Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°620 (2018-20)

mardi 15 mai 2018

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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GB Pergolese - Salustia
"Al real piede ognora"

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Derrière la loge "n°5"
Essais sur le temps qui passe...
Courvières (Haut-Doubs)
mars, avril et mai 2018




La loge n°5, à 7 h 15 min
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 mars 2018



Chatons de Noisetier



Grive draine



Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 mars 2018

10 h 25 min
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 24 mars 2018

Sous la neige !
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 1er avril 2018

Au lever du soleil
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 2 avril 2018

Ce que je vois depuis mon affût...

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 2 avril 2018

Chatons givrés
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 2 avril 2018

Pinson des arbres mâle
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 2 avril 2018
<image recadrée>


Pinson des arbres femelle (avec un petit vers...)
Courvières (Haut-Doubs)
lundi 2 avril 2018
<image recadrée>

Blaireau (flou-filé à 6 h 57 min),
au tout début de l'affût
(il m'a senti !
et s'en retourne vers le bois...)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 7 avril 2018
<image recadrée>

Corneille noire
(avec une branche pour son nid)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 7 avril 2018
<image recadrée>

Linotte mélodieuse mâle
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 21 avril 2018
<image recadrée>

<image recadrée>

Bergeronnette grise (dans l'ombre)
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 21 avril 2018

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 21 avril 2018

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 avril 2018

Geai des Chênes
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 avril 2018
<image recadrée>



Lièvre
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 avril 2018



<image recadrée>


Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 22 avril 2018
<image recadrée>

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 avril 2018

Ouverture d'une fleur de Pissenlit (I)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 22 avril 2018

Fruit du Pissenlit
(
avec la rosée)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018
<image recadrée>

Fruit du Pissenlit
(au soleil)
Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 6 mai 2018
<image recadrée>

Chardonneret élégant
(
sur un bloc de sel)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018

Renarde
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018

Renarde
(elle a une oreille bizzard...)
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018

Renarde se grattant
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018

<image recadrée>

Grive draine
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018

Cardamine des prés
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 6 mai 2018

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 6 mai 2018

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 6 mai 2018

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2018

Fleurs de Merisier à grappes - Prunus padus L.
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 8 mai 2018

<image recadrée>

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 8 mai 2018
<image recadrée>

Chardonneret élégant
Courvières (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2018
<image recadrée>

Ouverture d'une fleur de Pissenlit (II)
Courvières (Haut-Doubs)

mardi 8 mai 2018

Courvières (Haut-Doubs)
mardi 8 mai 2018


Pour voir d'autres images
de la Loge (n°5)
cliquez sur les images ci-dessous
(ou sur chaque [numéro])

[numéro 562]
(2017 - 13)


A l'affût derrière la loge (n°5) : Lièvre, Buse variable et Chat sauvage - février et mars 2017 - Courvières, Haut-Doubs

Texte :  Kaputt - Curzio Malaparte

Musique : Tarantella - Ribayaz

mardi 28
mars 2017
[numéro 569]
(2017 - 20)


Derrière la loge (n°5) : Petits oiseaux d'avril - avril 2017 - Courvières (Haut-Doubs)

Texte :  L'Homme Blanc - Perrine Leblanc

Musique : La Dévisse - Les Cowboys fringants

mardi 16
mai 2017
[numéro 571]
(2017 - 22)


Derrière la loge (n°5) : Chat sauvage, Renard, Lièvre - avril et mai 2017 - Courvières (Haut-Doubs)

Texte :  Le Violoniste - Mechtild Borrmann

Musique : Concerto en ré majeur - Tchaïkovsky

mardi 30
mai 2017
[numéro 580]
(2017 - 31)


A l'affût derrière la loge (n°5)mai à juillet 2017 - Courvières (Haut-Doubs)

Texte :  Les enchantements d'Ambremer (le Paris des Merveilles, tome 1) - Pierre Pevel

Musique : Les élémens (le Cahos) - JF Rebel

mardi 8
août 2017
[numéro 594]
(2017 - 45)


Paysages - juillet à septembre 2017 - Haut-Doubs

Texte :  L'Oiseau de mauvais augure - Camilla Läckberg

Musique : JP Rameau - Les Indes Galantes (Chaconne)

mardi 14
novembre 2017



Suggestion de lecture :

"Jeudi 9 février 1989

Grand plaisir de lecture ce matin. Avant-hier, à la librairie Kleber, à Strasbourg, j'ai acheté des livres comme j'aime le faire : en les regardant, les touchant, les ouvrant ici et là pour lire une demi-page. Il faut évidemment qu'il s'agisse l'un de ces livres sur lesquels je n'ai lu aucun article, et dont le titre et souvent l'auteur me sont inconnus – c'est toujours parmi ceux-là que je puise mes plus grand bonheurs de lecture, comme ce fut le cas avec L'Ancolie de Jean-Loup Trassard, ou Le Silence de la ferme de Gisèle Bienne. Qu'est-ce que le plaisir sans l'attente qui le précède, et le bonheur de lecture sans la quête de lecture ? Trouver un livre sans chercher, attiré par une couverture, le grain du papier, la musique de quelques phrases. On ne l'achète pas. On le saisit, d'abord avec une espèce de réticence, d'incrédulité, et puis des yeux il passe dans les mains. On le repose, on flâne un peu dans les rayons, on y revient. Il est déjà à soi quand on se décide à le prendre, et si, après avoir traîné encore une heure devant les étagères des livres de poche, il faut bien le payer, l'opération ressemble davantage à une respectueuse demande de privilège qu'à l'achat d'une plaque de beurre au supermarché. On est de mèche avec le libraire – c'est bien évident, puisque celui-ci ne manifeste aucune surprise devant votre choix déroutant, efface avec sa gomme le prix d'Eau morte de Dorothy Richardson, aux éditions Bernard Coutaz, avec la même discrétion qu'il eût vouée à la couverture glacée d'un Sulitzer.

C'est du plaisir d'après que je voudrais parler aussi. Ce matin, tout dort encore dans la petite location alsacienne. Assis dans le fauteuil qu'on a déménagé dans la cuisine – c'est la pièce la plus chaude -, j'ai posé sur mes genoux cette Eau morte et Les Terrasses de l'île d'Elbe de Giono. Dorothy Richardson est sur fond bleu pâle avec une fenêtre blanche, et des titres gris cendré. L'ensemble ciel-de-perle et pluie-anglaise a le chic des choses à la fois sensuelles et difficiles : jusqu'à ce nom de l'éditeur, Bernard Coutaz, qui ne m'évoque rien de littéraire, mais ce désir de publier de la littérature avec un nom encore inconnu est à lui seul garant d'un certain style. La quatrième de couverture parle de Proust et de Joyce, comme à chaque fois qu'on a affaire à un livre supposé difficile – un rapprochement qui m'a toujours paru étrange, tant je me heurte aux murs de Joyce, et tant je plonge en eau familière dans les pages de Proust. Les premières pages de Dorothy Richardson surprennent une peu. On se croirait dans quelque roman britannique étouffant de psychologie. Et puis il y a de petites fulgurances, des dérapages, des ellipses. Enfin, tout cela donne une lecture plutôt vigilante, un peu tendue, à l'opposé du décor rassurant que l'action s'est choisi. On y lit par exemple : « La silhouette d'Adèle voltigeant de-ci de-là dans un été sans fin redevint des lignes de caractères d'imprimerie noirs ».

Ce n'est pas un délice, mais une rafraîchissante promenade de lecture. Je le savoure d'autant plus que j'ai, posée sur les genoux, la couverture de Giono si gallimardement classique. Ce sont des petites chroniques toutes chaudes de volupté sage, qui m'attendent fidèles dès qu'Eau morte va me lasser. Je n'aurai qu'à ouvrir à la page 53 pour lire : « Il est très agréable de vieillir. La diminution des forces physiques est un enchantement. C'est l'apprentissage de la mesure : l'eau qu'on est obligé de mettre dans son vin délivre le goût de l'habitude de la violence. Vient le moment où l'on jouit d'un milligramme, quand il fallait avant des tonnes. »

Je ne jouis pas encore d'un milligramme, mais déjà beaucoup d'une promesse de philosophie gionesque mêlée de brouillard intello-richardsonien. Et puis... j'ai acheté le même jour, et gardé pour un peu plus tard, un délicieux petit ouvrage aux pages non massicotées. Format presque carré, couverture brune, titre rouge, ensemble raffiné et désuet : William Beckford, Voyage d'un rêveur éveillé de Londres à Venise. Collection « Romantique » n°17. José Corti, 1988. Cela promet d'être presque aussi bon que le jambonneau pommes de terre en salade dans le décor rococo alsacien du caveau hier soir. Je me sens béni des dieux pour profiter impunément de ces deux voluptés. Et je ne dis pas tout...

[...]

Jeudi 23 mars 1989

Aujourd'hui, joli soleil de fin de mars. Planté deux vignes vierges avec Martine devant la maison. Que le temps vienne de voir grandir ce mur léger sur nos murs, feuilles d'un vert profond, fraîches en été, rouges en automne. Les pivoines sont déjà fanées, petites boules pâles qui vont se déployer avec ce rouge sucré chaud aussi fort que l'enfance. Près des jonquilles, des primevères, et déjà l'espoir de tulipes. Toute fatigue mentale et nerveuse s'efface à regarder cela, à tripoter la terre, et tant pis si je me fais chambrer un peu de jouer ainis au gentleman-farmer. La lenteur pacifiante de tous ces gestes de jardin est comme une prière sensuelle en hommage au ciel, d'une douceur de porcelaine dans l'air encore très frais.


[...]

Mardi 25 avril 1989

Devant mon petit bureau les tulipes se gonflent, et vont prendre la relève des narcisses. Déjà les roses se préparent, et les lilas aux grappes encore grises ce matin. Martine s'affaire au jardin sans cesse, aujourd'hui sous la pluie, avec un petit imper à capuche qui la fait ressembler à un de ses personnages. Je sais qu'elle trouve un équilibre dans ces gestes mesurés de terre et d'eau, dans ce pouvoir tranquille. Je ne suis pas dupe, pourtant. Si elle pouvait vraiment tous les albums qu'elle a créés, elle serait moins jardinière. Ce qu'elle donne à la maison, ce qu'elle donne à nos jours, c'est une mélancolie douce où les tristesses apprivoisées se changent en fleurs, en fruits : la clématite rose pâle s'enroule à la grille et quelques rêves meurent. Peut-on vraiment faire pousser tous les jardins qu'on garde au fond de soi ? Jardin de mots, jardin de fleurs, jardin d'aquarelles, de quel espace à la fin de la vie aurons-nous été les jardiniers ? Nous ne le savons pas encore, et tout peut basculer. L'idée tranquille de ce hasard qu'il faut sentir glisser sur ses épaules, ce fatalisme plein d'espoir, est-ce cela vieillir un peu ?

[...]

Lundi 1er mai 1989

Etrange, cette fascination exercée par le jardin. Tous les matins, en faire le tour pour voir ce qui s'annonce, ce qui, imperceptiblement, a changé depuis la veille. On m'aurait beaucoup surpris, si on m'avait dit qu'un jour je succomberais à ce charme. Je crois même que j'avais un peu de mépris pour cet état d'esprit du jardinier – dont je ne savais rien, en fait. Pour moi, jardiner, c'était exercer un pouvoir facile, la vie des plantes étant plus aisée à infléchir que celle des hommes.

Je me sens rétrospectivement complètement ridicule d'avoir pu penser cela, sans rien savoir du grand bonheur que peut donner la lente floraison d'un lilas, l'éclat jour à jour augmenté d'une pivoine pourpre, la légère mélancolie de voir la pluie tomber sur tout cela, la volupté de sortir à nouveau dans le jardin mouillé. Maintenant que j'ai une maison, un jardin, je sais qu'aucune perspective de voyage ne pourra me donner le plaisir que j'ai ce matin à écrire dans un silence relatif – un oiseau virtuose dont j'ignore le nom en fait presque un peu trop dans le cognassier en fleur au-dessus de moi.

Hier, nous sommes allés au bord de la mer avec mon neveu Olivier, son amie Sophie : Trouville, Deauville, Honfleur pour terminer, heureusement. Malgré une cohue parisienne outrancière, le charme d'Honfleur est tel qu'il en reste quelque chose, au milieu de la foule, des frites et des cornets de glace – ne serait-ce que cette petite rue tranquille avec la simple maison où naquit Erik Satie. Evidemment, ce soleil touristique du week-end ne valait pas le ciel gris sourd, la solitude que nous aimons voir danser sur le port en reflets d'âme, en secret, en silence.

Aujourd'hui, loin de ces endroits-à-voir où tout le monde s'agglutine, je déguste le rose pâle des fleurs de cognassier, ce mélange suédois jaune brillant-bleu frêle d'une touffe de myosotis et de boutons-d'or mêlés par hasard à l'abri de la tonnelle naturelle.


[...]

Dimanche 24 septembre 1989

Ce matin, une heure de jardinage léger : ramassage et tri des pommes, des coings, des poires tombées dans l'herbe. Il fait toujours très beau, mais les nuits sont plus fraîches, l'herbe mouillée redevient verte. Avec les pommes, les poires, les coings, Martine fait une délicieuse « compote aux trois fruits d'automne » dont la couleur ambrée, légèrement translucide, la texture douce et charnue s'accommodent très bien de la légère amertume du fromage blanc moulé à la louche. Assis dans la cuisine, près de la petite fenêtre qui donne sur le cognassier, on mange ainsi de l'extrait de jardin, du concentré d'automne, une fraîcheur trempée mêlée de chaleur opulente, de l'or presque liquide et quand même un peu âpre. L'heure d'hiver est revenue. Le soir va tomber tôt..."


Philippe Delerm - Journal d'un homme heureux



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