Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°719 (2020-20)
mardi 19 mai 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Les
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du [TN] n° 717 Sittelles : Horizontal : 2. Charbonnière 4. Pinson 7. Prospection 12. Offrande 13. Toilette 15. Araignée 16. Feuille 17. Torchepot Vertical : 1. Accouplement 3. Etirement 5. Nid 6. Tourterelle 8. Chant 9. Crotte 10. Noire 11. Bleue 14. Merle Jardin potager : Horizontal : 5. Coquelicot 7. Mésange 8. Litorne 12. Rougequeue 13. Verdier 14. Phacélie 15. Escargots 16. Patate Vertical : 1. Cloporte 2. Rhubarbe 3. Rocambole 4. Chardonneret 5. Camomille 6. Consoude 9. Coccinelle 10. Hirondelle 11. Joubarbe 14. Pinson Automne : Horizontal : 5. Cornouiller 7. Eglantier 9. Ronce 10. Pommier 13. Noisetier 14. Aubépine 15. Frêne 16. Fusain 17. Cardère Vertical : 1. Sureau 2. Tremble 3. Viorne 4. Hêtre 5. Cathartique 6. Alpes 8. Erable 11. Sorbier 12. Peuplier Petites bêtes : Horizontal : 6. Paon 7. Admirable 8. Nacré 9. Grillon 10. Toile 11. Libellule 15. Abeille 16. Pholcus Vertical : 1. Tégénaire 2. Tortue 3. Escargot 4. Coccinelle 5. Sylvaine 7. Argiope 12. Limace 13. Belledame 14. Cloporte 15. Aurore Lac de Saint-Point : Horizontal : 4. Coucou 7. Grèbe 9. Ecureuil 10. Agrions 11. Angélique 12. Foulque 15. Aigrettes 16. Escargot 17. Rougegorge 18. Joncs Vertical : 1. Nénuphar 2. Dolomede 3. Vivipare 5. Rougequeue 6. Cygnes 8. Epilobe 13. Mars 14. Polémoine |
Verdier et Pinson des arbres mâle Courvières (Haut-Doubs) mercredi 1er avril 2020
Courvières
(Haut-Doubs) jeudi 2 avril 2020 vendredi 3 avril 2020
Chardonneret élégant Courvières (Haut-Doubs) vendredi 3 avril 2020 Courvières
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Entre ombre et lumière
Courvières (Haut-Doubs) samedi 4 avril 2020 dimanche 5 avril 2020 <image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs)dimanche 5 avril 2020 dimanche 5 avril 2020
dimanche 5 avril 2020
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 <image recadrée> <image recadrée>
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Courvières
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mardi 7 avril 2020 <image recadrée>
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mardi 7 avril 2020 Courvières
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mardi 7 avril 2020 Courvières
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jeudi 9 avril 2020 <image recadrée>
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jeudi 9 avril 2020 Courvières
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Courvières
(Haut-Doubs)jeudi 9 avril 2020 Flou !
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 10 avril 2020 Courvières
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Courvières
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vendredi 10 avril 2020 Courvières
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Courvières
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(Haut-Doubs)vendredi 10 avril 2020 vendredi 10 avril 2020 Courvières
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samedi 11 avril 2020 Courvières
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samedi 11 avril 2020 Courvières
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samedi 11 avril 2020 Courvières
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samedi 11 avril 2020 Courvières
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dimanche 12 avril 2020 Courvières
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lundi 13 avril 2020 Courvières
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dimanche 19 avril 2020 Courvières
(Haut-Doubs)
dimanche 19 avril 2020 Courvières
(Haut-Doubs)
vendredi 24 avril 2020 |
"En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourra paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu'à l'opposé du mal, la beauté se situe bien à l'autre bout d'une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l'univers vivant : d'un côté, le mal ; de l'autre, la beauté. Le mal, on sait ce que c'est, surtout celui que l'homme inflige à l'homme. Du fait de son intelligence et de sa liberté, quand il s'enfonce dans la haine et la cruauté, il peut creuser des abîmes pour ainsi dire sans fond. Il y a là un mystère qui hante notre conscience, y causant une blessure apparemment inguérissable. La beauté, on sait aussi ce que c'est. Pour peu qu'on y songe cependant, on ne manque pas d'être frappé d'étonnement : l'univers n'est pas obligé d'être beau, et pourtant il est beau. A la lumière de cette constatation, la beauté du monde, en dépit des calamités, nous apparaît également comme une énigme. Que signifie l'existence de la beauté pour notre propre existence ? Et en face du mal, que signifie la phrase de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde » ? Le mal, la beauté, ce sont là les deux défis que nous devons relever. Ne nous échappe pas le fait que mal et beauté ne se situent pas seulement aux antipodes : ils sont parfois imbriqués. Car il n'est pas jusqu'à la beauté même que le mal ne puisse tourner en instrument de tromperie, de domination ou de mort. Une beauté qui ne serait pas fondée sur le bien est-elle encore « belle »? Intuitivement, nous savons que distinguer la vraie beauté de la fausse fait partie de notre tâche. Ce qui est en jeu n'est rien de moins que la vérité de la destinée humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté. Il vaut peut-être la peine que je m'attarde sur la raison plus intime qui me pousse à traiter de la question de la beauté et à ne pas négliger non plus celle du mal. C'est que très tôt, enfant encore, en l'espace de trois ou quatre ans, j'ai été littéralement « terrassé » par ces deux phénomènes extrêmes. Par la beauté d'abord.
Originaire de la province de Jiangxi où se trouve le mont Lu, mes parents nous y emmènent chaque été passer un séjour. Ce mont Lu, qui appartient à une chaîne de montagnes, s'élève à plus de deux mille mètres, dominant d'un côté le fleuve Yang-zi et de l'autre le lac Boyang. Par sa situation exceptionnelle, il est considéré comme un des plus beaux endroits de Chine. Aussi, depuis une quinzaine de siècles, est-il investi par des ermites, des religieux, des poètes et des peintres. Découvert par les Occidentaux, notamment les missionnaires protestants, vers la fin du XIXè siècle, il devient leur lieu de villégiature. Ceux-ci se regroupent autour d'une colline centrale, la parsemant de chalets et de cottages. En dépit des vestiges anciens et des habitations modernes, l e mont Lu continue à exercer son pouvoir de fascination, car les montagnes environnantes conservent leur beauté originelle. Une beauté que la tradition qualifie de mystérieuse, au point qu'en chinois l'expression « beauté du mont Lu » signifie « un mystère sans fond ». Je ne vais pas m'employer à décrire cette beauté. Disons qu'elle est due à sa situation exceptionnelle évoquée tout à l'heure, qui offre des perspectives toujours renouvelées et des jeux de lumière infinis. Elle est due aussi à la présence de brumes et de nuages, de rochers fantastiques mêlés d'une végétation dense et variée, de chutes et de cascades qui font entendre, à longueur de jours et de saisons, une musique ininterrompue. Les nuits d'été qu'enfièvrent les lucioles, entre le fleuve et la Voie lactée, la montagne exhale ses senteurs venues de toutes les essences ; enivrées, les bêtes éveillées se donnent à la clarté lunaire, les serpents déroulent leur satin, les grenouilles étalent leurs perles, les oiseaux, entre deux cris, lancent des flèches de jais... Mais mon propos n'est pas descriptif. Je voudrais simplement dire qu'à travers le mont Lu, la Nature, de toute sa formidable présence, se manifeste à l'enfant de sept ou huit ans que je suis, comme un recel inépuisable, et surtout comme une passion irrépressible. Elle semble m'appeler à participer à son aventure, et cet appel me bouleverse, me foudroie. Aussi jeune que je sois, je n'ignore pas que cette Nature recèle aussi beaucoup de violences et de cruantés, notamment du côté des animaux. Comment ne pas entendre cependant le message qui résonne en moi : la beauté existe ! Toujours au sein de ce monde presque originel, ce message sera bientôt confirmé par la beauté du corps humain, plus précisément celle du corps féminin. Sur le sentier, il m'arrive de croiser des jeunes filles occidentales en maillot de bain se rendant à tel bassin formé par des cascades pour s'y baigner. Le maillot de l'époque était tout ce qu'il y a de plus pudique. Mais la vue des épaules nues, des jambes nues, dans la lumière de l'été, quel choc ! Et les rires de joie de ces jeunes filles qui répondent au bruissement des cascades ! Il semble que la Nature a trouvé là un langage spécifique, capable de la célébrer. Célébrer, c'est cela. Il faut bien que les humains fassent quelque chose de cette beauté que la Nature leur offre. Je ne tarde pas à découvrir la chose magique qu'est l'art. Les yeux écarquillés, je commence à regarder plus attentivement la peinture chinoise qui recrée si merveilleusement les scènes brumeuses de la montagne. Et découverte parmi les découvertes : un autre type de peinture. Une de mes tantes, revenue de France, nous rapporte des reproductions du Louvre et d'ailleurs. Nouveau choc devant le corps nu des femmes si charnellement et si idéalement montré : Vénus grecques, modèles de Botticelli, du Titien, et surtout, plus proches de nous, de Chassériau, d'Ingres. La Source d'Ingres, emblématique, pénètre l'imaginaire de l'enfant, lui tire des larmes, lui remue le sang..."
François
CHENG - Cinq méditations sur la beauté
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