Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°722 (2020-23)

mardi 9 juin 2020

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Rameau - Les Boréades : les arts et les heures
(transcription pour piano)

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Herbier du printemps

Courvières et La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
avril et mai 2020



Saule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 9 avril 2020


Saule (fleur mâle)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 9 avril 2020


Fritillaire pintade
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 9 avril 2020

Vue sur Bannans
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

jeudi 9 avril 2020

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 9 avril 2020

Renoncule sp.
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 10 avril 2020

Prunellier
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 10 avril 2020

Paquerette
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 10 avril 2020

Potentille - Potentilla reptens (?)
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 10 avril 2020

Primevère
Courvières (Haut-Doubs)

vendredi 10 avril 2020

Bourgeon d'Erable
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 11 avril 2020


Cardère
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 11 avril 2020



Lierre terrestre - Glechoma hederacea
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 12 avril 2020


Céraiste des champs - Cerastium arvense
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 12 avril 2020

Capselle bourse à Pasteur - Capsella bursa-pastoris
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 12 avril 2020

Courvières (Haut-Doubs)
lundi 13 avril 2020

Anémone sylvie
Courvières (Haut-Doubs)

lundi 13 avril 2020

Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 18 avril 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 18 avril 2020

Pissenlit
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 18 avril 2020

Bugle rampante - Ajuga reptans
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 18 avril 2020

Lamier blanc
Courvières (Haut-Doubs)

jeudi 23 avril 2020

Petit Mélilot (?) - Luzerne lupuline (?)
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 23 avril 2020

Cardamine des prés
(et insecte...)

Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 23 avril 2020

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 24 avril 2020

Lamier blanc
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 25 avril 2020

Groseiller
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 25 avril 2020

Sapin pectiné
Courvières (Haut-Doubs)

jeudi 23 avril 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 25 avril 2020

Salsifis
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 25 avril 2020

Trèfle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 2 mai 2020

Lotier corniculé - Lotus corniculatus
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 2 mai 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 2 mai 2020

Mousse
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 mai 2020

Alchemille
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 3 mai 2020

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2020

Geranium des Pyrénées - Geranium pyrenaicum
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2020

Geranium Herbe à Robert - Geranium robertianum
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2020

Fraisier des bois
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2020

Cardère
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 8 mai 2020

Xanthoria
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 9 mai 2020

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 9 mai 2020

Véronique
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 9 mai 2020

Ceraiste des champs
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 9 mai 2020

Geranium des bois - Geranium sylvaticum
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 mai 2020

Véronique germandrée - Veronica teucrium
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 mai 2020

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 10 mai 2020

Alchemille
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 16 mai 2020

Narcisse
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mai 2020

Coeurs de Marie
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mai 2020

Iris Faux-Acore
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 16 mai 2020



Suggestion de lecture :

"Janvier 2006


Taches grises dans le 93

Les renseignements généraux ont établi la liste des cent soixante-douze « cités interdites » de France, où les lois de la républiques ne sont plus en vigueur. Si un géomètre urbaniste se penchait sur le sujet, il calculerait – cadastre en main – la superficie de ces zones de non-droit. Nous saurions ainsi quelle proportion du territoire français est tombée dans cette catégorie nommée par les géographes « taches grises », ces étendues – comme le Changtang tibétain, la Corée du Nord ou la ligne de contrôle indo-pakistanaise – rendues inaccessibles par une situation politique et qui retournent peu à peu à l'état de terres méconnues où toutes les exploitations redeviennent possibles !

Gare

Dans Trois jours chez ma mère de Weyergans, cette merveilleuse définition des gares : « Un endroit où l'on veut se débarrasser de vous au plus vite en vous indiquant soit les heures de départ, soit la sortie. »

Nature et culture

Un bon sujet de thèse à propos des catastrophes naturelles qui ont rythmé avec une vigueur peu commune l'année écoulée serait : « Conséquences et influences des grands cataclysmes sur la politique internationale. »
Dans certains cas, les cataclysmes contribuent au rapprochement des nations. Les relations entre la Turquie et la Grèce se sont ainsi décongelées à la triste faveur d'un tremblement de terre. L'Arménie soviétique s'ouvrit au monde lors du séisme de 1990... Parfois un Etat profite du chaos post-traumatique pour s'immiscer sur le territoire d'un frère ennemi, comme le prouvèrent les incursions de l'armée indienne au Pakistan après le terrible séisme de l'automne dernier. Les catastrophes révèlent une situation sociale fragilisant le gouvernement : on se souvient des ravages provoqués par Katrina sur l'image de G.W. Bush. Au contraire, elles peuvent aussi servir les intérêts d'un dirigeant habile : le chancelier Schröder avait brillamment fait face aux inondations avant sa réélection. Parfois, l'Etat utilise cyniquement l'impact de la catastrophe pour reprendre la main dans une région turbulente : l'armée indonésienne a bouclé certaines îles de l'archipel dévastées par le tsunami de Noël 2004. D'autres fois un sinistre offre à une nation oubliée (l'Afghanistan en 2002) les feux de l'actualité mondiale jusqu'au prochain soubresaut. (A ce propos, laquelle des voix antiaméricaines s'est souciée des victimes du cyclone guatémaltèque qui a suivi Katrina ? Aucune : les victimes de la Nouvelle-Orléans étaient politiquement plus symboliques.) Enfin, dans presque tous les cas, les colères de la Nature sont interprétées par des extrémistes religieux comme des signes de la colère de Dieu contre le pouvoir en place. (Katrina a servi à raviver la mystique anti-Bush sans que personne ne songe à stigmatiser l'incompétence de Musharraf à la suite du séisme de Muzaffarabad...) J'attends avec impatience l'écrasement sur la Terre de la météorite géante annoncée par certains astronomes pour 2019. Que diront les mormons ? Al-Qaeda ? Accusera-t-on les Etats-Unis ? Criera-t-on au complot ? Ou bien alors, la paix dans le monde s'imposera pendant quelques heures, juste avant l'explosion...

Le Radeau de la Méduse

Le récit du naufrage de la Méduse par Alexandre Corréard et Jean-Baptiste Savigny, deux rescapés du radeau qui dériva deux semaines au large de la Mauritanie, vient d'être réédité en poche chez Folio dans la version de 1821. La première édition date de 1817, un an après les évènements. Elle avait provoqué grand bruit à l'époque et fait vaciller le gouvernement. Le récit est superbe : au fil des pages lugubres, on entend le craquement des coques, le fracas des rouleaux, le cri des rescapés. L'histoire est digne des mythes antiques. Sur un radeau de 20 mètres sur 7, s'entassent 147 hommes. Un concentré d'humanité livré à lui-même sur l'océan. Plus aucune des lois régissant les sociétés ne le concerne. L'occasion d'étudier, comme au laboratoire, le comportement d'hommes dans l'épreuve de la vérité. Ames sensibles, esprits humanistes, n'ouvrez pas ce livre. Sur le radeau, c'est le déchaînement. S'y exprime toute la laideur humaine. Trahison, égoïsme, passion morbide, pulsion, haine, lâcheté, médiocrité de l'être. Au bout de quinze jours, restent quinze survivants rendus au stade de squelettes et de défiant les uns des autres. Un peu de discipline et d'altruisme aurait sauvé ces malheureux. Le vrai naufrage est celui de la confiance qu'on pouvait accorder encore à la grandeur de l'homme. Est-ce cette révélation qui rendit fou Géricault ?


Février 2006


Bach underground

Un soir à Montpellier, sortant de la voiture dans un parking souterrain, j'entends la musique de Bach, à plein tube. Je reconnais les tons mineurs du VIIIè Prélude, si mélancolique. La libraire qui m'accompagne m'explique que la municipalité a décidé de diffuser du classique dans les parkings pour lutter contre la délinquance. « Cela fait fuir les jeunes », dit-elle. Jean-Sébastien se doutait-il qu'un jour son Clavecin bien tempéré contribuerait au maintient de la paix civile ? Jusqu'ici, on savait que l'abus de musique tempétueuse galvanisait les esprits et qu'une trop forte consommation de Wagner avait donné aux monstres l'idée d'envahir la Pologne. Il était temps d'utiliser le pouvoir apaisant des préludes pour adoucir les moeurs publiques.

Le retour de la momie

A Namur, le vendredi 18 novembre 2005, une fouine s'est indroduite dans une centrale électrique et a rongé un câble, privant quatre-vingt mille personnes de courant pendant une demi-journée. Presque au même moment, la momie d'un chasseur du néolithique, vieux de cinq mille ans et baptisé Otzi par ses découvreurs, faisait sa dixième victime. Depuis la découverte du corps en 1991 dans la crevasse d'un glacier autrichien, un certain nombre de chercheurs, qui s'étaient pressés au chevet d'Otzi, sont morts dans des circonstances accidentelles. Déjà des superstitieux parlent de la « malédiction d'Otzi » comme autrefois de la « malédiction de Toutankhamon ». Aucun rapport entre l'histoire de la fouine et celle de la momie ? Si, car de tels incidents échappent au mécanismes de la raison triomphante, à la domination technique. La dent de la fouine, l'esprit de la momie n'ont pas dit leur dernier mot. Ugh !

Devoir de mémoire, droit à l'indifférence

L'écrivain Claude Ribbe compare Napoléon à Hitler. Dans le Crime de Napoléon (Editions Privé, 2005), il rappelle que l'Empereur a rétabli l'esclavage aboli par la Révolution. Le sujet a déclenché la polémique en France. Dans ce pays, on aime débattre sur fond de Devoir de mémoire. Le rouge au front, on étudie nos taches noires. Et pendant que la classe politico-littéraire, penchée sur les balustrades de l'Histoire, dispute de l'esclavage du XIXème siècle et des méfaits de Napoléon, l'esclavage actuel, lui, bat son plein dans l'indifférence générale. Les victimes éternelles, silencieuses, celles qui n'ont pas de chantres, qui n'en auront jamais, sont les femmes. Il faut lire le livre de la Serbe Jelena Bjelica Prostitution, l'esclavage des filles de l'Est (Courrier des Balkans/Paris-Méditerranée, 16 euros) et aussi Le Silence de l'innocence de Somaly Mam (Editions A. Carrière) pour comprendre que l'esclavage n'est pas mort, qu'il se porte même très bien sur les trottoirs de Phnom Penh, de Bangkok, de Moscou et de Paris (ça se passe près de chez vous). Les gouvernements occidentaux se font les complices des mafias en criminalisant les filles. Les clients-criminels alimentent la souffrance. Mais qui s'en soucie ? Nous sommes trop occupés avec le Premier Empire et le maréchal Lyautey pour avoir le temps de combattre les maquereaux qui torturent les innocentes, trop occupés à dénoncer nos aïeux pour protéger nos soeurs. Parfois le Devoir de mémoire fonctionne comme un anesthésiant : il endort la (bonne) conscience, canalise l'indignation vers le passé. Tout occupé à scruter les défuntes années on s'abstient d'agir ici et maintenant.

Encore deux choses

Pour finir, une jolie phrase et un petit pamphlet. La jolie phrase est de William Blake et devrait figurer en caractères gras sur tous les permis de chasse : « Si seulement tu comprenais que le moindre oiseau qui fend l'air est un monde de délices fermé à tes cinq sens. » Le petit pamphlet est de Matthias Debureaux et traite De l'art d'ennuyer en racontant ses voyages (Editions Cavatines). Cela commence par « Chiant qui comme Ulysse a fait un beau voyage ». Cela se termine par « Chaque année plus de sept cents millions de touristes parcourent le monde. En 2010, ils seront un milliard à vous assomer avec leur récit de voyage. » Entre les deux c'est à mourir de rire. Je l'ai lu d'une traite en Belgique où je donnais une tournée de quatre-vingts conférences sur mes voyages..."

Sylvain TESSON - Géographie de l'instant



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