Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°689 (2019-40)
mardi 15 octobre 2019
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Belle de jour Courvières (Haut-Doubs) vendredi 19 juillet 2019 Gazon Courvières (Haut-Doubs) samedi 24 août 2019
Bourrache Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 août 2019 Saponaire Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 août 2019 Rhubarbe Courvières (Haut-Doubs) jeudi 12 septembre 2019 "Aucun homme n'a jamais suivi son propre génie jusqu'au point où il l'égare. Bien qu'il en résultât une faiblesse physique, personne sans doute ne peut dire qu'il fallait en déplorer les conséquences, car celles-ci correspondaient à une vie en conformité avec des principes plus élevés. Si le jour et la nuit deviennent tels que vous les saluez joyeusement, et si la vie produit une senteur pareille à celle des fleurs et des plantes aromatiques, si elle est plus souple, plus étincelante, plus immortelle, en cela réside votre réussite. La nature tout entière vous acclame et vous devez momentanément vous accorder à vous-même votre bénédiction. Les plus grands biens et les plus grandes valeurs sont loin d'avoir été reconnus. Nous en venons facilement à en douter. Bientôt, nous les oublions. Ils sont pourtant la plus haute réalité... La vraie moisson de ma vie quotidienne est quelque chose d'aussi intangible et d'aussi indescriptible que les teintes du matin et du soir. C'est un peu de poussière d'étoile, c'est un morceau d'arc-en-ciel que j'ai attrapé." Henry David Thoreau – Walden ou la vie dans les bois Courvières
(Haut-Doubs)
Cirse vulgairevendredi 13 septembre 2019 Courvières (Haut-Doubs) samedi 14 septembre 2019 Courvières (Haut-Doubs) samedi 14 septembre 2019 Cirse vulgaire Courvières (Haut-Doubs) dimanche 15 septembre 2019 Courvières (Haut-Doubs) lundi 16 septembre 2019 Cirse
champêtre
Courvières (Haut-Doubs) lundi 16 septembre 2019
Lapiaz et moulin Courvières (Haut-Doubs) lundi 16 septembre 2019 Vipérine
Courvières (Haut-Doubs) mardi 17 septembre 2019 Vergerette
annuelle
Courvières (Haut-Doubs) mardi 17 septembre 2019 Arrête-boeuf
Courvières (Haut-Doubs) mardi 17 septembre 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
mardi 17 septembre 2019 Serpolet
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 18 septembre 2019 Ecureuil dans
un Alisier blanc
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 18 septembre 2019 Pommier
GroseillerCourvières (Haut-Doubs) vendredi 20 septembre 2019 Courvières (Haut-Doubs) samedi 28 septembre 2019 Vipérine Courvières
(Haut-Doubs)
Cirse
champêtremercredi 11 septembre 2019 Courvières (Haut-Doubs) mercredi 11 septembre 2019 Cirse
laineux
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 11 septembre 2019 Silène
enflée
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 11 septembre 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
Campanulemercredi 11 septembre 2019 Courvières (Haut-Doubs) mercredi 11 septembre 2019 Marguerite
Linaire
communeCourvières (Haut-Doubs) mercredi 11 septembre 2019 Courvières (Haut-Doubs) mercredi 11 septembre 2019 <image recadrée>
Vergerette
annuelle Courvières
(Haut-Doubs)
lundi 16 septembre 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
mardi 17 septembre 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
mercredi 18 septembre 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
mercredi 18 septembre 2019 Tourbière
Frasne (Haut-Doubs) dimanche 22 septembre 2019 Frasne
(Haut-Doubs)
dimanche 22 septembre 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
lundi 23 septembre 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
lundi 23 septembre 2019 |
"1 Au coeur de l'Alaska 27 avril 1992
Je t'écris de Fairbanks ! Ce sont les dernières nouvelles que tu recevras de moi, Wayne. Je suis arrivé il y a deux jours. Ça n'a pas été facile de faire du stop dans le Yukon. Mais finalement, je suis parvenu jusqu'ici. S'il te plaît, retourne tout mon courrier à l'expéditeur. Il peut s'écouler beaucoup de temps avant que je redescende dans le Sud. Si cette aventure tourne mal et que tu n'entendes plus parler de moi, je veux que tu saches que je te considère comme quelqu'un de formidable. Maintenant, je m'enfonce dans la forêt. Alex. Carte postale reçue par Wayne Westerberg à Carthage, Dakota du Sud.
A 6,5 kilomètres après Fairbanks, Jim Gallien aperçut un auto-stoppeur qui se tenait dans la neige au bord de la route, le pouce levé très haut et grelottant dans l'aube grise de l'Alaska. Il n'avait pas l'air bien vieux ; dix-huit ans, dix-neuf ans peut-être, pas plus. Une carabine dépassait de son sac à dos, mais il avait l'air d'un bon garçon. Dans le 49ème Etat, une carabine Remington semi-automatique n'étonne personne. Gallien gara sa camionnette Ford sur le bas-côté et dit au jeune homme de monter. L'auto-stoppeur balança son sac sur la banquette et se présenta :
C'était un garçon d'environ un mètre soixante-dix, élancé et robuste. Il disait qu'il avait vingt-quatre ans et qu'il venait du Dakota du Sud. Il voulait se faire conduire jusqu'aux confins du parc national du Denali. De là, il avait l'intention de s'enfoncer dans le sous-bois et de « vivre à l'écart pendant quelques mois ». Gallien, électricien de son état, se rendait à Anchorage, c'est-à-dire à plus de 350 km au-delà du Denali par l'autoroute George Parks. Il répondit à Alex qu'il le déposerait là où celui-ci le voudrait. Le sac d'Alex semblait peser entre 13 et 15 kilos. En chasseur et randonneur averti, Gallien jugea que c'était peu pour quelqu'un qui veut rester plusieurs mois dans l'arrière-pays, surtout au début de printemps. « Il était loin d'avoir assez de nourriture et d'équipement pour entreprendre ce genre d'expédition. » Le soleil parut. La camionnette traversait des crêtes couvertes de forêts et descendait vers la rivière Tanana. Alex regardait les grands marécages balayés par le vent qui s'étendent au sud. Gallien, lui, se demandait s'il n'avait pas embarqué un de ces cinglés qui remontent du sud du 48è parallèle pour venir ici, dans le Nord, vivre des aventures à la Jack London. Depuis longtemps l'Alaska attire comme un aimant les rêveurs et les désaxés qui s'imaginent que l'immense immaculée de la dernière terre vierge accueillera les débris de leur vie. En réalité, elle est impitoyable et n'a que faire des désirs et des espoirs. « Les gens d'ailleurs, fait remarquer Gallien de sa voix traînante et sonore, prennent le magazine Alaska, le feuillettent et se disent : « je vais aller là-haut pour m'en payer une bonne tranche », mais quand ils sont ici et qu'ils doivent avancer dans la forêt, ce n'est plus du tout comme dans le magazine. Les rivières sont larges et rapides. On est dévoré par les moustiques. La plupart du temps, il n'y a rien à chasser. Ce n'est vraiment pas une partie de plaisir. » Il faut deux heures pour aller de Fairbanks au parc du Denali. Plus Gallien parlait avec Alex, plus il se rendait compte qu'il n'était pas bête. Sympathique, ayant apparemment reçu une bonne éducation, il posait des questions judicieuses sur le gibier de la région et les variétés de baies dont il pourrait se nourrir. Toutefois, Gallien s'inquiétait pour lui. Alex lui avait avoué que la seule nourriture dont il disposait était un sac de cinq kilos de riz. Quand à son équipement, il était minimal étant donné les conditions difficiles de l'arrière-pays, qui reste recouvert par la neige hivernale pendant tout le mois d'avril. Ses chaussures n'étaient pas étanches. Sa carabine, une 22 LR, ne permettait pas d'abattre un animal del a taille d'un élan ou d'un caribou ; or c'est cette viande-là qu'il lui faudrait manger s'il voulait rester longtemps dans la région. Il n'avait ni hache, ni antiseptique, ni boussole. Son seul moyen de s'orienter était une carte routière en mauvais état qu'il avait prise dans une station-service. A 160 kilomètres de Fairbanks, l'autoroute aborde les contreforts de la chaîne de l'Alaska. Tandis que la camionnette franchissait péniblement un pont au-dessus de la rivière Nenana, Alex regarda au-dessous de lui les eaux rapides et fit remarquer qu'il avait peur de l'eau. « Il y a un an, au Mexique, j'ai été pris dans un orage au cours d'une promenade en canoé sur l'océan et j'ai failli me noyer. » Un peu plus tard, il sortit sa carte rudimentaire et indiqua une ligne rouge en pointillé qui coupait l'autoroute près de la ville minière de Healy. Elle représentait un itinéraire appelé « la piste Stampede ». Rarement empruntée, cette piste ne figure pas sur la plupart des cartes de l'Alaska. Sur celle d'Alex, pourtant, elle serpentait vers l'ouest sur une soixantaine de kilomètres avant de se perdre dans la nature au nord du mont McKinley. C'était là qu'il voulait aller. Gallien, pensant que ce projet était déraisonnable, essaya à plusieurs reprises de dissuader son compagnon de route. « Je lui ai dit qu'à cet endroit la chasse n'était pas facile, qu'il pourrait rester des jours et des jours sans trouver le moindre gibier. Comme ça ne servait à rien, j'ai essayé del ui faire peur en lui racontant des histoires d'ours. Je lui ai dit qu'une 22 LR ne ferait rien d'autre à un grizzly que le rendre fou furieux. Alex ne paraissait pas s'en soucier. « Je grimperai à un arbre », se contenta-t-il de dire. Alors je lui ai dit que dans cette partie de l'Etat, les arbres ne sont pas gros. L'ours pouvait faire tomber ces petits épicéas comme un rien. Mais il ne cédait pas d'un pouce. Il avait réponse à tout. » Gallien proposa à Alex de le conduire à Anchorage, de lui acheter ce dont il aurait besoin et de le ramener là où il voulait aller. « Non merci, répondit Alex, ça ira avec ce que j'ai. » Gallien lui demanda s'il avait un permis de chasse. « Bien sûr que non. La façon dont je me nourris ne regarde pas le gouvernement. Je me fous de leurs réglements absurdes. » Quand Gallien lui demanda si ses parents ou un ami étaient informés de ses projets – s'il y avait quelqu'un qui pourrait donner l'alerte au cas où quelque chose lui arriverait, où il ne donnerait plus signe de vie -, il répondit calmement que personne n'était au courant de ses projets et qu'en fait cela faisait bientôt deux ans qu'il n'avait plus eu de contact avec sa famille. « Je suis sûr d'une chose, affirma-t-il, je veux mener à bien par moi-même tout ce que j'entreprends. » « Rien
ne pouvait l'en faire démordre, » se
souvient Gallien. Il
était tout feu tout flamme, très impatient à
l'idée d'aller là-bas. »..."
John
Krakauer - Into the Wild
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