Le Trochiscanthe nodiflore [TN]
n°780 (2021-31)
mardi
10 août 2021
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre :
[ici]
ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas correctement,
cliquez [ici]
Pour regarder et écouter,
|
Phacélie à feuilles de Tanaisie Courvières (Haut-Doubs) jeudi 1er juillet 2021 Tégènaire Courvières (Haut-Doubs) jeudi 1er juillet 2021 Courvières (Haut-Doubs) jeudi 1er juillet 2021 Abeille Courvières (Haut-Doubs) jeudi 1er juillet 2021 Courvières (Haut-Doubs) jeudi 1er juillet 2021
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 2 juillet 2021
sur la plante-hôt de ce papillon : l'Ortie Courvières (Haut-Doubs) vendredi 2 juillet 2021
samedi 3 juillet 2021
samedi 3 juillet 2021
Courvières (Haut-Doubs) jeudi 8 juillet 2021
Dans mon jardin... Courvières (Haut-Doubs) jeudi 8 juillet 2021
jeudi 8 juillet 2021
<image
recadrée>
Feuille de Capucine
(le soir)
Courvières (Haut-Doubs) mardi 13 juillet 2021 Rougequeue (sous la pluie !) Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 Rougequeue : les
deux jeunes
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 Rougequeue noir
femelle
à la recherche de proies... Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 Rougequeue noir femelle avec une chenille Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 <image recadrée> Moineau domestique
mâle
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 <image
recadrée>
Jeune Rougequeue (sous la pluie !) Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 <image recadrée> Jeune Rougequeue
(sous la pluie !)
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 <image recadrée> Moineau domestique mâle Courvières (Haut-Doubs) mercredi 14 juillet 2021 [à suivre...] |
|
mardi 9
mars 2021 |
"Glossaire Géolinguistique (n.f.) : la géolinguistique est une branche tardive de la linguistique. Elle a émergé au moment où les linguistes se sont rendu compte que les humains n'étaient pas les seuls à avoir forgé des langues dotées de structures originales, qui évoluent avec le temps et qui permettent aux locuteurs de différents règnes de communiquer. La géolinguistique étudie les langues de communautés vivantes, et parfois même non vivantes – quoique les dernières découvertes plaidant en faveur de l'existence de langages chez les non-vivants continuent de faire l'objet de contreverses. La géolinguistique donnera ultérieurement naissance à la thérolinguistique, qui s'est spécialisée dans l'étude des formes littéraires chez les animaux et les plantes. Thérolinguistique (n.f.) : le terme « thérolinguistique » a été forgé à partir du grec thèr, « bête sauvage ». Il désigne la branche de la linguistique qui s'est attachée à étudier et à traduire les productions écrites par des animaux (et ultérieurement par des plantes), que ce soit sous la forme littéraire du roman, celle de la poésie, de l'épopée, du pamphlet, ou encore de l'archive... Apparaîtront, au fur et à mesure que cette science explorera le monde dit sauvage, d'autres formes expressives qui débordent des catégories littéraires humaines (et qui relèveront alors d'un autre domaine de spécialisation, celui des sciences cosmophoniques et paralinguistiques). On trouve la première occurrence du terme « thérolinguistique » en 1974, dans une nouvelle d'anticipation d'Ursula K. Le Guin « The Author of the Acacia Seeds. And other Extracts from the Journal of the Association of Therolinguistics ». Théroarchitecture (n.f.) : littéralement, « architecture du sauvage ». Si un domaine précurseur de la théroarchitecture s'est bien développé à la fin du XXème siècle, notamment sous l'impulsion du spécialiste des abeilles Karl von Frisch, et si de très nombreuses recherches vont, au cours du XXIème siècle, être entreprises pour étudier les constructions animales, le nom de « théroarchitecture » n'apparaîtra que tardivement. Il désignera non seulement l'étude des habitats mais également celle des infrastructures les plus diverses créées par les animaux (routes, souterrains, signalétiques, monuments, couloirs de migration, etc.) et s'intéressera plus particulièrement aux dimensions artistiques, symboliques et expressives de ces artefacts. Chapitre I L'enquête des acouphènes ou les chanteuses silencieuses Dans quel langage parlent les choses du monde pour que nous puissions nous entendre avec elles par contrat ? […] Certes, nous ignorons la langue du monde, ou nous ne connaissons d'elle que les versions animiste, religieuse ou mathématique. Michel Serres Je suis donc en quête d'histoires vraies qui soient à la fois des fabulations spéculatives et des spéculations réalistes. Donna Haraway Note de l'autrice du présent rapport L'enquête des acouphènes a constitué un moment crucial pour l'histoire des études consacrées aux arts expressifs dans les mondes animaux et végétaux. Ce fut une enquête longue et difficile, mais tant l'énigme qui l'a suscitée que son issue ont radicalement modifié le champ du savoir et ont ouvert à de nouvelles méthodes d'investigation. L'association historique de thérolinguistique avait jusque-là pris en charge la traduction et l'analyse des littératures sauvages. Toutefois, à un certain moment, il s'est avéré que ses méthodes et la manière dont elle définissait son champ de recherche, si heuristiquement fécondes qu'elles aient été, excluaient de la pratique littéraire un grand nombre d'espèces dont on pouvait suspecter qu'elles avaient élaboré des formes romanesques, poétiques, lyriques ou pamphlétaires remarquablement sophistiquées. Cette remise en cause a été décisive pour le succès de l'enquête des acouphènes. Nous avons donc décidé d'en reconstituer l'histoire à l'aide des documents retrouvés. Nous n'avons toutefois repris dans ce dossier très volumineux que les pièces d'archives qui nous ont semblé essentielles à sa compréhension.
Archive n° 324 (fonds de l'association Sciences cosmophoniques et paralinguistiques) Extrait du procès-verbal de la réunion de création d'une nouvelle association distincte et indépendante de l'Association de thérolinguistique Les membres du comité scientifique ont d'abord unanimement tenu à saluer les immenses progrès accomplis jusqu'à ce jour par l'association des thérolinguistes. On se souviendra particulièrement de ceux qui ont été permis par la découverte de fragments de messages de fourmis retrouvés, sous la forme de traces d'exsudation de glandes, sur des graines d'acacia soigneusement arrangées. Faire le pari qu'il s'agissait d'un message explicite et délibéré laissé par une fourmi anonyme était risqué, mais cela s'avéra gagnant. Certes, l'analyse des fragments et surtout leur traduction suscitèrent de nombreuses controverses chez les thérolinguistes – les fourmis ne connaissant pas l'usage de la première ni de la seconde personne dans la formulation des verbes, il était difficile de traduire précisément des énoncés comme « manger les œufs ! ». Comme il était tout aussi compliqué de comprendre le cri « en haut la reine ! » dans un monde où le haut représente justement le danger et ce qui doit être évité – ne fallait-il pas plutôt l'envisager, de manière non ethnocentrique, comme l'expression d'une révolte : « A bas la reine ! » ? L'idée, inimaginable jusqu'alors, d'une possible poésie pamphlétaire chez les fourmis constitua un pas décisif et ouvrit le champ de la thérolittérature à quantité de formes expressives jusque-là négligées. De même, nous pouvons féliciter nos collègues pour la brillante étude de l'écriture kinétique chorale chez les manchots Adélie. Nous ne ferons pas le compte de tous les succès, dont le plus beau aura sans conteste été de reconnaître aux araignées, réparant ainsi une injustice de longue date, la réelle maternité de la méthode des sciences historiques par excellence : l'invention de l'archive. Car les araignées ont bien été à l'origine de cette magnifique invention. Ce fut une découverte majeure dans et pour l'histoire. Les araignées ont été les premières à avoir mis au point une technologie de conservation des événements puisque les toiles, avant même d'être pièges, affaires d'architecture ou de territoire, sont la mémoire matérielle et externalisée de conduites, de techniques et de styles – des cartographies soyeuses de mémoires sans cesse en évolution. On ne peut mieux qualifier l'archive et créditer (enfin) les araignées à l'origine de cette précieuse science. Et grâce à cette reconnaissance, ces toiles ont enfin pu figurer sur la liste du Matrimoine mondial de l'Unesco. Mais l'exhortation qu'avait
lancée notre regretté président dans son dernier éditorial
n'a été ni suivie, ni même entendue. Car, nous avait-il mis
en garde, ces recherches autour des formes linguistiques
animales (poétiques, lyriques ou même scientifiques), si
intéressantes qu'elles aient été, restent entravées par un
terrible biais : elles ont toujours privilégié le
kinétique. Et le privilège du kinétique, de l'expression en
mouvement, c'est le privilège du visible. Certes, l'enjeu de
ce privilège tient à l'existence de traces et de leur
possible conservation (notamment par la photographie ou la
vidéo), mais il a conduit les géolinguistes à négliger une
part inestimable de l'univers communicationnel des animaux
(sans compter celui des plantes : allez donc, avec
cette méthode, saisir « les chants délicats et
transitoires du lichen »). On se souviendra des termes
de l'exhortation du président : « Nous avons
autrefois fait le louable et nécessaire effort de renoncer
au privilège de l'audible qui contaminait les recherches
linguistiques et qui vouait les animaux au champ étroit des
littératures orales. Il nous faut à présent élargir notre
champ d'investigations et ambitionner de chercher des œuvres
non visibles. »..."
Vinciane DESPRET - Autobiographie
d'un Poulpe
|
|