Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°742 (2020-43)
mardi 10 novembre 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Un nouveau poster pour la "Margotte" ! Fin de l'été derrière la loge n° 5 |
Feuille de Rhubarbe Seneçon jacobée - Senecio jacobaea Fléole - Phleum Joubarbe
Bourrache Gaillet
Goutte d'eau
sur une feuille d'Alchemille Epiaire officinale - Stachys officinalis Fruit d'une ombellifère
(Apiaceae)
Fleurs d'Achillée millefeuille - Achillea millefolium Lichen : Cladonie
Cirse vulgaire
- Cirsium vulgare
Ail potager
- Allium
oleraceum (sauvage)
Courvières, loge n°5 (Haut-Doubs) juillet 2020 <image recadrée> Fruits de laGesse de Bauhin - Lathyrus bauhinus Courvières, loge n°5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Ail potager - Allium oleraceum (sauvage) Courvières, loge n°5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Courvières (Haut-Doubs)
Cardère :
avant la floraisonjuillet 2020 Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Trêfle des prés - Trifolium pratense Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020
juillet 2020 Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 juillet 2020
Matricaire
fausse camomille - Matricaria
discoidea
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020
Fleurs du
Chénopode Bon Henri - Chenopodium bonus-henricus Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Fléole
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Feuille de
Rumex
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Euphorbe verruqueuse (?) - Euphorbia verrucosa
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Knautia
(fleur blanche !) Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Knautie à
feuilles de cardère - Knautia
dipsacifolia
Seneçon
jacobée - Senecio
jacobaea
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Silène enflé
- Silene
vulgaris
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Knautie en
fruit
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Lotier
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Fleur de
Courge
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Salsifis
en fruit
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 L’herbe à Guernesey, c’est l’herbe de
partout, un peu plus riche pourtant ; une prairie
à Guernesey, c’est presque le gazon de Cluges ou
de Géménos. Vous y trouvez des fétuques et des
paturins, comme dans la première herbe venue, plus
le brome mollet aux épillets en fuseau, plus le
phalaris des Canaries, l’agrostide qui donne une
teinture verte, l’ivraie raygrass, la houlque qui
a de la laine sur sa tige, la flouve qui sent bon,
l’amourette qui tremble, le souci pluvial, la
fléole, le vulpin dont l’épi semble une petite
massue, le stype propre à faire des paniers,
l’élyme utile à fixer les sables mouvants. Est-ce
tout ? non, il y a encore le dactyle dont les
fleurs se pelotonnent, le pannis millet, et même,
selon quelques agronomes indigènes, l’andropogon.
Il y a la crépide à feuilles de pissenlit qui
marque l’heure, et le laiteron de Sibérie qui
annonce le temps. Tout cela, c’est de l’herbe,
mais n’a pas qui veut cette herbe ; c’est l’herbe
propre à l’archipel ; il faut le granit pour
sous-sol, et l’océan pour arrosoir.
Maintenant faites courir là dedans et
faites voler là-dessus mille insectes, les uns
hideux, les autres charmants ; sous l’herbe, les
longicornes, les longinases, les calandres, les
fourmis occupées à traire les pucerons leurs
vaches, les sauterelles baveuses, la coccinelle,
bête du bon Dieu, et le taupin, bête du diable ;
sur l’herbe, dans l’air, la libellule,
l’ichneumon, la guêpe, les cétoines d’or, les
bourdons de velours, les hémérobes de dentelle,
les chrysis au ventre rouge, les volucelles
tapageuses, et vous aurez quelque idée du
spectacle plein de rêverie qu’en juin, à midi, la
croupe de Jerbourg ou de Fermain-Bay offre à un
entomologiste un peu songeur, et à un poète un peu
naturaliste...
Victor HUGO - Les Travailleurs de la mer Salsifis
en fruit
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Floraison de
Cardère
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Framboise
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Cladonie
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Knautie en
bouton
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Berce des
prés - Heracleum
sphondylium
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Cladonie
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Pissenlit
en fruit
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Véronique
petit-chêne - Veronica
chamaedrys
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Framboise
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) juillet 2020 Salsifis
en fruit
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Tanaisie
commune - Tanacetum
vulgare
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Campanule
Seneçon
jacobée - Senecio
jacobaea
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Bourrache
en bouton
Seneçon
jacobée - Senecio
jacobaea
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Cardère
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Knautie à
feuille de cardère en bouton
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Coquelicot
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Soucis
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Cardère
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Bourrache
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Tanaisie
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Ortie
dioïque en fruit
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020 Crépide
bisannuelle - Crepis
biennis
Courvières (Haut-Doubs) juillet 2020
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"VII
D'habitude, je hais les veilles dames. Rien de plus hypocrite que ces animaux-là. Tout miel avec nous, les enfants, caresses et areu, areu quand les parents les regardent. Mais dès qu'ils ont le dos tourné, elles se vengent de notre jeunesse, elles nous pincent de leurs doigts décharnés de sorcière, nous piquent de leurs aiguilles à tricoter ou, pire supplice, nous embrassent à tout bout de champ pour nous punir de sentir si bon et d'avoir la peau si douce. Mais celle qui me fut résentée ce jour-là, je l'ai aimée, dès le premier instant.
Une maisonnette comme on voit des centaines au bord de toutes les plages : banale, blanche, un étage, deux fenêtres et un balcon pour se saouler d'horizon. Un panneau sur la porte :
ENTREZ SANS FRAPPER, MAIS, S'IL VOUS PLAIT, ATTENDEZ LA FIN DU MOT. MERCI.
Et un chuchotement, des sons qui bruissaient plutôt que ne parlaient, comme un gazouillis de moineau malade ou comme les prières à l'église. D'ailleurs, je l'ai compris plus tard, il s'agissait bien d'une prière. Monsieur Henri ouvrit. Personne. Nous traversâmes le salon encombré d'animaux empaillés mités et de livres déchiquetés. Peut-être les gens aimaient-ils tellement les romans, dans cette île, qu'ils les dévoraient ? A part eux, rien. Seul le murmure nous guidait. Autre porte. Le jardin. Un carré minuscule planté de trois palmiers, une table ronde recouverte de dentelle où reposait un gros dictionnaire ouvert. Et, bien assise sur une chaise à très haut dossier, semblable à celles qu'on voit dans les châteaux, vêtue d'une robe blanche de fête, la personne la plus vieille que j'aie jamais rencontrée. Comprenez-moi : pas seulement ridée, mais crevassée, ravinée, creusée, de vrais canyons, les yeux perdus sous d'invraisemblables plis et la bouche disparue au fond d'un trou. L'ensemble surmonté d'une crinière immaculée, la chevelure d'une lionne des neiges. Je n'osais imaginer le nombre d'années nécessaires pour sculpter ces sillons sur la peau et laver, relaver ces cheveux. Un ventilateur veillait sur cette antiquité. On aurait dit un chien, ce ventilateur. Son gros oeil unique fixé sur sa maîtresse grondait sur commande.
L'antiquité modulait les syllabes avec une douceur que je n'avais entendue nulle part, une tendresse timide, elle articulait comme une amoureuse. C'est peut-être pour cela qu'elle avait choisi une robe de mariée. Pourquoi personne n'avait jamais prononcé ainsi mon prénom ? Comme le réclamait l'écriteau, nous attendîmes « la fin du mot ».
Evidemment, je n'avais pas la moindre idée du sens de ces cinq syllabes. Je n'eus pas à attendre longtemps. Une main toute rose parut, dans le jardin minuscule, et se posa sur la dentelle de la table. Sur la main, une cloque rouge poussa.
Sept minutes s'écoulèrent dans le plus parfait silence. On n'entendait au loin que le chant de quelques oiseaux et les raclements de la mer sur le sable. Puis la main et la cloque s'évanouirent. Mais le mot demeura, ses cinq syllabes brillantes voletant dans l'air tel un papillon. Il disparut bientôt en agitant les ailes, pour dire merci, merci de m'avoir prononcé. La plus vieille dame du monde se retourna vers nous. Impossible de savoir si elle nous voyait. Je vous l'ai dit : à la place habituelle des yeux n'étaient que des plis. Le ventilateur n'appréciait pas notre présence. En bon chien de garde, il grondait et soufflait. On le sentait prêt, pour défendre sa maîtresse, à sauter sur le visiteur et à le découper en rondelles. Heureusement, le vent qu'il produisait tourna la page du gros dictionnaire. Et, de sa même voix douce, attendrie, d'amoureuse, la nommeuse, sans plus s'occuper de nous, lut lentement les quatres syllabes d'un autre mot :
Une famille d'oursins à l'instant surgit sur la pelouse du jardin.
Nous sommes restés longtemps dans le petit jardin, fascinés par le spectacle de ces résurrections. Qu'est-ce qu'un « éclateur » ? Un appareil composé de deux pièces métalliques entre lesquelles jaillirent des étincelles. Qu'est-ce qu'un « écrivain » ? Une sorte d'insecte coléoptère. Il se posa sur une longue feuille d'acanthe et, pris d'une faim soudaine, y découpa des trous en forme de lettre... Oh, la joie de ces mots sortis de l'oubli. Ils s'étiraient, ils s'ébrouaient, certains n'avaient pas dû voir le grand air depuis des siècles. Qu'est-ce qu'un « livre éléphantin » ? Un livre aux pages d'ivoire. Que sont les « embrassoires » ? Des tenailles utilisées par le verrier pour saisir les pots où l'on fond le verre. La nuit tombait. Sur la pointe des pieds, nous avons quitté notre vieille amie. Chère nommeuse ! (Monsieur Henri avait les yeux attendris d'un enfant parlant de sa maman.) Puisse-t-elle vivre mille ans ! Nous avons tant besoin d'elle ! Nous devons la protéger de Nécrole. Voyant mon air angoissé (qui pouvait bien être ce Nécrole ?), il me prit par l'épaule et me parla politique, comme à une grande.
Je frissonnais. Voilà donc les fameux ennemis qui nous menaçaient ! De colère, les doigts de Monsieur Henri me serraient le cou, de plus en plus fort. Je me retenais de crier. J'avais presque mal.
Ainsi finit notre
troisième journée sur l'île. Ainsi commença pour moi
l'habitude d'une petite cérémonie qui ne m'a jamais
apporté que du bonheur : chaque dimanche soir, avant
de m'endormir, je flâne quelques minutes au fond
d'un dictionnaire, je choisis un mot inconnu de moi
(j'ai le choix : quand je pense à tous ceux que
j'ignore, j'ai honte) et je le prononce à haute
voix, avec amitié. Alors, je vous jure, ma lampe
quitte la table où d'ordinaire elle repose et s'en
va éclairer quelque région du monde ignorée..."
Erik
ORSENNA - La grammaire est une chanson
douce
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