la mappemonde, nous expliquait à quel signe nous appartenions suivant l'astrologie chinoise et puis il illustrait de deux ou trois détails de notre personnalité.

Quand ce fut mon tour, la première chose qu'il dit fut : tu t'entends très bien avec les chats mais les chats s'entendent encore plus avec toi. Il avait deviné. Puis il demanda s'il y avait une carte du Chili et quelqu'un partit en courant en chercher une aux archives. Il traça des coordonnées et nous surprit en tirant de sa poche une très belle carte astrale de soie bleue, avec les planètes et les constellations brodées d'or.

  • Je ne suis ni un devin ni un prophète, dit-il enfin. Je ne lis pas l'avenir, personne ne peut le faire, je me limite à repérer des détails intéressants. Tu peux croire ou pas à la réincarnation, mais moi je te dis que, il y a de nombreuses vies de cela, tu as été un chat, et un chat heureux, parce que tu étais le chat préféré d'un mandarin.

L'idée me plut. Mes collègues déclarèrent qu'il fallait mettre une litière à la rédaction et l'un d'eux me demanda de venir deux ou trois jours chez lui parce qu'il était envahi par les souris. Tandis que je remerciais l'astrologue chinois, il me donna trois petits chats de porcelaine. Trois chats qui sur leur partie postérieure avaient un orifice en forme de poisson.

  • Mets-leur une chaînette d'argent, parce que les chats sont vaniteux, et fais en sorte qu'ils aient toujours à manger, mais sans exagérer. Chat repu ne prend pas de souris, me recommanda-t-il.

Je n'ai jamais revu l'astrologue chinois et j'espère qu'il va bien, qu'il est souriant et en bonne santé. Depuis lors les trois chats de porcelaine me tiennent compagnie sur ma table de travail, et de temps en temps je prends une des croquettes des félins de la maison et la glisse dans les orifices en forme de poisson. Puis je laisse le temps, l'humidité ou quelque chose que je ne saurais expliquer faire disparaître cette minuscule ration.

Un jour, il y a peu, je me suis aperçu que les orifices étaient vides, alors j'ai pris trois croquettes de mon chat, le camarade Estéban, et j'ai donné à manger aux chats chinois. Nous ne savons rien du mécanisme du hasard. Une heure après les avoir nourris, le facteur est arrivé, il m'apportait un paquet expédié par la maison d'édition Tusquets, avec la soixante-troisième édition de Histoire d'une mouette et du chat qui lui appris à voler.

Je ne suis pas vaniteux comme le chat chinois d'un mandarin, mais je sais que si un livre publié en 1996 atteint sa soixante-troisième édition, c'est un bon signe. Et comme je ne suis quand même pas idiot, je sais que la raison de ce succès est uniquement celle-là : ce livre, je l'ai écrit avec amour, avec beaucoup d'amour pour les valeurs que je partage avec mes lecteurs. C'est mon livre le plus subversif parce que le thème central en est la solidarité..."

Luis SEPULVEDA, Carlo PETRINI - Deux idées de bonheur



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