Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°682 (2019-33)

mardi 27 août 2019

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
explications sur le nom de cette lettre : [ici] ou [ici]
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JS Bach - Cantate BWV 212
Cantate des "Paysans"

Pour regarder et écouter,
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J'ai déjà mis un extrait
de cette cantate (la folia) que vous
pouvez écouter

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ou en visionnant le [TN] n° 556
(sur les Pyrénées...)

en cliquant
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Dans les nuages...

Estive de Labassère (Hautes-Pyrénées)
du vendredi 9 au mardi 13 août 2019



Dans la sapinière
Montée à partir du col de Gouret

Labassère (Hautes-Pyrénées)
vendredi 9 août 2019

Lumière dans le sous-bois
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019


Pyrène,
jeune pouliche
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

Portage par bât du matériel pour la semaine
(des céréales pour les animaux...)
Les fromages fabriqués là-haut seront
descendus de la même manière pour
être affinés dans la vallée (en cave).
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

L'estive
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

Arrivée à la cabane
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

La yourte sert de chambre supplémentaire
(pour le berger rémunéré pendant la saison)
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

Arrivée du brouillard
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

Ida, jument "Merens" allaite Pyréne,
Gamin, le mulet se repose.
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

Nesquik, le bouc
(race pyrénéenne)
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019

Fanette...,
Patou, berger des Pyrénées

... et Roland
Labassère (Hautes-Pyrénées)

vendredi 9 août 2019



Labassère (Hautes-Pyrénées)
samedi 10 août 2019


Troupeau dans le brouillard,
au moment de la traite du matin



Les troupeaux sont mélangés :
brebis basco-béarnaises, manech à tête noire
et chèvres des Pyrénées

Labassère (Hautes-Pyrénées)

samedi 10 août 2019



  Un semblant d'éclaircie (?)
Labassère (Hautes-Pyrénées)

samedi 10 août 2019

Le village de Germs sur l'Oussouet
Labassère (Hautes-Pyrénées)

samedi 10 août 2019

Les vaches : race "Abondance"
Labassère (Hautes-Pyrénées)

samedi 10 août 2019

Samuel, mon frère, part rassembler les troupeaux pour la nuit
(les animaux passent la nuit à proximité de la cabane,
pour la traite du matin...)
Labassère (Hautes-Pyrénées)

samedi 10 août 2019

"Lieu et temps à la fois se trouvaient changés, et je demeurais plus près de ces parties de l’univers et de ces ères de l’histoire qui m’avaient le plus attiré. Où je vivais était aussi loin que mainte région observée de nuit par les astronomes. Nous avons coutume d’imaginer des lieux rares et délectables en quelque coin reculé et plus céleste du système, derrière la Chaise de Cassiopée, loin du bruit et de l’agitation. Je découvris que ma maison avait bel et bien son emplacement en telle partie retirée, mais à jamais neuve et non profanée, de l’univers. S’il valait la peine de s’établir en ces régions voisines des Pléiades ou des Hyades, d’Aldébaran ou d’Altaïr, alors c’était bien là que j’étais, ou à une égale distance de la vie que j’avais laissée derrière, rapetissé et clignant de l’œil avec autant d’éclat à mon plus proche voisin, et visible pour lui par les seules nuits sans lune. Telle était cette partie de la création où je m’étais établi :

There was a sheperd that did live,- And held his thoughts as high

As were the mounts whereon his flocksDid hourly feed him by.

Que penserions-nous de la vie du berger si ses troupeaux s’éloignaient toujours vers des pâturages plus élevés que ses pensées ?..."
Walden - Henri David Thoreau

Rhododendrons
Labassère (Hautes-Pyrénées)

dimanche 11 août 2019

Cochons, de race "bagnèrais" :
ils s'engraissent avec le "petit-lait" issu de la fromagerie
Labassère (Hautes-Pyrénées)

dimanche 11 août 2019

en soirée...
Labassère (Hautes-Pyrénées)

dimanche 11 août 2019

Labassère (Hautes-Pyrénées)
lundi 12 août 2019

Les boucs se défient.
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

dans la fromagerie
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Il faut brasser et chauffer le caillé
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

A travers la fenêtre de la fromagerie...
toujours le brouillard
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Pyrène et Gamin sous la pluie
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Ida
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Brebis basco-béarnaises
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Dans les nuages
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Les chèvres pyrénéennes
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Retour à la cabane
Labassère (Hautes-Pyrénées)

lundi 12 août 2019

Chèvre et son chevreau
Labassère (Hautes-Pyrénées)

mardi 13 août 2019

Portrait
Labassère (Hautes-Pyrénées)

mardi 13 août 2019

Le troupeau
Labassère (Hautes-Pyrénées)

mardi 13 août 2019

Salle de traite des vaches :
un groupe électrogène permet de
faire fonctionner la machine à traire

Labassère (Hautes-Pyrénées)
mardi 13 août 2019

Au repos
Labassère (Hautes-Pyrénées)
mardi 13 août 2019

La cabane,
et son "gardien"
(un petit oiseau devant la porte, sur une pierre :
j'en reparlerai prochainement...)

Labassère (Hautes-Pyrénées)
mardi 13 août 2019

Descente dans la sapinière : Usnée barbue (lichen)
Labassère (Hautes-Pyrénées)

mardi 13 août 2019

Alchemille après la pluie
Labassère (Hautes-Pyrénées)
mardi 13 août 2019

fin du séjour dans les nuages...
Labassère (Hautes-Pyrénées)

mardi 13 août 2019




Suggestion de lecture :

"C'est à l'aurore que les teintes sont les plus proches des floralies sous-marines. On y voit nager dans les eaux pures du ciel des formes, des feux analogues. Depuis les plaines, ces fastes paraissent irréels, inaccessibles ; en montagne on s'y trouve tout à coup mêlé. Les nuages deviennent des brouillards, élément perpétuellement mouvants du décor alpestre que l'ignorance tient pour immobile et figé. Seuls ceux qui ont parcouru ces déserts à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, savent à quel degré de beauté fantastique peuvent atteindre les apparences quand la neige, les rocs, le ciel, le vide et les brumes s'unissent pour combiner leurs effets.

Tandis que les vallées se trouvent enfouies dans l'ombre, le soleil levant atteignant les plus hautes cimes les colore d'abord d'un rose phosphorescent, « nacarat », ineffable, qui les fait émerger avec lenteur des grands fonds nocturnes. Si des vapeurs aspirées par les courants se mêlent à la fête, comme il arrive souvent, on imagine sans peine les variations infinies qui naissent d'une telle rencontre. Les lointains, le ciel, les parois s'effacent ou resurgissent, tantôt obscures, tantôt illuminés par le flot des radiations solaires, avec tous les contrastes créés par ces oppositions, et aussi les nuances suscitées par les modulations incessantes de la lumière traversant les réseaux plus ou moins translucides des nuages, ou répercutés par des reflets non moins fluctuants. Ceci ressemble aux festivals de Turner. On découvre dans les bleus, les gris, les ors, les ocres, des valeurs subtiles, évanescentes, correspondant à des huitièmes de ton, et souvent, hélas, hors de portée d'un oeil distrait, ou bien détérioré par les chocs et discordances produits par la civilisation moderne. Comme sous la mer toujours, ces visions doivent atteindre quelque chose d'essentiel puisqu'elles demeurent vivaces et qu'en certaines circonstances ce sont elles, et non d'autres, qui se présentent à l'esprit pour le conforter ou l'enseigner.

Plus d'une fois, sortant d'un couloir profond comme une cave, encombré de gel et de nuit, plongé dans un brouillard compact, je l'ai vu s'animer de girations mystérieuses. Il semblait qu'un levain travaillât la pâte, et pourtant l'air demeurait immobile.

De vagues lambeaux de muraille marbraient la pénombre, mais chaque minute apportait davantage de relief et de clarté. Puis cet univers de grisaille virait imperceptiblement au bleu, et à moins d'indifférence ou d'aveuglement on sentait bien qu'une grâce nouvelle s'étendait sur le monde, car les grandes mises en scène naturelles se régénèrent d'elles-mêmes comme le phénix, et rien n'est plus neuf, pur et vierge, que le sable d'une plage lavé par la marée, une cime après la neige, une aube dans les déserts, une feuille déployée par la nuit.

Le bleuissement général du décor s'accompagnait d'une brillance singulière et, bien que tout fût encore dans l'ombre, on songeait à l'éclat diffusé par un diamant de belle eau. S'agissait-il d'une illusion née du contraste avec les ténèbres précédentes ? N'importe. Mais c'est au point culminant de cette apparence que les choses faisaient encore un pas en avant puisqu'à une distance inévaluable s'élargissait une lacune luminescente, une aura. D'abord sorte de palpitation, simple suggestion de rose, l'éclosion d'une teinte oubliée. Puis la brume fondait avec le givre, s'effilochait, et l'on apercevait très haut, dans un halo d'azur, une silhouette qui rappelait les châteaux de la Table Ronde, en fait une tour rocheuse cernée par les projecteurs de l'aurore, et qui se révélerait peut-être un détail insignifiant du paysage. Mais de cet angle, à cette heure, dans cette gloire, c'était l'image d'une nudité fragile et rayonnante, un épanouissement tellurique, la Terre émergeant du chaos, suscitée par le dieu de Michel-Ange.


Sans les brumes et la neige, les montagnes ne seraient qu'un formidable amas de matière inerte, et seule une architecture particulière pourrait les sauver de la confusion. La neige les couronne de lumière et leur confère la souplesse de ses lignes. Les brumes, ce qui manque à des formes trop achevées, trop imposantes : les magies de l'incertitude. En effaçant telle partie du décor et souvent même les bases des contreforts et des parois, elles introduisent un vide, une absence, donc un mystère qui sollicite l'imagination et transcende les formes. Dans ces perspectives, les cimes acquièrent une sorte de transparence et deviennent autant de signes. Une nouvelle dimension de l'espace se trouve suggérée, où soufflent les quatre vents de l'esprit.

Cet alphabet fut déchiffré par certaines civilisations, et il leur était devenu familier. Durant mille années environ, de Wou Tao-tseu (VIIIè s.) à Okyo (+ 1795), les artistes chinois et japonais du lavis ont tiré de la contemplation des montagnes, des eaux, des brumes, des neiges, des oeuvres de pure suggestion où s'exprime avec une subtilité et une intensité extraordinaires la quintessence des rapports qui peuvent s'établir entre la Nature et l'homme. Elle est pour eux le réceptacle de sérénité et de sagesse où tout énigme trouve réponse, et tout angoisse apaisement.

Dans ces oeuvres réalisées avec la plus grande économie de moyens, le monde formel n'est qu'une frontière fluente et franchissable. Il voile à peine et découvre par instants une hyper-réalité plus profonde, éternelle, immuable, car elle contient l'Ame du monde, le Tao. L'esthétique, une vision philosophique ou même mystique du cosmos, se trouvent donc intimement mêlées. Et l'art n'est justifié que dans la mesure où il détermine un accomplissement intérieur, n'existant qu'en fonction d'une effusion préalable, d'une communion sentimentale intense, par le truchement de l'oeil, avec la nature envisagée comme un spectacle sacré, révélateur. Ces artistes ressemblent tous à Fan K'ouan, peintre de l'époque Sung, dont il est dit « qu'il se retira dans une belle contrée boisée de la montagne Choung-nan dans le Shensi. Là il observa les formes changeantes des nuages et du brouillard, les efflets difficilement saisissables du vent et de la lune, de la lumière et de l'ombre, jusqu'à ce que son âme fût remplie d'enthousiasme ; alors son pinceau produisit mille écueils et d'innombrables précipices. Parfois il restait assis toute la journée sur un rocher, plongé dans la contemplation et la jouissance de la beauté du paysage. »

A cette époque lointaine, un faisceau d'échanges fulgurants s'était donc établi entre « les choses » et certains personnages exceptionnellement évolués, dont les oeuvres échappées au naufrage des siècles portent toujours témoignage. En Occident et au vingtième, l'opinion courante se trouve aussi éloignée de telles attitudes que la terre d'une étoile à dix années-lumière. Pourtant rien n'a changé. Les apparences existent, celles mêmes qui ont séduit et « transporté d'enthousiasme », comme il est dit, d'autres hommes. Notre domaine visuel regorge d'effets analogues ; les eaux, la neige, les brumes déploient en mer, en plaine, en forêt, en montagne des fantasmagories non moins belles, mystérieuses, troublante, mais elles cessent sinon d'être perçues, du moins de transmettre un message. La pièce se déroule, toujours aussi fascinante puisqu'elle continue à fasciner quelques rares individus, mais la majorité des spectateurs regarde ailleurs. Rien n'a changé, sauf les hommes. Un tel détournement donne à réféchir. Il administre avec évidence la preuve que la vision est d'abord un phénomène intérieur. N'est réellement enregistré que ce qui se trouve conforme à un modèle préalable forgé par le milieu, les croyances, l'éducation. Seule l'enfance échappe de façon provisoire à ce rétrécissement des perspectives, étant encore ouverte au monde, largement irriguée. Aussi cet âge, s'il est vécu dans l'enthousiasme, abonde-t-il en génies de toute nature. La situation présentant apparemment des inconvénients pour la survie des nations civilisées, elles se sont défendues, entre autres, par l'admirable institution des écoles.

Il faut revenir à l'idée que désormais beaucoup d'occasions de joie sont désormais gâchées par inadvertance ou conditionnement. On ne saurait douter que les artistes et poètes extrême-orientaux aient découvert une manière d'être, harmonieuse au sens le plus exact du terme, en accord avec les super-lois régissant un univers dont les hommes faut aussi partie, trouvé du coup les clés d'un certain bonheur, et qu'effectivement, ils furent heureux.

Ils ont laissé peu de détails sur le mécanisme d'une telle métamorphose, sans doute se montrèrent-ils soucieux d'en préserver les réapparitions car les itinéraires menant aux trésors qui en valent la peine doivent être chaque fois redécouverts avec effort. Mais leurs oeuvres parlent pour eux. Elles enclosent des lacs de silence, elles règnent au coeur du temps, dans un espace où l'esprit, parvenu à l'âge adulte, ayant abandonné tout désir de conquête, a contracté des alliances fondamentales. A ce point d'évolution s'engage un grand jeu d'échos, d'accords, de résonnances, qui ne cessent de croître et multiplier jusqu'à la plus ample symphonie. Alors, depuis longtemps, l'individu a cessé de s'opposer à l'univers, pour la raison que l'univers l'entraîne désormais dans son orbe, qu'il est pierres, fleurs, arbres, eaux, nuages, tout ce qui vit, et simultanément le tout et la partie ; et de cette expansion créatrice, de ce formidable accomplissement de lui-même naît la Joie, qu'il faut écrire ici de nouveau avec une majuscule car c'est la seule authentique et perenne. Telles sont les confidences murmurées par le vent de nombreuses « tempêtes d'automne » fixées il y a beaucoup de siècles sur la soie, le papier fragiles, par des mains retournées à la poussière, en des peintures qui se situent à l'extrême frontière des incarnations..."


Samivel - L'Oeil émerveillé ou la Nature comme spectacle



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