Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°672 (2019-23)
mardi 4 juin 2019
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Exposition
à Courvières
dimanche 9 juin 2019 Les posters que je vais présenter :
sur le thème de la "loge n°5"... 2016 2017
2018
2019
... et aussi quelques "églogues" photographiques (antérieurs à 2015) c'est une exposition que j'ai déjà présentée : Pour voir les autres images, cliquez [ici] c'est dans le cadre du "Rallye des liaisons vertes 2019", organisées par la Communauté de Communes (et des associations telles que l'ASL Courvières...) Pour avoir plus d'informations, cliquez [ici] Venez nombreux ! le 9 juin prochain au "Rallye des liaisons vertes"... |
La lune se
couche...
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 24 mars 2019 Buse variable Courvières (Haut-Doubs) dimanche 24 mars 2019 Geai Courvières (Haut-Doubs) dimanche 24 mars 2019
Geai Courvières (Haut-Doubs) dimanche 24 mars 2019 La loge
(n° 5) et l'Aubépine
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 24 mars 2019 (autour d'un "os"...) Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019
Rougegorge familier Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019 Mésange
charbonnière
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019 Bergeronnette
grise
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019 Toilette sous
l'aile
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019 <image recadrée>
<image recadrée>
<image recadrée>
Bergeronnette
grise s'ébrouant
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019 <image recadrée>
<image recadrée>
Corneille
noire
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019
<image recadrée> Portrait
<image recadrée>
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 31 mars 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
dimanche 14 avril 2019 Renard
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 14 avril 2019 Baîllement
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 14 avril 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
dimanche 14 avril 2019 Lamier rouge
(ou pourpre)
Courvières (Haut-Doubs) samedi 20 avril 2019 Anémone
sylvie
Courvières (Haut-Doubs) samedi 20 avril 2019 Primevère
sp.
Anémone sylvieCourvières (Haut-Doubs) samedi 20 avril 2019 Courvières (Haut-Doubs) samedi 20 avril 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
samedi 20 avril 2019 Courvières
(Haut-Doubs)
dimanche 21 avril 2019 Machaon
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 21 avril 2019 |
"
15 septembre 1835 – L'archipel des Galapagos se compose de dix îles principales, dont cinq considérablement plus grandes que les autres. Cet archipel est situé sous l’équateur, à 5 ou 600 milles à l’ouest de la côte de l’Amérique. Toutes les îles se composent de roches volcaniques ; quelques fragments de granite singulièrement vitrifiés et modifiés par la chaleur constituent à peine une exception. Quelques cratères dominant les plus grandes îles ont une étendue considérable, et s’élèvent à une altitude de 3ou 4 000 pieds. Sur leurs flancs on voit une quantité innombrable d’orifices plus petits. Je n’hésite pas à affirmer qu’il y a deux mille cratères au moins dans l’archipel entier. Ces cratères sont composés soit de laves ou de scories, soit de tufs admirablement stratifiés et ressemblant à du grès. La plupart de ces derniers ont des formes parfaitement symétriques ; ils doivent leur origine à des éruptions de boue volcanique sans éruption de lave. Circonstance remarquable, les vingt-huit cratères, composés comme je viens de le dire et qu’on a pu examiner, ont leur flanc méridional beaucoup moins élevé que les autres côtés ; quelquefois même, ce côté méridional est brisé et enlevé. Comme il paraît à peu près certain que tous ces cratères se sont formés au milieu de la mer, on peut facilement expliquer cette particularité dans les cratères composés d’une matière aussi peu résistante que le tuf, par cette raison que les vents alizés et la vague provenant du Pacifique, unissent leurs forces pour battre en brèche le côté méridional de toutes les îles. Le climat n’est pas extrêmement chaud, si l’on se rappelle que ces îles sont situées exactement sous l’équateur. Cela provient sans aucun doute de la température singulièrement peu élevée de l’eau qui les environne et qu’amène dans leur voisinage le grand courant polaire du Sud. Il pleut rarement, sauf pendant une saison fort courte, et même pendant cette saison les pluies sont irrégulières ; mais les nuages sont toujours fort bas. Aussi les parties inférieures des îles sont-elles fort stériles, tandis que les parties supérieures, à une hauteur de 1000 pieds et au-dessus, possèdent un climat humide et une végétation assez abondante. Il en est surtout ainsi pour les parties des îles qui se trouvent sous le vent, parce qu’elles sont les premières à recevoir et à condenser les vapeurs de l’atmosphère.
Le 17 au matin,
nous débarquons à l’île Chatham. Comme toutes les
autres, elle est arrondie, et n’offre d’ailleurs
rien de remarquable ; çà et là on aperçoit
quelques collines, restes d’anciens cratères. En
un mot, rien de moins attrayant que l’aspect de
cette île. Une coulée de lave basaltique noire, à
la surface extrêmement rugueuse, traversée çà et
là par d’immenses fissures, est partout recouverte
d’arbrisseaux rabougris, brûlés par le soleil et
qui semblent à peine pouvoir vivre. La surface,
écailleuse à force d’être sèche, surchauffée par
les rayons d’un soleil ardent,rend l’air lourd,
étouffant, comme celui qu’on pourrait respirer
dans un four. Nous nous imaginons même que les
arbres sentent mauvais. J’essaye de recueillir
autant de plantes que possible, mais je ne puis
m’en procurer qu’un petit nombre ; toutes ces
plantes sont d’ailleurs des herbes si petites,
elles paraissent si maladives, qu’elles semblent
bien plutôt appartenir à une flore arctique qu’à
une flore équatoriale. Vus d’une certaine
distance, les arbrisseaux me semblaient dépourvus
de feuilles, tout comme le sont nos arbres pendant
l’hiver ; il se passe quelque temps avant que je
puisse découvrir que non-seulement tous ces
arbrisseaux portent autant de feuilles qu’ils
peuvent en porter, mais encore que la plupart
d’entre eux sont en fleurs. L’arbrisseau le plus
commun appartient à la famille des euphorbiacées.
Deux arbres seulement donnent un peu d’ombre : ce
sont un acacia, et un grand cactus qui affecte la
forme la plus bizarre. On dit qu’après la saison
des pluies les îles verdissent en partie pendant
quelque temps. L’île volcanique de Fernando
Noronha, située sous bien des rapports dans des
conditions àpeu près analogues, est le seul autre
pays où j’aie vu une végétation qui puisse se
comparer à celle des îles Galapagos. Le Beagle
fait le tour de l’île Chatham et jette l’ancre
dans plusieurs baies. Je passe une nuit à terre,
dans une partie de l’île où il y a un nombre
extraordinaire de petits cônes noirs tronqués peu
élevés ; j’en compte soixante, tous surmontés par
des cratères plus ou moins parfaits. Presque tous
consistent simplement en un anneau de scories
rouges, cimentées ensemble ; ces cônes ne
s’élèvent guère qu’à une hauteur de 50 à 100 pieds
au-dessus de la plaine de lave ; aucun d’eux ne
donne de signes d’activité récente. La surface
entière de cette partie de l’île semble avoir été
trouée comme une écumoire par les vapeurs
souterraines; çà et là la lave, malléable encore,
s’est boursouflée en bulles immenses ; autre part,
le sommet des cavernes ainsi formées s’est écroulé
et on voit au milieu un puits circulaire avec des
côtés perpendiculaires. La forme régulière de ces
nombreux cratères donne au pays un aspect tout
artificiel qui me rappelle vivement celui des
parties du Staffordshire où il y a beaucoup de
hauts fourneaux. Il faisait horriblement chaud.
J’éprouvais une fatigue incroyable à me traîner
sur cette surface rugueuse ; mais l’aspect étrange
de cette scène cyclopéenne compensait, et au
delà,mes fatigues. Pendant ma promenade je
rencontrai deux immenses tortues, chacune d’elles
devait peser au moins 200 livres ; l’une mangeait
un morceau de cactus ; quand je m’approchai
d’elle, elle me regarda avec attention, puis
s’éloigna lentement ; l’autre poussa un coup de
sifflet formidable et retira sa tête sous sa
carapace. Ces immenses reptiles, entourés par des
laves noires, par des arbrisseauxsans feuilles et
par d’immenses cactus, me semblaient de véritables
animaux antédiluviens. Les quelques oiseaux aux
couleurs sombres que je rencontrai çà et là
n’avaient pas plus l’air de s’occuper de moi que
des grandes tortues. 23 septembre.
— Le Beagle se rend à l’île Charles.
Depuis longtemps cet archipel est fréquenté ; il
l’a été d’abord par les boucaniers et plus
récemment par les baleiniers ; mais il n’y a guère
que six ans qu’il s’y est établi une petite
colonie. Il y a deux ou trois cents habitants ; ce
sont presque tous des hommes de couleur bannis
pour crimes politiques de la république de
l’Équateur, dont Quito est la capitale. La colonie
est située à environ 4 milles et demi dans
l’intérieur des terres, et à une altitude d’un
millier de pieds. La première partie de la route
qui y conduit traverse des buissons d’arbrisseaux
sans feuilles, semblables à ceux que nous avions
vus à l’île Chatham. Un peu plus haut, les bois
deviennent plus verts, et, dès qu’on a traversé le
sommet de l’île, on se trouve rafraîchi par une
belle brise du sud, et les yeux se reposent sur
une belle végétation verte. Les herbes grossières
et les fougères abondent dans cette région
supérieure ; il n’y a cependant pas de fougères
arborescentes ; on n’y trouve non plus aucun
membre de la famille des palmiers, ce qui est
d’autant plus singulier que, 360 milles plus au
nord, l’île des Cocos tire son nom du grand nombre
de cocotiers qui la recouvrent. Les maisons sont
bâties irrégulièrement sur un terrain plat, où
l’on cultive la patate et les bananes. Il est
difficile de s’imaginer avec quel plaisir nous
revoyons de la boue noire, nous qui, depuis si
longtemps, n’avons vu que le sol brûlé du Pérou et
du Chili septentrional. Bien que les habitants se
plaignent incessamment de leur pauvreté, ils se
procurent sans grande peine tous les aliments qui
leur sont nécessaires. On trouve,dans les bois,
des quantités innombrables de cochons et de
chèvres sauvages ; mais les tortues leur
fournissent leur principal aliment. Le nombre de
ces animaux a, bien entendu, considérablement
diminué dans cette île ; cependant on compte que
deux jours de chasse doivent procurer des aliments
pour le reste de la semaine. On dit qu’autrefois
de simples bâtiments ont emporté d’un coup jusqu’à
sept cents tortues, et que l’équipage d’une
frégate en apporta en un seul jour deux cents à la
côte. 29 septembre.
— Nous doublons l’extrémité sud-ouest de l’île
Albemarle ; le lendemain le calme nous prend entre
cette île et l’île Narborough. Ces deux îles sont
recouvertes d’une quantité formidable de lave
noire qui a déboulé au-dessus des immenses
cratères, comme la poix déborde au-dessus du vase
dans lequel on la fait bouillir, ou qui s’est
échappée des petits orifices placés sur les flancs
des cratères. Dans leur descente, ces laves ont
recouvert une grande partie de lacôte. On sait que
des éruptions ont eu lieu dans ces deux îles ;
nous avons vu dans l’île Albemarle un petit jet de
fumée s’échapper du sommet de l’un des grands
cratères. Le soir nous jetons l’ancre dans la baie
de Bank sur les côtes de l’île Albemarle. Le
lendemain matin je me rends à terre. Au sud du
cratère en tuf tout brisé dans lequel le Beagle
a jeté l’ancre,se trouve un autre cratère de forme
elliptique et parfaitement symétrique ; son axe le
plus long a un peu moins de 1 mille ; il a environ
300 pieds de profondeur. Au fond se trouve un lac
au milieu duquel un tout petit cratère a formé un
îlot. Il faisait horriblement chaud ; le lac à
l’eau transparente et bleue m’attira
insensiblement ; je me précipitai sur les cendres
qui recouvrent les bords, et, à moitié étouffé par
la poussière, je me hâtai de goûter l’eau ;
malheureusement elle était horriblement salée. Des lézards
noirs ayant 3 ou 4 pieds de longueur abondent sur
les rochers de la côte ; sur les collines
ontrouve, en aussi grande quantité, une autre
espèce fort laide,de couleur brune-jaunâtre. Nous
en avons vu beaucoup appartenant à cette dernière
espèce ; les uns s’éloignent quand ils nous
voient, les autres vont se cacher dans leur trou ;
mais je décrirai tout à l’heure en détail les
habitudes de ces deux reptiles. Toute cette partie
septentrionale de l’île Albemarle est horriblement
stérile. 8 octobre.
— Nous arrivons à l’île James ; cette île aussi
bien que l’île Charles a reçu ce nom en l’honneur
des Stuarts. Je reste dans cette île pendant huit
jours avec M. Binoe et nos domestiques ; on nous a
laissé des provisions et une tente, et le Beagle
s’est éloigné pour aller faire de l’eau. Nous
trouvons dans l’île une troupe d’Espagnols qu’on
avait envoyés de l’île Charles pour sécher des
poissons et pour saler des tortues. À environ 6
milles dans l’intérieur, et à une altitude de près
de 2 000 pieds on a bâti une hutte, dans laquelle
vivent deux hommes occupés à attraper les tortues
; les autres pêchent sur la côte. J’allai visiter
deux fois cette hutte, et j’y passai une nuit.
Comme dans toutes les autres îles de cet archipel
la région inférieure est couverte d’arbrisseaux
qui n’ont presque aucune feuille ; cependant les
arbres poussent mieux ici que partout ailleurs,
car j’en ai vu plusieurs qui avaient 2 pieds et
jusqu’à 2 pieds 9 pouces de diamètre. Les nuages
entretiennent l’humidité dans la partie
supérieure, aussi la végétation y est-elle fort
belle. Le sol, dans ces parties supérieures, est
si humide, que j’y ai trouvé des prairies
considérables d’un Cyperus grossier dans
lesquelles vivent un grand nombre de très-petits
râles d’eau. Pendant que j’étais dans cette partie
supérieure je me nourrissais entièrement de viande
de tortue. La poitrine rôtie à la mode des
Gauchos, carne con cuero,
c’est-à-dire sans retirer la peau, est excellente
; on fait de fort bonne soupe avec les jeunes
tortues ; mais je ne peux pas dire que cette
viande me plaise beaucoup. Un jour
j’accompagne les Espagnols dans leur baleinière
jusqu’à une saline ou lac où ils se procurent le
sel. Après avoir débarqué, nous avons une course
assez longue à faire sur une couche de lave
récente fort rugueuse, qui a presque entouré un
cratère de tuf, au fond duquel se trouve le lac
d’eau salée. Il n’y a que 3 ou 4 pouces d’eau
reposant surune couche de sel blanc admirablement
cristallisé. Le lac est absolument rond, bordé de
magnifiques plantes vert brillant ; les parois
presque perpendiculaires du cratère sont
recouvertes de bois ; toute la scène, en un mot,
offre l’aspect le plus pittoresque et le plus
curieux. Il y a quelques années, les matelots d’un
baleinier assassinèrent leur capitaine dans cet
endroit retiré ; j’ai vu son crâne au milieu des
buissons. Pendant la plus grande partie de notre séjour, unesemaine, le ciel resta sans nuages ; quand le vent alizé cessait de souffler pendant une heure, la chaleur devenait insupportable. Deux jours de suite, à l’intérieur de la tente, le thermomètre indiqua pendant quelques heures 93 degrés F. (48°,8 C.), mais en plein air, au soleil et au vent il n’indiquait que 85 degrés F. (42°,4 C.). Le sable était extrêmement chaud ; je plaçai un thermomètre dans du sable de couleur brune, et le mercure monta immédiatement à 137 degrés F. (85° C.) ; je ne sais pas jusqu’à quel point il aurait monté, car malheureusement l’échelle finissait là. Le sable noir était encore beaucoup plus chaud, à tel point que c’est à peine si l’on pouvait marcher dessus, même en portant des bottes fort épaisses. L’histoire naturelle de ces îles est éminemment curieuse et mérite la plus grande attention. La plupart des productions organiques sont essentiellement indigènes et on ne les trouve nulle part ailleurs ; on remarque même des différences entre les habitants de ces diverses îles. Tous ces organismes cependant ont un degré de parenté plus ou moins marqué avec ceux de l’Amérique, bien que l’archipel soit séparé du continent par 500 ou 600 milles d’océan. Cet archipel, en un mot, forme un petit monde à lui seul, ou plutôt un satellite attaché à l’Amérique, d’où il a tiré quelques habitants, et d’oùprovient le caractère général de ses productions indigènes.On est encore plus étonné du nombre des êtres aborigènes que nourrissent ces îles, si l’on considère leur petite étendue. On est porté à croire, en voyant chaque colline couronnée deson cratère et les limites de chaque coulée de lave encore parfaitement distinctes, qu’à une époque géologiquement récente l’océan s’étendait là où elles se trouvent aujourd’hui. Ainsi donc, et dans le temps et dans l’espace, nous nous trouvons face à face avec ce grand fait, ce mystère des mystères, la première apparition de nouveaux êtres sur la terre. En fait de
mammifères terrestres, il n’y en a qu’un qu’on
puisse considérer comme indigène, c’est une souris
(Musgalapagoensis), et, autant que j’ai pu
le savoir, elle se trouve confinée dans l’île
Chatham, l’île la plus orientale du groupe. M.
Waterhouse m’apprend qu’elle appartient à une
division de la famille des souris particulière à
l’Amérique. Sur l’île Jameson trouve un rat
suffisamment distinct de l’espèce commune pour
qu’il ait été nommé et décrit par M. Waterhouse.
Mais,comme ce rat appartient à la branche de la
famille qui habite l’ancien monde, et comme des
vaisseaux ont fréquenté cette île pendant les cent
cinquante dernières années, je ne puis douter que
ce rat ne soit qu’une simple variété produite par
un climat, une nourriture et un pays nouveau et
tout particulier. Bien que personne n’ait le droit
de tirer des conclusions sans les faire reposer
sur des faits acquis, je dois faire remarquer ici
que la souris de Chatham peut être une espèce
américaine importée dans cette île. J’ai vu, en
effet,dans une partie fort peu fréquentée des
Pampas une souris vivant dans le toit d’une hutte
nouvellement construite ; or il est probable
qu’elle avait été amenée dans un bâtiment ; le
docteur Richardson a observé des faits analogues
dans l’Amérique septentrionale. Je me suis procuré vingt-six espèces d’oiseaux terrestres, tous particuliers à ce groupe d’îles ; on ne les trouve nullepart ailleurs, sauf un moineau ressemblant à l’alouette de l’Amérique septentrionale (Dolichonyx oryzivorus) qui habite ce continent jusque par 34 degrés de latitude nord et qui fréquente ordinairement les marais. Les vingt-cinq autresespèces d’oiseaux consistent : 1° en un faucon qui par sa conformation forme un intermédiaire curieux entre la buse et le groupe américain des Polybores qui se nourrissent de charogne ; ce faucon se rapproche beaucoup de ces derniers oiseaux par toutes ses habitudes et même par le son de savoix ; 2° deux hiboux qui représentent les hiboux à oreilles courtes et les hiboux blancs des granges de l’Europe ; 3° unroitelet, trois gobe-mouches (deux de ces derniers oiseaux sont des espèces de Pyrocephalus, et un ou deux ne seraient considérés que comme des variétés par quelques ornithologistes), et enfin une colombe ; tous ces oiseaux ressemblent aux espèces américaines, mais en sont parfaitement distincts ; 4° une hirondelle qui, bien que nedifférant de la Progne purpurea des deux Amériques qu’en ceque son plumage est plus sombre et qu’elle est plus petite etplus mince, est considérée comme spécifiquement distinctepar M. Gould ; 5° trois espèces d’oiseaux moqueurs, forme qui caractérise tout particulièrement l’Amérique. Les autres oiseaux de terre forment un groupe très-singulier de moineaux ressemblant les uns aux autres par la conformation de leur bec, par leur courte queue, par la forme de leur corps et par leur plumage. Il y en a treize espèces que M. Gould adivisées entre quatre sous-groupes. Toutes ces espèces sontparticulières à cet archipel ; ainsi d’ailleurs que le groupe toutentier, à l’exception d’une espèce du sous-groupe Cactornis importée récemment de l’île Bow, île faisant partie de l’archipel Dangereux ; on peut voir souvent les deux espèces de Cactornis se poser sur les fleurs des grands cactus ; maistoutes les autres espèces de ce groupe de moineaux, mêlées ensemble et allant par bandes, habitent les terrains secs et stériles des districts inférieurs. Les mâles de toutes les espèces, ou certainement du plus grand nombre, sont noirs comme le jais ; les femelles, à une ou deux exceptions près peut-être, sont brunes. Le fait le plus curieux est la parfaite gradation de la grosseur des becs chez les différentes espèces de Geospiza ; cette grosseur varie depuis celledu bec d’un gros-bec jusqu’à celle du bec d’un pinson ; si M.Gould est fondé à comprendre dans le groupe principal le sous-groupe Certhidea on peut même dire jusqu’à la grosseur du bec d’une fauvette. La figure 1 représente le plusgros bec du genre Geospiza ; la figure 3, le plus petit ; mais au lieu d’y avoir une seule grosseur intermédiaire, commedans la figure 2, on trouve six espèces dont les becs vont graduellement en diminuant. La figure 4 représente le bec dusous-groupe Certhidea. Le bec du Cactornis ressemble quelque
Charles
DARWIN - Voyage d'un naturaliste autour
du monde
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