Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°744 (2020-45)
mardi 24 novembre 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Lever du soleil sur le Champ Margot Courvières (Haut-Doubs) jeudi 1er octobre 2020 <16/9 : Samsung A50> Courvières (Haut-Doubs) mardi 13 octobre 2020 <16/9 : Samsung A50>
Knautie à
feuille de Cardère
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Cardère Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Campanule
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Séneçon
jacobée
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Mouche sur Tanaisie
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Mousse
CommunalCourvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Centaurée Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020
Linaire commune Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Knautie à feuille de Cardère (en fruit) Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Joubarbe Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 octobre 2020 Lever de
soleil sur le Champ
Margot mardi 20 octobre 2020 <16/9 : Samsung A50> Courvières (Haut-Doubs) mardi 20 octobre 2020 <16/9 : Samsung A50> Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Veau tout neuf ! Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Vergerette annuelle Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Framboisier Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Aubépine
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Saule
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Hêtre
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Alisier
blanc
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Aubépine
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Noisetier
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Viorne obier
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Framboisier
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Sorbier des
oiseaux (des oiseleurs)
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Chatons de Noisetier
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Tremble
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Sorbier des
oiseaux (des oiseleurs)
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Ronce
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Eglantier
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Ortie
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Epiaire
officinale
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Lichen
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Aubépine et
loge n° 5
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Grande
Gentiane jaune
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Achillée
millefeuille
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Le moulin
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 La Chapelle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Le Clocher
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Mousse
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020 Véronique
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 octobre 2020
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mardi 8
octobre 2019 |
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octobre 2014 |
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juillet 2014 |
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mardi 22 avril 2014
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Mardi 5 juin 2012
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"A l'occasion des festivités du siècle nouveau, il y eut un programme sans précédent de manifestations publiques dont la plus mémorable fut le premier voyage en ballon, fruit des initiatives inépuisables du docteur Juvenal Urbino. La moitié de la ville s'était rassemblée sur la plage de l'Arsenal pour admirer l'ascension de l'énorme aérostat de taffetas aux couleurs du drapeau, qui portait le premier courrier aérien jusqu'à San Juan de la Ciénaga, à quelques trente lieues au nord-est en ligne droite. Le docteur Juvenal Urbino et son épouse, qui avaient connu l'épotion du vol à l'Exposition universelle de Paris, furent les premiers à monter dans la nacelle d'osier avec l'ingénieur aéronautique et six invités de marque. Ils portaient une lettre du gouverneur provincial aux autorités municipales de San Juan de la Ciénaga dans laquelle il était établi pour la postérité qu'elle était le premier courrier transporté par air. Un chroniqueur du Journal du Commerce demanda au docteur Juvenal Urbino quelles seraient ses dernières paroles s'il périssait dans l'aventure, et la réponse que méritait un tel outrage ne se fit pas attendre. « A mon avis, dit-il, le XIXè siècle change pour tout le monde sauf pour nous. » Perdu au milieu de la foule candide qui chantait l'hymne national tandis que le ballon prenait de la hauteur, Florentino Ariza sentit qu'il approuvait l'opinion d'un quidam à qui il avait entendu dire, dans le tumulte, que ce n'était pas une aventure pour une femme et moins encore à l'âge de Fermina Daza. Mais tout compte fait elle ne fut pas si dangereuse. En tout cas moins dangereuse que décevante. Le ballon arriva sans incident à destination après un voyage paisible dans un ciel d'un bleu invraisemblable. Ils volèrent bien, très bas, avec un vent placide et favorable, d'abord le long des contreforts des cimes enneigées puis au-dessus du vaste étang de la Grande Ciénaga. D'en haut, telles que Dieu les voyait, ils virent les ruines de Cartagena de Indias, ancienne et héroïque cité, la plus belle du monde, abandonnée par ses habitants pris de panique à cause du choléra alors qu'elle avait résisté à trois siècles de sièges anglais et à toutes sortes de brigandages de boucaniers. Ils virent les murailles intactes, les rues envahies par les mauvaises herbes, les fortifications dévorées par les volubilis, les palais de marbre et les autels d'or avec leurs vice-rois pourris par la peste à l'intérieur de leurs armures. Ils survolèrent les palafittes des Trojas de Cataca, peints de folles couleurs, leurs abris pour l'élevage des iguanes comestibles, les grappes de balsamines et d'astromélies de leurs jardins lacustres. Des centaines d'enfants nus se jetaient à l'eau encouragés par le chahut général, sautaient par les fenêtres, sautaient des toits des maisons, sautaient des canoës qu'ils manoeuvraient avec une habilité étonnante, et plongeaient comme des gardons pour repêcher les paquets de vêtements, les flacons de tabonuco contre la toux et les vivres que, par charité, la belle dame au chapeau à plumes leur lançait depuis la nacelle du ballon. Ils survolèrent l'océan d'ombre des bananeraies dont le silence s'élevait jusqu'à eux comme une vapeur létale, et Fermina Daza se souvint d'elle-même, à trois ans, quatre peut-être, se promenant dans le sombre bocage la main dans celle de sa mère, presque une enfant elle aussi parmi les autres femmes portant comme elle des mousselines, de blanches ombrelles et des chapeaux d'organdi. L'ingénieur, qui observait le monde avec une longue-vue, déclara : « On dirait qu'ils sont morts. » Il tendit la lunette au docteur Juvenal Urbino et celui-ci vit les chars à boeufs entre les sillons, les bas-côtés de la ligne de chemin de fer, l'eau glacée des canaux d'irrigation, et où qu'il fixât son regard il voyait des corps humains éparpillés. Quelqu'un dit que le choléra faisait des ravages dans les bourgs de la Grande Ciénaga. Tandis qu'il parlait, le docteur Urbino continuait de regarder avec la longue-vue. « Eh bien ! Ce doit être une forme très particulière du choléra, dit-il, parce que chaque mort a reçu un coup de grâce dans la nuque. » Puis ils survolèrent une mer d'écume et descendirent sans autre incident vers un terrain plat dont le sol craquelé brûlait comme de la braise. Là se trouvaient les autorités, sans autre protection contre le soleil que des parapluies en papier journal, les enfants des écoles primaires agitant de petits drapeaux au rythme de l'hymne national, les reines de beauté parées de fleurs desséchées et de couronnes en carton doré, et l'orphéon du prospère village de la Gayra, à l'époque la meilleure de la côte caraïbe. Le seul but de Fermina Daza était de revoir son village natal pour le confronter à ses anciens souvenirs, mais ni elle ni personne n'y furent autorisés à cause des risques d'épidémie. Le docteur Juvenal Urbino remit la lettre historique qui se perdit plus tard avec d'autres paperasses et dont on ne sut plus jamais rien, et la touffeur des discours faillit asphyxier toute la délégation. A la fin, on les emmena à dos de mules jusqu'à l'embarcadère de Pueblo Viejo, là où la Ciénaga rejoint la mer, car l'ingénieur n'avait pas réussi à faire redécoller le ballon. Fermina Daza était certaine d'être passée par cet endroit quand elle était toute petite, avec sa mère, dans une charrette tirée par une paire de boeufs. Adulte, elle en avait souvent parlé à son père, mais celui-ci était mort en soutenant qu'il était impossible qu'elle s'en souvînt. « Je me rappelle très bien ce voyage et c'est exact, lui disait-il, mais c'était au moins cinq ans avant ta naissance. » Les membres de l'expédition aérienne revinrent très jours plus tard à leur point de départ, défaits par une nuit de tempête, et ils furent reçus comme des héros. Perdu dans la foule, comme il se devait, Florentino Ariza était là, et il reconnut sur le visage de Fermina Daza les marques de la terreur. Toutefois, ce même soir, il la revit au cours d'un gala cycliste, parrainé lui aussi par son époux, et elle ne portait plus trace de fatigue. Elle conduisait un célocipède insolite, qui ressemblait plutôt à un appareil de cirque, avec une roue avant très haute sur laquelle elle était assise et une roue arrière toute petit qui lui servait à peine d'appui. Elle était vêtue de culottes bouffantes à rayures rouges, au grand scandale des dames et à l'étonnement des messieurs, mais nul ne fut indifférent à son adresse. Cette image et bien d'autres encore en tant d'années étaient des visions éphémères qui apparaissaient soudain à Florentino Ariza au hasard, lorsqu'il en avait envie, et disparaissaient de la même façon en laissant dans son coeur le sillon d'une angoisse. Mais elles marquaient le rythme de sa vie car il reconnaissait les sévices du temps moins dans sa propre chair qu'aux changements imperceptibles qu'il remarquait chez Fermina Daza chaque fois qu'il la voyait. Un soir, il entra au Meson de don Sancho, un restaurant colonial très en vue, et occupa le coin le plus reculé, ainsi qu'il en avait coutume lorsqu'il venait seul prendre ses collations de moineau. Soudain il vit Fermina Daza dans le grand miroir du fond, assise à une table avec son mari et deux autres couples, dans un angle qui lui permettait de la voir reflétée dans toute sa grâce, son rire éclatait comme un feu d'artifice, et sa beauté était plus radieuse encore sous les énormes lustres de Venise : Alice avait retraversé le miroir. Florentino Ariza l'observa à loisir, le souffle court, il la vit manger, la vit tremper à peine ses lèvres dans le vin, la vit plaisanter avec le quatrième descendant des don Sancho, vécut avec elle un instant de sa vie, déambula sans être vu dans l'enceinte interdite de son intimité. Puis il but quatre autres tasses de café pour tuer le temps, jusqu'à ce qu'il la vît sortir, mêlée au groupe. Ils passèrent si près de lui qu'il distingua son odeur parmi les effluves des différents parfums de ses compagnons. Depuis ce soir-là
et pendant presque une année, il n'eut de cesse de
harceler le propriétaire de l'auberge, lui offrant,
en argent ou en services, ce qu'il voulait et même
ce que dans la vie il avait désiré avec le plus
d'ardeur, afin qu'il lui vendît le miroir. Chose
difficile car le vieux don Sancho croyait à la
légende disant que le splendide cadre taillé par des
ébénistes viennois était le jumeau de celui qui,
avant de disparaître sans laisser de traces, avait
appartenu à Marie-Antoinette : deux joyaux uniques.
Lorsque enfin il céda, Florentino Ariza accrocha le
miroir chez lui, non pour l'authenticité de son
cadre mais parce que son espace intérieur avait été
occupé deux heures durant par l'image aimée..."
Gabriel
Garcia Marquez, dit
"Gabo"
- L'Amour au temps du choléra Gabo : minette
que j'ai recueillie
(et nommée en l'honneur de Gabriel Garcia Marquez...) dimanche 1er novembre 2020 (essai avec mon nouvel objectif...)
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