Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°611 (2018-11)
mardi 13 mars 2018
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
explications sur le nom de cette
lettre : [ici]
ou [ici]
Si cette page ne s'affiche pas
correctement, cliquez [ici]
Pour regarder et écouter,
|
Mon garde-manger fermé ! Mon garde-manger ouvert ! (sans la souris...) le Poster |
Courvières (Haut-Doubs) jeudi 1er février 2018 samedi 10 février 2018
Mésange
bleue Courvières (Haut-Doubs) samedi 3 mars 2018 Courvières
(Haut-Doubs)
<image recadrée>
samedi 3 mars 2018 <image recadrée> Mésange
charbonnière
samedi 3 mars 2018 <image recadrée> <image recadrée> <image recadrée>dimanche 4 mars 2018
<image recadrée> dimanche 4 mars 2018
Cachée ! dimanche 11 mars 2018 De dos ! dimanche 11 mars 2018 Noix de coco
dimanche 11 mars 2018 |
"JE CROISE PERLA EN RENTRANT A LA MAISON. Elle tient un sac à provisions qui semble à peu près vide.
Je lui réponds que je voulais prendre un bol d'air et contempler l'horizon.
Elle trouve frappant que je mentionne l'horizon alors qu'elle vient d'achever un chapitre de son manuel sur le mariage consacré à certaines questions existentielles où entre en jeu cette lisière aux confins du monde.
Perla veut m'accompagner jusqu'à la maison pour être sûre de ne pas me perdre une nouvelle fois sur la grève.
Il faut qu'elle descende en vitesse ranger le bacon et le yogourt mais elle va revenir dans la foulée ; en attendant, elle me conseille de ne pas quitter la maison. La revoilà bientôt, une tartelette aux amandes dans les mains et un livre sous le bras. Je lui apprends la mort subite d'Albert peu après que nous avons mangé ensemble de la lotte à son hôtel. Perla a coupé la tartelette en deux parts qu'elle dispose sur une assiette. Elle va mettre de l'eau à chauffer pour le thé et me recommande de m'installer confortablement dans mon propre salon pendant ce temps.
Le temps que l'eau bouille, elle récapitule brièvement ce qu'elle appelle l'avalanche des événements imprévisibles de ma vie.
Perla me tend une part de tartelette et une tasse fumante.
Toutefois, aussi étrange que cela puisse paraître, le déroulement des évènements lui rappelle de manière inquiétante le brouillon du roman dont elle a déjà esquissé les grandes lignes.
Elle se souvient qu'elle a lu un jour un essai remarquable d'un spécialiste de Nietzsche – le bouquin doit traîner quelque part sur une étagère – et qui traite précisément de cette différence entre les personnages de fiction et les gens véritables.
Puis elle revient à son propre roman qui parle justement d'une femme qui fait la connaissance de son père d'une manière pour ainsi dire post mortem.
Dans le chapitre en cours, il est d'ailleurs question du dernier repas et, incroyable mais vrai, un père et sa fille y dégustent pareillement de la lotte.
Perla envisage-t-elle un instant que je suis parfaitement incapable de penser à tout cela en ce moment ?
Ma voisine de l'entresol boit une gorgée de thé.
L'écrivaine s'est levée et a sorti le carnet de sa poche.
Perla s'excuse, le temps d'un saut à l'entresol. Elle remonte aussitôt, une plante dans les bras.
Je me baisse pour serrer ma voisine sur mon coeur.
Elle se souvient alors du livre qu'elle avait sous le bras et qui singulièrement traite du désir d'évasion et des agitations de l'âme.
Raccompagnée à la porte, ma voisine descend à reculons. Parvenue à la troisième, un détail important lui revient.
Audur
Ava Olafsdottir - L'Exception
|
|