Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°783 (2021-34)

mardi 31 août 2021

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Dead Can Dance - Yulunga

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Eté, dans mon jardin...
(deuxième partie)

Courvières (Haut-Doubs)
fin-juillet 2021



Coccinelle à sept points
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 16 juillet 2021




Joubarbe (début de la floraison)
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 17 juillet 2021


Joubarbe (début de la floraison)
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 17 juillet 2021



Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 17 juillet 2021

Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 17 juillet 2021

Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 17 juillet 2021

Jeune Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 17 juillet 2021



Géranium
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 17 juillet 2021



Joubarbe (début de la floraison)
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 18 juillet 2021

Knautie à feuilles de Cardère
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 18 juillet 2021



Capucine
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Ail Rocambole
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021




Joubarbe (début de la floraison)
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021


Bourrache et rosée
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Camomille
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Campanule et rosée
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Achillée et rosée
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Coquelicot et rosée
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Tanaisie et rosée
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Lotier et rosée
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Bourrache et Abeille
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Grande Sauterelle verte
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



<image recadrée>



??
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 22 juillet 2021



Séneçon jacobée
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 juillet 2021



Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 juillet 2021



Fleurs de pomme de terre
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 juillet 2021



Soucis
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 juillet 2021



Trèfle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 juillet 2021



Cardère (avant la floraison)
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 juillet 2021



Abeille
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 25 juillet 2021



<image recadrée>



Abeille
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 25 juillet 2021






Syrphe
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 29 juillet 2021




Suggestion de lecture :

" Penser comme une montagne


Un hurlement résonne de corniche en corniche, dévale la montagne, et s'éteint au loin dans la nuit. C'est une plainte triste et sauvage, une provocation au mépris de toutes les adversités.

Chaque être vivant (et, peut-être, plus d'un mort aussi) prête l'oreille à cet appel. Pour le cerf, c'est un rappel du sort de toute créature de chair, pour le pin un présage de luttes à minuit et de sang sur la neige, pour le coyote une promesse de reste à glaner, pour le vacher une menace de pertes, pour le chasseur un défi du croc au plomb. Pourtant, derrière  ces  peurs et ces espoirs manifestes, se cache un sens plus profond, que la montagne est seule à connaître. Seule  la montagne a vécu assez longtemps pour écouter avec discernement le hurlement d'un loup.

Ceux qui n'en peuvent déchiffrer le sens caché savent pourtant que le loup est là, car son ombre est présente dans toutes les terres qu'il hante, et les distingue des autres terres. Elle fait frissonner ceux qui entendent son cri la nuit ou qui, le jour, suivent ses traces. Même quant il est silencieux et invisible, il se révèle par une foule de petits signes. Le hennissement d'un cheval de bât, le fracas d'un éboulis, le bon d'un cerf en fuite, la forme des ombres sous les épicéas. Seul un irréductible novice peut ne pas sentir la présence ou l'absence des loups, ou le fait que les montagnes ont une opinion secrète à leur égard.

Ma propre conviction en la matière date du jour où j'ai vu mourir une louve. Nous déjeunions sur une haute corniche et, en contrebas, une rivière turbulente jouait des coudes. Nous vîmes alors ce que nous pensions être une biche traverser le torrent à gué, le poitrail trempé d'écume. Quand elle grimpa sur la berge et secoua la queue, nous comprîmes notre erreur : c'était une louve. Une demi-douzaine de ses pareils, visiblement de grands louveteaux, jaillirent d'entre les saules, se bousculant malicieusement dans une mêlée chaleureuse de queues et de pattes. Ce véritable amas de loups se contorsionnait et dégringolait au centre d'une vallée au pied de la corniche. De mémoire d'homme, nul n'avait jamais raté une occasion de tuer un loup. En l'espace d'une seconde, nous criblâmes la meute de plomb, mais avec plus d'enthousiasme que de précision : il est toujours déroutant de viser du haut d'une pente escarpée. Quand nous eûmes vidé nos chargeurs, la vieille louve était à terre, et un louveteau traînait la patte vers des éboulis infranchissables.

Nous atteignîmes la louve à temps pour voir une farouche lueur verte mourir dans ses yeux. Je compris à l'instant - et n'ai pas oublié depuis - qu'il y avait quelque chose de nouveau pour moi dans ces prunelles, une chose qu'elle et la montagne étaient seules à connaître. J'étais jeune à l'époque, et j'avais la gâchette facile ; comme les cerfs prospéraient lorsque les loups se raréfiaient, je pensais que supprimer ces prédateurs ferait naître le paradis des chasseurs. Mais après avoir vu s'éteindre cette lueur verte, j'ai senti que ni le loup ni la montagne n'étaient de cet avis.


Depuis, j'ai vécu assez longtemps pour voir, un à un, les États de l'Union exterminer leurs loups. J'ai vu les pentes de plus d'une montagne marquées par cette perte, et leurs adrets ridés par un lacis de nouvelles pistes de cerfs. J'ai vu les buissons et les jeunes plants broutés jusqu'à l'anémie, puis jusqu'à la mort. J'ai vu chaque arbre comestible défolié à hauteur de selle. Face à de telles montagnes, on pourrait croire que Dieu s'est vu donner un sécateur neuf, avec l'interdiction de le manier ailleurs. À la fin, les os de la harde de cerfs tant espérée, morte de sa surabondance, blanchissent près de ceux du vieux sage, ou se décomposent sous la cime des genévriers.

À présent, je soupçonne que, tout comme les cerfs vivent dans la peur mortelle des loups, une montagne vit dans la crainte mortelle des cerfs. Et peut-être à plus juste titre car si un cerf tué par des loups peut être remplacé en deux ou trois ans, une chaîne ravagée par d'innombrables cerfs mettra des décennies à renaître. Il en va de même pour les vaches. Le vacher qui débarrasse son champ des loups ne comprend pas qu'il doit reprendre leur tâche : limiter son troupeau pour protéger son pré. Il n'a pas appris à penser comme une montagne. Voilà pourquoi nous avons des tempêtes de poussière, et des fleuves qui emportent l'avenir vers la mer.


Chaque être lutte pour la sécurité, la prospérité, le confort, une longue vie – et l'ennui. Le cerf le fait avec ses pattes souples, le vacher avec du poison et des pièges, l'homme d'Etat avec un stylo, la plupart d'entre nous avec des machines, des dollars et des votes, mais nous partageons tous le même but : mener une vie paisible. Il est bon d'y parvenir dans une certaine mesure, et peut-être est-ce une condition nécessaire à la réflexion objective, mais à long terme, trop de sécurité ne semble apporter que le danger. C'est peut-être ce que suggère la maxime de Thoreau : le salut du monde est dans l'état sauvage. Peut-être est-ce le sens caché de la plainte du loup, connu par les montagnes depuis la nuit des temps, mais que les hommes perçoivent rarement."

Aldo LEOPOLD - L'Ethique de la Terre
(Suivi de Penser comme une montagne)



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