Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°716 (2020-17)
mardi 28 avril 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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lettre : [ici]
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Pour regarder et écouter,
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Pour
s'occuper et se cultiver
des "Mots Fléchés" - à télécharger (format
pdf), sur le thème des "Chamois"
: sur le thème des "Renards"
: sur le thème de "Labassère
- Hautes-Pyrénées"
: sur le thème des "Hautes-Alpes"
: Je garde les solutions... Je vous les enverrai au prochain [TN] Bon courage ! Les réponses des grilles précédentes du [TN] n° 714 La loge n°5 : Horizontal : 2. Bruant 6. Gentiane 10. Ramier 12. Linotte 13. Chardonneret 14. Grive 15. Nacré 16. Alchemille Vertical : 1. Mésange 2. Bouvreuil 3. Gesse 4. Chat 5. Rougequeue 7. Brocard 8. Gobemouche 9. Renard 11. Bergeronnette 17. Lièvre La Rivière-Drugeon : Horizontal : 5. Rose 11. Rougegorge 12. Serin 13. Cygne 14. Morillon 16. Moineau 17. Héron Vertical : 1. Fritillaire 2. Milouin 3. Sittelle 4. Coquelicot 6. Merle 7. Mésange 8. Cormoran 9. Foulque 10. Aigrette 13. Colvert 15. Pinson Walden (à Bouverans) : Horizontal : 6. Bergeronnette 8. Oeillet 10. Phragmite 13. Tremble 15. Sureau 16. Rougegorge 17. Vipérine 18. Mésange Vertical : 1. Aigrette 2. Cygne 3. Cornouiller 4. Libellule 5. Framboisier 7. Paondejour 9. Cladonie 11. Fougère 12. Buse 14. PetiteTortue Mont d'Or : Horizontal : 1. Crécerelle 4. Brume 6. Carline 9. Apollon 11. Renard 13. Colombine 15. Forêt 16. Mer 17. Trolle Vertical : 2. Rougequeue 3. Alisier 5. Tichodrome 7. Chamois 8. Corbeau 10. Pulsatille 12. Aconit 13. Cumulus 14. Modzons |
Pinson des arbres mâle Courvières (Haut-Doubs) lundi 23 mars 2020 Pinson du nord femelle Courvières (Haut-Doubs) lundi 23 mars 2020 Courvières (Haut-Doubs) lundi 23 mars 2020 <image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs)
Zut !lundi 23 mars 2020 Courvières (Haut-Doubs) lundi 23 mars 2020 Courvières
(Haut-Doubs)
vendredi 27 mars 2020 Courvières
(Haut-Doubs)
vendredi 27 mars 2020
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 27 mars 2020 <image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs)
Courvières
(Haut-Doubs) Verdier
(femelle) et Pinson
du Nord (femelle) <image recadrée> <image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs) Posé sur le manche de ma bèche ! Courvières (Haut-Doubs) dimanche 29 mars 2020 <image recadrée> Portrait
d'un mâle dimanche 29 mars 2020 <image recadrée>
MâleCourvières (Haut-Doubs) mardi 31 mars 2020 <image recadrée> Femelle Courvières (Haut-Doubs) jeudi 2 avril 2020 <image recadrée> <image recadrée>Courvières
(Haut-Doubs)
Courvières
(Haut-Doubs)jeudi 2 avril 2020 samedi 4 avril 2020 Courvières
(Haut-Doubs)
Courvières
(Haut-Doubs)dimanche 5 avril 2020 dimanche 5 avril 2020 <image recadrée> Pinson du
nord femelle
<image recadrée>
Pinson du nord
mâleCourvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 Courvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 <image recadrée> <image recadrée><image recadrée>
Pinson du nord
femelleCourvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 <image recadrée> Combat de
Pinsons mâles <image recadrée> Pinson des arbres femelleCourvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 Pinson du
nord mâle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 <image recadrée>
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Courvières
(Haut-Doubs)
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dimanche 5 avril 2020 <image recadrée>
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Pinson du
nord femelle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 <image recadrée>
Pinson du
nord femelle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 5 avril 2020 Pinson des
arbres mâle
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 10 avril 2020 Pinson des
arbres mâle
Courvières
(Haut-Doubs)Courvières (Haut-Doubs) lundi 13 avril 2020 lundi 13 avril 2020 Pinson des
arbres mâle
Courvières (Haut-Doubs) lundi 13 avril 2020
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"La place aux Herbes est au coeur d'Uzès. On ne peut s'y rendre qu'à pied, par un entrelacs de jolies ruelles. De grands platanes lui procurent une ombre bienfaitrice en été. La place est entourée d'arcades qui abritent les terrasses des restaurants. Un grand marché s'y tient tous les mercredi et samedis. Le samedi, c'est toute la ville qui devient un marché car le boulevard circulaire accueille aussi les vendeurs de fringues. Il n'y a que les touristes qui s'y rendent en été, car il est impossible de circuler et d'apprécier la place tellement les étals et leurs parasols obstruent toute vision d'ensemble. Je vais au marché le mercredi. Ce jour-là, seuls les producteurs locaux s'installent. J'ai redécouvert l'importance de la qualité des produits en arrivant ici. Un fruit de saison qui n'a pas voyagé et vient directement des vergers est sans comparaison avec celui que l'on peut trouver à Paris. Il en est de même avec les légumes, les volailles ou les fromages. La proximité de la mer est aussi un bel atout. Je ne connaissais que les huîtres de Bretagne, mais je suis devenue une grande fana de celles de Bouzigues, cultivée sur les rives de la Méditerranée. « A vendre » Un petit panneau était accroché dans la devanture de la librairie qui se trouve à l'angle de la place aux Herbes. Je regardais fixement les lettres bleues sur le kraft beige... Pourquoi pas moi ? J'aime les livres. J'aime tous les livres ! Les tout petits, écrits d'un seul geste, comme les très grands qui sont l'oeuvre de toute une vie ; les vieux avec leur reliure en lambeaux, mais aussi ceux qui, tout juste sortis de chez l'éditeur, fanfaronnent avec leur belle bande rouge. J'aime les livres qui racontent de grandes histoires romanesques à vous tirer les larmes, mais j'ai aussi un grand plaisir à me laisser prendre dans les déambulations intellectuelles et savantes des essais qui me procurent le sentiment d'être plus intelligente. J'aime les livres d'art qui font entrer dans les maisons les tableaux du Louvre ou du Prado, ou les images dépaysantes venues des cinq continents. Combien serions-nous à ne rien connaître de ces merveilles s'il n'y avait ces livres ? J'aime la tranche des livres. Lorsqu'ils sont rangés dans les rayons, on les regarde avec la tête légèrement inclinée, comme si nous les respections avant même de les avoir ouverts. J'aime le papier. Comment parler du papier au singulier. J'aime les papiers des pages qui se tournent, et dont parfois on se détourne. S'il est bien choisi, un papier consomme avec les mots, et les pages défilent avec gourmandise. Quand il dissone, il peut provoquer l'abandon du lecteur, irrité par un faux accord. Un papier trop blanc ne convient pas à une histoire d'amour car l'amour n'est jamais tout blanc ; il jaunit légèrement avec le temps, prend les traces des heurts et des caresses comme les draps d'un lit après une étreinte. Un papier gaufré donne de la profondeur aux mots. Ils s'y impriment et s'installent confortablement dans l'épaisseur des fibres, tel un chat sur les coussins d'un canapé. J'aime aussi les mots sur les pages. Je ne parle pas du sens des mots, mais du rythme que produit le mouvement du gris. Entre chaque mot, un espace toujours égal garantit une distance de courtoisie qui permet à chacun de ne pas marcher sur les pieds de son voisin et de respirer à sa guise. Si nous étions comme les mots sur une page, je suis certaine que la bienveillance trouverait davantage de place pour s'épanouir. Un jour, je suis tombée sur un livre où les espaces avaient été oubliés. J'ai été immédiatement gagnée par une crise d'agoraphobie tant j'avais de la compassion pour ces mots sardines, maltraités comme à l'heure de pointe dans le métro parisien. [...] Je dois beaucoup à mes lectures. Ce sont elles qui m'ont fait grandir et choisir mon chemin, qui m'ont permis de ne pas voir le monde qu'avec mes seules lunettes mais aussi avec le point de vue de ceux qui m'ont ouverte à d'autres univers, d'autres époques. Je ne me suis jamais sentie aussi proche de moi-même qu'en lisant les mots d'un autre. Tous ces autres qui m'ont rejointe dans mon intimité l'ont fait avec pudeur et sans rien juger de mes ressentis. Ils ne me connaissent pas mais c'est bien au frottement de leurs phrases que j'ai découvert qui je suis. J'ai pleuré avec eux autant que j'ai ri. Je dois tenir cela de mon père. Je ne me souviens pas de lui sans un livre ; il en avait toujours plusieurs en cours. Ceux du matin et ceux du soir, ceux pour le fauteuil de la véranda ou ceux à lire dans son lit. Les livres ne sont pas jaloux. Ils s'effacent pour laisser leur place à un nouvel amant et savent rester immobiles et patients durant des siècles avant d'être réhabilités par le bras d'un enfant tendu vers un rayonnage. J'ai été cet enfant devant les étagères de mes parents. Des livres de poches aux pages jaunies ont été mes premiers compagnons de nuit. Kessel, Giono, Mérimée, Malraux, Saint-Exupéry... j'ai veillé tard avec chacun d'eux avant de m'endormir blottie dans les bras de ces grands hommes. [...] Avant de retourner me coucher, je passai devant la bibliothèque. Un livre était rangé à l'envers, je n'en voyais pas la tranche mais la somme de toutes les pages. Je le pris pour le remettre à l'endroit et découvris son titre : Comme un roman de Daniel Pennac. Joli clin d'oeil au coeur de la nuit. Ce livre est le plus bel ambassadeur de la lecture que je connaisse. Une invitation à lire à tort et à travers, sans règle ni mesure, avec comme seule obligation le plaisir de lire. « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. » En parcourant la bibliothèque d'une personne qui me reçoit chez elle, j'en sais davantage sur mon hôte que s'il s'était présenté durant de longues heures. Il faudrait pouvoir réunir les lecteurs d'un même livre. Ils doivent certainement se ressembler, vibrer aux mêmes émotions, et s'emporter dans des colères aux sources similaires. Il y a des communautés qui s'ignorent derrière chacun des livres. Je sais que dans ma librairie, ce sont autant de traces humaines qui se cherchent, et parfois se croisent grâce à la lecture d'un livre. Cet échantillon n'est absolument pas représentatif mais c'est la petite humanité qui compose le monde dans lequel je vis. Les livres ont des grands bras qui s'ouvrent avec les pages. Ils accueillent les yeux qui se posent sur eux. Les mains qui les prennent, trapues, calleuses ou soignées, douces, blanches ou brunes, ridées ou juvéniles, les adoptent le temps d'une lecture. Les livres attendent ces adoptions, ils savent être reconnaissants à celui qui les aime en lui donnant souvent ce qu'il cherche : de la tendresse et de l'émotion, du frisson et de l'exotisme, de l'intelligence et des pistes nouvelles pour comprendre ce monde et parvenir à y vivre. Dès le jour où il est publié, un livre n'appartient plus à son auteur mais à chacun de ses lecteurs. Le livre est un passe-frontière. Les premiers mots de sa première page donnent les clés d'un nouveau monde, inconnu avant d'ouvrir le livre, qui se dévoile dans l'univers imaginaire de nos esprits. Aujourd'hui je sais aussi que les livres créent des liens qui libèrent. Avec chacun de ceux qui ont poussé la parte de ma petite librairie, une histoire est née. Demain matin, ma parte s'ouvrira peut-être sur un paysan philosophe, un sculpteur égyptien, une cavalière itinérante, un vieux sourcier de la garrigue ou un prince de Russie... Je suis impatiente d'être demain matin..."
Eric de
Kermel - La librairie de la place aux
herbes
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