Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°598 (2017-49)
mardi 12 décembre 2017
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Etourneau sansonnet Courvières (Haut-Doubs) dimanche 15 octobre 2017 <image recadrée> Courvières (Haut-Doubs) dimanche 15 octobre 2017 Bergeronnette grise Courvières (Haut-Doubs) dimanche 15 octobre 2017 Courvières (Haut-Doubs) vendredi 20 octobre 2017
Courvières
(Haut-Doubs)
vendredi 20 octobre 2017 <image recadrée>
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 20 octobre 2017 <image recadrée>
<image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs)
samedi 21 octobre 2017 Mésange
charbonnière
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 1er novembre 2017 <image recadrée>
Mésange
bleue
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 1er novembre 2017 <image recadrée>
Corneille
noire
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 1er novembre 2017 <image recadrée>
Mésange
charbonnière
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 1er novembre 2017 <image recadrée>
Mésange
charbonnière
Courvières (Haut-Doubs) mercredi 1er novembre 2017
Pinson du
Nord
Courvières (Haut-Doubs) samedi 18 novembre 2017
Pinson du
Nord
Courvières (Haut-Doubs) samedi 18 novembre 2017
<image recadrée>
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"Nourrir Alceste, c’est m’enfoncer dans la forêt du Sud-Vercors, un sac de quinze kilos sur le dos, précédé par Julius le Chien. Ce n’est pas le Julius d’antan, bien sûr, ni même son successeur, c’est celui d’après. Troisième génération. Quand Julius est mort (le premier Julius), la tribu Malaussène a frisé le suicide collectif. Julius le Chien avait échappé à tant de dangers et survécu à tant de crises d’épilepsie que nous avions fini par le croire garanti ad vitam aeternam. Et puis un jour, un matin, Julie et moi l’avons trouvé assis devant notre fenêtre comme s’il était posé là depuis toujours. Calcifié dans la nuit. Il était dur et sonnait creux. Aucun frémissement. Plus que mort. Relique empaillée, sans puces, sans bave, sans odeur et sans projet. Julius le Chien avait vécu. Dieu sait si nous étions des habitués de la Faucheuse, pourtant ! Nous en avions vu mourir, du monde ! Et du proche ! Deuils hautement lacrymaux ! Mais Julius, assis définitivement sur Paris ce matin-là, c’était – comment dire ? – notre mort absolue. Nous l'avons enterré au Père-Lachaise (clandestinement cela va sans dire), dans le carré d'Auguste Comte, au pied de cette statue dite L'Humanité. Parce que, dixit Jérémy, « comme citoyen du monde Julius se posait un peu là ! » Amen. Et nous l'avons aussitôt remplacé. Par le même. De l’avis du Petit (qui me dépassait déjà d’une bonne tête), Julius avait suffisamment essaimé dans Belleville pour qu’on y retrouve sa copie conforme. Son empreinte génétique était de celles qui ne laissent aucun doute. De fait, Jérémy et Le Petit ont vite sélectionné trois successeurs indiscutables, trois Julius qui les ont suivis sans histoire jusqu’à la maison pour passer l’examen d’admission. Le vainqueur fut celui qui se laissa palper et renifler par chacun de nous sans grogner, sans baisser les oreilles, sans creuser le dos, sans rentrer la queue, attendant la fin de l’examen comme on passe la douane quand on n’a rien à cacher. C’est celui-là que nous avons élu, car Julius Premier non plus ne s’étonnait de rien. Et c’est celui-là qui fut arraché à notre affection huit ans plus tard par un camion qui ne le surprit pas. Le Julius suivant, celui qui me précède à présent vers la cachette d’Alceste, c’est Maracuja qui l’a recruté. Si j’avais l’esprit un tant soit peu religieux, je croirais à la résurrection. Car ce matin, le Julius qui me conduit vers la forêt du Sud, avec ce parfum qui nous ouvre la route et ce déhanchement qui donne à penser que le dernier wagon ne suit pas de son plein gré la voiture de tête, aucun doute là-dessus, c’est mon Julius à moi, de toute éternité. * Chaque fois que j'atteins la frontière du Vercors sud entre champ et forêt, je me retourne pour un dernier coup d'oeil sur le nord.
La perspective immense et silencieuse qui s'ouvre sur le massif entier a fait de moi, homme d’asphalte et de décibels, un amant du silence, du ciel et de la pierre. Julie et moi avons offert ce paysage aux petits pendant toute leur croissance. L’immensité convient à l’enfance que l’éternité habite encore. Passer des vacances à plus de mille mètres d’altitude et à quatre-vingts kilomètres de toute ville c’est alimenter le songe, ouvrir la porte aux contes, parler avec le vent, écouter la nuit, prendre langue avec les bêtes, nommer les nuages, les étoiles, les fleurs, les herbes, les insectes et les arbres. C’est donner à l’ennui sa raison d’être et de durer. – On s’ennuie bien ensemble, disait Mara, la plus explosive de la bande. Demain on finit la cabane aux bêtes, tonton, d’accord ? La cabane aux bêtes était un mirador perché entre deux hêtres et donnant sur une clairière où Maracuja, C’Est Un Ange, Verdun et Monsieur Malaussène passaient leurs journées et les nuits de pleine lune à observer la vie des animaux. MOSMA : Dis donc, vieux père, cette nuit il y a un cerf, il s’en est tapé trois ! Il avait un machin… Elle est pas un peu petite, Mara, pour… Fut-ce les attributs du Cerf ? « Quand je serai grande, je serai vétérinaire sauvage », déclara Mara dès ses premières nuit dans la cabane. D'où sa présence, aujourd'hui, dans son « ONG des bêtes ». SEPT : Les noix qu'on a données aux sangliers, tu sais quoi, Ben ? Ils les ouvrent en deux et grignotent l'intérieur sans casser la coquille ! MARA : Tonton, Verdun a trouvé une buse blessée. Regarde ! Buse que Verdun avait guérie en lui plâtrant l'aile et en la nourrissant de bouche à bec, si bien qu'une fois sorti d'affaire l'animal n'avait pas voulu la quitter. Pendant des années, nous vîmes Verdun et sa buse aussi inséparables que l'avaient été Verdun bébé et feu l'inspecteur Van Thian. Verdun portait la buse dans un baudrier de cuir, comme Thian avait porté Verdun. La jeune fille et l'oiseau faisaient face au monde. Elles avaient le même regard. Le monde en fut intimidé. Y compris les examinateurs et les jurés de concours. Puis vint l'été où Verdun et sa buse montèrent seules dans le Vercors. C'Est Un Ange avait sacrifié sa jeune tante à ses premières amours. Verdun ne s'en émut pas : nouvelle étape dans la vie de Sept, rien de tragique. A la naissance de C'Est Un Ange, Verdun elle-même avait sauté des bras de l'inspecteur Van Thian pour aller accueillir son séraphique neveu. Pendant dix-sept années elle en avait été la protectrice immuable. Puis l'ange s'était mis à voler de ses propres ailes. Désormais, Verdun, Julius, la buse et moi nous promenions seuls dans les forêts du Sud. (Julie était ailleurs bien sûr.) Verdun me demandait de lui faire réciter son droit. Puis, la buse mourut. (Une bande de corneilles...) Puis Verdun rencontra l'amour à son tour. Et c'est ainsi qu'on se retrouve seul dans le paysage..."
Daniel
Pennac - Le cas Malaussène - Ils m'ont
menti
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