Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°679 (2019-30)
mardi 23 juillet 2019
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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lettre : [ici]
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Courvières (Haut-Doubs) samedi 6 avril 2019 à 6 h 23 samedi 6 avril 2019 à 6 h 24 lundi 8 avril 2019 à 19 h 13 mercredi 17 avril 2019 à 6 h 03
vendredi
19 avril 2019 à 6 h 35
samedi 20 avril 2019 à 5 h 45 dimanche
21 avril 2019 à 5 h 50
dimanche 21
avril 2019 à 17 h 58
mardi 23
avril 2019 à 18 h 40 mercredi 24
avril 2019 à 5 h 45
mercredi 24
avril 2019 à 6 h 01
mercredi 24
avril 2019 à 17 h 36
jeudi 25
avril 2019 à 5 h 57
vendredi 26
avril 2019 à 6 h 11
vendredi 26
avril 2019 à 19 h 33
dimanche 28
avril 2019 à 8 h 36
mardi 30
avril 2019 à 18 h 47
jeudi 2 mai
2019 à 5 h 35
samedi 4
mai 2019 à 18 h 51
dimanche 5 mai 2019 à 6 h 55
dimanche 5 mai 2019 à 19 h 20 lundi 6 mai
2019 à 6 h 50
"C'est vrai : jamais la saison n'a été plus belle. Ma fenêtre d'ouest est pleine à ras bord des dorures étincelantes du feuillage du marronnier à travers lequel transparaît le bleu du ciel, plus bleu que l'eau sur les grands fonds..." Jean GIONO - Noé
lundi 6 mai
2019 à 17 h 51
lundi 6 mai 2019 à 19 h 05 mardi 7 mai 2019 à 5 h 32 mercredi 8 mai 2019 à 6 h 45 jeudi 9 mai 2019 à 5 h 47 vendredi 10 mai 2019 à 19 h 54 lundi 13 mai 2019 à 5 h 39 vendredi 17 mai 2019 à 5 h 20 "Mais, quand je me permets de rester un bon moment, le regard fixé sur ces épais bois gris qui coulent le long de la Durance, sud-est sud-ouest devant ma fenêtre, je vois, dans ces vapeurs de branches dépouillées de feuilles, s'étaler des moires où le pourpre le plus vif s'enroule à des verts d'huile. Un vent léger descend là-bas des montagnes vers la mer..." Jean
GIONO - Noé Les lumières du soir ressemblent à celles du matin ! dimanche 9 juin 2019 à 5 h 05 jeudi 13 juin 2019 à 5 h 32 vendredi 14 juin 2019 à 5 h 00 samedi 15 juin 2019 à 5 h 09 lundi 17 juin 2019 à 5 h 31 mardi 18 juin 2019 à 4 h 57 vendredi 21 juin 2019 à 5 h 00 vendredi 21 juin 2019 à 5 h 28 dimanche 23 juin 2019 à 20 h 15 lundi 24 juin 2019 à 4 h 49 mardi 25 juin 2019 à 17 h 04 mercredi 26 juin 2019 à 5 h 35 vendredi 28 juin 2019 à 5 h 25 lundi 1er juillet 2019 à 5 h 04 lundi 1er juillet 2019 à 5 h 40 mercredi 3 juillet 2019 à 5 h 03 jeudi 4 juillet 2019 à 5 h 39 lundi 8 juillet 2019 à 5 h 24 mardi 9 juillet 2019 à 5 h 55 vendredi 12 juillet 2019 à 5 h 50 mardi 16 juillet 2019 à 5 h 06 vendredi 19 juillet 2019 à 5 h 30
j'espère que cette (trop ?) longue série vous a plu ! je vais continuer sur les lumières d'automne et d'hiver... "Termine vite et va donc te promener un peu dans l'automne..." (Jean GIONO - Noé) A votre avis : est-ce que je dois me concentrer sur une seule image... (...ou encore les deux ?) Merci de votre patience ! |
"Je prononce d'abord la formule d'exorcisme moderne : Les héros de ce roman appartiennent à la fiction romanesque, et toute ressemblance avec des contemporains vivants ou morts est entièrement fortuite; également toute similitude de noms propres. Rien
n'est vrai. Même pas moi ; ni les miens; ni mes
amis. Tout est
faux. Je
venais de finir d'écrire Un roi sans
divertissement.
La tête de Langlois venait à peine d'éclater sur
mon papier que je me suis dit (et très violemment) :
«
Tu as mené ce personnage jusqu'au bout de son
destin. Il est
mort, maintenant. Il est là, étendu par terre dans
son
sang et sa cervelle répandus. Là-bas, Delphine et
Saucisse viennent d'ouvrir la porte du bongalove;
elles appellent
Langlois comme si elles espéraient qu'il va encore
pouvoir
leur répondre. Et, est-ce qu'il ne leur répond pas,
tel
qu'il est là ? Est-ce que ce n'est pas une réponse
suffisante ? Si tu fais tant que d'attendre que
Delphine arrive au
bord du carnage avec ses petits souliers fins ; si
tu fais tant que
d'essayer de la décrire, retroussant ses jupes
au-dessus du
sang et de la cervelle de Langlois comme au bord
d'une flaque de
boue, tu vas voir que Delphine va vivre. Alors, tu
n'as pas fini. Tu
sais bien qu'elle est toute neuve. Est-ce qu'elle
était
préparé à cet éclat ? Non. Tu l'as dit
toi-même : elle avait rangé soigneusement les boîtes
à cigares de chaque côté de la glace de la
cheminée. Et n'oublie pas que tu as parlé de ce
tablier
blanc (impeccable, à bavette brodée) qu'elle faisait
porter à sa petite bonne dans la maison de Grenoble.
Tout ça,
ce sont des signes. Amène-là seulement jusqu'ici;
attends qu'elle ait traversé le labyrinthe de buis
(où
tu entends déjà qu'elle court en frappant les dalles
de
ses talons de bottines comme une biche frappe les
rochers de ses
sabots) et tu verras qu'elle va vivre. Termine moi
ça rondo pour
le moment. Tu ne peux pas te payer le luxe d'une
Delphine. Tu n'as
pas parlé de ses beau yeux d'amande verte, de ses
épais
cheveux noirs, de sa peau pâle, bleutée comme un
lait
reposé, de tout ce que Saucisse n'a pas vu, ou n'a
pas voulu
voir, ou n'a pas voulu dire, et qui est dans son
buste, dans ses
hanches de chat, dans sa foulée (ce pas, trop long,
et qui
l'emporte toujours au-delà, semble-t-il
; s'il
n'est qu'un pas de femme). Mais tu sais bien que
tout cela existe ;
et tu sais bien aussi tout ce qui existe à
l'intérieur
du buste, à l'intérieur des hanches, cette forêt
de Brocéliande (là où Saucisse n'a vu qu'une
plantation des Eaux et forêts). Quand elle
va se trouver
en présence de Langlois, étendu par terre, mais qui,
à
la place de sa tête volée en éclats, pousse hors
de ses épaules les épais feuillages rouges de la
forêt
qu'il contenait (qu'il n'a pas pu plus longtemps
contenir) tu peux me
croire : elle va ébranler le sol de la
vieille Bretagne
en tordant ses terribles racines. Termine vite
et va donc te
promener un peu dans l'automne. Certes,
Delphine est un personnage neuf ; elle est arrivée
quand
Langlois allait mourir; je n'ai pas pu profiter
d'elle ; je suis
tenté de l'attendre. Mais, quand je me permets de
rester un
bon moment, le regard fixé sur ces épais bois gris
qui
coulent le long de la Durance, sud-est sud-ouest
devant ma fenêtre,
je vois, dans ces vapeurs de branches dépouillées de
feuilles, s'étaler des moires où le pourpre le plus
vif
s'enroule à des verts d'huile. Un vent léger descend
là-bas des montagnes vers la mer. Il est
vraisemblablement
temps que je ne subisse plus l'emprise de
personnages jaillis de
l'ombre.
Jean
GIONO - Noé
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