Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°705 (2020-06)
mardi 11 février 2020
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Au bord de l'Etang... Mésange charbonnière La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 29 décembre 2019 Mésange bleue La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 29 décembre 2019 Geai dimanche 5 janvier 2020
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 5 janvier 2020 La
Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 11 janvier 2020 Visite d'une cavité...
(le nid des Sittelles !)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) samedi 11 janvier 2020 Grands
Cormorans
La
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CormoransLa Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 19 janvier 2020 La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) dimanche 19 janvier 2020 La
Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 19 janvier 2020 La
Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
La
Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)dimanche 19 janvier 2020 samedi 25 janvier 2020 Foulque
macroule
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) samedi 25 janvier 2020 <image recadrée> ReposLa Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) samedi 25 janvier 2020 <image recadrée>
La
Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) La
Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 25 janvier 2020 |
"Camille dévisagea le vieil homme et lui rendit son sourire. L'angoisse dans laquelle sa mère l'avait plongée s'estompa peu à peu. Elle écoutait les bruits d'eau et de casseroles échappés de la cuisine, la radio, ces refrains incompréhensibles aux sonorités pointues que la jeune fille reprenait en se dandinant, elle observait le vieux qui attrapait de longs vermicelles avec ses baguettes en se mettant du bouillon plein le menton et eut soudain l'impression de se trouver dans la salle à manger d'une vraie maison... Hormis une tasse de café et son paquet de tabac, il n'y avait plus rien devant elle. Elle les posa sur la table d'à côté et commença à lisser la nappe. Lentement, très lentement, elle passait et repassait le plat de sa main sur le papier de mauvaise qualité, rêche et taché par endroits. Elle fit ce geste pendant de longues minutes. Ils devinrent plus rapides. Elle avait peur. Elle devait essayer. Tu dois essayer. Oui mais, il y a si longtemps que je... Chut, se murmura-t-elle, chut, je suis là. Tout ira bien, ma grande. Regarde, c'est le moment ou jamais... Allez... N'aie pas peur... Elle souleva sa
main à quelques centimètres de la table et attendit
que ses tremblements cessent. C'est bien, tu vois...
Elle attrapa son sac à dos et farfouilla à
l'intérieur, il était là. Elle sortit le coffret en bois et le posa sur la table. Elle l'ouvrit, prit une petite pierre rectangulaire et la passa sur sa joue, c'était doux et tiède. Elle défit ensuite un tissu bleu et en sortit un bâton à encre, une forte odeur de santal s'en dégagea, enfin, elle déroula un napperon en lattes de bambou où dormaient deux pinceaux. Le plus gros était en poil de chèvre, l'autre, beaucoup plus fin, en soie de porc. Elle se leva, prit une carafe d'eau sur le comptoir, deux annuaires et fit une petite courbette au vieux fou. Elle plaça les annuaires sur son siège de façon à pouvoir étendre le bras sans toucher la table, versa quelques gouttes d'eau sur la pierre en ardoise et commença à broyer son encre. La voix de son maître lui revint à l'oreille : Tourne ta pierre très lentement, petite Camille... Oh ! plus lentement encore / Et plus longtemps ! Deux cents fois peut- être, car, vois-tu, en faisant cela tu assouplis ton poignet et prépare ton esprit à de grandes choses... Ne pense plus à rien, ne me regarde pas, malheureuse / Concentre-toi sur ton poignet, il te dictera ton premier trait et seul le premier trait compte, c'est lui qui donnera vie et souffle à ton dessin... Quand l'encre fut
prête, elle lui désobéit et commença par de petits
exercices dans un coin de la nappe pour se
réapproprier des souvenirs trop lointains. Elle fit
d'abord cinq taches, de la plus noire à la plus
diluée pour se remémorer les couleurs de l'encre,
essaya ensuite différents traits et réalisa qu'elle
les avait presque tous oubliés. En demeuraient
certains : la corde défaite, le cheveu, la Vinrent
ensuite les points. Son maître lui en avait enseigné
plus de vingt, elle n'en retrouva que quatre : le
rond, le rocher, le riz et le frisson. Assez. Tu es
prête maintenant... Elle saisit le pinceau le plus
fin entre son pouce et son majeur, tendit son bras
au-dessus de la nappe et attendit encore quelques
secondes. Le vieux, qui
n'avait rien perdu de son manège, l'encouragea en
fermant les yeux. Camille Fauque
sortit d'un long sommeil avec un moineau, puis deux,
puis trois, puis une volée d'oiseaux à l'œil
moqueur. Elle n'avait rien dessiné depuis plus d'un an. * * * Enfant, elle
parlait peu, encore moins qu'aujourd'hui. Sa mère
l'avait obligée à suivre des leçons de piano et elle
détestait ça. Une fois, alors que son professeur
était en retard, elle avait pris un gros marqueur et
avait dessiné, consciencieusement, un doigt sur
chacune des touches. Sa mère lui avait dévissé le
cou et son père, pour calmer tout le monde, était
revenu le week-end suivant avec l'adresse d'un
peintre qui donnait des cours une fois par semaine.
Son père mourut
peu de temps après et Camille n'ouvrit plus jamais
la bouche. Même pendant ses cours de dessin avec ce
monsieur Doughton (elle disait Dougue-ton) qu'elle
aimait tant, elle ne parlait plus. Le vieil Anglais
ne s'en formalisa pas et continua de lui indiquer
des sujets ou de lui enseigner des techniques en
silence. II montrait l'exemple et elle l'imitait, se
bornant à hocher la tête pour dire oui ou non. Entre
eux, et dans cet endroit seulement, tout allait
bien. Son mutisme même semblait les arranger. II
n'avait pas à chercher ses mots en français et elle
se concentrait plus facilement que ses condisciples.
Un jour pourtant, alors que tous les autres élèves étaient partis, il brisa leur accord tacite et lui adressa la parole pendant qu'elle s'amusait avec des pastels
Un jour, il n'y a pas très longtemps, elle reçut un paquet mal ficelé accompagné d'un petit mot : Bonjour, Je m'appelle Eileen Wilson. Mon nom ne dit probablement rien à vous, mais j'étais l'amie de Cecil Doughton qui fut votre professeur de dessin autrefois. J'ai le triste de vous annoncer que Cecil a quitté nous il y a deux mois de cela. Je sais que vous appréciez que je vous dise (pardonnez mon pauvre français) que nous l'avons enterré dans son région du Dartmoor qu'il aimait tant beaucoup dans une cimetère auquel la vue est très belle. J'ai mis ses brosses et ses peintures dans le terre avec lui. Avant de mourir, il m'avait demander de vous donner ceci. Je crois qu'il sera joyeux si vous l'user en pensant à lui. Eileen W. Camille ne put
retenir ses larmes en découvrant le matériel de
peinture chinoise de son vieux professeur, celui-là
même dont elle se servait à présent..."
Anna
Gavalda - Ensemble, c'est tout
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