Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°670 (2019-21)
mardi 21 mai 2019
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
explications sur le nom de cette
lettre : [ici]
ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas
correctement, cliquez [ici]
Pour regarder et écouter,
|
Rougegorge familier Bouverans (Haut-Doubs) samedi 23 mars 2019
<image recadrée> Bouverans (Haut-Doubs) samedi 23 mars 2019 <image recadrée>
Bouverans
(Haut-Doubs)
Bouverans
(Haut-Doubs)samedi 30 mars 2019 samedi 6 avril 2019 Chant Bouverans (Haut-Doubs) samedi 6 avril 2019 <image recadrée>
<image recadrée>
<image recadrée>
Rougequeue
noir mâle, en accord avec l'ombre...
Sur un piquet
pédagogique...Bouverans (Haut-Doubs) samedi 6 avril 2019 Bouverans (Haut-Doubs) samedi 6 avril 2019 Bouverans (Haut-Doubs) samedi 6 avril 2019 <image recadrée> Bouverans (Haut-Doubs) samedi 13 avril 2019 <image recadrée> Bouverans
(Haut-Doubs)
vendredi 19 avril 2019 Bergeronnette
grise
Bouverans (Haut-Doubs) vendredi 19 avril 2019
<image recadrée>
Au bord de l'Entonnoir Bouverans (Haut-Doubs) lundi 22 avril 2019 <image recadrée> <image recadrée>
Le Couple (?)Bouverans (Haut-Doubs) lundi 22 avril 2019
Mésange
noire <image recadrée>
Bouverans
(Haut-Doubs)lundi 22 avril 2019 <image recadrée>
Dans l'HerbeBouverans (Haut-Doubs) lundi 22 avril 2019 Sur le
chemin
Mésange noireBouverans (Haut-Doubs) lundi 22 avril 2019 Bouverans (Haut-Doubs) jeudi 2 mai 2019 Bouverans
(Haut-Doubs)
jeudi 2 mai 2019 |
"Tout le monde a le droit de venir au Comice agricole, même un transcendantaliste : pour ma part, je m'intéresse davantage aux hommes qu'au bétail. Je souhaite revoir une fois encore ces vieux visages familiers, dont j'ignore le nom, qui représentent pour moi la campagne du Middlesex et qui sont aussi indigènes à cette terre que peut l'être un homme blanc ; des hommes qui ne prennent pas leur travail à la légère, dont les manteaux ne sont pas noirs, dont les chaussures ne brillent guère et qui ne portent jamais de gants pour dissumuler leurs mains. Il est vrai qu'il y a des spécimens d'humanité bizarres qui sont attirés vers notre foire, mais tous sont les bienvenus. Je suis à peu près certain de rencontrer une fois de plus ce type simple d'esprit et fantasque, généralement malingre aussi, qui préfère avoir un bâton crochu comme canne, absolument inutile, me direz-vous, tout juste bizarre, parfait pour mettre dans une vitrine, pareil à un serpent pétrifié. Une corne de bélier ferait aussi bien l'affaire, d'autant qu'elle est encore plus curieusement torse. Il apporte ce morceau choyé de campagne d'un village à l'autre et le présente aux bosquets de Concord, comme s'il en avait fait le serment. C'est ainsi, me semble-t-il, que d'aucuns élisent leurs dirigeants pour leur côté retors. Mais je pense pour ma part qu'n bâton bien droit constitue la meilleure des cannes et qu'un homme droit constitue le meilleur des dirigeants. Sinon pourquoi choisir un homme qui se distingue par sa bizarrerie pour accomplir une tâche aussi simple ? Quoi qu'il en soit, je ne sais pas si vous serez amenés à penser que ceux qui m'ont invité à vous parler aujourd'hui n'ont pas commis la même erreur. En tant qu'arpenteur, j'ai souvent parlé avec certains d'entre vous, qui êtes mes employeurs, en dînant à votre table, après avoir fait le tour de vos exploitations et en avoir établi avec certitude les délimitations. Qui plus est, en m'octroyant la liberté de l'arpenteur et celle du naturaliste, j'ai pris l'habitude de traverser vos terres plus souvent que de coutume, comme nombre d'entre vous ont pu s'en apercevoir, non sans le déplorer peut-être. Cependant, la plupart d'entre vous, à mon grand soulagement, semblent ne pas s'en être rendu compte et, quand il m'arrive de vous croiser dans l'un des recoins perdus de vos propriétés, vous m'avez demandé, l'air surpris, si je ne m'étais pas égaré puisque vous ne m'aviez jamais vu auparavant dans cette partie de la ville ou du comté. S'il fallait dire la vérité, sans risquer de trahir mon secret, j'aurais plus de raison de vous demander si vous n'étiez pas perdus, puisque je ne vous avais jamais vus par ici auparavant. J'ai montré plusieurs fois au propriétaire le chemin le plus court pour sortir de sa parcelle de bois. Partant, il semblerait que je sois quelque peu habilité à vous parler aujourd'hui et, compte tenu de cette qualification et de l'occasion qui nous a réunis, je n'ai pas besoin de vous présenter d'excuses si j'attire votre attention, pendant les quelques instants qui me sont alloués, sur un sujet purement scientifique. Lors de ces dîners auxquels j'ai fait allusion, on m'a souvent demandé, comme à nombre d'entre vous, si je pouvais expliquer comment il était possible que quand on abattait une pinède, cétait généralement une chênaie qui repoussait et vice versa. Ce à quoi j'ai répondu et réponds aujourd'hui encore que je puis parfaitement l'expliquer et qu'il n'y a aucun mystère pour moi. Etant donné qu'à ma connaissance, cela n'a jamais été exposé clairement par qui que ce soit, je vais mettre l'accent sur ce point. Permettez-moi de vous ramener dans vos parcelles de bois. Quand, par ici, un arbre ou une forêt jaillit naturellement là où aucun membre de son espèce n'avait jamais poussé auparavant, je n'hésite pas à dire que, bien que cela puisse paraître paradoxal dans certains cénacles, c'est dû à une graine. Parmi les différentes façons connues qu'ont les arbres de se propager – par transplantations, boutures ou autres méthodes du même acabit – c'est la seule hypothèse à envisager dans ces circonstances. On ne connaît pas d'arbre dont l'origine soit différentes. Si quelqu'un affirme qu'il a jailli de quelque chose d'autre ou de rien du tout, il lui appartient d'en apporter la preuve. Il ne reste donc plus qu'à montrer comment la graine a été transplantée de l'endroit où elle pousse à l'endroit où elle se trouve en terre. Cela se fait principalement par l'intermédiaire du vent, de l'eau et des animaux. Les graines les plus légères, comme celles des pins et des érables, sont transportées principalement par le vent et par l'eau ; les plus lourdes, comme les glands et les noix, par les animaux. Chez tous les pins, une membranes très fine, qui ressemble beaucoup à une aile d'insecte, se forme autour et au-dessus de la graine, indépendamment d'elle, tandis que celle-ci se développe à l'intérieur. En effet, cette membrane est souvent parfaitement développée, alors que la graine est abortive, la nature étant, pour ainsi dire, plus sûre de fournir les moyens de transport de la graine que la graine à transporter. En d'autres termes, un beau sac ténu est tissé autour de la graine, avec un poignée pour que le vent puisse s'en emparer et qu'il puisse lui être confié, dans le but exprès de transporter la graine et de propager l'espèce – tâche dont il s'acquitte aussi efficacement que quand les graines sont envoyées par courrier dans un autre genre de sac par le Bureau des brevets[Avant 1862, date à laquelle fut créé le Département of Agriculture, le Bureau des Brevets publiait des rapports sur l'agriculture et envoyait des paquets de semences aux citoyens]. Il y a un bureau des brevets au siège du gouverneur de l'univers, dont les directeurs s'intéressent autant à la dissémination des graines que leurs pairs à Washington, et leur champ d'action est infiniment plus grand et leurs opérations infiniment plus régulière. Il n'est par conséquent pas nécessaire de supposer que les pins ont jailli de nulle part et je suis bien conscient de ne pas être très original en affirmant qu'ils proviennent de graines, quand bien même on ne s'est guère intéressé à leur mode de propagation par la nature. Ils se sont énormément développés à partir de la graine en Europe et commencent à le faire ici. Quand on abat une chênaie, une pinède ne va pas jaillir spontanément à sa place, à moins qu'il y ait eu récemment ou qu'il y ait encore des pins porteurs de graines suffisamment proches pour qu'elles puissent être transportées par le vent. Mais si on empêche d'autres récoltes de pousser près d'une forêt de pins, on est sûr d'obtenir une extension de ladite forêt de pins, pourvu que le sol convienne. Quant aux graines
et aux noix qui sont plus lourdes et ne sont pas
équipées d'ailes, il est d'usage d'admettre que
quand les arbres qui les portent jaillissent là où
l'on n'avait jamais vu le moindre membre de leur
espèce, ils proviennent de graines ou d'autres
principes générés spontanément de façon inhabituelle
à cet endroit, qui sont restés à l'état dormant dans
le sol pendant des siècles ou bien qui sont
redevenus actifs sous l'effet de la chaleur d'un
feu. Je ne crois pas à ces affirmations et je vais
vous exposer quelques unes des façons dont, d'après
ce que j'ai pu observer, naissent et poussent ce
type de forêt..."
Henry-David
THOREAU - Les Forêts du Maine
|
|