Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°723 (2020-24)

mardi 16 juin 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Johann-Christian BACH - Concert Arias

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Des nouveaux posters pour la "Margotte"...

issus de mes observations,
pendant le confinement :

  Confinement n°1 :

Confinement n°2 :

Confinement n°3 :





Mésange charbonnière
au nourrissage

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mai 2020



Mésange chargonnière

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 16 mai 2020


La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mai 2020


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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 21 mai 2020



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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 21 mai 2020

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 21 mai 2020

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 21 mai 2020

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020

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Une araignée
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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020

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Protichneumon pisorius (?)

c'est un esèce de "guèpe" qui parasite
les chenilles (elle pond ses oeufs dans une chenille
et les larves se développent dans la chenille... encore vivante !)

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 24 mai 2020

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 24 mai 2020



Suggestion de lecture :

« Ecoute !

  • Je n'entends rien.

  • Là, dans les sapins derrière la maison blanche...

  • C'est un oiseau qui chante ?

  • Une grive des bois.

  • En pleine ville ?

  • Oui, une grive des bois en pleine ville, tu te rends compte ! »

Nous sommes restés là, debout sur le trottoir, figés dans le ravissement. Ce premier soir du vrai printemps nous avait, mon voisin et moi, sortis de nos logis, comme tant d'autres du quartier qui processionnaient, en souliers légers, tête nue.

L'air était grisant ; voitures et motos se déchaînaient. Les promeneurs qui nous frôlaient devaient bien se demander ce qui nous tenait ainsi dans l'extase, mais personne ne s'est arrêté, personne n'a tendu l'oreille vers cette plénitude qui montait en musique du fond d'un petit jardin clôturé. Personne non plus n'a levé la tête vers le ciel où criaient, bien en vue, deux engoulevents en chasse.

  • En fait, dit mon voisin, il faudrait avoir des yeux et des oreilles tout le tour de la tête !

  • Cela s'appelle : avoir l'oeil américain...

Cette locution, qui n'a pas fait souche au Québec, même chez les lettrés, est entrée dans la langue française au moment où nos cousins des « vieux pays » se sont pris d'engouement pour la vie des Indiens à travers les romans de Fenimore Cooper. Les Amérindiens n'ont-ils pas la réputation, à cause de leur vie libre et de leurs habitudes forestières, d'avoir les sens si aiguisés qu'ils peuvent « apercevoir sans détourner la tête aussi bien ce qui se passe à droite et à gauche que ce qui se présente devant eux » ? Avoir l'oeil américain, n'est-ce pas également avoir l'aptitude à entendre ce que nous écoutons, à voir ce qui est derrière quand on regarde devant ? C'est en tout cas le sens que je prêtais à cette formule quand je l'ai choisie, il y a quelques années, pour servir de titre à une série d'entretiens radiophoniques où je prenais plaisir à conduire mes auditeurs dans la nature du Nouveau Monde.

Pendant quarante semaines, nous avons exploré les marais, les lacs, les forêts, les champs, les îles du fleuve, les rivages ; nous nous sommes arrêtés devant le pissenlit, le cèdre, l'épinette, le bouleau ; nous avons fouillé l'intimité des insectes, suivi dans leurs rondes le lièvre, le raton laveur, le porc-épic, le coyote, les chauves-souris ; nous avons écouté chanter la nuit et le vent ; nous avons scruté la feuille de thé, le sel et le grain de sable ; et toujours les oiseaux nous accompagnaient, quelle que fût la saison, en quelque lieu que nous dirigeassent nos pas.

L'acquisition de l'oeil américain n'avait de sens pour moi que si elle permettait de sortir de soi, d'aller à la rencontre des choses, même menues, de voir soudainement le monde s'élargir et déployer des richesses souvent invisibles au promeneur distrait. Je voulais transmettre cet éblouissement, cet extraordinaire saisissement que nous racontent, à leur manière souvent pudique, les premiers explorateurs européens à venir en terre américaine. Jacques Cartier s'émerveillant de l' « incréable » beauté de l'île aux Oiseaux, le récollet Gabriel Sagard ou le poète Marc Lescarbot fascinés par le mystère du colibri, Champlain admirant les prairie naturelles (les battures) de l'île d'Orléans, tous – voyageurs, cartographes, marins, truchements, missionnaires – exultaient devant ces neuves splendeurs, portant sur les choses, les fleurs, les fruits, les animaux, les paysages ce regard lucidement naïf et cette ouverture passionnée qui m'ont toujours paru représenter les premières qualités du poète. Quand je dis : poète, je nomme l'individu qui cherche à se mettre au monde, par l'aventure libératrice du langage, bien sûr, et par son audace à affirmer ses dons magiques, mais aussi par l'impétuosité tranquille ou brûlante avec laquelle il explore les plis et les replis de son domaine.

La pages qui vont suivre ne prétendent à rien d'autre qu'à faire partager des moments privilégiés. Pour cela je ne connais pas de lieu idéal. A chacun de découvrir sa propre piste vers l'enchantement. Faute de forêts, de déserts, de grandes plaines ou de côtes filant vers l'infini de la mer, le fond d'une cour ou la parc municipal fera très bien l'affaire. Si je parle, quant à moi, si volontiers de cette batture du bout de l'île, lieu quasi sauvage situé à moins d'une heure de la ville de Québec, ce n'est nullement pour laisser croire que les paysages saisissants arrivent par leur seule présence à nous grandir, mais tout simplement parce que le hasard un jour m'y a conduit et que j'y ai trouvé des conditions où pouvaient s'exercer ensemble mes besoins de solitude, de silence et d'activité physique. Une fois sur place, j'ai fait la connaissance de certains animaux qui sont devenus, à les fréquenter, des sources inépuisables de fascination.

Ce que je veux dire en réalité, c'est que tout être vivant, à quelque règne qu'il appartienne, porte en lui une « extraordinaire jubilation » à laquelle nous sommes invités à puiser. Les voyages sur les crêtes, les traversées du froid, les attentes dans la nuit, les randonnées parmi les moustiques, les stations dans la vase et les piquants, à quoi peuvent-ils bien servir sinon à nous donner d'une plante, d'un animal, d'un oiseau cet éclair qui met le corps en émoi et qui saisit l'esprit d'une ivresse si rare. Tous les grands naturalistes ont noté la qualité physique de ce plaisir-là. Au début de sa carrière, l'entomologiste provençal Jean-Henri Fabre découvre un nid de Traquets dont les oeufs sont si bleus qu'ils le « terrassent de bonheur ». L'écrivain allemand Ernst Jünger raconte qu'il s'était mis, au cours d'une promenade matinale, à regarder une tige de fenouil rafraîchie par la pluie. Tout à coup la vie de cette plante devint pour lui plus visible. A propos de cette contemplation, il dira : « Ce furent là des instants comme il n'en est pas de plus beaux en ce monde. »

Un jour que je participais à un voyage d'étude sur les oiseaux marins, qui nous avait conduits dans les îles du golfe Saint-Laurent, je fis la connaissance d'une femme bien singulière, une contemplative nomade que l'âge n'empêchait nullement de battre routes et sentiers à la recherche des plantes et des oiseaux qu'elle n'avait pu, malgré tous ses voyages, encore observer. Je lui demandai de m'entretenir de ses expériences, de ses découvertes et surtout de ce mouvement qui la poussait si ardemment hors de chez elle. Elle consentit à parler du plaisir qu'elle prenait à simplement écouter le bruit des pas dans la neige, à écouter siffler le vent de tempête, à voir passer un orage d'été. Elle, si posée, si économe de mots d'éclat, elle me parla enfin de ce « sentiment ancien et féroce » qui habitait tout son corps pendant qu'elle circulait à travers les choses. « Et ce sentiment diffère, me dit-elle, de la chair de poule qui vous envahit quand soudain, en pleine mer, une baleine bleue surgit près du bateau et que votre regard rencontre celui du cétacé. »

Tout a été découvert, sommes-nous portés à penser dans nos moments de lassitude. Pendant ce temps-là, dehors, une exubérance à chaque seconde se renouvelle, les racines travaillent, les sources montent, les poissons fulgurent dans le torrent, les écorces crient, les feuillages se peuplent de nids, les nids répandent des chants, les gazouillis répondent à des feulements, des plaintes s'enroulent dans les creux du silence, les arbres inventent des musiques, les champs ondulent et crépitent à midi, les fleuves d'odeurs comblent des museaux, chaque aube a son soleil à nul autre semblable, chaque soir soulève des tours de sons inouïs, la nuit porte des lueurs, des oreilles se tendent pour tout saisir, des yeux cherchent des yeux, on marche sous les pierres, on pousse à la lisière, tout va mourir bien sûr, tout va partir en poudre sous la terre ou dans le vent, mais tout cherche à naître encore et toujours. Que jamais ne nous déserte cet éclair qui nous tient aux aguets !..."

Pierre MORENCY - L'Oeil américain



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