Un petit texte :
"La Rencontre
Ce
moment merveilleux, à partir duquel quelqu’un ou
quelque chose entre dans notre vie pour n’en plus
sortir, installé dans un coin de la mémoire, cette
rencontre avec le « génie » du lieu est le passage
indispensable pour ancrer une conscience de
l’environnement si on ne le vit pas aussi par cette
connaissance intime qui dépasse les savoirs
scientifiques ?
On apprécie un être ou une chose non seulement parce
qu’on en décrit des caractéristiques spécifiques, mais
surtout, parce qu’on perçoit, ressent l’indicible de
cet autre qui nous touche et nous transperce. La
rencontre est un mélange des deux parties en présence.
Ce sont deux portes qui s’ouvrent entre deux êtres.
C’est un tête-à-tête, avec ou sans parole, qui
s’échange, s’investit, s’habite. On entre dans la
rencontre avec un simple « tu » aux lèvres, nous dit
Martin Buber, et, comme il n’y a pas de « tu » sans «
je », le tête à tête devient un « nous ». Complicité
et connivence, le dialogue s’instaure. Il en va avec
l’environnement comme dans la rencontre avec une
personne.
Mer, mer, dis-moi pourquoi
Tu pars comme ça
Et que tu laisses tous ces bateaux ?
Nous avons envie de naviguer
Mais comme tu pars, on ne peut pas !
Si tu venais tout le temps
Je serais si contente
Car tu me porterais.
Malory
D’aucuns disent que le tutoiement de la nature est un
anthropocentrisme (égoïstement) étranger à cette
nature. D’autres pensent que rêver de nature est un
naturocentrisme écoïstement étranger à l’homme.
Pourtant que de rapprochements, de rêveries tournées
vers l’autre, d’élans spontanés et nécessaires, de
reconnaissance respectueuse, quand on a entendu parler
un élément du monde ! La mer c’est beau, c’est
comme si elle nous parlait (Morena). Dans
l’incertitude des nuages j’ai compris la fragile
errance de nos vies. C’est dans la primevère des
fossés que j’ai su voir le bonheur au bras du malheur.
Dans le murmure de la mer j’ai appris à écouter les
silences des humains. Dans les flammes de la cheminée,
j’ai déchiffré les vacillements des êtres. La nature
de la nature n’est pas si éloignée de la nature
humaine, contempler l’une c’est comprendre l’autre,
écouter l’autre c’est entrer dans l’une.
La mer (…)
C’est pour ça que je l’aime,
C’est qu’elle est comme un humaine.
Esther."
Dominique Cottereau – Chemins de
l’imaginaire.