Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°562 (2017-13)
mardi 28 mars 2017
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
explications sur le nom de cette
lettre : [ici]
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Pour regarder et écouter,
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Au lever du soleil Courvières (Haut-Doubs) dimanche 26 février 2017 Un Lièvre passe... Courvières (Haut-Doubs) dimanche 26 février 2017 <image recadrée> Courvières (Haut-Doubs) dimanche 26 février 2017 Au lever du
soleil II
Courvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017 La loge
Courvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017 Courvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017 Une Buse
variable se pose.
Courvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017
Elle chasse...
... les vers
de terre !!
Une autre Buse
Elle se rapproche de mon affût... Un autre vers !<image recadrée> <image recadrée>
<image recadrée>
Courvières
(Haut-Doubs)samedi 11 mars 2017 <image recadrée>
PerchéeCourvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017 Rougegorge familier Courvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017 Courvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017 <image recadrée> samedi 11 mars 2017 La Loge Courvières (Haut-Doubs) samedi 11 mars 2017 Lune
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 Chat sauvage
Courvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 <image recadrée> Courvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 <image recadrée> A l'arrêt Courvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 <image recadrée> <image recadrée>
De DosCourvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 Retour en
forêt
Bruant jauneCourvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 Courvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 Rougequeue noir mâle Courvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017 <image recadrée>
Bergeronnette
grise et Moineau
domestiqueCourvières (Haut-Doubs) vendredi 17 mars 2017
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Chronique de
Clara Dupont-Monod
ou cliquez [ici] "Enfin nous sortîmes du bois sur la rive du lac, et nous aperçumes les chevaux. ç'avait été
l'année précédente, au mois d'octobre. Après avoir
passé la forêt de Vuoksi, les avant-gardes
finlandaises arrivèrent au seuil de la sauvage, de
l'interminable forêt Raikkola. La forêt était pleine
de troupes russes. Presque toute l'artillerie
soviétique du secteur septentrional de l'isthme de
Carélie, pour échapper à l'étreinte des soldats
finnois s'était jetée dans la direction du Lagoda,
dans l'espoir de pouvoir embarquer pièces et chevaux
sur le lac pour les mettre en sûreté de l'autre
côté. Mais les radeaux et les remorqueurs
soviétiques tardaient ; et chaque heure de retard
risquait d'être fatale, car le froid était intense,
furieux, le lac pouvait geler d'un moment à l'autre,
et déjà les troupes finlandaises, composées de
détachement de sissit, s'insinuaient dans les
méandres de la forêt, faisaient pression sur les
Russes de toutes parts, les attaquaient aux ailes et
sur les arrières. Le troisième jour, un immense incendie flamba dans la forêt de Raikkola. Enfermés dans un cercle de feu, les hommes, les chevaux, les arbres poussèrent des cris terribles. Les sissit assiégeaient l’incendie, tiraient sur le mur de flammes et de fumée, empêchant toute sortie. Fous de terreur, les chevaux de l’artillerie soviétique – ils étaient presque mille – se lançant dans la fournaise, brisèrent l’assaut du feu et des mitrailleuses. Beaucoup périrent dans les flammes ; mais une grande partie atteignit la rive du lac et se jeta dans l’eau. Le lac, à cet endroit, est peu profond : pas plus de deux mètres, mais à une centaine de pas du rivage, le fond tombe à pic. Serrés dans cet espace réduit (à cet endroit le rivage s’incurve et forme une petite baie) entre l’eau profonde et la muraille de feu, tout tremblants de froid et de peur, les chevaux se groupèrent en tendant la tête hors de l’eau. Les plus proches de la rive, assaillis dans le dos par les flammes, se cabraient, montaient les uns sur les autres, essayant de se frayer passage à coups de dents, à coups de sabots. Dans la fureur de la mêlée, ils furent pris par le gel. Pendant la nuit, ce fut le vent du Nord (le vent du Nord descend de la mer de Mourmansk, comme un Ange, en criant, et la terre meurt brusquement). Le froid devint terrible. Tout à coup, avec un son vibrant de verre qu’on frappe, l’eau gela. La mer, les lacs, les fleuves gèlent brusquement, l’équilibre thermique se brisant d’un moment à l’autre. Même l’eau de mer s’arrête au milieu de l’air, devient une vague de glace courbée et suspendue dans le vide. Le jour suivant, quand les premières patrouilles de sissit, aux cheveux roussis, au visage noir de fumée, s’avançant précautionneusement sur la cendre encore chaude à travers le bois carbonisé, arrivèrent au bord du lac, un effroyable et merveilleux spectacle s’offrit à leurs yeux. Le lac était comme une immense plaque de marbre blanc sur laquelle étaient posées des centaines et des centaines de têtes de chevaux Les têtes semblaient coupées net au couperet. Seules elles émergeaient de la croûte de glace. Toutes les têtes étaient tournées vers le rivage. Dans les yeux dilatés on voyait encore briller la terreur comme une flamme blanche. Près du rivage, un enchevêtrement de chevaux férocement cabrés émergeait de la prison de glace. Tournez, tournez, beaux chevaux de bois. La scène semblait peinte par Bosch. Le vent, dans les noirs squelettes d'arbres, faisait une douce et triste musique pour enfants, la plaque de glace commençait à tourner, les chevaux de ce carroussel macabre se mettaient à tourner sur le rythme triste de la douce musique pour enfants, en secouant leur crinière."
Curzio Malaparte - Kaputt
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