Le Trochiscanthe nodiflore [TN]

n°563 (2017-14)

mardi 4 avril 2017

"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres Sauvages"
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Armand Amar - Bab'Aziz
(extrait du film)

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"Ô Jour lève-toi, les atomes sont en train de danser.

Grâce à Lui, l'univers est en train de danser.

Les âmes dansent, triomphant avec extase.

Je murmurerai dans ton oreille où cette danse les mène.

Tous les atomes dans l'air et le désert le savent bien, ils semblent fous.

Chaque simple atome, heureux ou misérable, tombe amoureux du soleil,

dont rien ne peut être dit."

Rumi - poète mystique du 13ème siècle
(dont l'histoire est raconté dans ce film)

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Au bord de l'eau

Lac de Saint-Point, La Rivière-Drugeon
et Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
février, mars 2017



Couple de Canard Colvert
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
samedi 25 février 2017



Fuligule milouin mâle
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
samedi 25 février 2017
<image recadrée>



Couple de Foulque macroule
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
samedi 25 février 2017

Couple de Canard Colvert II
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
samedi 25 février 2017

Foulque macroule

Couple de Canard Colvert III
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
samedi 25 février 2017

Fuligule milouin mâle
Lac de Saint Point (Haut-Doubs)
samedi 25 février 2017

Cygne tuberculé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 5 mars 2017

Envol
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)

dimanche 5 mars 2017

<image recadrée>

Fuligules morillons mâles et femelle
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 5 mars 2017

Goéland sp.
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 5 mars 2017
<image recadrée>

Couple de Cygne tuberculé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 5 mars 2017

Fuligules
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
dimanche 5 mars 2017





Cygne tuberculé
Couple à sa toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 26 mars 2017



Cygne tuberculé
Couple à sa toilette, reflet
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 26 mars 2017


Cygne tuberculé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
dimanche 26 mars 2017

Foulque macroule
en contre-jour
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Foulque macroule
à sa toilette
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

  La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017

Grèbe huppé
Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)

jeudi 30 mars 2017

Entonnoir de Bouverans (Haut-Doubs)
jeudi 30 mars 2017



Suggestion de lecture :

"Et un poète dit : "Parle-nous de la Beauté".

"Où chercher la beauté, et comment la trouver sans qu'elle soit le fil de vos jours et l'aiguille de votre boussole ?

Et comment pouvez-vous parler d'elle, si elle ne prend l'aiguille et enfile vos paroles ?

Ceux qui sont offensés et envahis d'affliction disent : "La beauté est aimable et agréable ;

Elle marche parmi nous telle une jeune mère intimidée par sa gloire".

Et ceux qui sont épris de passion d'infirmer : "Non, la beauté est plutôt puissante et terrifiante ;

Elle nous enveloppe de pied en cap, ébranlant ciel et terre, tel un ouragan".

Ceux qui réclament le repos disent : "La beauté souffle dans notre esprit de doux chuchotis.

Sa voix s'incline devant nos silences pareille à une lueur qui vacille de peur devant les ténèbres".

Mais ceux qui s'affairent sans repos objectent alors : "Nous avons entendu la beauté crier dans les montagnes,

Et à sa voix se mêlaient des martèlements de sabots, des battements d'ailes et des rugissements de lions".

La nuit, les veilleurs de la cité disent : "La beauté se lèvera avec l'aurore par-delà le levant".

Et à midi les travailleurs et les voyageurs de rétorquer : "Nous l'avons vue derrière la fenêtre du couchant pencher la tête vers la terre".

En hiver les montagnards disent : "Elle viendra avec le Printemps gambader dans les collines".

Et dans les ardeurs de l'été les moissonneurs de soupirer : "Nous l'avons vu valser avec les feuilles d'automne, et nous avons vu un amoncellement de neige dans ses cheveux".

Voilà tout ce que vous avez dit de la beauté.

En vérité ce n'est pas d'elle que vous parliez mais de vos désirs inassouvis,

Mais la beauté n'est point un désir mais une extase.

Elle n'est point une bouche assoiffée ni une main vide tendue,

Mais un coeur embrasé et une âme grisée.

Elle n'est point l'image que vous désireriez voir ni le chant que vous aimeriez entendre,

Elle est plutôt un chant que vous ne cesserez d'entendre, les oreilles bouchées et une image que vous continuerez à voir, les yeux fermés.

Elle n'est point la sève qui coule dans les rides de l'écorce, ni une aile saisie par une griffe,

Mais plutôt un jardin toujours en fleurs et une nuée d'anges toujours en vol.

Peuple d'Orphalèse, la beauté est la vie lorsque la vie dévoile sa sainte face ;

Mais vous êtes la vie et vous êtes le voile.

La beauté est l'éternité se contemplant dans un miroir ;

Mais vous êtes l'éternité et vous êtes le miroir"."

Kahlil Gibran - Le Prophète

Emission de France-Inter : Chapître 8 : la laideur -
Un été avec Victor Hugo (Laura El Makki, Guillaume Gallienne) - 8 juillet 2015


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8

La laideur

« Le beau n'a qu'un type ; le laid en a mille. »

Cette phrase, extraite de la préface de Cromwell, exprime l'essentiel de l'esthétique de Victor Hugo. La laideur le questionne, le fascine car elle est multiple et énigmatique. Le mouvement, l'articulation du corps soumis à la vie et au temps qui passe, le passionnent. Dans ses livres, une femme n'est pas « belle » indéfiniment. Fantine, dans les Misérables, est d'abord décrite « éclatante de face, délicate de profil [...] sculpturale et exquise. » Mais cette beauté est rapidement dégradée, car la jeune femme est contrainte de vendre ses cheveux épais et ses dents éclatantes. A l'inverse, sa fille Cosette est qualifiée de « laide » par le narrateur avant que l'amour ne la transforme en « belle créature ».

La beauté est donc une donnée toute relative chez Hugo, qui lui préfère l’alliance du grotesque et du sublime – au fondement du drame romantique. Dégager la lumière de l’obscurité, révéler la grâce du monstre : voilà son propos. Alors il peint le sombre, le caché, le pétrifié, tout ce que les hommes négligent, moquent, ou rejettent… Quasimodo, Gwynplaine, et Triboulet incarnent cet héroïsme singulier.

Quasimodo, d’abord. Il est un « misérable ». Enfant, il a été abandonné sur les marches de Notre-Dame, et depuis, il n’a jamais quitté les deux tours de la bâtisse. Il est le compagnon des gargouilles, il se confond avec elles, parfois… Un jour, il apparaît à la foule dans le trou d’une rosace, au-dessus d’un des portails de la cathédrale. Son aspect déclenche tout à coup l’hilarité du public, qui cherche à élire le roi des Fous...

« Nous n'essayerons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre, de bouche en fer de cheval ; de ce petit oeil gauche obstrué d'un sourcil roux en broussailles, tandis que l'oeil droit disparaissait entièrement caché sous une énorme verrue ; de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme les créneaux d'une forteresse ; de cette lèvre calleuse, sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d'un éléphant ; de ce menton fourchu ; et surtout de la physionomie répandue sur tout cela ; de ce mélange de malice, d'étonnement et de tristesse. Qu'on rêve, si l'on peut, cet ensemble. »

Son prénom révèle tout de lui : « quasi/modo », il est presque humain, mais pas tout à fait. Son visage, sa difformité le définissent et l'enferment. Tout comme Gwynplaine, à la seule différence que le protagoniste de l'Homme qui rit n'est pas né laid, il l'est devenu après avoir subi des violences. Victime des comprachicos, ces bandes qui achètent des enfants, les défigurent et les revendent, Gwynplaine doit vivre avec cette bouche ouverte jusqu'aux oreilles, ce sourire éternel qui fait rire les autres mais n'est pas, pour lui, « synonyme de joie ». Heureusement, il va rencontrer Déa, qu'il sauve des bras de sa mère morte. Déa est aveugle. Elle est la seule à ne pas rire de Gwynplaine. C'est elle qui lui dira pour la première fois : « Tu es si beau ! » Déa, c'est Victor Hugo, celle qui voit la beauté invisible, l'homme derrière le monstre.

Parler de la laideur c'est aussi interroger l'humanité du laid. Le bouffon Triboulet, dans le Roi s'amuse, a tout du personnage détestable. Il « hait[...] les hommes parce qu'ils n'ont pas tous une bosse sur le dos. [...] Il déprave le roi, il le corrompt, il le pousse à la tyrannie, à l'ignorance, au vice », tout cela parce qu'il veut venger sa fille, Triboulet est un bouffon malheureux. Le drame est qu'il n'a pas le droit de le montrer :

O Dieu ! triste et l'humeur mauvaise,

Pris dans un corps mal fait où je suis mal à l'aise,

Tout rempli de dégoût de ma difformité,

Jaloux de toute force et de toute beauté,

Entouré de splendeurs qui me rendent plus sombre,

Parfois, farouche et seul, si je cherche un peu l'ombre,

Si je veux recueillir et calmer un moment

Mon âme qui sanglote et pleure amérement,

Mon maître tout à coup survient, mon joyeux maître,

Qui, tout-puissant, aimé des femmes, content d'être,

A force de bonheur oubliant le tombeau,

Grand, jeune, et bien portant, et roi de France, et beau,

Me pousse avec le pied dans l'ombre où je soupire,

Et me dit en bâillant : Bouffon, fais-moi donc rire !

- Ô pauvre fou de cour ! - C'est un homme après tout !

A travers sa réflexion sur la difformité considérée comme splendeur, Hugo a poursuivi son inlassable combat pour la défense d'une humanité en souffrance. Il exprime clairement cette préférence en déclarant dans Les Contemplations aimer « l'araignée et l'ortie ». Loin de toute norme, la beauté doit être grimaçante, dérangeante et hybride. « Convulsive », écrira plus tard André Breton.

Un été avec Victor Hugo - Laura El Makki, Guillaume Gallienne



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