Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°788 (2021-39)

mardi 5 octobre 2021

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Pablo de SARASATE - Airs bohémiens

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  Nouveau poster pour la "Margotte" !



  Rougequeues et Gobemouches
- août et septembre 2021



 
Rougequeues
et

Gobemouches

Loge n° 5
Courvières (Haut-Doubs)
août 2021



Rougequeue noir (jeune)
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 13 août 2021


Rougequeue noir (jeune)
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 13 août 2021


Rougequeue noir (jeune)
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 13 août 2021



Gobemouche gris
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 13 août 2021

Gobemouche gris
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 13 août 2021

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 13 août 2021

Le soleil arrive...
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 août 2021

Toilette
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 août 2021

<image recadrée>



<image recadrée>




<image recadrée>



<image recadrée>



Sans queue !
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 août 2021


Sans queue !, à sa toilette
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 août 2021

Un autre individu...
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 août 2021

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 17 août 2021



Courvières (Haut-Doubs)
mardi 17 août 2021



Dans l'ombre
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 20 août 2021



Rougequeue à front blanc juvénile
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 20 août 2021



Dans l'ombre
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 août 2021



Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 août 2021

Gobemouche noir (femelle ou jeune)
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 23 août 2021

Gobemouche noir (femelle ou jeune)
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 23 août 2021



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 23 août 2021






Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 23 août 2021



Rougequeue noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 25 août 2021



Gobemouche noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 25 août 2021



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 25 août 2021



Gobemouche noir femelle
Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 25 août 2021



Rougequeue à front blanc mâle
(de loin... il n'a pas voulu s'approcher !)

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 25 août 2021



Rougequeue à front blanc femelle
(de près !)

Courvières (Haut-Doubs)
mercredi 25 août 2021



Rougequeue à front blanc (deux jeunes ?)
(de loin...)

Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 26 août 2021



Gobemouche noir
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 26 août 2021



Rougequeue à front blanc
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 26 août 2021



Gobemouche gris
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 26 août 2021



Rougequeue noir
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 27 août 2021



Rougequeue noir mâle
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 27 août 2021



Gobemouche noir
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 août 2021




Gobemouche noir
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 août 2021





Courvières (Haut-Doubs)
samedi 28 août 2021




Suggestion de lecture :

" 1


La lune s'élevait à l'horizon et flottait juste au-dessus de la prairie, blanche et souveraine comme un capitaine de navire. Ils avançaient tous deux et leurs ombres couraient sur le sol et sur la sauge. Le jeune garçon se concentrait sur la marche qui était sans risque sauf aux endroits où les eaux avaient affouillé des terrains en surplomb qui s'effondraient brusquement sous eux. Son père marchait devant à grands pas, en silence, et l'essoufflement du garçon ne modifiait en rien le bruit régulier de ses bottes. L'enfant portait encore son maillot de base-ball, et il avait un pull vert attaché par les manches autour de la taille. Le vent qui soufflait des ravins passait sur eux avant de se diriger vers les lumières de la ville.

« Tu es essoufflé ?

  • Non.

  • Continuons. » Son père repartit de plus belle, puis il demanda : « Tu as l'impression d'avoir été enlevé ?

  • Non. »

Son père était revenu après avoir fui sa mère et s'être caché dans le dernier endroit où on l'aurait recherché, à Arequipa au Pérou, où il avait fait la cuisine sur des feux de crottes de mouton, avait bien trop bu et avait envoyé à son fils des lettres incohérentes jusqu'à ce que son fils rate ses études et soit renvoyé de l'équipe de base-ball. Puis, un matin, alors que le garçon passait à nouveau un samedi à la maison, loin de sa troisième base bien-aimée, le père entra et dit : « Alors, Lucien ? Où est-ce qu'on va ? ».

Lucien, né dans une petite ville, perdu dans la lecture d'Ernest Thompson Seton, dit : « Dans les collines. » Il était déconcerté par l'apparition théâtrale de son père, mais avant tout heureux de le revoir.

Maintenant, ils étaient perdus. Ils étaient perdus depuis deux jours. Pas sérieusement perdus parce qu'ils pouvaient voir les lumières de Deadrock ; mais ils avaient perdu leur camp sur les escarpements rocheux des Crazy Montains. Ils auraient pu atteindre la grand-route en quelques heures, et pourtant ils n'avaient pas mangé depuis des jours. Ils avaient les pieds couverts d'ampoules ; deux fois le père s'était couché par terre en chien de fusil avant de refaire le même grand cercle avec colère et en s'apitoyant sur lui-même. Quand il entendait la respiration difficile de son fils, il disait : « Tu joues au base-ball et moi j'ai cinquante ans. Marche. » Lucien se taisait. Il pensait à ses livres et se demandait s'ils se trouvaient toujours sur le bureau de la salle d'étude, une pièce presque vide avec une pendule, surveillée pendant une semaine par un professeur d'histoire, la suivante par un professeur d'anglais, un homme qui s'ennuyait et qui tuait le temps tristement au-dessus d'un livre de poche. Les mauvais résultats de Lucien semblaient être étrangement permanents. Un type de grandes classes l'appelait le bébé aux forceps. Une lumière de prison tombait par les fenêtres sur Lucien et sur les livres brusquement morts pour lui. Il s'ennuyait de chez lui, mais il n'y avait plus de chez lui, rien pour remplir son cœur cloisonné, jusqu'à la satisfaction brûlante de l'arrivée de son père, descendu de l'inexplicable Arequipa au Pérou, où Lucien imaginait des Indiens et de colons enfermant son père dans le divorce. C'était l'année du scandale vigogne dans l'administration Eisenhower. Pour Lucien l'aspect blasmématoire du départ de son père semblait infecter la politique nationale. En outre, sa mère ne voulait pas donner une autre chance à sa famille. « C'est terminé », disait-elle du mariage.

Lucien commença à penser : « Si nous ne pouvons pas retrouver le camp, il va falloir que nous allions au Pérou. » Par ailleurs, sa dernière leçon d'histoire – le livre était peut-être encore ouvert sur le bureau de la salle d'étude -, concernait le scandale du Teapot Dome. Lucien savait que le Teapot Dome était quelque part dans le coin, peut-être entre ici et le camp ; et tout autour il y avait les fantômes des escrocs en gilets et chapeaux mous, les poches remplies d'argent. Il avait déjà appris qu'en Amérique les très bons et les très méchants ne savaient pas quoi faire de leur argent.

« Si tu veux laisser tomber, dit son père, on peut aller vers la grand-route. » Il avait le visage déformé par la douleur et on entendait un léger sifflement dans sa respiration.

Lucien le regarda. « Je ne veux pas m'arrêter, dit-il. Je veux qu'on retrouve le camp.

  • Nous avons fait la même chose à cinq mille mètres, reprit son père d'une voix faible. Dans les Andes. »

Lucien connaissait le compagnon de son père au Pérou, un marchand de voitures de Billings qui s'appelait Art Clancy, et qui fuyait également un divorce. Art pesait cent quinze kilos. Lucien eut plus de mal à l'imaginer à cinq mille mètre qu'il en avait eu à imaginer son père. Art était un tombeur de première, même avec son poids ; il avait un appartement secret et une Corvette. Il y avait un certain rapport entre tout ça et la séparation des parents de Lucien. Un matin de gueule de bois, d'après la mère de Lucien, Art Clandy et son père avaient rejoint le groupe hivernal d'une entité qui s'appelait la World Adventure Series. C'était un voyage organisé pour le Pérou, là où les Indiens portaient des bonnets avec des oreillettes et où le père de Lucien, n'ayant plus de secrétaire, envoya à son fils les premières lettres manuscrites que ce dernier avait jamais vues de sa main. L'écriture était solide et régulière et parlait d'évasion romanesque : parfois le père de Lucien était le seul à s'évader ; parfois Lucien et son père étaient décrits dans les lettres comme en train de s'évader ; parfois il y avait de la colère et de la gloire et parfois seulement de la colère. Dans tous les cas, c'était le monde qui était contre eux, un monde qui ne prenait plus aucun soin de l'individu et de sa crainte d'homogénéité. Parfois, on ne pouvait pas lire un seul mot d'une lettre. C'était comme la nuit où la mère de Lucien avait enregistré son père et il s'en était pris à elle. A cause de ça, le père de Lucien était parti avec la police, et ensuite il y avait eu la World Adventure Series pour le Pérou avec Art Clancy. La mère de Lucien traitait le père de Lucien de lâche, un mot violent.

Lucien commença à reconnaître l'endroit où ils se trouvaient. Il aurait pu le dire tout de suite. Mais au lieu de ça il prit une légère avance jusqu'à ce qu'ils se trouvent au pied du petit à-pic. Son père ne savait as qu'ils avaient retrouvé la piste. Au-dessus d'eux, il y avait un rocher sombre et des étoiles éparpillées sur un chemin brillant jusqu'aux nuages éclairés. C'était la piste parfaite pour qu'un cougar ou un crétin vous tombe dessus : Lucien ne savait absolument pas qui vivait par ici. Mais il savait que c'était plus qu'un décor pour son père et pour lui-même, plus qu'une lettre illustrée. Pour une raison quelconque, il ne dit toujours pas à son père qu'ils étaient revenus. Il entendait la respiration sifflante de son père comme s'il avait eu un petit objet rigide planté dans la gorge, un objet cruel.

Un nuage de corbeaux s'envola d'un creux entre les modestes collines, en révélant la plus remarquable source chaude qu'on puisse imaginer, un trou d'eau d'un bleu profond, une vapeur pâle qui s'élevait de la surface et se mêlait aux tiges de sauge. Pendant un court instant, tous deux oublièrent leurs ennuis en flottant dans le bleu de la source. Ils virent le monde à travers une brume douce et dirent les choses les plus simples.

Le père de Lucien aperçut au loin les bâtiments d'un ranch. « Ce doit être privé », dit-il ; et ils s'en allèrent..."

Thomas McGUANE - La source chaude



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