Le Trochiscanthe
nodiflore [TN]
n°647 (2018-47)
mardi 4 décembre 2018
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Le troupeau (de brebis basco-béarnaises) monte dans la forêt Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 11 novembre 2018 dimanche 11 novembre 2018 dimanche 11 novembre 2018
Vache et son veau Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 11 novembre 2018 Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 11 novembre 2018 Les cochons...
se sont échappés de leur enclos !
Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 11 novembre 2018 Les cochons dans la
châtaigneraie...
Pas le temps de chercher des Châtaignes
!!Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 11 novembre 2018 Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 11 novembre 2018 Grasse
matinée
Les brebis
et les chèvresAstugue (Hautes-Pyrénées) mercredi 14 novembre 2018 Astugue (Hautes-Pyrénées) mercredi 14 novembre 2018 Chèvre "des Pyrénées" Astugue (Hautes-Pyrénées) mercredi 14 novembre 2018 Devant la future maison de mon frère... Astugue (Hautes-Pyrénées) mercredi 14 novembre 2018 Un agneau (né
trop tôt) <image recadrée> Les veaux font la sieste...Astugue (Hautes-Pyrénées) mercredi 14 novembre 2018 Portrait d'une brebis
Astugue (Hautes-Pyrénées) mercredi 14 novembre 2018 Au coucher du soleil Astugue (Hautes-Pyrénées) mercredi 14 novembre 2018 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
jeudi 15 novembre 2018 Taureau !
(race limousine ?... du voisin de mon frère) Astugue (Hautes-Pyrénées) jeudi 15 novembre 2018 Allaitement
Astugue (Hautes-Pyrénées) jeudi 15 novembre 2018 Portrait
comment disséminer les graines de la Bardane, ce qu'on appelle la Zoochorie : pour lire un article sur la Zoochorie, cliquez [ici] Astugue (Hautes-Pyrénées) jeudi 15 novembre 2018 Dans la bergerie
Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 16 novembre 2018 le Bélier Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 16 novembre 2018 Quelles cornes
!!
Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 16 novembre 2018 "Vint un autre bélier, et on le chercha d'abord sans le voir ; on entendait sa campane, mais rien ne dépassait les dos des moutons et on cherchait le long de la troupe. Et puis on le vit : c'était un mâle à pompons noirs. Ses deux larges cornes en tourbillons s'élargissaient comme des branches de chêne. Il avait posé ses cornes sur les dos des moutons, de chaque côté de lui et il faisait porter sa lourde tête ; sa tête branchue flottait sur le dos des bêtes comme une souche de chêne sur la Durance d'orage. Il avait du sang caillé sur ses dents et dans ses babines..." Jean
Giono - le Grand Troupeau Corne d'une brebis Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 16 novembre 2018 Portrait d'un cochon
Les brebisAstugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 16 novembre 2018 Astugue (Hautes-Pyrénées) vendredi 16 novembre 2018
Au
coucher du soleil
Le chêne
et le troupeauAstugue (Hautes-Pyrénées) samedi 17 novembre 2018 Astugue (Hautes-Pyrénées) samedi 17 novembre 2018 Astugue (Hautes-Pyrénées) samedi 17 novembre 2018 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
Astugue
(Hautes-Pyrénées)samedi 17 novembre 2018 samedi 17 novembre 2018 Astugue
(Hautes-Pyrénées)
dimanche 18 novembre 2018 Samuel,
mon frère,
mène son troupeau Astugue (Hautes-Pyrénées) dimanche 18 novembre 2018 |
"VII Car le quatrième jour j'ai commencé à m'ennuyer et j'ai noté dans mon journal avec étonnement : « L'ennui déjà ? » Bien que les phrases élégantes d'Emerson eussent dû m'en libérer, quand il dit (dans un de ces petits livres à reliure de cuir rouge, dans l'essai sur La Confiance en soi) qu'un homme est joyeux et soulagé quand il s'est attelé à un ouvrage et y a mis tout son coeur (ce qui est vrai, aussi bien quand on construit de simples et insignifiants biefs de moulin, que quand on écrit des histoires longues et stupides comme celle-ci). Voilà les mots écrits par Emerson, par cette trompette de l'aurore américaine, celle qui a annoncé Whitman et qui a dit aussi : « L'enfance ne se soumet à personne. » L'enfance de la simplicité, d'un bonheur primitif dans les bois, quand on est libéré de l'opinion des autres, que l'on peut agir à sa guise : « Vivre ce n'est pas s'excuser. » Et quand un philanthrope abolitionniste vain et méchant l'accuse de s'aveugler sur les conséquences de l'esclavage, il dit : « Tu aimes de loin, mais de près tu hais. » (De toute manière, ce philanthrope avait peut-être des esclaves noirs.) Donc me voilà redevenu une fois de plus Ti Jean, l'enfant qui joue, coud des pièces à ses vêtements, fait la cuisine et la vaisselle (je laisse la bouilloire en permanence sur le feu et à chaque fois qu'il faut laver un plat, je me contente de verser de l'eau chaude dans une bassine avec du Tide, je laisse bien tremper, et j'essuie après avoir gratté avec un peu de toile d'émeri du 5 et puis du 10). Je passe de longues nuits à songer simplement à l'utilité de cette petite toile d'émeri, de ces petits objets de laiton jaune qu'on paie dix cents dans les supermarchés, et qui m'intéressent infiniment plus que ce roman à la gomme, ce Loup des Steppes absurde et stupide, que je lis avec un haussement d'épaules, cette pauvre éructtion qui reflète le « conformisme » actuel, ce qui n'empêche pas ce malheureux de se prendre pour un grand Niezzsche, cet imitateur de Dostoïevski cinquante ans trop tard (il sent en lui les tourment de l'enfer, parce qu'il n'aime pas ce que les autres aiment). Mieux vaut à midi regarder les teintes orangées et nois Princeton des ailes d'un papillon. Mieux vaut aller écouter le bruit de la mer, la nuit sur la grève. Je n'aurais
peut-être pas dû m'y rendre si souvent ni me donner
tant de peine, de frayeur et de souci, la nuit sur
cette plage qui aurait fait peur à n'importe quel
mortel. Tous les soirs, vers huit heures, après
souper, j'enfilais mon grand suroît, je prenais le
crayon, le carnet et la lampe, je partais sur le
sentier (passant parfois devant un Alf fantomatique)
et j'aillais sous le pont gigantesque, mon regard
perçant les ténèbres brumeuses qui s'étendaient
devant moi, jusqu'aux gueules blanches de l'océan
qui montaient dans ma direction. Mais je connaissais
les lieux, je marchais, enjambais le ruisseau et
j'allais dans mon coin, près de la falaise, non loin
d'une caverne, et je restais là, assis comme un
idiot, dans le noir, notant le bruit des vagues sur
les plages de mon carnet (un carnet de secrétaire)
dont je voyais la blancheur dans le noir et sur
lequel je griboullais sans le secour de ma lampe. Je
ne voulais pas l'allumer de crainte d'effrayer les
gens qui étaient là-haut, attablés devant leur
tendre souper nocturne. (Je me suis aperçu plus tard
qu'il n'y avait personne d'attablé devant un tendre
souper, c'étaient des charpentiers qui faisaient des
heures supplémentaires pour achever la villa, à la
lueur des lanternes). Et j'avais peur de la marée
montante avec ses vagues de cinq mètres mais je ne
bougeais pas, espérant qu'Hawaï n'allait pas
m'envoyer un raz-de-marée que je ne verrais pas dans
le noir, et qui fondrait sur moi, fort de son élan
gigantesque, haut comme Groomus. Une nuit, j'ai été
pris de peur pourtant, je me suis assis au sommet
d'un rocher de trois mètres, au pied de la grande
falaise et les vagues ont déferlé : « Rare, il
battit la porte rare. » « Rugit, rude,
rouou. » « Craouch. » Le bruit des
vagues ! La nuit surtout ! La mer ne fait pas de
phrases. De courtes répliques : « Laquelle ?...
celle qui bat ? La même, ah ! Bououm. » Je
notais ces fantastiques insanités (je sentais qu'il
fallait puisque James Joyce n'était plus là pour le
faire maintenant qu'il était mort) et je me disais :
« L'année prochaine, j'écrirai les bruits
variés de l'Atlantique la nuit, mettons sur les
rivages de Cornouaille, ou peut-être ceux de l'océan
Indien à l'embouchure du Gange. » Et je reste
tout bonnement assis, écoutant parler les vagues qui
vont et viennent sur sable, sur des tons de voix
différentes : « Ka bloom, kerplosh, ah ropey
otter, sois bernaclé, craouch, les anges sont-ils
cordés dans toute la mer ? », etc. De temps en
temps je lève la tête pour voir de rares voitures
traverser le pont et je me demande ce que verraient
ces gens par cette terrible nuit de brume, s'ils
savaient qu'un fou se trouve là, à des centaines de
mètres au-dessous, dans la fureur des tempêtes,
écrivant dans le noir. Quelque espèce de beatnik de
la mer, mais si quelqu'un veut me traiter de beatnik
à cause de ça, qu'il essaie, s'il l'ose !
Les énormes rochers noirs semblent se mouvoir. Cette
solitude morne, terrible, au milieu de ces
rugissements, n'est pas à la portée de n'importe
qui, je vous le dis. « Je suis Breton ! »
m'écrié-je
et les ténèbres répondent : « Les poissons
de la mer parlent breton. * » Et pourtant
je m'y rends toutes les nuits, bien que je n'en
éprouve pas la moindre envie, c'est un devoir (c'est
sans doute ce qui m'a fait perdre la raison), et
j'écrit les bruits de la mer et tout ce poème
insensé : La Mer. [...]
LA MER Bruits de l'océan Pacifique à Big Sur
Cherson ! Cherson ! la mouette se
meut et s'émeut,
[...]" * en français dans le texte.
Jack
Kerouac - Big Sur
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