Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°751 (2021-02)
mardi 19 janvier 2021
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Chêne Bourgeon de Chêne
Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 27 décembre 2020 Chemin
en sous-bois
HouxAstugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 27 décembre 2020 Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 27 décembre 2020 Fougère
Aigle
Conduite du
troupeauAstugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 27 décembre 2020 <Samsung A50> <Samsung A50>
Allaitement<Samsung A50> Brebis
basco-béarnaise,
dans la bergerie <Samsung A50>
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BoucAstugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 27 décembre 2020 <Samsung A50> La Grange
Astugue (Hautes-Pyrénées) mardi 29 décembre 2020 <Samsung A50>
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Mousse Les vaches (Abondance),
à l'écurie
Astugue
(Hautes-Pyrénées)Astugue (Hautes-Pyrénées) mardi 29 décembre 2020 <Samsung A50> mercredi 30 décembre 2020 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
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jeudi 31 décembre 2020 <Samsung A50> Astugue
(Hautes-Pyrénées)
Portrait d'une
brebis
Rosée
jeudi 31 décembre 2020 Fleurs de
Houx
Astugue
(Hautes-Pyrénées)
jeudi 31 décembre 2020 Lierre Gland
Ronce
Astugue
(Hautes-Pyrénées)
jeudi 31 décembre 2020 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
vendredi 1er janvier 2021 Véronique
petit-chêne
Fruit du Lierre
Ronce
Loubette
Potentille
faux-fraisier
Astugue
(Hautes-Pyrénées)
vendredi 1er janvier 2021 <Samsung A50>
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Dans la
Bergerie
<Samsung A50> Un peu de neige
!
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Glace
Astugue (Hautes-Pyrénées) samedi 2 janvier 2021 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
samedi 2 janvier 2021 |
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" 1 Jeudi 17 juin 997
Il n'était pas facile de rester éveillé toute la nuit, constata Edgar, même si c'était la plus importante de sa vie. Il avait étalé sa cape sur les roseaux qui jonchaient le sol et s'était allongé dessus, vêtu d'une tunique de laine brune qui lui descendait aux genoux. C'était le seul vêtement qu'il portait en été, de jour comme de nuit. En hiver, il s'enveloppait dans sa cape et se couchait près du feu. Mais là, il faisait chaud : le solstice d'été était dans une semaine. Edgar connaissait bien les dates. La plupart des gens devaient s'informer auprès des prêtres, qui tenaient des calendriers. Le frère aîné d'Edgar, Erman, lui avait demandé un jour : « Comment peux-tu savoir quel jour tombe Pâques ? », et il lui avait répondu : « C'est le premier dimanche qui suit la première lune après le vingt et unième jour de mars. Ça va de soi. » Il n'aurait pas dû ajouter « ça va de soi », car Erman n'avait pas apprécié la pique et lui avait flanqué un coup de poing dans le ventre. Cela remontait à plusieurs années, au temps où Edgar était petit. Il était grand maintenant. Il aurait dix-huit ans trois jours après le solstice. Ses frères ne le frappaient plus. Il secoua la tête. Il risquait de s'assoupir s'il laissait son esprit vagabonder. Il chercha une position inconfortable et se coucha sur son poing pour s'obliger à rester éveillé. Il se demanda s'il devrait encore attendre longtemps. Tournant la tête, il regarda autour de lui à la lueur du feu. Sa maison ressemblait à presque toutes celles du bourg de Combe : des murs en planches de chêne, un toit de chaume et un sol de terre battue partiellement recouvert de roseaux coupés sur les berges du fleuve voisin. Elle n'avait pas de fenêtres. A milieu de l'unique pièce, un carré de pierres entourait le foyer. Au-dessus du feu était posé un trépied de fer auquel on pouvait suspendre une marmitte et dont les pieds projetaient des ombres filiformes sur la face inférieure du toit. Des vêtements, des ustensiles de cuisine et des outils de construction navale étaient accrochés à des pitons fichés un peu partout dans les murs. Edgar n'aurait pas su dire combien d'heures s'étaient déjà écoulées, parce qu'il avait pu lui arriver de céder au sommeil, plus d'une fois peut-être. Au début de la nuit, il avait écouté les bruits du bourg qui s'apprêtait à dormir : deux ivrognes beuglant une chansonnette obscène, les accusations hargneuses d'une scène de ménage dans une maison voisine, le claquement d'une porte et les aboiements d'un chien et puis, quelque part tout près, une femme qui sanglotait. Mais à présent, il n'entendait plus que la douce berceuse des vagues sur une plage abritée. Il tourna les yeux vers la porte, espérant distinguer des rais de lumière révélateurs sur son pourtour, mais l'obscurité était totale. Cela signifiait que la lune s'était couchée et que la nuit était bien avancée, ou bien que le ciel était couvert, ce dont il ne pouvait rien conclure. Les autres membres de sa famille étaient allongés autour de la pièce, près des murs où la fumée était moins dense. Ses parents étaient couchés dos à dos. Il leur arrivait de se réveiller en pleine nuit et de s'étreindre, chuchotant et s'agitant à l'unisson avant de se laisser retomber, pantelants ; mais pour le moment, ils dormaient à poings fermés et Pa ronflait. Erman, l'aîné des frères du haut de ses vingt ans, était couché près d'Edgar tandis qu'Eadbald, le cadet, s'était réfugié dans un angle. Edgar entendait leurs respirations régulières et paisibles. Enfin, la cloche de l'église sonna. Il y avait un monastère à l'autre bout de la ville et les moines avaient mis au point une méthode pour mesurer le temps durant la nuit : ils confectionnaient de grands cierges gradués qui leur indiquaient l'heure en se consumant. Une heure avant l'aube, ils sonnaient la cloche, puis se levaient pour chanter matines. Edgar ne se leva pas tout de suite. Le son de la cloche avait pu déranger Ma, qui ne dormait jamais que d'une oreille. Il lui laissa le temps de replonger dans un profond sommeil. Enfin, il se mit debout. En silence, il ramassa sa cape, ses souliers et sa ceinture à laquelle était accroché un poignard dans son fourreau. Il traversa la pièce pieds nus en contournant les meubles – une table, deux tabourets et un banc. La porte s'ouvrit sans bruit : Edgar avait graissé les gonds en bois la veille en les enduisant d'une généreuse couche de suif de mouton. Si quelqu'un se réveillait et lui adressait la parole, il expliquerait qu'il sortait pisser en espérant qu'on ne remarquerait pas les souliers qu'il tenait à la main. Eadbald poussa un grognement. Edgar se figea. Son frère s'était-il réveillé ou avait-il simplement marmonné dans son sommeil ? Impossible de le savoir. Mais Eadbald était le plus soumis de ses frères ; comme Pa, il préférait éviter les ennuis. Il ne ferait pas d'histoires. Edgar sortit et referma précautionneusement la porte derrière lui. La lune était couchée, mais le ciel était dégagé et les étoiles éclairaient la plage. La maison était séparée de la laisse de haute mer par un chantier naval. Pa était charpentier de marine et ses trois fils travaillaient avec lui. Comme Pa était un bon artisan mais piètre homme d'affaires, c'était Ma qui prenait toutes les décisions financières ; elle se chargeait notamment des calculs délicats, nécessaires pour établir le prix d'un ouvrage aussi complexe qu'un bateau ou un navire. Quand un client cherchait à marchander, son père était toujours prêt à céder, mais sa mère l'obligeait à tenir bon. Edgar jeta un regard vers le chantier tout en laçant ses souliers et en bouclant sa ceinture. Il n'y avait qu'une embarcation en construction, une barque qui permettait de remonter le fleuve à la rame. A côté d'elle étaient rangées d'importantes et précieuses réserves de bois, les troncs fendus en moitiés et en quarts, prêts à être façonnés pour donner naissance aux différentes parties d'un bateau. A peu près une fois par mois, toute la famille partait en forêt pour abattre un chêne à maturité. Pa et Edgar commençaient, équipés chacun d'une hache à long manche qu'ils maniaient tour à tour dans un mouvement de balancier pour détacher avec précision un coin du tronc. Puis ils se reposaient, laissant Erman et Eadbald prendre le relais. Une fois l'arbre abattu, ils l'ébranchaient puis le flottaient sur le fleuve jusqu'à Combe. Ils devaient payer, évidemment : la forêt appartenait au représentant local du roi, le Thane Wigelm, auquel la plupart des habitants de Combe payaient une redevance, et il réclamait douze pennies d'argent par arbre. En plus du tas de bois, le chantier abritait un fût de goudron, un rouleau de corde et une meule. Le tout était gardé par un chien à l'attache, Grendel, un mastiff noir au museau gris, trop âgé désormais pour faire grand mal à d'éventuels voleurs mais encore capable de donner l'alerte en aboyant. Grendel demeura silencieux, observant Edgar avec indifférence, la tête posée sur ses pattes avant. Edgar s'accroupit et lui caressa la tête. « Au revoir, mon vieux chien », murmura-t-il et Grendel remua la queue sans se redresser. Le chantier abritait aussi une embarcation terminée, qu'Edgar considérait comme la sienne. Il l'avait construite lui-même d'après un plan original inspiré d'un navire viking. Edgar n'avait jamais vu de Viking en chair et en os – ils n'avaient pas attaqué Combe depuis qu'il était né -, mais deux ans auparavant, une épave s'était échouée sur la plage, vide et noircie par le feu, sa figure de proue en forme de dragon à demi fracassée, rejetée sans doute sur la grève à l'issue de quelque bataille. Edgar était resté bouche bée devant sa beauté mutilée : les courbes gracieuses, la longue proue ophidienne et la coque effilée. Il avait été particulièrement impressionné par la grande quille en saillie qui courait sur toute la longueur du bateau et qui – avait-il compris après mûre réflexion – lui conférait la stabilité permettant aux Vikings de traverser les mers. La barque d'Edgar en constituait une version miniature, équipée de deux rame et d'une petite voile carrée.
Edgar
savait qu'il était doué. Il était déjà
meilleur constructeur de bateau que ses frères
aînés
et ne tarderait pas à dépasser leur père. Il
savait intuitivement comment les formes
s'assemblaient pour donner
naissance à une structure équilibrée. Quelques
années auparavant, il avait surpris Pa en train de
dire à
Ma : « Erman
apprend lentement et Eadbald apprend vite,
mais Edgar semble comprendre avant même que les
mots ne
franchissent mes lèvres. » C'était
vrai.
Certains hommes pouvaient prendre un instrument de
musique dont ils
n'avaient jamais joué, une flûte ou une lyre, et
en
tirer une mélodie au bout de quelques minutes.
Edgar possédait
cet instinct avec les bateaux, avec les maisons
aussi. Il annonçait
: « Cette
barque gîtera à tribord »
ou « Ce
toit fuira », et il avait toujours
raison..."
Ken
FOLLET - Le crépuscule et l'aube
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