Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°658 (2019-09)

mardi 26 février 2019

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Leonard Cohen - Halleluja

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Moineaux

Courvières (Haut-Doubs)
janvier et février 2019



Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 19 janvier 2019

<image recadrée>



Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 20 janvier 2019

Moineau domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 20 janvier 2019
<image recadrée>



Courvières (Haut-Doubs)

samedi 16 février 2019

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 février 2019
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 février 2019
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 17 février 2019

Moineau domestique femelle
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 17 février 2019

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 22 février 2019

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 22 février 2019

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 22 février 2019

<image recadrée>

<image recadrée>


Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 22 février 2019



Courvières (Haut-Doubs)
samedi 23 février 2019



Courvières (Haut-Doubs)
samedi 23 février 2019

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 23 février 2019
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 24 février 2019


Envol
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 24 février 2019



Suggestion de lecture :

"M. Cho m'accueille, affable comme à son habitude.
Je m'assieds à une table, ma préférée, à côté de la fenêtre du retaurant, j'aime m'installer là et observer la vie qui grouille dans la ville, toute l'énergie brassée à Hanoi dans la journée. Je pense à appeler la première Maï Lan de ma dernière liste, quand revient M. Cho, le regard bas.
Il n'a pas de carte dans les mains, ne me demande pas ma commande, il me regarde. A peine.

"Monsieur Cho, qu'y a-t-il ?

- Monsieur Alexandre, j'ai écouté sans le vouloir votre conversation la dernière fois, votre conversation avec la fille, vous savez, l'autre soir... Pardonnez-moi.

- Ce n'est rien, monsieur Cho, ce n'est rien...

- Je ne savais pas que vous aviez fait la guerre, monsieur Alexandre, que vous aviez combattu ici. Moi aussi, moi aussi, j'ai combattu, j'ai vécu cet enfer...

- J'ai combattu les troupes françaises, monsieur Alexandre, j'ai combattu contre vous, j'étais un bodoi, jeune paysan engagé contre l'impérialisme, j'avais seize ans et le goût du sang français, aveugle, j'obéissais aux ordres, je détestais ce que vous représentiez, ce que vous faisiez subir à mon peuple, je vous maudissais, vous vomissais, j'en voulais à votre race prétendument supérieure, à votre pays qui m'avait enlevé mon père et mon frère, tous les deux tombés au champ d'honneur, et je me haissais moi-même de porter autant de haine dans le coeur, la guerre a détruit mon adolescence, monsieur Alexandre, pourri une partie de ma vie, toute cette haine, cette violence, ces morts, ces corps blessés, mutilés, déchiquetés, images d'horreur qui me hantent encore, me hanteront toujours, ces cris d'innocents, de coupables, tout ce sang versé, j'étais à Diên Biên Phù, monsieur Alexandre, tous mes camarades y ont laissé leur peau, une boucherie, monsieur, nous avons gagné, mais combien d'hommes de valeur avons-nous perdus ? Monsieur Alexandre, j'ai eu mal pendant des années, j'ai encore mal parfois quand je repense à notre jeunesse volontaire, sacrifiée, héroïque, je fais des cauchemars, monsieur Alexandre, souvent, heureusement j'ai réussi à guérir de la haine, et c'est une femme, ma femme, qui m'a guéri, soigné les maux de mon âme, toutes mes blessures intimes, profondes, j'ai trouvé la paix avec elle, une forme de paix, même si je reste marqué au fond, je le suis à vie, par les années au front, j'ai fini par trouver la paix, monsieur Alexandre, alors quand je vous ai entendu parler avec la fille, j'ai eu envie de vous dire que je vous comprenais, j'ai senti votre peine, et votre amour pour cette Maï Lan dont vous parliez si intensément, vous m'avez touché, monsieur Alexandre, j'espère que vous la retrouverez, dans cette vie ou une autre, je suis persuadé qu'elle vous attend, quelque part, ailleurs qu'en vous-même, monsieur Alexandre, je ne vous connais pas, mais je ressens la sincérité de votre coeur, et puis je dois vous dire, j'ai connu une Maï Lan après la libération du pays, elle travaillait à l'hôpital, nous nous sommes perdus de vue il y a quinze ans environ, elle et sa petite fille allaient déménager dans le Nord, et sa famille avait sollicité mon aide et celle de mes frères, monsieur Alexandre, elle et sa petite fille, une merveilleuse petite fille, avec un de ces rires grands qu'on n'oublie pas, elle avait la joie de vivre, la petite, la joie, monsieur Alexandre, elle avait la joie, elle devait avoir quatre ou cinq ans, six ans au plus, monsieur Alexandre, et elle n'avait pas de père, je veux dire que personne au village ne connaissait son père, personne, la famille disait qu'il était mort pendant la guerre, la petite ressemblait à sa mère, monsieur Alexandre, elle avait le même visage lune, les mêmes yeux d'amande, et elles riaient ensemble, fort, monsieur Alexandre, tellement fort, et quand je vous ai entendu parler l'autre soir, je me suis rappelé, j'ai pensé à elles, et puis à la guerre aussi, la guerre qui est revenue en boomerang, et l'angoisse, et les tirs, et les bombes, le napalm, l'humanité qui brûle, à vif, les ners qui craquent, les odeurs de pisse et... enfin... vous voyez, monsieur Alexandre, oui, vous voyez, vous savez de quoi je parle, parce que vous êtes un soldat, vous aussi, vous êtes comme moi, nous sommes pareils, nous savons ce que ce conflit a coûté en âmes, de votre côté et du nôtre, d'ailleurs, avec le recul des années, je me dis qu'il n'y a qu'un seul côté, définitivement, qui vaille toutes les peines et tout l'héroisme des hommes, c'est celui de la vie, mais nos pays respectifs avaient choisi la mort, pour des raisons différentes certes, c'était la liberté ou la mort pour nous, la poursuite de la colonisation ou la mort pour vous, mais en définitive c'est la mort qui l'a emporté, la mort de l'Homme, monsieur Alexandre, n'êtes-vous pas d'accord avec moi ? Et où avez-vous combattu exactement ? En Cochinchine ? Dans la cuvette aussi, vous y étiez, lors de l'affrontement final ? Monsieur Alexandre ? ..."

Marc Alexandre OHO BAMBE - Diên Biên Phù



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