Premières fleurs

Haut-Doubs
janvier, février, mars et avril 2019

Perce-neige (cultivé)
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 17 février 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 23 février 2019

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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 3 mars 2019

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Niveole
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 17 mars 2019
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La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 17 mars 2019

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Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 30 mars 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 avril 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 6 avril 2019

Primevère
Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 6 avril 2019
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Pervenche
Bouverans (Haut-Doubs)
samedi 6 avril 2019
<image recadrée>

Fritillaire pintade
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mercredi 10 avril 2019

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Touradon de Carex
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mercredi 10 avril 2019

Avant l'orage
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
mercredi 10 avril 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 12 avril 2019

<image recadrée>

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 19 avril 2019

Corydale
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 19 avril 2019

Muscari
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
vendredi 19 avril 2019

Bouverans (Haut-Doubs)
vendredi 19 avril 2019

Tulipe
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
lundi 22 avril 2019

Caltha
Bouverans (Haut-Doubs)
lundi 22 avril 2019

Hellebore fétide
Mignovillard (Jura)
lundi 22 avril 2019

Oxalis petite-oseille
Mignovillard (Jura)
lundi 22 avril 2019

Suggestion de lecture :

"1932

Parler de toi, mon père, c'est remonter un fleuve en pirogue. A l'heure de ces premières lignes lancées sur le papier, je cherche le lieu où tu pouvais être en 1932. Ce sera le début. Il en faut un, puisque ces pages à venir, maintes fois repoussées, timidement viennent enfin à moi.

Je sais que cette année-là, un jour, on vous a rassemblés sur la place du village. Un homme est assis à une table, apostrophe un à un les enfants qui jouent autour d'un terrain vague. Sur-le-champ, après avoir noté votre nom, il vous attribue une date de naissance, quand ce n'est pas un prénom qu'il maquille à sa façonj. Tu t'appelles Abd el-Kader, comme l'émir défait par l'armée de Bugeaud, le 16 mai 1843. La prise de la smalah, c'est le début d'une guerre cruelle, soulignée par la devise romaine « Ense et araro ». Par le glaive et la charrue. C'est le point d'orgue de la conquête menée par la France en Algérie. Autant dire que ce nome d'Abd el-Kader, l'employé de l'état civil le connaît lorsqu'il plaisante en parlant de la smalah. C'est par l'évocation de ce mot, par ce fait d'armes, qu'a commencé la colonisation pour les habitants de Saint-Aimé, de Mostaganem ou d'Arzew, pour les gens de ce territoire rabaissés au rang de « races inférieurs » par Jules Ferry et ses amis. C'est par ce mot que je découvre ce pays qui fut le tien, si peu le nôtre.

Une fois l'émir Abd el-Kader et sa famille débarqués à Sète pour y subir la réclusion et l'exil, des bateaux quittant les ports de France se sont emplis d'hommes et de femmes afin de gagner ce nouveau monde. Un éden supposé de l'autre côté de la mer. Autour des criques se sont installés des pêcheurs génois ou espagnols, petit peuple de gens sans histoires, portant la moustache et ne parlant que leur langue. Puis sont arrivés d'autres, au parcours de droit commun, bagnards de sang, refoulés, déportés pour raisons politiques, qui de leurs mains monteront des murets, de l'eau dans les collines. Il s'appelaient Scotti, Serpaffi, ou bien Morand et Marquiset. Ces noms seront transformés par votre dialecte, votre façon de dire, et jamais malgré la pauvreté semblable, vous ne ferez vraiment langue commune. Sauf pour la guerre de 1914, lorsque vos parents partiront avec eux dans l'allégresse en saluant le drapeau de l'armée d'Afrique, se faire faucher sous leurs chéchias rouges. Sur le plateau du chemin des Dames, beaucoup suspendirent leur vol, pendant que les survivants se battaient autour de la ferme d'Hurtebise.

Rien qu'à l'évocation du nom de ce hameau, le froid me prend. Que dire d'eux, soldats égarés qui ne savaient rien des plaines grasses et collantes de l'automne 2016, ne connaissant ni les villages traversés ni les hameaux défendus au corps à corps parfois ? Il y avait dans les rangs des bataillons de ton père ces jeunes appelés, des « boujadis », comme ils disaient entre eux. Fiers-à-bras de vingt ans, sans peur du lendemain.

Mon grand-père s'est-il vraiment retrouvé pris dans cet enfer, au confins d'Hurtebise ou à la ferme de la Creute ? Qui peut le dire avec certitude aujourd'hui ? A l'époque, il est vrai que l'on confondait tous les tirailleurs. Algériens, Tunisiens, Sénégalais, peu importe, on disait de vous que vous étiez des hommes courageux, marcheurs infatigables, prêts à mourir pour vos chefs, en citant volontiers le geste, en donnant le prénom d'un soldat ayant offert sa vie à la France. Sur le bord des routes, des stèles honorent à présent la mémoire des hommes tombés dans ces contrées.

Mais que sont devenus tes parents, tes oncles, ceux de ta famille, partis sans savoir ce qu'allait être le terme du voyage ? Après la pluie d'obus de l'hiver, le printemps les a vus combattre pour des bouts de terre labourée, des miettes de terrains hachés par la mitraille.

La suite de leurs combats, je ne la connais pas. On dit qu'ils finirent la guerre usés, que certains, comme ton père, sont retournés au village, les poumons saturés de gaz. On pense que le tien est mort là, à bout de souffle, sans t'avoir vu naître. On raconte aussi qu'il n'en est pas revenu, rendu en miettes dans une attaque de trop un 19 avril, jour où les tirailleurs subirent des pertes qualifiées de cruelles par les états-majors..."