Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°729 (2020-30)
mardi 28 juillet 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
explications sur le nom de cette
lettre : [ici]
ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas
correctement, cliquez [ici]
Pour regarder et écouter,
|
Chevreuil,
Chardonneret élégant, Pie-grièche écorcheur, Dans la nuit (5h43)... Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 21 juin 2020 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 21 juin 2020 Couple Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 21 juin 2020 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 21 juin 2020 Pigeon
ramier adulte Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 21 juin 2020 Chardonneret
élégant
Pie-grièche
écorcheur mâle (plus près !)Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 21 juin 2020 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) dimanche 21 juin 2020 Portrait
<image recadrée> Pigeon
ramier
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) mardi 23 juin 2020 Pie-grièche écorcheur mâle Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) mercredi 24 juin 2020 <image recadrée> Portrait <image recadrée> Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)mercredi 24 juin 2020 vendredi 26 juin 2020
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) mardi 30 juin 2020 Couple Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) samedi 4 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)samedi 4 juillet 2020 mardi 7 juillet 2020 Brocard
(Chevreuil
mâle)
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) mardi 7 juillet 2020 et la Chevrette
(Chrevreuil femelle)...
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) mardi 7 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
mardi 7 juillet 2020 <image recadrée> <image recadrée>
Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)mardi 7 juillet 2020 <image recadrée> <image recadrée>
Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
mardi 7 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
mardi 7 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
mercredi 8 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
<image recadrée>
vendredi 10 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
vendredi 10 juillet 2020 Au soleil
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) vendredi 10 juillet 2020 <image recadrée>
Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
vendredi 10 juillet 2020 Pie-grièche
écorcheur femelle
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) vendredi 10 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
vendredi 10 juillet 2020 <image recadrée>
<image recadrée>
<image recadrée>
<image recadrée>
Pie-grièche
écorcheur mâle
Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) vendredi 10 juillet 2020 Courvières, loge
n° 5
(Haut-Doubs)
lundi 13 juillet 2020 Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs)
Brocardlundi 13 juillet 2020 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) samedi 18 juillet 2020 <image recadrée>
<image recadrée>
Couple de Lièvres
(flou !)Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) samedi 18 juillet 2020 Courvières, loge n° 5 (Haut-Doubs) samedi 18 juillet 2020 <image recadrée> Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs) De dos... Courvières,
loge n° 5
(Haut-Doubs) |
"Le 7
juillet 1798, — pour certains faits les
chronologies du calendrier républicain ne
comptaient pas — les États-Unis
déclarèrent la guerre à la France dans les
mers d’Amérique. Ce fut comme un coup de
tonnerre qui retentit dans toutes les
chancelleries européennes. Mais l’île de
Notre-Dame de la Guadeloupe, prospère,
voluptueuse et ensanglantée, ignora longtemps
une nouvelle qui devait traverser deux fois
l’Atlantique avant de l’atteindre. Chacun
était accaparé par ses propres affaires, se
lamentant tous les jours au sujet d’une saison
sèche qui, cette année, était particulièrement
chaude. Un peu de bétail mourut à cause d’une
épidémie ; il y eut une éclipse de lune,
la fanfare du bataillon de chasseurs basques
donna quelques retraites et il se produisit
quelques incendies dans les champs à cause
d’un soleil qui avait trop desséché le sparte.
Victor Hugues savait que le général Pélardy,
dépité, faisait tout son possible pour le
discréditer auprès du Directoire, mais
l’agent, délivré maintenant de ses angoisses,
s’estimait irremplaçable dans sa charge.
« Tant que je pourrai envoyer leur ration
d’or à ces Messieurs, disait-il, ils me
laisseront tranquille. » On affirmait,
dans les potinières de Pointe-à-Pitre, que sa
fortune personnelle se montait à plus d’un
million de livres. On parlait de son mariage
possible avec Marie-Angélique Jacquin. Ce fut
alors que, poussé par un désir croissant de
richesses, il créa une agence au moyen de
laquelle était assurée l’administration des
biens des émigrés, des finances publiques, de
l’armement des corsaires et du monopole des
douanes. Violent fut l’orage déchaîné par
cette initiative, qui affectait directement
une foule de gens jusque-là favorisés par son
gouvernement. Sur les places, dans les rues,
on commenta l’arbitraire de ce procédé, si
violemment qu’il fallut sortir la guillotine,
pendant qu’en guise d’avertissement opportun
s’ouvrait une nouvelle bien que brève période
de terreur. Les nouveaux riches, les
privilégiés, les fonctionnaires
prévaricateurs, les usufruitiers de propriétés
abandonnées par leurs maîtres durent avaler
leur langue sans protester. Behemoth devenait
commerçant, s’entourant de balances, de poids
et de romaines, qui à toute heure évaluaient
les richesses qui s’engouffraient dans ses
magasins. Quand on eut connaissance de la
déclaration de guerre des États-Unis, ceux-là
mêmes qui avaient pillé des voiliers
nord-américains rejetèrent sur Victor Hugues
la responsabilité de ce qui leur apparaissait
à présent comme un désastre, dont les
conséquences pouvaient être catastrophiques
pour la colonie. Comme la nouvelle avait
beaucoup tardé à arriver, il était fort
possible que l’île, déjà entourée de bateaux
ennemis, fût attaquée dans la journée, le
lendemain peut-être. On parlait d’une
puissante escadre partie de Boston, d’un
débarquement de troupes à Basse-Terre, d’un
prochain blocus… Telle était l’atmosphère
d’inquiétude et d’angoisse, quand, un
après-midi, la voiture que Victor Hugues
utilisait dans ses promenades aux environs de
la ville s’arrêta devant l’imprimerie des
Lœuillet, où Esteban travaillait à corriger
des épreuves. « Laisse ça », lui
cria l’agent, par un guichet.
« Accompagne-moi au Gozier. »
Pendant le trajet on parla d’événements sans
importance. Arrivé devant la rade, l’agent fit
monter le jeune homme dans une barque et,
enlevant sa casaque, rama jusqu’à l’îlot. Une
fois sur la plage, il s’étira longuement,
déboucha une bouteille de cidre anglais, et
d’un ton calme se mit à parler. « On me
chasse d’ici ; il n’y pas d’autre façon de le
dire, on me chasse d’ici… Ces Messieurs du
Directoire veulent que j’aille à Paris pour
rendre compte de mon administration. Et ce
n’est pas tout : un traîneur de sabre, le
général Desfourneaux, est chargé de me
remplacer, pendant que l’infâme Pélardy
revient triomphalement en qualité de
commandant des forces armées. » Il se
coucha sur le sable, regardant le ciel qui
commençait à s’assombrir. « Il manque
maintenant que je remette, moi, le pouvoir.
J’ai encore des gens avec moi ! »
« Tu vas déclarer la guerre à la France
? » demanda Esteban qui, après ce qui
s’était passé avec les États-Unis, croyait
Victor capable de n’importe quel coup de tête.
« À la France non. Mais peut-être bien à
son cochon de gouvernement. » Il y eut un
long silence, pendant lequel le jeune homme se
demanda pourquoi l’agent, si peu porté à se
confier, l’avait choisi pour se soulager du
poids d’une nouvelle que tous ignoraient
encore, nouvelle catastrophique pour quelqu’un
qui n’avait jamais connu de revers graves au
cours de sa carrière. L’autre reprit la
parole : « Tu n’as plus de raison de
rester à la Guadeloupe. Je te donnerai un
sauf-conduit pour Cayenne. De là tu partiras à
Paramaribo, où il y a des navires
nord-américains et espagnols. Tu trouveras
bien un moyen de te débrouiller..."
Alejo
CARPENTIER - Le Siècle des Lumières
|
|