Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°738 (2020-39)
mardi 13 octobre 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
explications sur le nom de cette
lettre : [ici]
ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas
correctement, cliquez [ici]
Pour regarder et écouter,
|
Astugue (Hautes-Pyrénées) Epeire diadème - Araneus diadematus Astugue (Hautes-Pyrénées) jeudi 3 septembre 2020
Argiope
frelon (ou
rayée) - Argiopa
bruennichi
Astugue (Hautes-Pyrénées) jeudi 3 septembre 2020 Argiope femelle Astugue
(Hautes-Pyrénées)
jeudi 3 septembre 2020 "Comme prestance et comme
coloration, l'Épeire fasciée [Argiope
frelon] est la plus belle des
aranéides du Midi. Sur son gros ventre,
puissant entrepôt de soie presque du volume
d'une noisette, alternent les écharpes
jaunes, argentées et noires qui lui ont valu
la dénomination de fasciée. Autour de cet
opulent abdomen, longuement rayonnent les
huit pattes, annelées de pâle et de brun..." Souvenirs
entomologiques, chapitre 22 - Jean-Henri
Fabre
"Toute menue proie lui est bonne.
Aussi, à la seule condition de trouver des
appuis pour son filet, s'établit-elle partout
où bondit le Criquet, où voltige le papillon,
où plane le diptère, où danse la Libellule.
D'habitude, à cause de l'abondance du gibier,
c'est en travers d'un ruisselet, d'une rive à
l'autre, parmi les joncs, qu'elle ourdit sa
toile. Elle la tend aussi, mais avec moins
d'assiduité, dans les taillis de chênes verts,
sur les coteaux à maigres pelouses, aimées des
acridiens..." Souvenirs
entomologiques, chapitre 22 - Jean-Henri
Fabre
Arantèle
StabilimentumAstugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 Astugue (Hautes-Pyrénées) jeudi 3 septembre 2020 "Son engin de chasse est une grande nappe verticale dont le périmètre, variable suivant la disposition des lieux, se rattache aux rameaux du voisinage par de multiples amarres. La structure en est celle qu'adoptent les autres aranéides manufacturières de toiles. D'un point central rayonnent des fils rectilignes, équidistants. Sur cette charpente court, en manière de croisillons, un fil spiral continu qui va du centre à la circonférence. C'est magnifique d'ampleur et de régularité. Dans la partie inférieure de la nappe descend, à partir du centre, un large ruban opaque, disposé en zigzag à travers les rayons. C'est la marque de fabrique de l'Epeire. On dirait le paraphe d'un artiste signant, son ouvrage. Fecit une telle, semble dire l'aranéide en donnant le dernier coup de navette à sa toile..." Souvenirs
entomologiques, chapitre 22 - Jean-Henri
Fabre
Astugue
(Hautes-Pyrénées)
Astugue
(Hautes-Pyrénées)vendredi 4 septembre 2020 vendredi 4 septembre 2020 Azuré sp. Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020
Opilion Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 A l'affût
Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 "Tournant le dos au gibier, l'Épeire fait fonctionner à la fois l'ensemble des filières percées en pommes d'arrosoir. Le jet soyeux est cueilli par les pattes postérieures, qui, plus longues que les autres, amplement s'ouvrent en arc pour épanouir l'émission. A l'aide de cette manoeuvre, ce n'est plus un fil qu'obtient l'Épeire : c'est une nappe chatoyante, un éventail nuageux où les fils élémentaires se conservent presque indépendants. A mesure, par rapides brassées alternatives, les deux pattes d'arrière projettent ce linceul, en même temps qu'elles tournent et retournent la proie pour l'emmailloter sur toutes les faces..." Souvenirs
entomologiques, chapitre 22 - Jean-Henri
Fabre
"Le rétiaire antique, ayant à lutter contre un puissant fauve, paraissait dans l'arène avec un filet de cordage plié sur son épaule gauche. La bête bondissait. L'homme, d'un brusque élan de sa droite, développait le réseau comme le font les pêcheurs à l'épervier ; il couvrait l'animal, l'empêtrait dans les mailles. Un coup de trident achevait le vaincu..." Souvenirs
entomologiques, chapitre 22 - Jean-Henri
Fabre
Retour à
l'affût...Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020
Pucerons Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 Punaise
arlequin
Panorpe ou
Mouche-Scorpion mâleAstugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 Tircis
mâle - Pararge aegeira
Guèpe à
la sortie de son terrierAstugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 4 septembre 2020 Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 6 septembre 2020 Couple
d'Argiopes Astugue (Hautes-Pyrénées) lundi 7 septembre 2020 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
Tircis
femelle - Pararge aegeiralundi 7 septembre 2020 Astugue (Hautes-Pyrénées) mardi 8 septembre 2020 "Quand plus rien ne bouge sous le blanc suaire, l'araignée s'approche du ligoté. Elle a mieux que le trident du belluaire : elle a ses crocs venimeux. Sans bien insister, elle mordille l'acridien, puis elle se retire, laissant le patient s'affaiblir de torpeur. Bientôt elle revient à sa pièce immobile ; elle la suce, elle la tarit, en changeant de point d'attaque à diverses reprises. Enfin la relique, saignée à blanc, est rejetée hors du filet, et l'araignée reprend son poste d'attente, au centre de la toile..." Souvenirs
entomologiques, chapitre 22 - Jean-Henri
Fabre
Astugue (Hautes-Pyrénées) mardi 8 septembre 2020 Pholcus phalangioides femelle (et ses oeufs), dans la salle de bain de la yourte Astugue (Hautes-Pyrénées) mardi 8 septembre 2020 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
mardi 8 septembre 2020 Jeune Hérisson
Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 11 septembre 2020 <Samsung A50> Stabilimentum, Lézard des
murailles
Astugue (Hautes-Pyrénées) samedi 12 septembre 2020
Faucheux ou Opilion Araneus
marmoreus
Astugue (Hautes-Pyrénées) samedi 12 septembre 2020 |
"Pendant mon lunch, où j'ai dépensé dix dollars car j'avais encore une fois oublié de m'apporter un sandwich, j'ai sorti mon cahier de notes et entrepris la rédaction d'une liste sérieuse : Rester à Montréal vs Crisser mon camp en région. Points forts de Montréal : c'est un endroit dont on ne fait jamais le tour. Tant d'histoires s'entrecroisent ici. J'aime vivre à Montréal parce qu'on y trouve des livres et de la musique, des lecteurs et des musiciens. Les gens que je connais qui ont déménagé à la campagne ne lisent presque plus, leurs seules lectures sont Margaret Atwood et l'Encyclopédie des champignons. A Montréal, il y a beaucoup plus d'occasions de rencontrer des gens, de développer des liens de confiance, de créer des groupes affinitaires (nécessaire à la lutte). Je ne veux pas me sauver moi uniquement, je ne veux pas être individualiste. Il faut être stratégique : il y a plus de possibilités de lutte en ville (du moins pour le moment). Quelles seraient mes options de vie sociale à la campagne ? A) me retrouver dans un collectif polyamoureux, B) devenir l'ermite du village, au détriment de ma santé mentale, C) essayer de m'intégrer à la culture du village, au détriment de ma santé mentale. Aliénant, ai-je écrit dans mon cahier, trouvant le mot juste. Si je pars d'ici, je ne me ferai peut-être jamais plus d'amis, de camarades ou d'amants. J'ai remarqué en me relisant que j'étais passée de la liste à l'éditorial. J'ai pris une bouchée de shawarma, une gorgée de Canada Dry. Puis j'ai repris mon stylo. Aussi (j'ai réduit de beaucoup la taille de ma calligraphie), peut-être qu'un jour je publierai des livres ou me trouverai un emploi en journalisme ou quelque chose comme ça, et il y a plus de contacts possibles à Montréal. J'ai soupiré. Points faibles de la ville : il n'y a pas de vie, sauf la vie humaine. Il n'y a pas de lacs, de rivières, de forêts. Il n'y a pas de chevreuils, de clairières, de poissons. A peine quelques étoiles un soir sur dix. Ça pue le câlisse. L'eau du robinet goûte le chlore. Je vis au troisième étage d'un triplex sur la rue Saint-Denis avec deux autres filles. Je peux à peine faire pousser trois tomates sur le balcon. Je dois acheter, voler ou trouver dans les poubelles toute ma nourriture. J'arrive à peine à me faire engager dans un café tellement les emplois sont rares. Il faut pratiquement avoir dix ans d'expérience pour travailler au salaire minimum dans des conditions un tant soit peu salubres. Si je reste ici, je mourrai peut-être sans jamais avoir vu un renard. Tout me fait chier, tout me rend malade, les voitures, les autobus, les camions, la police, le métro, les jobs au marché Jean-Talon, la carrière de mes amis, mon alcoolisme, la Place des Arts, le Grand Prix, le Plateau, le Petit Laurier, Tout le monde en parle, les boutiques de toilettage pour chats, les fish and chips à vingt dollars, le Mile-Ex, les partys queer où tout le monde est trop cool pour te parler, les hommes qui disent « belle paire de fesses ! », les patrons crosseurs, le métro Jarry, les centaines de personnes qui passent tous les matins devant le vieux quêteux, la madame qui vend l'itinéraire et les gens qui distribuent le journal 24 h, qui regardent par terre et qui s'achètent des cafés à cinq dollars au coin de rue d'après. Je me sens aliénée, ai-je encore écrit, énonçant une évidence – mais je m'en fichais puisqu'il s'agissait de ma liste personnelle et non d'un texte que je publierais. (Gorgée de Canada Dry, bouchée de shawarma.) Conclusion : c'est lose-lose. Je voudrais démissionner, mais pour aller où ? ai-je griffonné. Ce dont je veux m'affranchir est partout. J'ai souligné le mot « partout ». Puis j'ai senti monter dans mon ventre comme un ascensuer d'angoisse en pensant à la carrière que je n'avais toujours pas, à mon compte en banque qui ne dépassait jamais sept cents dollars, à cette unique session d'études en cinéma qui m'avait coûté plus d'argent que je n'en ferais cet été (je n'étais toujours pas officiellement résidente du Québec), et dont je n'avais rien retiré à part la certitude d'être la personne la moins douée pour l'audiovisuel au monde et que je ne réapprendrais jamais à avoir de bonnes idées (j'avais eu ma dernière bonne idée à quinze ans). J'ai encore pensé à mon compte épargne où j'avais pigé régulièrment l'année dernière et où il ne restait plus que deux cents dollars, aux trois stages non rémunérés que j'avais faits pour divers organismes culturels et qui ne m'avaient menée nulle part, à mes amies qui disparaissaient une à une sous des montagnes de stress, de boulot, de procès et de relations de couple, à Jess que je ne pourrais sûrement jamais parrainer selon les critères de l'Agence des services frontaliers du Canada, à l'argent que je devais à mes amis, à l'argent que je devais à la Ville de Montréal, à l'argent que je devais à la bibliothèque, à l'argent que je devais à mon père, à mes deux dents cariées que je n'avais toujours pas fait plomber, aux idées de livre qui m'accompagneraient dans la tombe, qui pourriraient avec moi, jamais développées. Autour de moi, la clameur, les bouffées de noisette, de crème glacée, de poisson et de sandwich mexicain au porc effiloché, les cris d'enfants, les ho ! et les ha ! d'admiration m'empêchaient de manger mon shawarma et d'écrire ma liste en paix. Les musiciens de rue jouaient Hallelujah au clavier électronique et improvisaient des airs à la flûte traversière. Les enfants demandaient « Est-ce que je peux avoir ça ? » Les adultes s'échangeaient des billets de vingt dollars crasseux et de la petite monnaie puante. Des copies conformes de moi-même enfilaient des tabliers et invitaient les clients à goûter aux prunes, aux tomates. Les camions reculaient, les coffres de voitures s'ouvraient, les roues de chariots crissaient contre le béton et le gravier. Des couples se tenaient par la taille et s'exclamaient « Oh ! Je veux passer par le Première Moisson ! » et des parents ordonnaient « Tu restes avec maman et papa. » Il ne se passait jamais rien qui ne concorde pas avec l'idée du marché Jean-Talon. J'étais prisonnière d'une pub pour le marché Jean-Talon, et cette pub durait depuis déjà plusieurs semaines. Le carroussel incessant des clients était-il réel ? Ou bien s'agissait-il d'un hologramme projeté par les gérants du marché dans l'espoir d'attirer de vrais clients ? J'ai baissé les yeux pour éviter le regard des clients virtuels à qui je vendrais bientôt des fruits. J'avais chaud, je tremblais de nervosité et mon heure de lunch tirait à sa fin..."
Stéfanie
CLERMONT - Le jeu de la musique
(L'employée)
|
|