Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°656 (2019-07)

mardi 12 février 2019

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS Bach - Cantate BWV 49
"Ich geh und suche mit verlangen" - Aria

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Hiver

La Cluse et Mijoux, La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
janvier et février 2019



Le Chemin stratégique enneigé
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 19 janvier 2019


La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 19 janvier 2019


Traces
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 19 janvier 2019

Lever du soleil
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

samedi 19 janvier 2019

Château de Joux
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 19 janvier 2019

Forêt givrée
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

samedi 19 janvier 2019

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 19 janvier 2019

<image recadrée>

Ronce
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)

samedi 19 janvier 2019

La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs)
samedi 19 janvier 2019

Chatons de Noisetier
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 20 janvier 2019

Jour de Tempête
Courvières (Haut-Doubs)

mercredi 30 janvier 2019

Brume
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 20 janvier 2019




Samares de Frêne sur la neige
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 2 février 2019

Ambiance
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 9 février 2019


Reflet du ciel sur la glace
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

samedi 9 février 2019

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
samedi 9 février 2019




Suggestion de lecture :

"

18


LE JASMIN


Le jasmin que j'ai planté doit fleurir en hiver, pour l'instant, les jours s'habillent de brouillard, les routes que je prends à l'aube ou en fin de journée ne me permettent plus, comme je l'aime, de regarder les paysages. Pour te montrer ce que je vois, il faut que je te raconte les débuts d'après-midi, lorsque dansent les rivières que je longe, quand l'horizon tremble, accompagné par des nuages hauts. Il fait un temps de poésie, un temps à s'endormir là sous les arbres, comme il m'arrivait de le faire, il y a longtemps. Les rêveurs ont besoin d'un ciel à la renverse. Je pourrai essayer de t'emmener un soir sur les coteaux de chênes vert ou de vignes. Nommer les étoiles que je connais, inventer le nom des autres. Légère, fillette, miroir, ruelle ou cendre. Nous marcherons ensemble, le visage du chagrin s'est estompé. Je viens timidement, maladroitement peut-être, de te redonner corps, comme si j'avais écrit une chanson que je pouvais te fredonner. Il manque encore quelques paroles, un vrai refrain. Elle raconte l'histoire d'une fleur qui dans dans un jardin. Je sais que tu es là pour écouter et qu'un jour, sur ta terre, tu as été vivante et belle. Ta mère parle de diamant, moi, je dirais le jasmin, même si ici et là au gré des saisons, tes fleurs s'en iront ou orneront de leur splendeur, une chevelure, une oreille.

J'ai peu appris de toi, de ta vie, un peu plus de la mienne, le berceau des tendresses, le tombeau des tourments. Comme si, de tout temps, quelqu'un m'avait manqué, quelqu'un que j'avais de si près tenu, mais sans pouvoir lui dire que j'allais arriver pour l'aimer.

Après ces pages, rien ne sera pareil, le drame est loin mais si présent aussi, dans les gestes de mon existence. J'ai encore ces jours-ci traversé des bouts de France, le soleil m'a suivi dans sa course jusqu'à la tombée des nuits. Des ciels couverts se sont succédé, et parfois dans le gris, un océan d'étoiles, la course de la lune. A l'aube, les brouillards sont plus denses, le givre est là et ses cristaux scintillent.

C'est ce pays que tu m'as offert, donné la chance de pouvoir vivre un peu plus que le strict nécessaire. Une vie comptée au-delà des doigts d'une main. Les fièvres d'ici n'ont pas eu plus de raison de nous, pas plus que les serpents que nous traquions, avec mes frères, dans notre audacieuse jeunesse. Les maisons inconfortables que nous avons habitées nous ont protégés de quelques vents pernicieux, ont accueilli notre père au retour de ses journées de travail.

Dans ta ville là-bas, au port, des barques de pêche frôlent les pétroliers. C'est le prix à payer pour ramener à terre des caisses de poissons au ventre d'argent. Elles seront vendues sur les quais, ou par un vieil homme qui ira les proposer de rues en ruelles, dans sa charrette tractée par un âne. Ta mère dit que les choses ont changé dans son pays. Elle n'en voit que les lumières, sans oser dire que très souvent c'est l'obscurité qui règne dans les hameaux, et bien des gens se contenteraient de nos vieilles masures de l'arrivée en France.


Demain, je pars en voyage pour quelques jours, attends-moi, nous trouverons encore des mots qui ramènent à l'enfance. La tienne, bien sûr, et celle que tu m'as offerte. La porte ouverte vers les paradis perdus."

Ahmed KALOUAZ - A l'ombre du jasmin



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