Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°613 (2018-13)

mardi 27 mars 2018

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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JS Bach - Double-concerto pour violon
en do mineur BWV 1043
"Largo ma non tanto"

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"Deux anges couillus descendus sur terre pour remettre de l'ordre : Menuhin et Oïstrakh dans un vieux film noir et blanc jouent un concerto de Bach. Les deux violonistes jouent si intensément qu’on dirait qu’ils ne jouent pas et ne font plus qu’entendre. Oïstrakh écoute son violon plus fébrilement qu’une mère guette la respiration de son nouveau-né. En smoking, ces deux employés du ciel soulèvent le monde comme on ramasse une pierre qui encombre le chemin, pour la jeter au loin. Leurs mains blanches s’envolent des manches noir corbeau. Menuhin ferme ses paupières sous le poids d’une pensée, lève son aristocratique visage vers le maître du silence tout là-haut dans les cintres. Je vois le bec de cygne de la main, je vois l’archet brutalement rejeté par les cordes qu’il caresse, je sais que Bach est fou, je l’entends, il est fou d’une folie d’angoisse. Sa musique se rue vers Dieu comme un enfant en bas âge se lance d’un coup sur ses jambes novices, misant que la chute arrivera juste au creux des bras de la mère, dans leur demi-cercle accueillant. Et l’enfant poussé par des mains d’angoisse court sur l’abîme, recueilli à temps par les bras maternels du silence..."

Christian Bobin - L'homme-joie



Moineaux domestiques
portraits et attitudes
Courvières (Haut-Doubs)
février 2018



Deux femelles
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 1er février 2018

Mâle
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 1er février 2018


Troupe
Courvières (Haut-Doubs)
jeudi 1er février 2018

<image recadrée>

Mâle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 3 février 2018

Femelle
Courvières (Haut-Doubs)
samedi 3 février 2018

Dans la neige
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 3 février 2018

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 4 février 2018

Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 4 février 2018

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 9 février 2018
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 9 février 2018

Sous la neige
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 10 février 2018

Pris de la fenêtre de ma "chambre d'amis"
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 11 février 2018



Courvières (Haut-Doubs)
lundi 12 février 2018



<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
lundi 12 février 2018
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 février 2018
<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 février 2018

<image recadrée>

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 février 2018

Courvières (Haut-Doubs)
samedi 24 février 2018



Suggestion de lecture :

"

Chapître XX

Un petit monde


Ce n'est sans doute pas une bonne idée de s'intéresser de trop près à ses microbes. Louis Pasteur en était à ce point obsédé qu'il en vint à éxaminer à la loupe chaque plat que l'on posait devant lui – habitude qui ne dut pas lui valoir d'être souvent réinvité à dîner.

En fait, il ne sert à rien de chercher à tout prix à vous garer de vos bactéries, car elles sont en permanence sur vous, en quantités à peine concevables. Si vous êtes en bonne santé et raisonnablement soucieux de votre hygiène, vous aurez en permanence une horde de 1 000 milliards de bactéries paissant sur vos plaines charnues – soit une centaine de milliers pas centimètre carré de peau. Elles sont occupées à festoyer de la dizaine de milliards de fragments de peau que vous perdez chaque jour, sans compter les fluides appétissants et les minéraux fortifiants qui suintent de chacun de vos pores. Vous êtes pour elles le meilleur des hypermarchés, avec l'avantage d'une chaleur et d'une mobilité constantes. En guise de remerciement, elles vous donnent vos odeurs corporelles.

Et encore ne s'agit-il que des bactéries installées sur votre peau. Il y en a des milliards d'autres dissimulées dans vos fosses nasales, accrochées à vos cheveaux et à vos cils, nageant à la surface de vos yeux, perçant l'émail de vos dents. Votre système digestif à lui seul abrite plus de 100 000 milliards de microbes, appartenant à 400 types différents. Il y a celles qui s'occupent des sucres, celles qui traitent avec les amidons, celles qui attaquent d'autres bactéries. Un nombre surprenant, comme les omniprésents spirochètes intestinaux, n'ont aucune fonction détectable. Il semble que les bactéries se plaisent simplement avec vous. Chaque corps humain consiste en 10 quatrillions (millions de trillions) de cellules, mais il abrite 100 quatrillions de cellules bactériennes. En bref, elle sont une grande partie de nous. Du point de vue des bactéries, bien sûr, nous ne sommes qu'une assez petite partie d'elles.

Comme nous sommes assez gros et assez intelligents pour produire et utiliser des antibiotiques et des désinfectants, nous tendons à penser que nous avons banni les bactéries aux marges de notre existence. Ne croyez pas cela. Les bactéries ne construisent pas de villes et elles n'ont peut-être pas une vie sociale très passionnante, mais elles seront encore là quand le Soleil explosera. C'est leur planète, et nous n'y sommes que parce qu'elles le veulent bien.

N'oublions jamais que les bactéries ont vécu des milliards d'années sans nous, mais que nous ne pourrions pas survivre un seul jour sans elles. Elles traitent nos déchets et les rendent réutilisables ; sans leur diligent mâchonnement, rien ne pourrirait. Elles purifient notre eau et gardent nos sols productifs. Les bactéries synthétisent les vitamines dans nos intestins, convertissent ce que nous mangeons en sucres et en polysaccharides utiles, partent en guerre contre les microbes étrangers qui se glissent dans notre gosier.

Nous dépendons totalement des bactéries pour recueillir l'azote de l'air et le convertir en ces nucléotides et acides aminés qui nous sont indispensables. C'est un exploit tout simplement prodigieux. Pour faire la même chose au plan industriel (dans la production d'engrais, par exemple), les fabricants doivent porter les matériaux de base à 500 degrés et les soumettre à des pression trois cents fois supérieures à la normale. Les bactéries font ça tous les jours sans histoires, et heureusement, car aucun gros organisme ne pourrait survivre sans l'azote qu'elles lui fournissent. Par-dessus tout, les microbes nous fournissent l'air que nous respirons et conservent sa stabilité à l'atmosphère. Les microbes, y compris les versions modernes des cyanobactéries, fournissent l'essentiel de l'oxygène respirable de la planète. Les algues et autres minuscules organismes qui font des bulles dans la mer en libèrent environ 150 millions de tonnes chaque année.

Et ils sont remarquablement prolifiques. Les plus frénétiques d'entre eux peuvent produire une nouvelle génération en moins de dix minutes ; Clostridium perfringens, le déplaisant petit organisme qui provoque la gangrène, peut se reproduire en neuf minutes. A cette vitesse, une seule bactérie pourrait théoriquement produire plus de descendants en deux jours qu'il n'y a de protons dans l'Univers. « Si on lui fournit un apport adéquat de nourriture, une seule cellule bactérienne peut générer 280 000 milliards d'individus en un seul jour » rappelle le biochimiste Christian De Duve. Dans le même laps de temps, une cellule humaine ne parvient à accomplir qu'une seule division.
A chaque million de divisions environ, elles produisent un mutant. En général, c'est tant pis pour le mutant – le changement est toujours un risque pour un organisme -, mais, de temps à autre, la nouvelle bactérie est dotée d'un avantage accidentel, comme celui de résister aux antibiotiques. Cette capacité à évaluer rapidement s'accompagne d'un autre avantage encore plus redoutable : les bactéries partagent l'information. Toute bactérie peut prendre des fragments de codes génétiques de n'importe quelle autre. En gros, toutes les bactéries partagent un unique patrimoine génétique.

Tout changement adaptatif survenant dans un secteur de l'univers bactérien peut se répandre à un autre. C'est comme si l'homme pouvait aller prendre chez un insecte le code génétique nécessaire pour se voir pousser des ailes ou pouvoir marcher au plafond. Cela signifie que d'un point de vue génétique les bactéries sont devenues un seul superorganisme – minuscule, éparpillé, mais invincible.

Elles vivent et prospèrent sur tout ce que vous répandez, laissez dégouliner, ou secouez loin de vous. Donnez-leur un soupçon d'humidité – en passant un chiffon mouillé sur une table – et elles pulluleront comme issues brusquement du néant. Elles mangent le bois, la colle du papier peint, les métaux de la peinture durcie. Les scientifiques australiens ont trouvé des microbes appelés des Thiobacillus concretivorans qui vivent dans – et ne pourraient pas vivre sans – des concentrations d'acide sulfurique assez fortes pour dissoudre le métal. On a découvert une espèce appelée Microccus radiophilus confortablement installée dans les réservoirs des réacteurs nucléaires, se gorgeant littéralement de plutonium. Certains bactéries dissolvent des produits chimiques dont, pour ce que l'on en sait, elles ne tirent aucun bénéfice.

On en a trouvé dans les boues brûlantes et dans les lacs de soude caustique, profondément inscrites dans les roches, tout au fond des mers, dans des mares cachées d'eau glacée des vallées de McMurdo en Antarctique, et à une dizaine de kilomètres de profondeur sous le Pacifique, à une pression mille fois plus forte qu'en surface – sous un poids équivalent à cinquante avions gros-porteurs. Certaines semblent pratiquement indestructibles. Selon l'Economist, Deinococcus radiodurans est « pratiquement insensible à la radioactivité ». Faites exploser son ADN à coups de radioations, et les fragements se reformeront aussitôt « comme les membres coupés d'un mort-vivant dans un film d'horreur ».

La plus résistante qu'on ait jamais trouvée est peut-être une bactérie du genre streptocoque récupérée sur la lentille d'une caméra qui avait passé deux ans sur la Lune. En bref, il y a peu d'environnements où les bactéries ne soient pas disposées à vivre. « On découvre aujourd'hui que lorsque l'on immerge des sondes dans des évents océaniques si chauds qu'elles se mettent à fondre, on trouve encore des bactéries », m'a dit Victoria Bennett.

Dans les années 1920, deux chercheurs de l'université de Chicago, Edson Bastin et Frank Greer, annoncèrent qu'ils avaient isolé au fond des puits de pétrole des souches de bactéries vivant à 600 mètres de profondeur. L'idée fut écartée comme totalement ridicule – il n'y avait aucune source de nourriture à de telles profondeurs – et pendant un demi-siècle, on supposa que leurs échantillons avaient été contaminés par des microbes de surface. Nous savons aujourd'hui que beaucoup de microbes vivent profondément enfouis sous terre, dont certains n'ont strictement rien à voir avec le monde organique. Ils mangent des roches, ou plus exactement les matériaux qu'elles contiennent – le fer, le soufre, le manganèse, etc. Ils repirent aussi des choses étranges – du fer, du chrome, du cobalt, et même de l'uranium. Ces processus ne sont peut-être pas étrangers à la concentration de l'or, du cuivre et d'autres métaux précieux, ni aux dépôts de pétrole et de gaz naturel. On a même suggéré que les grignotages incessants des bactéries ont créé la croûte terrestre...

Certains scientifiques pensent aujourd'hui qu'il pourrait y avoir jusqu'à 100 000 milliards de tonnes de bactéries vivant sous nos pieds, dans ce que l'on appelle des écosystèmes microbiens lithoautotrophiques souterrains. Thomas Gold, de Cornell University, a estimé que déversait à la surface, elles recouvriraient la planète sous une couche de 1,5 mètre. Si ces estimations sont justes, il pourrait y avoir plus de vie sous terre qu'en surface..."


Bill Bryson - Une histoire de tout, ou presque...



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