Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°736 (2020-37)
mardi 29 septembre 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Courvières (Haut-Doubs) Hirondelle rustique adulte Courvières (Haut-Doubs), Les images ont été prises à partir de ma "chambre de Thé" (ou "chambre des Hirondelles" !), Pour voir, cette chambre, cliquez [ici] jeudi 30 juillet 2020 Hirondelle rustique : jeune Courvières (Haut-Doubs) jeudi 30 juillet 2020 <image recadrée> <image recadrée>
Courvières
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jeudi 30 juillet 2020 Toilette Courvières (Haut-Doubs) jeudi 30 juillet 2020 Courvières (Haut-Doubs) jeudi 30 juillet 2020 <image recadrée> <image recadrée>
AdulteCourvières (Haut-Doubs) jeudi 30 juillet 2020 Courvières
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sur les parasites (je les ai photographiés l'année
dernière...) :jeudi 30 juillet 2020 des "mouches Cratérines" - Crataerina pallida (ou une autre espèce ?) Elles se développent dans les nids... et sucent le sang des jeunes oiseaux. Cela peut poser problème si l'oiseau est affaibli ! Pour en savoir plus sur ces insectes (qui parasitent aussi les Martinets) : cliquez [ici] ou cliquez [ici] Courvières
(Haut-Doubs)
mardi 4 août 2020 Nourrissage
Courvières (Haut-Doubs) mardi 4 août 2020
Courvières
(Haut-Doubs) mardi 4 août 2020
Courvières
(Haut-Doubs)
mardi 4 août 2020
Courvières
(Haut-Doubs)
mardi 4 août 2020 Toilette
Courvières (Haut-Doubs) mardi 4 août 2020 <image recadrée> <image recadrée> Courvières
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mardi 4 août 2020 Courvières (Haut-Doubs) mardi 4 août 2020 <image recadrée> <image recadrée>
Courvières
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mardi 4 août 2020 <image recadrée> Courvières
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mercredi 5 août 2020 Courvières
(Haut-Doubs)
mercredi 5 août 2020 Courvières
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samedi 22 août 2020 Courvières
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samedi 29 août 2020 Courvières
(Haut-Doubs)
samedi 29 août 2020 <image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs)
samedi 29 août 2020
Courvières
(Haut-Doubs)
samedi 29 août 2020 |
"IV Toutes les femmes du bourg offraient de la rhubarbe à leurs voisines à la fin du mois d'août. Elles rassemblaient une bonne quinzaine de belles tiges rouges, plus quelques autres, minces et blanchâtres, à mettre au milieu, ficelaient le tout en envoyaient l'enfant de la famille déposer la botte sur le perron des voisins avec leurs compliments. Et on recommandait au petit de n'entrer sous aucun prétexte, même si on l'y invitait. Pour huit kilos de rhubarbe, il en fallait autant de sucre. Cette proportion pouvait toutefois varier d’une ménagère à l’autre. Sucre, cuisson, calibre et taille des morceaux, texture, couleur, tout dépendait de l’imagination, du caractère et du temps disponible de chacune. C’était d’ordinaire plus qu’assez. Outre qu’elle tranchait grossièrement les tiges et faisait cuire la confiture moins longtemps, Nina réduisait notablement la quantité de sucre, jusqu’à deux cent cinquante grammes par kilo de rhubarbe, ce qui explique que sa production passait pour particulièrement acide. La cuisson pouvait durer d'une heure à un jour entier, à laisser le sirop mijoter, et même jusqu'au lendemain. Le temps de repos de la casserole de confiture sur la plaque éteinte était également variable ; il fallait parfois forer à la louche la croûte durcie pour atteindre le liquide visqueux puis laisser un sirop brun-rouge s'écouler lentement dans le bocal. Il arrivait que le jeune coursier se contente de sonner et de partir en courant avant que la porte ne s'ouvre, comme du temps où l'on déposait un bébé emmailloté sur le seuil d'inconnus. Au bout d'un moment, la porte s'ouvrait, parfois sur le mari quand son bateau était à quai, le plus souvent sur son épouse, laquelle considérait la rue d'un oeil inquisiteur, et la mer au bout, et même le sommet de la Montagne, comme pour vérifier au passage jusqu'où les gosses avaient pu s'aventurer sur la pente noire des myrtilles. Ce mimodrame semblait se jouer sur quelque scène de théâtre. Au moment de rentrer bredouille, la botte de rhubarbe gisant sur le perron accrochait le regard de la femme et une expression de joie envahissait son visage. Même si c'était déjà la troisième livraison du jour.
Me trouve dans la dernière ville pour un bout de temps, à rassembler des vivres, dattes, pain au levain, haricots, betteraves rouges, gâteau au miel, feuilles de menthe, oranges, pruneaux, et j'en profite pour t'envoyer ces quelques lignes. Ici, ça grouille, pas de tintamarre à proprement parler, car il n'y a pas de véhicules à moteur dans l'enceinte de la ville, mais toutes sortes de contacts silencieux dans une obscurité tirant au rouge, tiraillements, tâtonnements, tapotements et caresses. C'est une expérience extraordinaire que de se trouver là, sans parler la langue des autochtones ni rien comprendre. Heureusement que je n'ai pas à m'occuper des négociations. C'est la savane qui nous attend, des étendues sans fin et puis le désert. Tu peux garder les jumelles pour toi si tu les trouves. C'était Agustina qui décapitait la rhubarbe à la maison, sur le trottoir, près des poubelles, et le travail allait bon train – cela se voyait au tour de main. Un coup sec du couteau bien affûté sur le haut de la tige faisait d'abord voler la feuille sans que l'acier touche terre. Cela ne demandait qu'un peu de concentration et une bonne technique. Elle avait l'étoffe d'une bonne tireuse, disait Vermundur. Pas question malgré tout qu'il lui prête son fusil, comme elle l'en avait supplié, pour canarder les pétrels.
Compte-tenu qu'une seule tige de rhubarbe atteint parfois six cents grammes, ça peut être dur pour un gamin de se coltiner la botte. Agustina en était dispensée à cause de ses jambes. Elle n'effectuait pas ce genre de commissions pour Nina. Sauf une fois, à la maison voisine. Il était midi et la porte d'entrée était entrouverte. Un escalier très raide menait à l'étage. Sur le palier, un monsieur qui lui tournait le dos remontait son pantalon marron tacheté dont les bretelles pendouillaient. Elle annonça depuis le seuil qu'elle apportait quelque chose. Doublant le bonhomme, la femme descendit précipitamment, en combinaison et savates, serrant sous chaque aisselle une bouteille de sirop de rhubarbe qu'elle lui tendit en échange. Le type se retourna et lui sourit. De dos, elle n'avait pas reconnu Vermundur.
Et puis le voilà soudain au bas de l'escalier pour ajouter en baissant la voix :
Quelques jours plus tard, d'une maison à l'autre, démarraient les livraisons de pots de confiture, et c'est au cours des semaines suivantes que l'on faisait la comparaison des diverses productions. En février, le contenu des bocaux avait généralement commencé à moisir sur les étagères et en mai, on les nettoyait à l'eau salée avant de les ranger en lieu sûr en vue de la prochaine récolte..."
Audur
Ava OLAFSDOTTIR - Le rouge vif de la
rhubarbe
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