Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°592 (2017-43)

mardi 31 octobre 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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GF Händel - Judas Maccabée

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Chardonneret élégant
adultes et jeunes
Courvières (Haut-Doubs)
août et octobre 2017



Jeune à sa toilette, dans un Sureau
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 4 août 2017
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Sous l'aile
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Etirement
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Aile
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Grappillage dans le Sureau
Courvières (Haut-Doubs)
vendredi 4 août 2017
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Adulte, sur un piquet
Courvières (Haut-Doubs)

samedi 12 août 2017

Dans le Sureau
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 13 août 2017

Adulte, sur une Cardère commune
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 octobre 2017

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Il y picore les graines...
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 octobre 2017
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Le couple
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 octobre 2017

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Dans l'ombre
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 octobre 2017



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Courvières (Haut-Doubs)
dimanche 15 octobre 2017
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L'ombre arrive...
Courvières (Haut-Doubs)

dimanche 15 octobre 2017


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(2017 - 27)


Chardonneret élégant, Coquelicot, Crépide...avril, mai, juin et juillet 2017 - La Rivière-Drugeon et Courvières (Haut-Doubs)

Texte :  Dans le silence du vent - Louise Erdrich

Musique : Concerto pour flute "Il cardellino" - A Vivaldi

mardi 4
juillet 2017



Suggestion de lecture :

"Piedicavallo est à 1035 mètres au-dessus du niveau de la mer.

C'est un village de cailloux aux limites du monde, ramassé au creux d'une boutonnière entre deux montagnes, d'où partent les « légendes de pierre » : ces chemins à demi cachés entre les rochers, parcourus par les transhumances depuis la nuit des temps.

Quand Elsa ouvrit la porte pour sortir – une petite porte en bois teintée de bleue, semblable en tous points à celle de Hansel et Gretel -, elle s'arrêta un instant sur le seuil pour regarder. Le granit, les ruisseaux, le vert sombre des sapinières et des hêtraies tout autour : les trois seuls éléments dont ce lieu était fait. Pas d'asphalte et pas de bruit, hormis le ruissellement de l'eau. Et, accrochés aux rebords des fenêtres, les « grelots des anges » tintaient dans le vent d'une musique irréelle, celle d'avant l'apocalypse.

La mairie, l'église et le clocher se dressaient au milieu des arbres, surplombant des ruelles étroites ensevelies des journées entières dans l'ombre. Les rues pavées de cailloux grimpaient à l'assaut des pentes avant de se perdre dans des fourrés épais et hostiles. Une seconde église, des évangéliques vaudois, se tenait au coeur du village ; au-dessus de sa porte une phrase peinte : Dieu est amour. Les maisons bâties avec les pierres du torrent s'aggrippaient les unes aux autres, muettes, usées par l'humidité et les intempéries comme si elles étaient là depuis la nuit des temps ; et souvent, pas de nom sur les sonnettes. Une telle beauté qu'elle arrêtait les mots, son pouvoir les faisait taire.

En descendant par la via Marconi, une des rares rue du village, Elsa ne rencontra qu'une présence humaine : une petite fille de quatre ou cinq ans qui marchait seule, en jogging, un moulin à vent multicolore à la main.

Des chats passaient, des mousses et des fougères poussaient entre les cailloux des rues non carrossables. Les fenêtres arboraient des rideaux au crochet, des volets de bois. Et puis, sur une petit place à côté d'une statue de la Vierge, un téléphone public : le seul, et qui fonctionnait. Il avait survécu au temps ; faible lien avec le reste du monde.

Elsa entendait ses pas résonner sur la chaussée, le vent glacé lui coupait le visage. Le rideau du petit supermarché, qui faisait aussi bar, restaurant et boutique de souvenirs, était baissé ce matin-là. Le minuscule bureau de poste – une porte et une fenêtre au rez-de-chaussée d'une vieille habitation – n'ouvrait que trois jours par semaine, de dix heures à treize heures, et aujourd'hui était fermé. Chaque maison donnait sur un jardin où poussaient tant bien que mal, durant les mois sans gel, des blettes et des salades. Une petite affiche collée sur le tableau de la mairie appelait à participer à la fête du Haricot. Et du mur le plus haut, face à l'église principale, la statue altière d'un cerf veillait sur l'immobilité générale.

Elsa aimait cet endroit ; comme on aime un refuge sous la pluie, une caravane enfouie sous deux mètres de neige, une cabane réchauffée par un poêle à bois au coeur d'une forêt. La beauté avait pour elle un lien avec le caché, l'insaisissable, l'inaccessible. Elle voyait en Marina, ce visage anguleux mais doux, dans ces yeux sombres, l'empreinte de ces montagnes, de ces hauteurs. Elle étaient toutes les deux filles de la Valle Cervo, où les étrangers étaient rares, et c'était peut-être le lien secret qui les unissait.

L'hôtel La Rosa Bianca, à l'entrée du village, était là depuis 1856. Il ressemblait à ces auberges des contes où les héros se reposent au cours d'un long voyage, dans une terre qui ne connaît pas le temps, où la chaleur a cette hospitalité humide des racines. C'était là qu'Elsa se dirigeait, espérant y trouver quelque chose pour le déjeuner et éviter de prendre sa voiture pour descendre jusqu'à Biella. Bien que le village semblât inhabité, le restaurant de l'hôtel, qui faisait aussi tabac et journaux, était plein.

Au coeur silencieux de la vallée, la vie se recroquevillait pour continuer.

La sensation qu'Elsa éprouva, dans cette petite salle éclairée par la lumière du matin, réchauffée par les parties de cartes, tandis que les femmes cuisinaient tranquillement, était celle d'une appartenance. Il y avait quelque chose de souverainement juste dans le fait d'accorder sa vie au rythme du soleil et à la rotation de la terre. Elle put récupérer quelques aubergines, de la polenta et du maccagno.

Elle se demanda ce que cela pourrait signifier de vivre là-haut avec Andrea, d'être la compagne d'un marcaire*. Pelleter la neige l'hiver, rester attentive près du poêle, et l'été mettre le linge à sécher dehors, étudier la philosophie dans un monde coupé de l'Histoire, regarder de près un homme qui dort..."


Silvia Avallone - Marina Bellezza

*marcaire = berger-fromager transhumant en Italie.




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