Mardi 10 juillet 2007
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Les ailes du lac -
Lac de Neuchatel

Champ Pittet - Yverdon (Canton de Vaud, Suisse)

Foulque courant sur l'eau.
Samedi 30 juin 2007

Foulque à sa toilette (sous l'aile).
Samedi 30 juin 2007

Grèbe huppé battant des ailes.
Lundi 7 mai 2007

Posture caractéristique d'un Grèbe huppé sur la défensive :
les ornithologues l'ont nommée : la "posture du chat".
Samedi 30 juin 2007

Combat de Grèbes huppés.
Dimanche 24 juin 2007

Atterissage d'un Héron cendré.
Samedi 30 juin 2007

Toilette minutieuse sous l'aile.
Samedi 30 juin 2007




Un petit texte :

"
... Le canot à moteur déboucha dans la section qui nous était jusque-là cachée ; je vis enfin où le guide voulait en venir. Nous filions en direction d'une île, un îlot plutôt, rond, compact, occupé par de grands arbres - épinettes et bouleaux - chacun supportant à la cime une plate-forme de matières sombres d'où soudainement se déplièrent, pour prendre lourdement leur essor, des oiseaux de bonne envergure en qui je reconnus des Grands Hérons.
Une sorte d'ivresse m'envahit. J'avais déjà vu ces échassiers, mais jamais en si grand nombre. Au comble de l'excitation, je m'écriai :
- Oh, mon dieu, une héronnière !
- Ouais !
- Combien y a-t-il de nids au faîte de ces arbres? Cent? Deux cents? C'est la plus vaste colonie existant au Québec!
- C'est ma richesse, déclara Valleau.
- Pour une richesse, c'en est toute une. Quel spectacle!
Les oiseaux effrayés nous survolaient et nous enveloppaient d'une clameur indéfinissable, faite de cris rauques et roulés, en tous points identiques aux dernières imitations du guide.
Il se produisit alors un phénomène si étrange que j'hésite encore à le révéler. Quelle altération de la perception fit se distendre ainsi la réalité? Comment notre cerveau en arrive-t-il à fractionner le temps? Je pris tout à coup conscience que nous étions, les hérons, Valleau et moi, comme à l'intérieur d'un film tourné au ralenti. Avec une netteté nouvelle je percevais chaque mouvement des oiseaux, chaque détail de leur apparence. Je voyais la tête des femelles poindre hors des nids, leur oeil jaune s'élargir ; je voyais la longue aigrette noire flotter sur leur nuque et s'ouvrir le bec jaunâtre. Les oiseaux se dépliaient, se hissaient gauchement sur leurs échasses, ouvraient leurs ailes bleu cendré et s'élevaient, lourds, lents, gracieux. Le cou replié, ils volaient en cercle autour de l'île. Même leurs cris d'alarme semblaient la version ralentie, démultipliée, d'une plainte sourde. Si la douceur du Grand Héron est moulée dans son vol, toute sa gravité est dans son cri.
La rumeur s'intensifia quand nous posâme le pied à terre. "A terre" relève à coup sûr de la figure de style, car nulle trace dans l'île de ce que nous nommons d'ordinaire le sol. Sur cette surface incertaine, assombrie par le congrès des arbres serrés, régnait un désordre de fin du monde. C'était un entassement de nids tombés avec toute leur charge, de squelettes de héronneaux, de poissons en décomposition, de cadavres, de fientes. Et quelle odeur ! Une touffeur acide, l'apothéose du remugle animal. Mais les héronnières ne sont pas faites pour les humains, et les hérons ne sont pas reconnus pour la finesse de leur odorat.
Valleau exultait. Sa joie, je la devinais plus que je la percevais, puisqu'il n'esquissa aucun geste, ne laissa échapper aucun son qui risquât de perturber davantage l'ordre naturel. C'est d'un léger mouvement de la tête et des sourcils qu'il m'invita à regagner l'embarcation. Nous laissâmes alors les oiseaux à leur vie privée.
.."

Pierre MORENCY - Lumière des oiseaux


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