Le Trochiscanthe nodiflore
[TN]
n°557 (2017-08)
mardi 21 février 2017
"Lettre hebdomadaire" du site "Rencontres
Sauvages"
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Rougequeue
noir femelle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 septembre 2016 extrait du [TN] n° 543 Pour regarder,
Rougequeue
noir femelle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 25 septembre 2016 extrait du [TN] n° 543 Pour regarder,
Jeune Linotte
mélodieuse
Courvières
(Haut-Doubs)Courvières (Haut-Doubs) dimanche 9 octobre 2016 extrait du [TN] n° 543 Pour regarder,
dimanche 9 octobre 2016 <image recadrée> extrait du [TN] n° 544 Pour regarder, ou cliquez [ici] Ombre et lumière
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 9 octobre 2016 extrait du [TN] n° 544 Pour regarder, ou cliquez [ici] Génisses
et Etourneaux
Courvières (Haut-Doubs) mardi 1er novembre 2016 extrait du [TN] n° 544 Pour regarder, ou cliquez [ici] Dortoir
Courvières (Haut-Doubs) mardi 1er novembre 2016 extrait du [TN] n° 544 Pour regarder, <
ou cliquez [ici]
Héron cendré
Pontarlier (Haut-Doubs) dimanche 16 octobre 2016 extrait du [TN] n° 547 Pour regarder, ou cliquez [ici] Jeune
Cygne tuberculé
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) samedi 22 octobre 2016 extrait du [TN] n° 547 Pour regarder, ou cliquez [ici] Etirement
La Rivière-Drugeon (Haut-Doubs) samedi 12 novembre 2016 extrait du [TN] n° 547 Pour regarder, ou cliquez [ici] Chamois femelle
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) dimanche 4 décembre 2016 extrait du [TN] n° 551 Pour regarder, ou cliquez [ici] Figaro
(?)
La Cluse et Mijoux (Haut-Doubs) dimanche 4 décembre 2016 extrait du [TN] n° 551 Pour regarder, Pour regarder,
Moineau
domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 décembre 2016 extrait du [TN] n° 553 Pour regarder, ou cliquez [ici] Couple de
Moineau domestique
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 18 décembre 2016 extrait du [TN] n° 553 Pour regarder, ou cliquez [ici] Moineau :
après le bain
Courvières (Haut-Doubs) samedi 24 décembre 2016 extrait du [TN] n° 553
Pour regarder, ou cliquez [ici] Rougegorge,
à la sortie de la mangeoire... dimanche 15 janvier 2017 extrait du [TN] n° 554 Pour regarder, ou cliquez [ici] Pie,
sous la neige
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 15 janvier 2017 extrait du [TN] n° 554 Pour regarder, ou cliquez [ici] Pinson des arbres
mâle
Courvières (Haut-Doubs) dimanche 15 janvier 2017 extrait du [TN] n° 554 Pour regarder, Changement de point de vue :
j'ai descendu mon affût dans ma lingerie (au rez-de-chaussée)... Courvières (Haut-Doubs) mercredi 18 janvier 2017 extrait du [TN] n° 554 Pour regarder,
Pour regarder, ou cliquez [ici] Courvières
(Haut-Doubs)
jeudi 19 janvier 2017 extrait du [TN] n° 554 Pour regarder,
Rougegorge
et Moineau
Courvières (Haut-Doubs) jeudi 19 janvier 2017 extrait du [TN] n° 554 Pour regarder, Moineau
domestique mâle
Courvières (Haut-Doubs) samedi 28 janvier 2017 extrait du [TN] n° 554 Pour regarder,
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mardi 8
avril 2014 |
"Le
Chant du Monde Il y a bien longtemps que je désire écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde. Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l’on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l’univers. Les graines dont on ensemence les livres, on les achète toujours au même grainier. On sème beaucoup l’amour sous toutes ses formes et c’est une plante bien abâtardie ; encore une ou deux poignée d’autres graines et c’est tout.Tout ça d’ailleurs se sème sur l’homme. Je sais bien qu’on ne peut guère concevoir un roman sans homme, puisqu’il y en a dans le monde. Ce qu’il faudrait, c’est le mettre à sa place, ne pas le faire le centre de tout, être assez humble pour s’apercevoir qu’une montagne existe non seulement comme hauteur et largeur mais comme poids, effluves, gestes, puissance d’envoûtement, paroles, sympathie. Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, sa faim d’aventures. Les rivières, les sources sont des personnages : elles aiment, elles trompent, elles mentent, elles trahissent, elles sont belles, elles s’habillent de joncs et de mousses. Les forêts respirent. Les champs, les landes, les collines, les plages, les océans, les vallées dans les montagnes, les cimes éperdues frappées d’éclairs et les orgueilleuses murailles de roches sur lesquelles le vent des hauteurs vient s’éventrer depuis les premiers âges du monde : tout ça n’est pas un simple spectacle pour nos yeux. C’est une société d’êtres vivants. Nous ne connaissons que l’anatomie de ces belles choses vivantes, aussi humaines que nous, et si les mystères nous limitent de toutes parts c’est que nous n’avons jamais tenu compte des psychologies telluriques, végétales, fluviales et marines. Cet apaisement qui nous vient dans l’amitié d’une montagne, cet appétit pour les forêts, cette ivresse qui nous balance, regard éteint et pensée morte, parce que nous avons senti l’odeur des bardanes humides, des champignons, des écorces, cette joie d’entrer dans l’herbe jusqu’au ventre, ce ne sont pas des créations de nos sens, ça existe autour de nous et ça dirige plus nos gestes que ce que nous croyons. Je sais que quelquefois, on s'est servi d'un fleuve pour faire charrier à travers un roman des alluvions de terreur, de mystère ou de force. Je sais qu'on s'est servi des montagnes et que tous les jours on se sert encore de la terre et des champs. On fait chanter les oiseaux dans les forêts. Non, ce que je voudrais faire, c'est mettre tout ça à sa place. Malgré tout, dans l'admirable dernier roman de Jules Romains, Paris est un peu petit. Paris en tant que personnage est beaucoup plus costaud que ça. Je le connais mal ; les quelques fois où je l'ai fréquenté il m'a si bien montré le jeu de certains de ses muscles, si bien réussi quelques passes de lutte secrète que je le tiens désormais en lointain respect. Dans cette société des gros habitants de l'univers, il est, avec toutes les grandes villes, la belle gouape cultivée, sportive, séduisante et pourrie. Si je dis qu'il est petit, dans ce livre, c'est que pour le moment les hommes ont trop d'importance par rapport à lui. Il est possible d'ailleurs que dans les prochains volumes, son portrait soit complété et qu'au bout du compte on le voie enfin comme il est : plat, rongeur, grondant, fouisseur de terre, embué dans la puanteur de ses sueurs humaines comme une grosse fourmilière qui souffle son acide. Oui, on s'est servi de tout ça. Il ne faut pas s'en servir. Il faut le voir. Il faut, je crois, voir, aimer, comprendre, haïr l’entourage des hommes, le monde d’autour, comme on est obligé de regarder, d’aimer, de détester profondément les hommes pour les peindre. Il ne faut plus isoler le personnage-homme, l’ensemencer de simples graines habituelles, mais le montrer tel qu’il est, c’est-à-dire traversé, imbibé, lourd et lumineux des effluves, des influences, du chant du monde. Pour qui a vécu un peu de temps dans un petit hameau de montagne par exemple, il est inutile de dire combien cette montagne tient de place dans les conversations des hommes. Pour un village de pêcheurs, c’est la mer ; pour un village des terres, ce sont les champs, les blés et les prés. On ne peut pas isoler l’homme. Il n’est pas isolé. Le visage de la terre est dans son cœur. Pour faire ce roman, il ne faudrait que des yeux neufs, des oreilles neuves, des chairs nouvelles, un homme assez meurtri, assez battu, assez écorché par la vie pour ne plus désirer que la berceuse chantée par le monde..."
Jean
GIONO - Solitude de la pitié
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