Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°688 (2019-39)

mardi 8 octobre 2019

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Emmanuel Chabrier - Suite pastorale

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Chardonneret élégant

Courvières (Haut-Doubs)
juillet et septembre 2019



Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 20 juillet 2019


Courvières (Haut-Doubs)
samedi 20 juillet 2019


Toilette sous l'aile

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 20 juillet 2019

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 21 juillet 2019
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Il chante sur ce piquet...
son nid ne doit pas être loin
(dans un des Erables au bord de la route !)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 21 juillet 2019

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 21 juillet 2019
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Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 12 septembre 2019
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Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 12 septembre 2019

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Clair-obscur I
Courvières (Haut-Doubs)

jeudi 12 septembre 2019

Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 12 septembre 2019

Dans les fleurs (Séneçon jacobée - Senecio jacobaea) de mon jardin...
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 septembre 2019


Perchés sur un Cirse laineux - Cirsium eriophorum en fruit
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 14 septembre 2019



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Perché sur une Cardère sauvage - Dipsacus fullonum



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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 septembre 2019

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 septembre 2019

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Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 septembre 2019

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 septembre 2019

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 14 septembre 2019

Juvénile
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 septembre 2019

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Il se nourrit de graines...
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 septembre 2019

Clair-obscur II
Courvières (Haut-Doubs)

jeudi 19 septembre 2019

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Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2019

Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2019

Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 19 septembre 2019

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 29 septembre 2019

Envol
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 29 septembre 2019

Sur fond de ciel bleu
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 29 septembre 2019


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de Chardonneret élégant
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(ou sur le [numéro])

[numéro 638]
(2018 - 38)


Bergeronnette, Fauvette, Chardonneret, Rougequeue... - Courvières, Haut-Doubs - été 2018

Texte :  Une saison à la petite boulangerie - Jenny Colgan

Musique :  Maurice Ravel - Tzigane

mardi 18
septembre
2018
[numéro 592]
(2017 - 43)


Chardonneret élégant : adultes et jeunes - août et octobre 2017 - Courvières, Haut-Doubs

Texte :  Marina Bellezza - Silvia Avallone

Musique : Judas Maccabée - GF Händel

mardi 31
octobre 2017
[numéro 576]
(2017 - 27)


Chardonneret élégant, Coquelicot, Crépide...avril, mai, juin et juillet 2017 - La Rivière-Drugeon et Courvières (Haut-Doubs)

Texte :  Dans le silence du vent - Louise Erdrich

Musique : Concerto pour flute "Il cardellino" - A Vivaldi

mardi 4
juillet 2017



Suggestion de lecture :

"José Palacios, son plus ancien serviteur, le trouva qui flottait, nu et les yeux ouverts, dans les eaux dépuratives de la baignoire, et il crut qu'il s'était noyé. Il savait que c'était une de ses nombreuses façons de méditer, mais l'extase dans laquelle il gisait, à la dérive, semblait celle de quelqu'un qui n'est plus de ce monde. Il n'osa pas s'approcher et l'appela d'une voix sourde, respectant l'ordre de le réveiller avant cinq heures afin de pouvoir partir aux premières lueurs de l'aube. Le général émergea de l'envoûtement et vit, dans la pénombre, les yeux bleus et diaphanes, la chevelure crépue couleur d'écureuil, la majesté impavide de son majordome de tous les jours qui tenait à la main la tasse d'infusion de coquelicots et de gomme arabique. Le général prit appui, sans force, sur les poignées de la baignoire et surgit des eaux médicinales avec une fougue de dauphin à laquelle on ne pouvait s'attendre de la part d'un corps aussi chétif.

« Partons, dit-il. Et vite, car ici personne ne nous aime. »

José Palacios le lui avait entendu dire à de si nombreuses reprises et en des occasions si diverses qu'une fois de plus il ne crut pas que ce fût vrai, bien que dans les écuries les chevaux fussent prêts et que la délégation officielle eût commencé à se réunir. Il l'aida à se sécher en tout hâte et lui passa un poncho montagnard sur son corps nu, car le tremblement de ses mains produisait, tasse contre soucoupe, un bruit de castagnettes. Quelques mois auparavant, en enfilant des culottes de daim qu'il n'avait plus portées depuis les nuits babyloniennes de Lima, il avait découvert qu'à mesure qu'il perdait du poids il rapetissait. Même sa nudité était différente, car il avait le corps blafard, et la tête et les mains comme boucanées par les abus de l'intempérie. Il avait eu quarante-six ans au mois de juillet précédent, mais ses boucles rêches de Caribéen étaient devenues couleur de cendre. Il avait les os en désordre à cause de sa décrépitude prématurée, et tout en lui était à ce point délabré qu'il ne semblait pas pouvoir durer jusqu'au prochain mois de juillet. Cependant, ses gestes décidés semblaient appartenir à un autre, moins abîmé par la vie, et il marchait sans arrêt autour de rien. Il but la tisane en cinq gorgées brûlantes qui manquèrent de lui faire des cloques sur la langue, fuyant ses propres traces d'eau sur les nattes élimées, et ce fut comme boire le philtre de la résurrection. Mais il ne dit pas un mot avant que n'aient sonné cinq heures au clocher de la cathédrale voisine.

« Samedi 8 mai de l'an trente, jour de la Très Sainte Vierge, médiatrice de toutes les grâces, annonça la majordome. Il pleut depuis trois heures du matin.

  • Depuis trois heures du matin du dix-septième siècle, dit le général, la voix encore perturbée par l'haleine âcre de l'insomnie. Je n'ai pas entendu les coqs.

  • Ici, il n'y a pas de coqs, dit José Palacios.

  • Il n'y a rien, dit le général. C'est une terre d'infidèles. »

Ils étaient à Santa Fe de Bogotà, à deux mille six cents mètre au-dessus du niveau de la mer lointaine, et l'énorme chambre aux murs austères exposée aux vents glacials qui s'infiltraient par les fenêtres disjointes n'était pas la plus propice à la santé de qui que ce fût. José Palacios posa sur le marbre de la table de toilette le plat à barbe rempli de mousse et l'étui de velours rouge avec les instruments de rasage, tous en métal doré. Il posa le bougeoir avec la chandelle sur une console près du miroir, afin que le général eût assez de lumière, et il approcha le brasero pour qu'il y chauffât ses pieds. Puis il lui tendis les lunettes aux verres carrés et à la monture en argent fin qu'il portait toujours pour lui dans la poche de son gilet. Le général s'en chaussa et se rasa en maniant la lame avec une habilité égale de la main droite et de la main gauche car il était ambidextre de naissance, et avec une maîtrise étonnante de ce même tremblement qui, quelques minutes auparavant, l'avait empêché de tenir la tasse. Il acheva de se raser à l'aveuglette, sans cesser de tourner en rond dans la chambre, car il évitait le plus possible de se regarder dans le miroir afin de ne pas croiser son propre regard. Puis il s'arracha les poils du nez et des oreilles, frotta ses dents parfaites avec une poudre de charbon étalée sur une brosse en soie au manche en argent, se coupa et se polit les ongles des mains et des pieds, et enfin ôta son poncho et se versa dessus un grand flacon d'eau de Cologne, en frictionnant tout son corps des deux mains jusqu'à épuisement. Ce matin-là, il célébrait la messe quotidienne de la propreté avec une ardeur plus frénétique que de coutume, essayant de purifier son corps et son âme de vingt ans de guerres inutiles et de désillusions du pouvoir.

La dernière visite qu'il avait reçue la veille avait été celle de Manuela Saenz, la Quitègne aguerrie qui l'aimait mais ne devait pas le suivre jusqu'à la mort. Elle resterait, comme toujours, avec pour mission de tenir le général bien informé de tout ce qui se produirait en son absence, car il n'avait depuis longtemps confiance en personne d'autre qu'elle. Il lui laissait en garde quelques reliques sans autre valeur que de lui avoir appartenu, ainsi que quelques-uns de ses livres les plus chers et deux coffres contenant ses archives personnelles. La veille, pendant le bref adieu formel, il lui avait dit : « Je t'aime beaucoup, mais je t'aimerai plus encore si dorénavant tu as plus de jugement que jamais ». Elle l'avait compris comme un hommage de plus parmi tous ceux qu'il lui avait rendus en huit ans d'amours ardentes. De tous ses proches, elle était la seule qui le croyait : cette fois il partait pour de bon. Mais elle était aussi la seule qui avait au moins une solide raison d'espérer qu'il reviendrait.

Ils ne pensaient pas se revoir avant le départ. Toutefois, la maîtresse de maison voulut leur offrir en cadeau un ultime adieu furtif, et elle fit entrer Manuela en tenue de cavalière par la porte des écuries, raillant ainsi les préjugés de la dévote communauté locale. Non qu'ils fussent des amants clandestins, car ils s'aimaient au grand jour et au grand scandale de tous, mais afin de préserver coûte que coûte la bonne réputation de sa maison.

Le général fut plus timoré encore car il donna l'ordre à José Palacios de laisser ouverte la porte de la salle contiguë, lieu de passage obligatoire des domestiques, où les aides de camp qui montaient la garde continuèrent à jouer aux cartes bien après la fin de la visite.

Manuela lui fit la lecture pendant deux heures. Elle avait été jeune encore peu de temps auparavant, jusqu'au moment où sa chair avait commencé à l'emporter sur son âge. Elle fumait une pipe de marin, se parfumait à l'eau de verveine, une lotion pour militaires, s'habillait en homme et déambulait entre la soldatesque, mais sa voix aphone était encore propice aux pénombres de l'amour. Elle lisait à la pâle lumière de la chandelle, assise dans un fauteuil portant encore les armes du dernier vice-roi, et il l'écoutait de son lit, allongé sur le dos, revêtu de la tenue civile qu'il passait pour rester chez lui, avec pour couverture le poncho en alpaga. Seul le rythme de sa respiration indiquait qu'il ne dormait pas. Le livre, oeuvre du Péruvien Noé Calzadillas, s'intitulait Leçon des nouvelles et rumeurs qui coururent dans Lima en l'an de grâce 1826, et elle lisait avec une emphase théâtrale qui convenait à merveille au style de l'auteur.

Pendant l'heure suivante, on n'entendit que sa voix dans la maison endormie. Mais après la dernière ronde, le rire unanime d'un grand nombre d'hommes éclata soudain, mettant en émoi les chiens de tout le pâté de maisons. Il ouvrit les yeux, moins inquiet qu'intrigué, et elle ferma le livre sur ses genoux, en marquant la page avec son pouce.

« Ce sont vos amis, lui dit-elle.

  • Je n'ai pas d'amis, répondit-il. Et s'il m'en reste encore quelques-uns, c'est pour peu de temps.

  • Pourtant ils sont dehors et montent la garde pour qu'on ne vous tue pas », dit-elle..."

Gabriel Garcia Marquez - Le Général dans son labyrinthe



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