Le Trochiscanthe nodiflore [TN]
n°794 (2021-45)
mardi
16 novembre 2021
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Abeille sur une fleur d'Origan La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) mercredi 1er septembre 2021 Carline La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) mercredi 1er septembre 2021 Oedipode rouge La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) mercredi 1er septembre 2021 La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) mercredi 1er septembre 2021 Chamois La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) jeudi 2 septembre 2021
La Cluse et
Mijoux (Haut-Doubs)
lundi 20 septembre 2021 La Cluse
et Mijoux (Haut-Doubs)
lundi 20 septembre 2021 La Cluse et
Mijoux (Haut-Doubs)
jeudi 23 septembre 2021 Château de Joux La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) dimanche 10 octobre 2021 <image en 16/9ème, Samsung A50>
Noisetier La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) dimanche 10 octobre 2021
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) vendredi 15 octobre 2021
Cabri dans la
brume
Tilleul La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 <image en 16/9ème, Samsung A50> <image en 16/9ème, Samsung A50>
<image en 16/9ème, Samsung A50> <image en 16/9ème, Samsung A50>
Eterlou La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 <image en 16/9ème, Samsung A50> <image en 16/9ème, Samsung A50> Chamois femelle suivi d'un cabri La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 Allaitement La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 Eterlou La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 Cabri au repos
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 Rougequeue noir femelle La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 Chamois mâle La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 Jeune femelle La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 Femelle au repos
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 <image en 16/9ème, Samsung A50> La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 <image en 16/9ème, Samsung A50>
<image en 16/9ème, Samsung A50> <image en 16/9ème, Samsung A50> <image en 16/9ème, Samsung A50> Hêtres La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) samedi 6 novembre 2021 <image en 16/9ème, Samsung A50>
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" 1 INVITEE D'HONNEUR Peut-être y eut-il un avertissement, mais je ne me rendis compte de rien. Les événements étaient en marche et le groupe des prédateurs attendait déjà, à des kilomètres de là. Le lendemain, mes bagages défaits une heure auparavant seraient étiquetés « non réclamés » et ils resteraient à la consigne de l'hôtel mois après mois. Je ne serais qu'un sujet américain de plus porté disparu en pays étranger. C'était une étouffante matinée d'octobre. Les yeux fixés sur l'allée d'accès à l'hôtel australien cinq étoiles où j'étais descendue, je guettais un messager inconnu. Loin d'être étreint par un pressentiment, mon choeur chantait. J'étais en pleine forme, excitée, prête. Je pensais : « Aujourd'hui est un grand jour. » Une Jeep déboucha décapotée déboucha dans l'allée. Je me souviens d'avoir entendu les pneus chuinter sur le revêtement fumant. A travers les feuilles brillantes des callistemons rouges, une giclée de fines gouttelettes d'eau arrosa le métal rouillé. La Jeep s'arrêta et le conducteur, un Aborigène d'une trentaine d'années, me regarda, et me fit signe de la main : « Venez. » Il cherchait une Américaine blonde, j'attendais qu'on vienne me prendre pour me conduire à un meeting d'Aborigènes. Sous le regard bleu critique du portier australien, nous nous identifiâmes en silence. Avant même d'avoir eu à me contorsionner, pour grimper avec mes hauts talons dans le véhicule tout-terrain j'avais compris que ma tenue était trop habillée. Je jeune chauffeur assis à ma droite portait un short et un T-shirt blanc crasseux. Il était nu-pieds dans ses tennis. Les organisateurs de la réunion devaient assurer mon transport et j'attendais une voiture type Holden par exemple, la fierté des constructeurs d'automobiles australiens. Jamais je n'aurais imaginé que ce serait un véhicule découvert. « Eh bien, me dis-je, chacun sait qu'il vaut toujours mieux être trop habillée que pas assez lorsqu'on se rend à une réception – surtout donnée en votre honneur. » Je me présentai. L'homme hocha simplement la tête, comme s'il savait déjà parfaitement qui j'étais. Le portier fronça les sourcils quand nous passâmes devant lui. Nous fonçâmes dans les rues de la ville côtière, dépassant les maisons à vérandas, les milk-bars, les squares sans herbe au sol cimenté. Quand nous virâmes sur un rond-point d'où rayonnaient six routes, je dus me cramponner à la poignée de ma portière. Nous prîmes la direction opposée au soleil. Déjà, mon nouvel ensemble couleur pêche et son chemisier assorti se révélaient inconfortables et trop chauds. Je supposais que le lieu de la conférence était à l'autre bout de la ville, mais je me trompais : nous prîmes la grand-route parallèle à la mer. Apparemment, le meeting se tiendrait hors de la ville, plus loin de l'hôtel que je ne l avais imaginé. J'enlevai ma veste en me traitant de sotte pour ne pas avoir posé davantage de questions. Au moins, j'avais une brosse à cheveux dans mon sac et mes cheveux blonds décolorés, qui m arrivaient à l'épaule, était relevés en une tresse très convenable. Depuis le premier appel téléphonique, je m étais posé beaucoup de questions, bien que l appel ne m eût pas vraiment surprise. J avais reçu d autres manifestations de considération et la réalisation de mon projet était un succès : le programme social auquel je participais commençait à être connu. Il consistait à travailler avec des Aborigènes sang-mêlé des banlieues urbaines ayant manifesté des conduites suicidaires et à leur redonner un but et un espoir de réussite financière. J'avais constaté tout de même avec étonnement que la tribu qui avait lancé l'invitation vivait à deux mille cinq cents kilomètres sur la côte opposée du continent, mais mes connaissances concernant les nations aborigènes se réduisait à peu de chose, à des remarques superficielles entendues çà et là. Je ne savais même pas si elles formaient une race unique avec peu de variantes d'une tribu à l'autre ou si, comme chez les Amérindiens, elles présentaient de grandes différences et parlaient de nombreuses langues. Je me demandais ce que j'allais recevoir en cadeau : une énième plaquette de bois gravé à rapporter à Kansas City comme souvenir ? Un bouquet de fleurs ? Non, pas des fleurs, pas par 38°C à l'ombre : ce serait trop encombrant dans l'avion. Le chauffeur était arrivé comme convenu à midi. Je devais donc m'attendre à un déjeuner. Qu'est-ce qu'un conseil indigène pourrait bien me servir ? J'espérais que ce ne serait pas une de ces réceptions compassées à l'australienne. Peu-être s'agirait-il tout simplement d'un buffet où je pourrais goûter pour la première fois à des mets aborigènes ? J'imaginais une table couverte de plats mitonnés aux belles couleurs. Cela
promettait
d'être une extraordinaire et merveilleuse expérience, et je
me faisais une joie de vivre cette journée mémorable. Dans
mon sac, acheté spécialement, je transportais une caméra 35
mm et un petit magnétophone. On ne m'avait pas parlé de
micros, de projecteurs ou de discours, mais j'étais prête.
Un de mes grands principes, dans la vie, a toujours été de
tout prévoir. Après tout, à cinquante ans, j'ai affronté
assez de contretemps et de déboires pour être exercée à
trouver des solutions de rechange. Mes amis le
reconnaissent : « Marlo, elle a toujours un plan
de secours dans sa manche. »..."
Marlo MORGAN - Message
des hommes vrais au monde mutant
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